mardi 2 mai 2006 - par BarryAllen

Libre concurrence : ange, ou démon ?

Glorifié par les uns, brocardé par les autres, le concept de libre concurrence continue de diviser. A travers le prisme de l’opinion publique, il semble difficile de mettre en évidence ses véritables effets sur le fonctionnement de la société et de l’économie. Pourtant, le principe en lui-même, et ses implications au niveau des modèles économiques sont claires, et positives (baisse des prix, amélioration de la qualité des services, innovation, etc.). Malgré cela, la réalité dresse un tableau beaucoup moins idéal dans le cas général. La libre concurrence est-elle finalement un méfait, ou bien est-ce la manière de la mettre en œuvre qui est en cause ?

Le champ d’application du principe de libre concurrence n’a eu de cesse de s’étendre au cours du XXe siècle. Découlant de l’étude des modèles économiques, ce principe doit faire en sorte que le fonctionnement de l’économie de marché favorise l’équilibre de l’offre et de la demande, la baisse des prix, une meilleure qualité des services et des produits, ainsi que l’innovation.

Nul ne peut contredire que la réalité est tout autre, dans le cas général. Nombreux sont les domaines où il est clair que ces objectifs ne sont pas tous atteints. Pour corroborer cette affirmation, je reviendrai plus loin dans l’article sur divers exemples.

Quel est donc le problème ? Le modèle économique de la libre concurrence est-il faux ? Il est vrai que ce ne serait pas le premier modèle imaginé par l’homme à s’écrouler à l’épreuve de la réalité, mais avant de le remettre en cause, je pense qu’il faut se demander si nous n’aurions pas oublié quelque chose.

En effet, bien souvent, quand un raisonnement ne résiste pas à l’expérimentation, c’est qu’on a pris quelque chose pour acquis, qui dans la pratique ne l’est pas. En l’occurrence, il y a quelque chose d’implicite dans le terme concurrence, c’est l’existence d’un critère qui sert à comparer les différents compétiteurs.

Et c’est là, à mon sens, que se situe le problème. La libre concurrence est en effet à l’heure actuelle appliquée dans le cadre du capitalisme, et c’est ce dernier qui définit le critère de comparaison, lequel peut se résumer alors peu ou prou en ces termes : « La meilleure entreprise est celle qui génèrera le plus de dividendes à ses actionnaires, le plus vite possible ». D’aucuns pourront trouver cette définition caricaturale, mais même si elle ne s’applique pas à l’intégralité des entreprises, son champ reste suffisant pour justifier mon argumentation.

Prenons quelques exemples précis, maintenant. Commençons par un marché qui doit être familier à l’ensemble des lecteurs d’AgoraVox, et déjà amplement évoqué dans les colonnes du site, celui des FAI. Si on peut reconnaître à ce marché l’accomplissement d’un des objectifs, la baisse des prix, il en est tout autrement en ce qui concerne la qualité des services, et la satisfaction du client. On peut parler des sites qui fleurissent un peu partout sur le Web pour exprimer les mécontentements des utilisateurs. On peut aussi parler des hotlines. Même si des décisions sont prises en ce moment à ce sujet, elles ont servi bien longtemps de revenu complémentaire (principal ?) aux FAI, et permettent d’illustrer parfaitement mon propos. En effet, lorsqu’on vous facture le temps d’attente à une hotline, et que le critère d’excellence d’une entreprise est la génération de profits, préfèrera-t-on, chez un FAI, augmenter ou diminuer le nombre d’interlocuteurs disponibles ? Je pense que vous avez la réponse.

Une autre industrie, au cœur de l’actualité des internautes, à l’aune des débats sur la loi DADVSI, est celle de la musique. Pour mon propos, je généraliserai même à l’ensemble de l’industrie fabriquant des produits du même genre, c’est-à-dire les éditeurs de jeux vidéo (que je connais bien), de films et spectacles en DVD, et assimilés. Nous sommes en présence d’une industrie où la libre concurrence n’a clairement pas favorisé la baisse des prix. La situation incite même à s’interroger sur la légitimité de parler de libre concurrence. Peut-on considérer que deux sociétés produisant des disques de deux artistes différents se font réellement concurrence ? Ce serait dévoyer totalement le caractère artistique de la musique que de penser qu’on va acheter le disque d’un artiste plutôt que celui d’un autre à cause d’un moindre prix, les deux productions fussent-elles d’un style similaire.

De plus, nous sommes en présence d’industries qui peuvent réaliser le paradoxe d’augmenter leurs bénéfices en réduisant le prix de vente à l’unité. En effet, il est évident que ce genre de consommation est régi pour le consommateur par un budget annuel, qui ne changerait guère en cas de baisse du prix de vente, si ce n’est à la hausse (!), puisque, dans ce cadre, un fort prix de vente ne peut qu’être un frein psychologique au dépassement du budget prévu ou simplement à l’achat pour les plus modestes. Les mêmes sont d’ailleurs en train de rater la même aubaine, de la même manière, dans le cadre de la vente en ligne, où le prix de revient à l’unité est très nettement inférieur, surtout une fois le produit rentabilisé. Là encore, la libre concurrence est impuissante, sans doute à cause d’une frilosité des actionnaires, qui répugnent à subir le contrecoup d’une hypothétique période d’acclimatation des consommateurs à la baisse de prix.

On pourrait encore citer d’autres exemples, comme le marché de l’énergie, pour lequel le faible coût du pétrole freine considérablement la recherche sur les énergies de remplacement, et comme le marché agro-alimentaire, dans lequel des firmes veulent s’approprier des brevets sur des semences artificiellement créées, pour engranger plus d’argent, sans que cela n’apporte le moindre avantage au consommateur (plutôt des inconvénients, notamment au niveau de la santé).

Alors, que faire ? Il est urgent de modifier les règles du jeu, et notamment d’abolir l’idée qu’une entreprise qui s’enrichit au détriment de ses clients est une entreprise bien gérée. Car la recherche du profit maximal à court terme ne peut conduire qu’à cela, de manière on ne peut plus mécanique. En effet, la maximisation directe des profits s’obtient en augmentant la marge entre le prix de revient et le prix de vente, par conséquent en diminuant la qualité du service rendu et en augmentant le prix jusqu’à la limite du raisonnable (remarquons aussi que la limitation du prix de revient entraîne la recherche de la limitation de la masse salariale, ce qui a des implications directes sur la société). La concurrence sur les prix ne s’exerce pas, car les autres entreprises du secteur, recherchant aussi le profit, maintiennent de facto le statu quo.

Pour changer les choses, il s’agit surtout de rappeler les objectifs de la libre concurrence, et donc de préciser plus clairement quels devraient être les critères de sélection des entreprises, et de déterminer ce qu’il faut faire en pratique pour qu’ils s’appliquent.

Si l’amélioration de la qualité du service au client doit être un des objectifs du système, cette variable doit devenir un critère de sélection suffisamment fort pour inciter les entreprises à en tenir compte. Faciliter et favoriser les recours légaux des consommateurs contre les abus des entreprises peut être un moyen d’y parvenir. Afin d’être en mesure d’influer sur une entreprise qui emploie des méthodes limites (pour ne pas dire plus) vis-à-vis de sa clientèle, il faut en tous cas modifier le rapport de force pour que le consommateur puisse avoir une possibilité de recours significative (susceptible d’influer sur la politique de l’entreprise).

Les hommes politiques ont pris l’habitude de considérer l’économie de marché comme un acquis (en cela, ils n’ont a priori pas tort) sur lequel ils ne peuvent ni ne doivent influer. Ce faisant, ils nient leur seule (mais déterminante) responsabilité dans ce système. C’est à eux de fixer les règles du jeu économique, pour que son résultat serve de manière optimale l’intérêt de la société. Bien sûr, cela nécessite une indépendance intellectuelle vis-à-vis des entreprises et des lobbies, en plus d’une énorme volonté. Mais c’est la seule manière de remettre l’humain au cœur du système.



44 réactions


  • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 2 mai 2006 12:24

    Excellent article et pour prolonger votre réflexion, on peut distinguer cinq conditions de la libre concurrence, qui sont, selon Arrow, prix Nobel d’économie en 1972, les suivantes :

    1) La transparence immédiate et gratuite de l’information pour tous les acteurs ;

    2) un grand nombre d’acteurs pour qu’aucun ne puisse utiliser sa puissance propre pour peser sur le marché à son avantage exclusif ; d’où l’absence nécessaire de tout monopole, voire de toute position dominante d’un ou de plusieurs des acteurs ;

    3) l’homogénéisation des produits de telle sorte qu’ils soient véritablement qualitativement comparables et donc concurrents ; ce qui n’est pas la cas de chanteurs qui « appartiennent » par contrat à des les firmes de production et de diffusion qui manipulent le marché pour se préserver de la concurrence.

    4) La totale moblité des acteurs, surtout des travailleurs et des capitaux et le libre mrché pour tous

    5) Mais la condition la plus importante, celle qui conditionne le bon usage des autres est la rationalité des acteurs de l’économie qui sont (doivent être) animés du désir dominant de s’enrichir à long terme dans un cadre éthique intériorisé qui privilégie l’estime honnête de soi par la médiation de rapports valorisés et valorisants avec les autres, comme le souligne A. Smith dans sa théorie des sentiments moraux. Ce qui signifie que sans homme raisonnable, capable de raisonner et de dépassionner son désir d’être et d’avoir, il n’y a pas d’homme économique possible susceptible de faire que le libre marché soit juste et équilibré.

    Autant dire que le libre concurrence ne peut être dite « juste » que si l’état ou les institutions politiques nationales ou internationales garantissent, donc imposent le respect de ces conditions ; or celles-ci sont contraire à la stratégie des entreprises qui vise toujours à fausser la marché à leur profit exclusif et donc à mettre tout en oeuvre pour réduire la contrainte de ces conditions : Elles s’efforcent toujours de

    - conquérir une position de monopole ou dominante par l’élimination du marché des concurrents réels et potentiels (rachat, dumping ou capture juridique ou technologique de la clientèle) ;

    - faire croire faussement à l’hétérogénéité qualitative des produits ;

    Ainsi la libre concurrence n’est juste que si est respectée l’égalité sur le marché au moins potentielle des situations, que si la compétition économique reste ouverte, que si les consommateurs ont également accès au marché ainsi qu’à l’information qui leur donne un réel pouvoir de décision et surtout que si les consommateurs sont rationnels dans l’expression de leur désir. Le libéralisme économique est donc un idéal normatif qui implique, nécessairement l’intervention de la politique et l’éducation des consommateurs pour qu’il soit mis en œuvre, sous peine de générer les inégalités qui transformeraient cet idéal en son contraire : le dictature sur le marché de l’offre sur la demande et du capital sur le travail comme l’avait compris déjà A. Smith.

    Conclusion : la concurrence ne peut être bénéfique que si est authentiquement libre a, ce qui n’est pas le cas, et que cette liberté ne peut être authentique que si elle est régulée par l’état et soumise à la surveillance constante des consommateurs organisés et raisonnables dans l’expression de leurs désirs et disposant d’un véritable pourvoir collectif de poursuite des abus anti-concurrentiels (ex : ententes ou monopoles masquées). On peut dire que l’économie de l’hyper-capitalisme (que certains appellent à tort ultra-libéralisme), de fait de la démission de l’état et son refus d’accorder aux consommateurs les moyens de faire prévaloir le principe de la libre concurrence, n’est pas suffisament libérale et par trop monopoliste. C’est le problème de démocratie politique et du libéralisme politique dans son rapport au capitalisme.

    La pensée libérale

    Le rasoir philosophique


    • BarryAllen (---.---.17.100) 2 mai 2006 13:06

      Merci d’avoir enrichi mon article par ces intéressantes précisions.

      On en revient donc au paradoxe de l’abus de langage qu’est l’emploi du mot ultra-libéralisme. Car le problème en l’espèce n’est pas l’excès de libéralisme, mais la vampirisation du libéralisme au véritable sens du terme, à cause (pour caricaturer) des luttes de pouvoir.


  • vinc (---.---.101.97) 2 mai 2006 14:16

    Excellent article et commentaire lumineux. Des grands principes que la majorité des francais ignorent, et qui sont malheuresement indispensable pour comprendre les enjeux économiques d’aujourd’hui. Il est clair que le terme ultra-libéralisme, agité comme un épouvantail, est largement galvaudé, et que beaucoup n’en connaisse pas la signification.


  • Bertrand C. de L. (---.---.247.141) 2 mai 2006 15:47

    Va pour la théorie et le rappel utile sur les conditions de la libre concurrence (je replonge 20 ans en arrière, quand j’étais en fac de philo). Le problème de ce système, comme d’autres systèmes théoriques célèbres qui se sont vautrés en douleur, c’est que ce ne sont que des systèmes... théoriques. En pratique, les conditions idéales de leur complétude ne seront jamais réunies. Je reconnais l’efficacité de ce modèle, et mon métier de Consultant en stratégie qui me porte presque partout dans le monde m’y confronte chaque jour.

    Mais peut importe. Là n’est pas le problème. Ce qui est inique, c’est d’oublier la portée finie d’une théorie économique. Ce qui est inique, c’est que l’on fasse d’un système théorique portant sur l’organisation de la production et des échanges le centre même de l’organisation humaine, de la gestion de l’animal social et de son rapport à la nature.

    Ce qui constitue la grande erreur fondamentale et inacceptable, c’est de croire que l’homme est comme l’économie : une entité dont le dynamisme et l’existence même ne seraient régis que par des principes de concurrence. Quid de l’altruisme par exemple ? Tout bon libéral bien myope finira par vous dire que ça n’existe pas dans la nature, et que l’homme aussi blabla... Fort heureusement, les scientifiques et naturalistes nous démontrent chaque jour davantage que le règne de la vie est bien davantage qu’une danse perpétuelle de libre concurrence.

    Reste à expliquer ça aux hommes politiques et aux « penseurs », économistes de tous poils qui continuent à vivre dans le mythe (chauchemard ?) d’un monde idéal d’un totale « libre concurrence » où tout fonctionnerait dans le plus pur respect des 5 conditions de Arrow. Là, c’est pas gagné...


    • BarryAllen (---.---.17.100) 2 mai 2006 15:56

      Effectivement, tout ne s’inscrit pas dans ce cadre, heureusement, et je ne l’ai d’ailleurs pas prétendu. Il n’en reste pas moins qu’il faut refaire fonctionner l’économie de marché dans un cadre plus sain, pour l’intérêt général.


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 2 mai 2006 16:12

      « Tout bon libéral bien myope finira par vous dire que ça n’existe pas dans la nature, et que l’homme aussi blabla... »

      Tout mauvais libéral qui n’a jamais lu une ligne ni d’A.Smith, ni de Stuat-Mill, ni de Hayek, ni de A. Sen etc.. Bref tout « très mauvais économiste » qui considère absurdement que les lois de l’économie ne sont pas des lois sociales et humaines faisant intervenir des désirs sociaux et des valeurs générales conditionnant les choix individuels et que les relations humaines se réduisent aux relations économiques entre individus qui ne font que calculer « leur » profit maximum. C’est totalement absurde ; d’ailleurs, si c’était vrai, la publicité serait économiquement nuisible,les fêtes de Noël ne seraient pas rentables et les voitures de luxes et autres bijoux disparaitraient instantanément du marché.

      Un modèle théorique a toujours une fonction critique en vue de faire progresser la connaissance : il doit servir à analyser la réalité, y compris l’écart entre lui et la réalité et peut et doit en permanence s’enrichir à la lumière de cet écart. Un modèle idéal confondu avec la réalité est une illusion idéologique utilisée à des fins de propagande. C’est malheureusement ce qui est arrivé au modèle économique dit classique, chez les politiciens prétendument libéraux et chez les propagandistes de l’ultra-capitalisme.


    • Bertrand Damien Bertrand C. de L. 2 mai 2006 16:50

      Et bien nous sommes complètement d’accord en fait smiley

      Et pour élargir la perspective, je rajouterais John Rawls (Théorie de la justice notamment), et puis pour finir en beauté, Jared Diamond (De l’inégalité parmi les sociétés, essai sur l’homme et l’environnement dans l’histoire). Cheers, BC


    • Bertrand Damien Bertrand C. de L. 2 mai 2006 17:12

      Cher Sylvain, on fait comment pour ré-éduquer nos élites socialistes ? Comme toujours, la philosophie nous rappelle à quel point nous devons être d’accord sur le sens, comme disaient Wittgenstein et consorts...

      Pour continuer sur le sujet, ma théorie est qu’il existe un schisme philosophique fondateur sur le sens de « Liberté » qui a durablement perverti la question, entre une branche anglo-saxonne et une branche plus « continentale » et d’inspiration morale germanique. Notre vieille Europe, même si elle ne fait plus trop de philosophie, imprègne encore les mentalités dans l’idée que « La Liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres ».

      Quand je parle à mes amis américains, et à certains membres de ma famille naturalisés américains, pour eux la liberté n’a pas de limite, alors que pour moi elle en a. Cette différence est pour moi extrêmement révélatrice d’une divergence fondamentale et explique en partie comment le sens commun s’est diversement construit autour du mot « Libéral ».

      Qu’en pensez-vous ?


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 2 mai 2006 20:48

      La liberté sans limite est liberticide car nécessairement violente, dominatrice et destructrice des droits universels fondamentaux. Exemple simple : nul ne peut avoir la liberté de prendre l’autoroute à contre sens sans nier sa liberté et celle des autres et on peut étendre cet exemple au code de la route en son entier, aux lois des contrats et du commerce, voire de la concurrence.

      La seule liberté absolue que nous puissions avoir c’est celle de tuer (c’est pourquoi, entre autre raison, la violence extrème est accompagnée du sentiment jouissif d’une absolue liberté) et/ou de nous tuer (et encore le suicide non pathologique, par choix, est pour le moins problématique) ; seule la mort est absolue, sans limite et sans condition.

      La vie est relation au monde est aux autres et une vie libre ne peut pas être une vie indépendante sans se condamner à la mort immédiate mais seulement interdépendante et de ce fait autonome dans la mesure où chacun peut faire valoir ses droits dans le jeu social de l’interdépendance dans des conditions relationnelles régulatrices (lois, contrat, règlements, conventions) qui garantissent la possibilité de cette autonomie relative pour tous sans contradiction.

      Les libéraux sont universalistes et cette universalité s’exprime dans l’égalité des droits et des chances, ce qui implique nécessairement un pouvoir politique régulateur libéral mais juste.

      Je ne pense pas que la division soit entre les anglo-saxons (lire aussi bien Hobbes, que Locke Hume Smith ou Stuart-Mill) et nous, mais entre les idéologues dogmatiques de l’hyper-capitalisme despotique, lesquels existent aussi chez nous, et les libéraux authentiques qui sont partout, aux USA comme sur le continent.

      Autonomie et liberté


    • Antoine (---.---.217.225) 3 mai 2006 00:22

      Crozier et Friedberg ont repris le modèle de la rationnalité limité pour expliquer le comportement des acteurs.

      Monsieur Reboul a fait un superbe exposé écrit qu’il faudrait tous relire afin de remettre quelques idées en place...

      Cependant, l’idéal liberal est peut être un modèle battu en brêche par notre époque et surtout de ce qui va advenir de notre temps.

      La complexité est bien là et le liberalisme suppose qu’il soit aussi partagé par ceux qui le pratique...ce qui n’est pas le cas.


  • faxtronic (---.---.127.73) 2 mai 2006 16:24

    Non seulement le liberalisme est juste si et seulement si nous vivons dans un monde parfait. De surcroit il m’apparait qu’il contredit le terme « égalité des chances ». Imaginons que le monde soit parfait et l’homme doué de raidon. A la premiere génération, il y a reel competion entre les hommes, et le meilleur finit par par obtenir (normale). A la seconde generation, les des sont pipés, car l’enfant de l’homme ayant reussi a reussi par naissance. L’enfant de l’homme qui a perdu a perdu de part sa naissance. Evidemment il y a des exceptions, des ruines et des self-made-man, mais c’est exceptionnel et en general spectaculaire. Dont en resume, le liberalisme, la libre concurrence est un systeme qui est bon, dans une société parfaite et intemporelle. Sinon c’est un asservissemnt feodale. C’est equivalent au communisme, sauf que l’état ne tue pas, le marché s’en charge pour lui.


    • BarryAllen (---.---.17.100) 2 mai 2006 16:31

      Vous semblez encore confondre libéralisme et capitalisme. Le libéralisme est censé pousser les entreprises à rogner les marges, et à partager mieux les bénéfices au niveau de la masse salariale. Dans ce contexte, on peut s’enrichir certes, mais pas de manière aussi aberrante qu’aujourd’hui. De plus, son principe encourage par nature la méritocratie, et fait donc fonctionner « l’ascenseur social ».


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 2 mai 2006 16:41

      Le capitalisme est un système d’exploitation du travail fondé sur la propriété privée des moyens de production en vue, de plus en plus dans le cadre de l’hyper-capitalisme financier transnational, du profit maximum pour les détenteurs du capital aux dépens des salariés ; cela n’est pas discutable , ni par les capitalistes qui s’emploient en permanence à faire baisser le coût du travail pour accroître le retour sur investissement (rentabilité) voir les délocalisations de productiosn ensuite réimportées chez nous,, ni par les salariés qui doivent en permanence lorsque les conditions ne leur sont plus favorables (ex : chomage) se battrent sans beaucoup de succès pour leurs salaires, leurs conditions de travail et leurs droits sociaux. La lutte de classe n’est donc pas un fantasme marxiste, comme l’expérience des conflits sociaux nous l’apprend tous les jours.

      Mais le capitalisme est aussi lié à un système de distribution concurrentiel de marché qui oblige les entreprises à tenir compte de la demande solvable et donc à améliorer leurs produits et services et à baisser leurs prix pour accroître cette demande et surtout accroître leur part de marché vis-à-vis de leurs concurrents. En cela on peut dire que le capitalisme n’est pas par nature libéral et que spontanément une entreprise capitaliste tend à neutraliser ou à détourner la concurrence pour gagner une position de monopole qui lui permette de maximiser ses profits , mais il doit être forcé de l’être dès lors que la concurrence lui est imposée politiquement au nom du libéralisme du marché qui, en tant que tel, est donc favorable aux consommateurs (la concurrence fait baisser les prix et oblige à l’amélioration, voire à l’innovation des produits et des services) . Or chaque les membre d’une société, voire du monde dans le cadre de la mondialisation des marchés, est peu ou prou un consommateur potentiel. La concurrence est donc au service de la liberté de choix de ce dernier ; en cela elle est indissociable d’une économie qui laisse le choix aux acteurs (et en premier lieu les consommateurs) de l’économie de négocier les transactions selon leurs désirs et leurs moyens ; la concurrence relève donc d’une logique libérale économique globale ,mais aussi politique dès lors qu’elle exige la mise en place d’un droit de la concurrence pour faire pièce au risque monopoliste permanent qui relève de la logique de chaque entreprise.

      Cependant cette tension entre monopolisme capitalisme spontané antilibéral que j’appelle « ultra-capitalisme sauvage » (et non pas ultra-libéralisme) et le libéralisme économique régulé socialement et politiquement dans le adre du marché concurrentiel ne règle pas pour autant la question de l’exploitation du travail salarié ; or nous savons que le libéralisme ne se limite pas à l’économie mais s’affirme d’abord comme une philosophie globale de la vie sociale qui accorde à tous les mêmes droits contre les puissants, l’état tout d’abord, mais aussi ceux qui dispose du pouvoir économique (la capital) ; la vraie question et la plus difficile est donc d’articuler le libéralisme politique et le libéralisme économique pour régulé le capitalisme de telle sorte que celui-ci n’impose pas la liberté des uns, les détenteurs des capitaux, minoritaires, , aux dépens de la liberté de la grande majorité des autres, les salariés, producteurs et consommateurs. Or cette égalité dans les droits (libertés fondamentales) des individus exige sur le plan social ce que l’on appelle une certaine « égalité des chances », donc la mise en place d’un service publique ou d’intérêt dit général qui garnatissent à tous les libertés fondamentales et les moyens, immatériels et matériels de les exercer, d’autant plus que nous sommes dans un système politique de démocratie universelle dans lequel tous ont le droit de voter pour définir les droits sociaux qui permettent la mise en oeuvre des libertés fondamentale et du principe de l’égalité des chances ; c’est dire que le capitalisme n’est pas à confondre avec le libéralisme économique et politique.

      Donc le libéralisme du droit social et la démocratie politique sont les conditions régulatrices nécessaires pour que le capitalisme fonctionne au bout du compte au service du plus grand nombre, mais il est clair que dans le cadre d’une concurrence totalement ouverte et non faussée, la part des profit tendrait vers zéro, ce qui interdirait de nouveaux inverstissements et détournerait les investisseurs de la création de richesses économique potentiellement partageables pour ne plus se livrer qu’à des péculations financières à très court terme (bulle spéculative) prédatriice de l’économie réelle et incapable de satisfaire les désirs des consommateurs. Il faut donc, si l’on refuse l’économie administée par l’état, au nom de la séparation libérale entre les pouvoirs économique et politique qui ferait de ce dernier un pouvoir despotique sans limite (le pouvoir doit limiter le pouvoir dixit Montesquieu) décidant autoritairement de la vie des individus, non pas supprimer le profit, mais faire que la concurrence permettent de faire des profit susceptibles d’être réinvestis dans la production (ainsi la protection temporaire des innovations par des brevets) ; il est aussi indispensable que la demande solvable soit mieux répartie entre tous et donc que les samlariés obtiennent les moyens de consommer et de faire valoir d’autres valeurs indispensables à l’obtention de leurs droits en particulier dans le domaine de la santé et de l’éducation. Les droits sociaux sont donc indissociables de l’exigence libérale dès lors qu’elle s’affirme comme universelle (valant pour tous) et de l’égalité des chances qui lui est indissociable.

      Dans ces conditions, les critiques de l’hyper-capitalisme financier (appelé à tort « ultra-libéralisme ») qui privilégie le profit privé à court terme aux dépens du développement économique socialement et écologiquement durable et équilibré sont tout à fait justifiées.

      Mais lorsque on s’en prend au libéralisme et à l’économie de marché, on se trompe de cible : L’hyper-capitalisme est réellement anti-libéral :

      - sur le plan politique : en méconnaissant les droits sociaux qui font partie des droits de l’homme et en instaurant le dictature du capital financier contre les intérêts de la majorité des populations
      - sur le plan économique en neutralisant la concurrence à leur profit pour instaurer des monopoles de fait.

      L’authentique libéralisme est contre tous les despotismes, y compris le despotisme monopoliste du capitalisme sauvage. La liberté n’est libérale que si elle est universelle . L’authentique libéralisme est régulé afin que le marché profite à tous (« économie sociale de marché »).

      Confondre le libéralisme avec « la liberté du renard libre dans le poulailler libre » (Marx), c’est faire croire qu’une économie d’état de production et de distribution autoritaire serait la solution la plus juste, or nous savons d’expérience qu’un tel modèle, en effet anti-libéral (mais d’une autre manière que l’ultra-capitalisme monopoliste) et qui instaure un capitalisme monopoliste d’état sans marché libre est une catastrophe économique (gaspillage, pillage et détournement des ressources par une minorité disposant d’un pouvoir politique fusionné avec le pouvoir économique, incapacité à ajuster l’offre et la demande et à répondre aux désirs multiples et variables des consommateurs etc..) qui génère le totalitarisme politique pour contraindre la population à accepter l’économie planifiée et à se soumettre au pouvoir sans limite de ceux qui cumulent le pouvoir politique et le pouvoir économique. La critique de Hayek contre le capitalisme planifié d’état est à ce jour entièrement vérifiée par l’expérience historique mondiale.

      Il n’ y a donc pas d’ alternative démocratique anti-libérale au despotisme capitaliste ; il n’y a qu’une alternative sociale-libérale ou sociale-démocrate, précisément libérale en cela que la liberté du marché est régulée au profit du plus grand nombre ; les dirigeants de la gauche, partout dans le Monde, sauf en France malheureusement, l’ont compris.


  • gem (---.---.117.249) 2 mai 2006 18:20

    Ce qu’il faut faire ? Arrêter de se prendre la tête, et simplement penser à l’autre. Penser que pour faire ses courses le dimanche, il faut évidemment qu’une quantité de gens bossent tout le WE (besoin d’un dessin ?). Penser qu’en achetant chinois on favorise le chinois, généralement au détriment du voisin (c’est pas forcément un mal, puisque le chinois est plus mal loti que le voisin, mais il faut pas oublier que le voisin fera comme nous, avec le même effet sur nous...). Penser qu’en gaspillant l’argent et l’énergie on se prive soi-même plus tard. Penser que la biomasse marine a été divisée par 10 dans les eaux européennes, sous l’effet de la surpêche, et qu’il est donc urgent de ne plus acheter de poisson et de protester contre les subventions aux pêcheurs (encore 80 Millions d’euros pire que gaspillés ces derniers jours...). Penser que la culture d’aujourd’hui n’est qu’une vile copie du pastiche de la parodie de ce qui se faisait (de pire) il y a plusieurs siècles (à deux exception près : le cinéma et le jeu vidéo), dont on aurait déjà besoin de plusieurs siècles de vie pour simplement l’eflerer.

    Bref : penser que nous seuls pouvons assurer nos responsabilités, pas les « hommes politiques » : faire appel à eux, c’est le signe infaillible qu’on ne souhaite pas, qu’on est pas prêt, à vraiment « remettre l’humain au cœur du système » : si on est déjà pas capable de convraincre ses proches de faire les efforts qu’on croit nécessaires, comment peut-on croire que la violence politique va apporter une solution ? Et, inversement pourquoi faire appel à la politique si l’action individuelle suffit ? Encore plus bref, le bon vieux slogan : « penser global, agir local »

    Pour le reste, cet article est un ramassis de faussetés démagogiques, dont on ne peut rien tirer :

    * pour les FAI, objectivement, le service d’aujourd’hui est meilleur qu’hier et le prix moindre. Ce qui vide de sens le paragraphe.

    * pour le prix des biens culturels, même absurdité. l’existence d’un « budget » fixe est une éventualité théorique, pas une évidence (et, pour ce qui me concerne, je ne connais personne qui fixe d’avance son budget en la matière, dont les frontières sont d’ailleurs floues : au contraire). D’ailleurs, si les consommateurs avaient réellement un budget, l’impact global de la pub serait nul, voire négatif : ce qui est contraire à l’évidence. Tout le reste est à vau l’eau : il faut vraiment prendre les gens pour des imbéciles pour croire qu’il y a un quelconque intérêt à gérer les biens culturels autrement (moins cher, par exemple). Si on pouvait vivre en donnant presque gratuitement sa production musicale (ou théatrale, etc.), depuis le temps ça se saurait...

    * l’effet du bas prix du pétrole sur la recherche est plus complexe : manifestement, l’état reste capable de jeter l’argent par les fenetres sur des projet comme ITER, et le pétrole est aussi, indirectement (via les transports, les machines, etc.), un cout important de la recherche, qui bénéficie donc du bas prix des composants. De toute façon, il faut arrêter de croire que la recherche est la nouvelle panacée : les solutions techniques existent, maintenant, simplement, elles ne servent à rien. Parce que 3 minutes de reflexion et de calcul montrent qu’il est rentable et rationel de tout consommer sans se préoccuper de la suite.

    etc.


    • BarryAllen 2 mai 2006 18:55

      Si vous débattez toujours de manière aussi délicate avec les gens, je doute que vous ralliiez beaucoup de vos proches à vos idées...

      Je voudrais revenir sur certains de vos arguments, qui démontrent pour moi que votre raisonnement est pris dans le système établi. De plus, vous vous y entendez pour asséner des affirmations sans justification.

      Pour les FAI, c’est l’exemple type. Une affirmation massue, sans justification ni exemple. De plus je ne nie pas que le service ait pu s’améliorer, mais si vous faites une recherche sur le web pour trouver les associations d’internautes mécontents, vous verrez qu’on est encore loin du compte.

      Vous parlez de l’impact global de la pub : comment voulez-vous le mesurer ? avez-vous un exemple d’un monde sans pub, pour critère de comparaison ? Vous ne pensez pas qu’une fois qu’on a mobilisé tout l’argent mobilisable dans les ménages pour les produits culturels, il n’est plus possible d’augmenter encore le marché ? Pour moi, l’aspect bénéficiaire de l’impact global de la pub ne relève pas d’une « évidence ».

      Vous ne croyez pas qu’il y a une marge de manoeuvre entre les tarifs actuels des biens culturels et les donner « presque gratuitement » ? Qu’on achète 5 chansons à 20 centimes d’euro ou une chanson à 1 euro sur une plate-forme de téléchargement, quelle différence au final, si ce n’est une meilleure incitation pour le client ? En ce qui me concerne, dans le premier cas j’en achèterais 10 ou plus, dans le deuxième je préfère m’en passer.

      Quel paradoxe entre la première et la deuxième partie de votre commentaire ! Dans la première, vous condamnez le système et pronez de tout faire pour changer les choses au niveau local. Dans la deuxième, vous refusez toute remise en cause du même système, et déniez la moindre parcelle d’intelligence à quiconque pourrait envisager qu’il n’est pas le meilleur possible.


    • Bertrand Damien Bertrand C. de L. 2 mai 2006 23:22

      Dans l’article de Barry, ce ne sont pas les exemples qui comptent, mais simplement le rappel que le sens que l’on donne au libéralisme aujourd’hui est contraire à son sens philosophique historique.

      Il ne faut pas s’attacher aux exemples donnés (mal choisis en fait), ces exemples appelant nécessairement des réactions contradictoires parce que ces problèmes sont beaucoup plus complexes qu’ils ne paraissent.

      Juste pour exemple : le pb des hot lines de FAI. Le coût (Opex) moyen du contact center est en moyenne de 2 euros par mois répartis sur tous les abonnés, ce qui représente beaucoup dans la structure de coût. Or, 70% des problèmes traités par les hotlines n’ont aucun rapport avec le service du FAI, ce sont des problèmes d’utilisation de PC. Et il faut savoir que les revenus hotline sur numéros payants ne constituent pas une source de revenu principal, ça ne couvre même pas les coûts directs de hotline. Sur son modèle low cost et pour ne pas mettre en danger son plan de croissance, Free avait décidé de risquer l’insatisfaction des clients pendant sa phase d’acquisition de clientèle, faisant le pari que sa proposition de valeur était de toute façon suffisamment forte et différenciante pour que ses clients acceptent la mauvaise qualité de la hotline. Pari gagné, jusqu’au jour où la concurrence se réveille et où commence le « churn » (c’est à dire la perte de clientèle). Dès lors, la qualité du service client, et donc de la hotline, redeviennent critiques, et certains (Telecom Italia, Club Internet) en font même soudain un critère de différenciation marketing. Parce que le churn, en terme d’impact financier, est LE problème numéro un des FAIs. Pourquoi ? Parce que dans le marché très concurrentiel du haut débit en France, le churn peut atteindre 20%, et le coût d’acquisition d’un client (coût marketing et commercial) oscille entre 80 et 400 euros par client, selon que vous avez la notoriété ou pas. Chaque fois que vous perdez un client, pour devez re-dépenser ces sommes là pour conserver votre moyenne d’abonnés. Et donc, après la phase d’acquisition de clientèle, le marché très concurrentiel requiert une phase de fidélisation, et soudain le service client devient stratégique...

      Désolé Barry, c’était un mauvais exemple, mais ça n’enlève rien au fond de l’article smiley


    • Bertrand Damien Bertrand C. de L. 2 mai 2006 23:56

      Bon, bin, faut rappeler le coeur de la discussion : il ne s’agissait pas de statuer sur les bienfaits et les méfaits supposés du libéralisme, mais de rappeler que la définition originelle du libéralisme, tel que théorisé par des générations de philosophes et d’économistes, est assez éloignée du sens que tout un chacun lui donne aujourd’hui, dans une grande confusion entre capitalisme et libéralisme.

      J’en veux pour preuve que si je prend la définition du sens commun, qui serait selon Sylvain confondue avec un capitalisme sauvage et outrancier, alors voilà un libéralisme que j’exècre assez. Mais si l’on revient au libéralisme des origines, disons philosophique, ce libéralisme-là sent bon l’humanisme des lumières.

      Question : n’est-il pas vain de vouloir convaincre la conscience collective que le Libéralisme, et bé c’est pas du tout ce que vous croyez ma bonne dame ! On ne fera pas lire Smith, Mill et consorts à Madame Michu. Et Ségolène ne va probablement pas lire Tocqueville, et Sarko, il n’a aucune idée de l’autonomie et de la morale selon Kant. Et les internautes non plus ne vont pas trop se poser la question. Parce que pendant ce temps-là, les prétendus libéraux et les ultra-capitalistes, eux, ne font pas dans la dentelle, et forcément, ça marque les esprits...


    • Antoine (---.---.217.225) 3 mai 2006 00:15

      Les politiques (les hommes) tuent le savoir et l’émancipation de leurs semblables citoyens en répandant de fausses informations qui servent leurs intentions.


    • gem (---.---.117.249) 3 mai 2006 12:30

      Cher barry, je suis délicat avec les gens qui le sont. Mais sortir une collection d’exemples débiles, démagogiques et faussement évident (comme Bertrand C. de L le démontre parfaitement), à l’appui d’une thèse fumeuse, je trouve ça profondément aggressif. En tout cas ça l’est pour moi et je réagis en conséquence.

      Un monde sans pub ? La monde communiste était sans pub (et croyez moi ça fait bizarre, une rue sans le moindre néon...). Mais pas besoin de ça : il se trouve que le monde, commercial est soumis à une redoutable sélection naturelle. Et, dans ce cadre, on observe que les entreprises QUI SURVIVENT font massivement de la pub alors que rien ne les y oblige et que ça représente un cout parfois colossal ; parallèlement, il existe aussi des entreprises qui ne font pas de pub, il s’en cree tous les jours, mais ce qu’on observe c’est qu’elle ne prospèrent pas. La seléction naturelle est une preuve permanente de l’efficacité commerciale de la publicité. Tout spécialement en matière culturelle, où les critères objectifs sont maigres (cinéma, édition : sans bonne « promotion » on ne va pas très loin...).

      Même chose en matière de prix ; mais si vous croyez vraiment à votre modèle commercial « low cost », lancez vous : manifestement la niche éco-o-ique est vide, si c’est par erreur (toujours possible, Cf. les compagnies aériennes) à vous le jackpot.


    • gem (---.---.117.249) 3 mai 2006 12:53

      Pour les banques, voila encore bien des remarques démagogiques.

      La réalité, c’est que la tenue de compte à un cout, et que ce cout est payé d’une façon ou d’une autre. C’est vrai que c’est chiant de changer de banque, les prélèvements, etc. Mais il faut bien comprendre que c’est du boulot de gérer les prélèvement, virement, etc. et que c’est le travail de tous les jours du banquier.

      Commercialement parlant, il est infiniment plus sain que le cout et ce travail soit affiché et facturé, plutôt que masqué et compensé par des petits arrangements foireux. La « gratuité » des chèques représente un gouffre à pognon qui serait mieux utilisé à autre chose.

      Sous l’effet de la concurence, les banques s’orientent vers un modèle plus transparent (facturation des frais réel, rémunération des dépots, etc.), et c’est très bien ainsi.

      Rappelons par ailleurs que le CMB, comme le CA ou les CE, est une banque mutualiste, c’est à dire que les patrons / actionnaires sont les clients. Ce sont les clients (comme moi) qui ont demandé, et obtenu, la facturation des frais de compte, et la rémunération des dépots.

      Et de toute façon il est assez paradoxal de prétendre fonder une critique de la concurence sur l’absence de concurrence !

      Quand on creuse, tous les exemples qui sont censé fonder la régulation de la concurence s’effrondrent.


    • BarryAllen (---.---.17.100) 3 mai 2006 13:21

      « Un monde sans pub ? La monde communiste était sans pub (et croyez moi ça fait bizarre, une rue sans le moindre néon...). Mais pas besoin de ça : il se trouve que le monde, commercial est soumis à une redoutable sélection naturelle. Et, dans ce cadre, on observe que les entreprises QUI SURVIVENT font massivement de la pub alors que rien ne les y oblige et que ça représente un cout parfois colossal ; parallèlement, il existe aussi des entreprises qui ne font pas de pub, il s’en cree tous les jours, mais ce qu’on observe c’est qu’elle ne prospèrent pas. La seléction naturelle est une preuve permanente de l’efficacité commerciale de la publicité. Tout spécialement en matière culturelle, où les critères objectifs sont maigres (cinéma, édition : sans bonne »promotion« on ne va pas très loin...). »

      Vous me parlez d’impact relatif, alors que la discussion portait sur l’impact global. Je repose la question : une fois que tous les acteurs d’un marché l’ont inondé de publicité, vous pensez vraiment qu’elle sert à générer plus de ventes, où à essayer de s’arracher les parts de vente ? Toujours des vérités assénées, pas d’exemples, et vous aussi vous tombez dans le « faussement évident », que vous me reprochez par ailleurs. Pour l’avoir vécu de l’intérieur (industrie du jeu vidéo), les départements marketing sont maintenant tellement convaincus, comme vous, de leur étourdissante efficacité qu’ils pensent qu’eux seuls génèrent les ventes, peu importe en définitive la qualité du produit vendu. C’est pour moi l’origine de la déliquescence des produits culturels (et contrairement à vous, je n’exclus ni le cinéma ni les jeux vidéo, car en dehors d’exceptions de plus en plus rares, ils rejoignent allègrement le troupeau).

      En ce qui concerne les précisions de Bertrand C. de L sur les FAI, je l’en remercie. Je continue cependant à regretter et à trouver préjudiciable que la satisfaction du consommateur puisse être utilisée comme variable d’ajustement d’une politique d’entreprise.

      « Même chose en matière de prix ; mais si vous croyez vraiment à votre modèle commercial »low cost« , lancez vous : manifestement la niche éco-o-ique est vide, si c’est par erreur (toujours possible, Cf. les compagnies aériennes) à vous le jackpot. »

      Figurez-vous que je réfléchis justement à ce genre de projet. Même Apple, une multinationale, se bat contre les majors de la musique qui voudraient, elles, que la musique vendue sur iTunes le soit à un prix supérieur au prix actuel. Incroyable, selon votre raisonnement, Apple voudrait volontairement gagner moins d’argent ?


    • gem (---.---.117.249) 3 mai 2006 13:32

      (NB : libre traduction d’un texte de Barry. le traducteur décline toute responsabilité à l’égard des idées véhiculées)

      Libre choix du conjoint : ange, ou démon ?

      Glorifié par les uns, brocardé par les autres, le concept de liberté sexuelle continue de diviser. A travers le prisme de l’opinion publique, il semble difficile de mettre en évidence ses véritables effets sur le fonctionnement de la société. Pourtant, le principe en lui-même, et ses implications au niveau des modèles sociaux sont claires, et positives (baisse des tensions, amélioration de la qualité des relations, ouverture sociale, etc.). Malgré cela, la réalité dresse un tableau beaucoup moins idéal dans le cas général. La liberté sexuelle est-elle finalement un méfait, ou bien est-ce la manière de la mettre en œuvre qui est en cause ?

      Le champ d’application du principe de libre mariage n’a eu de cesse de s’étendre au cours du XXe siècle. Découlant de l’étude des modèles socaux, ce principe doit faire en sorte que le fonctionnement de l’économie sexuelle favorise l’équilibre de l’offre et de la demande, la baisse et même la disparition des dots, une meilleure qualité des relations, ainsi que l’ouverture (xéno-gamie).

      Nul ne peut contredire que la réalité est tout autre, dans le cas général. Nombreux sont les domaines où il est clair que ces objectifs ne sont pas tous atteints. Pour corroborer cette affirmation, je reviendrai plus loin dans l’article sur divers exemples.

      Quel est donc le problème ? Le modèle social du libre accouplement est-il faux ? Il est vrai que ce ne serait pas le premier modèle imaginé par l’homme à s’écrouler à l’épreuve de la réalité, mais avant de le remettre en cause, je pense qu’il faut se demander si nous n’aurions pas oublié quelque chose.

      En effet, bien souvent, quand un raisonnement ne résiste pas à l’expérimentation, c’est qu’on a pris quelque chose pour acquis, qui dans la pratique ne l’est pas. En l’occurrence, il y a quelque chose d’implicite dans le terme concurrence, c’est l’existence d’un critère qui sert à comparer les différents compétiteurs.

      Et c’est là, à mon sens, que se situe le problème. Le libre accouplement est en effet à l’heure actuelle appliquée dans le cadre de la selection naturelle, et c’est cette derniere qui définit le critère de comparaison, lequel peut se résumer alors peu ou prou en ces termes : « Le meilleur conjoint est celui ou celle qui génèrera le plus de descendance à son partenaire, le plus vite possible ». D’aucuns pourront trouver cette définition caricaturale, mais même si elle ne s’applique pas à l’intégralité des relations sexuelles, son champ reste suffisant pour justifier mon argumentation.

      ...

      Alors, que faire ? Il est urgent de modifier les règles du jeu, et notamment d’abolir l’idée qu’une femme qui vit au détriment de son conjoint est une épouse exemplaire. Car la recherche du profit maximal à court terme ne peut conduire qu’à cela, de manière on ne peut plus mécanique. En effet, la maximisation directe des profits s’obtient en augmentant la marge entre les soins aux enfants et les autres activités, par conséquent en diminuant la qualité du service rendu et en augmentant le prix jusqu’à la limite du raisonnable (remarquons aussi que la limitation des soins aux enfants entraîne la recherche de la limitation de leur nombre, ce qui a des implications directes sur la société). La concurrence sur les prix ne s’exerce pas, car les autres femmes du secteur, recherchant aussi le profit, maintiennent de facto le statu quo.

      Pour changer les choses, il s’agit surtout de rappeler les objectifs du libre accouplement, et donc de préciser plus clairement quels devraient être les critères de sélection des partenaires, et de déterminer ce qu’il faut faire en pratique pour qu’ils s’appliquent.

      Si l’amélioration de la qualité des soins aux enfants doit être un des objectifs du système, cette variable doit devenir un critère de sélection suffisamment fort pour inciter les hommes à en tenir compte. Faciliter et favoriser les recours légaux des époux contre les abus de leur épouse peut être un moyen d’y parvenir. Afin d’être en mesure d’influer sur une femme qui emploie des méthodes limites (pour ne pas dire plus) vis-à-vis de son conjoint, il faut en tous cas modifier le rapport de force pour que l’homme puisse avoir une possibilité de recours significative (susceptible d’influer sur les choix de procréation de la femme).

      Les hommes politiques ont pris l’habitude de considérer la liberté d’accouplement comme un acquis (en cela, ils n’ont a priori pas tort) sur lequel ils ne peuvent ni ne doivent influer. Ce faisant, ils nient leur seule (mais déterminante) responsabilité dans ce système. C’est à eux de fixer les règles du jeu sexuel, pour que son résultat serve de manière optimale l’intérêt de la société. Bien sûr, cela nécessite une indépendance intellectuelle vis-à-vis des feministes et des lobbies, en plus d’une énorme volonté.

      « Mais c’est la seule manière de remettre l’humain au cœur du système (sic) ».


    • BarryAllen (---.---.17.100) 3 mai 2006 13:40

      Gem, je ne vois absolument pas le rapport avec le sujet. Et contrairement à ce que vous dites en préambule, ce « chercher/remplacer » n’engage que vous. Vous pouvez aussi prendre les discours de Sarkozy sur l’immigration choisie et remplacer le terme immigré par femme si ça vous chante, mais ça n’aura pas plus d’intérêt. A moins que vous ne cherchiez à défouler un fort penchant machiste sans l’assumer.


    • gem (---.---.117.249) 3 mai 2006 14:24

      (NB : libre traduction d’un texte de Barry. le traducteur décline toute responsabilité à l’égard des idées véhiculées)

      Libre choix du conjoint : ange, ou démon ?

      Glorifié par les uns, brocardé par les autres, le concept de liberté sexuelle continue de diviser. A travers le prisme de l’opinion publique, il semble difficile de mettre en évidence ses véritables effets sur le fonctionnement de la société. Pourtant, le principe en lui-même, et ses implications au niveau des modèles sociaux sont claires, et positives (baisse des tensions, amélioration de la qualité des relations, ouverture sociale, etc.). Malgré cela, la réalité dresse un tableau beaucoup moins idéal dans le cas général. La liberté sexuelle est-elle finalement un méfait, ou bien est-ce la manière de la mettre en œuvre qui est en cause ?

      Le champ d’application du principe de libre mariage n’a eu de cesse de s’étendre au cours du XXe siècle. Découlant de l’étude des modèles socaux, ce principe doit faire en sorte que le fonctionnement de l’économie sexuelle favorise l’équilibre de l’offre et de la demande, la baisse et même la disparition des dots, une meilleure qualité des relations, ainsi que l’ouverture (xéno-gamie).

      Nul ne peut contredire que la réalité est tout autre, dans le cas général. Nombreux sont les domaines où il est clair que ces objectifs ne sont pas tous atteints. Pour corroborer cette affirmation, je reviendrai plus loin dans l’article sur divers exemples.

      Quel est donc le problème ? Le modèle social du libre accouplement est-il faux ? Il est vrai que ce ne serait pas le premier modèle imaginé par l’homme à s’écrouler à l’épreuve de la réalité, mais avant de le remettre en cause, je pense qu’il faut se demander si nous n’aurions pas oublié quelque chose.

      En effet, bien souvent, quand un raisonnement ne résiste pas à l’expérimentation, c’est qu’on a pris quelque chose pour acquis, qui dans la pratique ne l’est pas. En l’occurrence, il y a quelque chose d’implicite dans le terme concurrence, c’est l’existence d’un critère qui sert à comparer les différents compétiteurs.

      Et c’est là, à mon sens, que se situe le problème. Le libre accouplement est en effet à l’heure actuelle appliquée dans le cadre de la selection naturelle, et c’est cette derniere qui définit le critère de comparaison, lequel peut se résumer alors peu ou prou en ces termes : « Le meilleur conjoint est celui ou celle qui génèrera le plus de descendance à son partenaire, le plus vite possible ». D’aucuns pourront trouver cette définition caricaturale, mais même si elle ne s’applique pas à l’intégralité des relations sexuelles, son champ reste suffisant pour justifier mon argumentation.

      ...

      Alors, que faire ? Il est urgent de modifier les règles du jeu, et notamment d’abolir l’idée qu’une femme qui vit au détriment de son conjoint est une épouse exemplaire. Car la recherche du profit maximal à court terme ne peut conduire qu’à cela, de manière on ne peut plus mécanique. En effet, la maximisation directe des profits s’obtient en augmentant la marge entre les soins aux enfants et les autres activités, par conséquent en diminuant la qualité du service rendu et en augmentant le prix jusqu’à la limite du raisonnable (remarquons aussi que la limitation des soins aux enfants entraîne la recherche de la limitation de leur nombre, ce qui a des implications directes sur la société). La concurrence sur les prix ne s’exerce pas, car les autres femmes du secteur, recherchant aussi le profit, maintiennent de facto le statu quo.

      Pour changer les choses, il s’agit surtout de rappeler les objectifs du libre accouplement, et donc de préciser plus clairement quels devraient être les critères de sélection des partenaires, et de déterminer ce qu’il faut faire en pratique pour qu’ils s’appliquent.

      Si l’amélioration de la qualité des soins aux enfants doit être un des objectifs du système, cette variable doit devenir un critère de sélection suffisamment fort pour inciter les hommes à en tenir compte. Faciliter et favoriser les recours légaux des époux contre les abus de leur épouse peut être un moyen d’y parvenir. Afin d’être en mesure d’influer sur une femme qui emploie des méthodes limites (pour ne pas dire plus) vis-à-vis de son conjoint, il faut en tous cas modifier le rapport de force pour que l’homme puisse avoir une possibilité de recours significative (susceptible d’influer sur les choix de procréation de la femme).

      Les hommes politiques ont pris l’habitude de considérer la liberté d’accouplement comme un acquis (en cela, ils n’ont a priori pas tort) sur lequel ils ne peuvent ni ne doivent influer. Ce faisant, ils nient leur seule (mais déterminante) responsabilité dans ce système. C’est à eux de fixer les règles du jeu sexuel, pour que son résultat serve de manière optimale l’intérêt de la société. Bien sûr, cela nécessite une indépendance intellectuelle vis-à-vis des feministes et des lobbies, en plus d’une énorme volonté.

      « Mais c’est la seule manière de remettre l’humain au cœur du système (sic) ».


    • BarryAllen (---.---.17.100) 3 mai 2006 14:26

      Là, on touche aux confins du troll. On vous dit que votre message n’a aucun intérêt et comme toute réponse, vous le remettez ? Je suis plutôt content d’être en désaccord avec quelqu’un qui manque autant de maturité.


    • Bertrand Damien Bertrand C. de L. 3 mai 2006 15:18

      Attention aux erreurs de perspectives en stratégie, Barry. Apple ne vend pas de la musique pour gagner de l’argent sur la musique, mais pour construire un « écosystème » dynamisant la vente de iPods. Ce qui a remarquablement marché. Connaissant parfaitement les répartitions contractuelles de toute la chaîne de valeur de l’artiste au consommateur via les éditeurs, producteurs, et iTunes (canal de distribution), je peux vous confirmer que si Apple raisonnait en financier (15 à 17% de IRR) sur la seule activité de iTunes, il y a belle lurette que ITMS aurait été fermé.

      Finalement, je vois beaucoup d’aspects positifs dans ce qu’à fait Apple. Ils ont obtenus des Majors un tarif que ceux-ci regrettent aujourd’hui (mais maintenant, ils sont coincés, et ils viennent tout juste de re-signer les mêmes conditions avec Apple), parce qu’ils ne croyaient pas à ce modèle de distribution à ses débuts.

      Quelle erreur !! Les consommateurs de musique payante en sont reconnaissant à Apple. Les artistes et producteurs comme moi aussi : car nous pouvons enfin nous débarrasser des chaines de médiations parasites intermédiaires pour être dignement rémunéré, beaucoup, beaucoup plus à l’unité qu’en vendant des CD.

      Et l’équation économique d’un petit groupe ou producteur indépendant, c’est qu’il vaut mieux garder 40% de pas beaucoup que 5 à 10% de un peu plus. Pour espérer en vivre.

      Merci Steve Jobs. Continue à vendre des iPods. Moi je fais de la musique.


    • BarryAllen (---.---.17.100) 3 mai 2006 15:43

      C’est tout à fait mon propos, Bertrand. On peut vouloir vendre moins cher pour gagner plus. Comme vous le dites très bien, tous les créateurs de la culture auraient bénéfice à court-circuiter les intermédiaires pour pouvoir proposer une culture beaucoup plus abordable et, dans le même temps, récupérer une plus grande partie de l’argent récolté. Internet est un média excellent pour cela.


    • Bertrand Damien Bertrand C. de L. 3 mai 2006 16:32

      On appelle cela la désintermédiation. C’est le terme récemment consacré en économie. C’est l’un des impacts les plus importants de Internet sur l’économie : la suppression d’intermédiaires dans la chaîne de valeur.

      (PS. Ma raison d’être est la musique et l’écriture, mais dans la vie, pour gagner ma croute, je dirige un département de conseil en stratégie Télécoms et Média dans une entreprise internationnale, alors je connais un peu ces sujets smiley


  • Sylvio (---.---.8.52) 2 mai 2006 19:02

    « Libre concurrence » :

    - Comment peut-on avoir une concurrence libre ou « égale » entre des pays qui sont respectivement « développé », « semi-développé » , « en voie de développement », « sous-développé »

    - Comment peut-on avoir une concurrence libre dans un système où l’argent amène l’argent, le pouvoir amène l’argent, l’argent amène le pouvoir ?

    - Comment peut-on avoir une concurrence libre dans un monde où les différentes civilisations n’ont pas les même cultures, pas les mêmes valeurs, ont des modes de vies bien différent, etc.

    - Comment peut-on avoir une concurrence libre dans un monde où les états-unis s’ingère diplomatiquement ou par la force dès que quelquechose va à l’encontre de les intérêts de leurs compagnies. Seul eux, et quelques pays occidentaux dans une moindre mesure ont ces moyens.

    - Comment peut-on avoir une concurrence libre dans un monde qui n’a pas les mêmes lois, les mêmes règles, les mêmes modèles économiques, les mêmes aspirations.

    Bref, la libre concurrence n’est qu’un prétexte pour ouvrir tous les marchés. A qui réussit cette libre concurrence ? à ceux qui ont le pouvoir et l’argent, certainement pas à la majorité de l’humanité car les règles sont faussés.

    Par ailleurs, même si nous la voulions cette libre concurrence, il faudrait un monde plat, uniforme avec une gouvernence unique. Un monde où ce serait encore la loi du plus fort, celui qui magouille le plus pour écraser son concurrent.


    • Sylvio (---.---.8.52) 2 mai 2006 19:04

      J’ajouterai qu’il faut prendre du recul, en lisant de la Science Fiction, je me suis rendu compte du nombre de modèle de civilisation qui peuvent exister. Ce modèle que l’on a aujourd’hui n’a rien d’époustouflant, rien de naturel, rien de logique, rien d’humain. Mais bon, on fera avec...


    • Antoine (---.---.217.225) 3 mai 2006 00:28

      l’ethnologue ou l’anthropologue vous le diront aussi, les civilisations et cultures sont multiples et encore pour un petit temps elles pourrons coexister....mais la mondialisation et l’imposition de standards vont provoquer une uniformisation, je le crains...peut être les aliens lorsque ns les rencontrerons pourront nous épater par leur différences.


  • éric (---.---.36.99) 2 mai 2006 20:16

    La décennie passée a vu se multiplier la concentration des entreprises par fusion, acquisition (O.PA amicales ou hostiles). L’argument des entrepreneurs est d’atteindre la taille critique. C’est à dire la taille minimale en dessous de laquelle une entreprise ne peut plus se battre contre ses concurrents. Reconnaître l’existence d’une taille critique c’est admettre que l’augmentation de la concurrence ne peut se poursuivre à l’infini car bien vite trop d’entreprises seraient présentes sur le marché. Pour éviter cette concurrence la course à la démesure a donc été ouverte. Tous les secteurs de l’économie ont été le théâtre d’affrontements qui débouchèrent sur la naissance de géants mondiaux (arcelor, vivendi, Microsoft…). Chacun de ces groupes multinationaux n’ayant (comme toute entreprise) que le souci d’éliminer ses concurrents. Nous voilà dans une situation pour le moins schizophrène, les chefs d’entreprises réclament au nom du principe du néolibéralisme de développer la concurrence (par la voie du droit -traités, lois…), mais s’emploient au quotidien à la détruire pour devenir leader sur leur marché en développant l’argumentation suivante : une entreprise de grande taille, implantée mondialement peut mettre en œuvre des standards qui permettront de réaliser des économies d’échelles…donc les prix baisseront et le consommateur moyen sera satisfait. Pourtant face au décollage économique de la Chine et à l’arrivée massive de textile à bas prix sur l’Europe, les industriels, se mettent à réclamer des mesures de protection restrictives de la concurrence et la Commission européenne leur emboîte le pas. La théorie du libéralisme à tout crin connaîtrait-elle des limites aux yeux même de ses plus fervents prêcheurs ? Il semble bien que oui.

    Conclusion :

    La concurrence est bonne quand elle concerne les autres.


    • Antoine (---.---.217.225) 3 mai 2006 00:31

      mais la pratique du libéralisme économique suppose que les régles soient partagées, ce qui n’est pas le cas de la Chine, euhhhh , je vais faire une boutade :« toutes choses n’étant pas égales ».

       smiley)


  • (---.---.101.5) 3 mai 2006 00:54

    Bonjour BarryAllen, Comme l’a dit un autre intervenant un système parfaitement libéral (comme le définit S. Reboul) est tout à fait utopique, et cela a pour conséquence que l’application du principe de libre échange a fatalement pour conséquence la domination du plus fort.

    Mais il y a autre chose de plus important, un marché n’est qu’un système aveugle, qui n’est conçu que pour s’adapter. La prééminence d’un marché libre en lieu et place de la souverainté de gouvernements élus (et en principe républicains) est une abération. L’homme n’est pas un animal comme les autres, il n’a pas pour seul but la consomation et la satisfaction de ses besoins matériels. Or la devise d’un libéral pourrait être « plus je consomme plus je suis heureux ». Comme l’a dit une autre personne, l’homme pratique l’altruisme, et je rajouterai en particulier l’altruisme envers nos enfants mais aussi envers les générations futures. Comment ? En préparant dès aujourd’hui leur avenir. Dès lors comment un système qui privilégie grandement le gain à court terme comme le libéralisme pourrait il assurer une meilleure existence que la notre aux générations future ?

    Mais imaginons un instant que le système libéral utopique de S. Reboul devienne réalité et que ô miracle il ne conduise pas à la frénésie de la recherche du gain immédiat (et surtout de préférence sans effort ni travail). Sur un tel marché, quel serait la valeur marchande de : « un avenir meilleur pour nos descendant » ?! Quelle hérésie de considérer que l’on peut tout comparer à l’aune d’une unique variable unidimensionnelle : la monnaie !

    La fameuse « main invisible du marché » d’Adam Smith est une escroquerie intellectuelle, qui servait à l’époque de Smith, non pas à l’avancée de la science économique et de la science, mais à la domination de l’empire britanique sur toutes les autres nations.

    Aujourd’hui le libéralisme n’a encore une fois d’autre raison d’être que la domination. A ce sujet, je vous conseille la lecture d’un site très instructif : http://www.solidariteetprogres.org/spip/sp_accueil.php3


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 3 mai 2006 09:17

      « La fameuse »main invisible du marché« d’Adam Smith est une escroquerie intellectuelle, qui servait à l’époque de Smith, non pas à l’avancée de la science économique et de la science, mais à la domination de l’empire britanique sur toutes les autres nations. »

      Cette affirmation est erronée : ceux qui préconisaient la domination des intérêts britaniques étaient les plus grands adversaires théoriques de Smith, à savoir les mercantilistes qui voulaient à la fois l’impérialisme à l’extérieur et le protectionisme à l’intérieur, dans un but d’enrichissement exclusif des commerçants impériaux et colonialistes britaniques. Smith pensait qu’un autre usage du colonialisme plus équitable, grace au libre échange, était théoriquement possible, dès lors que ce dernier permettrait le développement des pays les plus pauvres en prenant en compte leur avantages compétitifs (ex : coût de la force de travail, des matières premieres et des produits agricoles etc..). Ce qui en réalité est tout à fait problématique, voire utopique, car les rapports de forces étaient tels que cet équilibrage automatique était pratiquement impossible par le fait même de la domination coloniale. Il y a là une limite majeure de la position de Smith : il ne fait pas la théorie politique de sa théorie éthique et économique ; il semble qu’il y ait renoncé face à la mise en cause (et à la contradiction entre) de l’idéal du marché auto-régulateur par la réalité politique. Il ne voit pas comment on peut réduire le poids de la politique impérialiste et mercantiliste (et du capitaliste sauvage soutenue par l’état dont il voit très bien les conséquences en terme d’exploitation, analyses avortées qui seront reprise par Marx dans le sens que l’on sait).

      C’est là qu’il convient de mesurer l’écart entre un modèle théorique et la réalité économique (voir mon intervention antérieure) et introduire dans l’examen réel du fonctionnement de l’économie des considérations politiques et humaines non-économiques. Lire à ce sujet A. SEN

      La pensée libérale

      Textes d’A.Smith

      Le rasoir philosophique


    • BarryAllen (---.---.17.100) 3 mai 2006 09:58

      « Mais il y a autre chose de plus important, un marché n’est qu’un système aveugle, qui n’est conçu que pour s’adapter. La prééminence d’un marché libre en lieu et place de la souverainté de gouvernements élus (et en principe républicains) est une abération. L’homme n’est pas un animal comme les autres, il n’a pas pour seul but la consomation et la satisfaction de ses besoins matériels. Or la devise d’un libéral pourrait être »plus je consomme plus je suis heureux« . Comme l’a dit une autre personne, l’homme pratique l’altruisme, et je rajouterai en particulier l’altruisme envers nos enfants mais aussi envers les générations futures. Comment ? En préparant dès aujourd’hui leur avenir. Dès lors comment un système qui privilégie grandement le gain à court terme comme le libéralisme pourrait il assurer une meilleure existence que la notre aux générations future ? »

      Encore une fois, je pense qu’il y a confusion entre libéralisme et capitalisme. Justement la thèse qui découle de mon article est que la libre concurrence est détournée de ses objectifs premiers vers ceux du capitalisme à cause de ce dernier. La réalité nous montrant qu’un système libéraliste ne peut s’auto-réguler, il convient donc de mettre en place des règles du jeu (des lois) qui permettent de rectifier les objectifs du système en les rapprocher au plus des objectifs humains.


  • jer (---.---.98.37) 3 mai 2006 08:29

    Je voudrais rajouter un exemple des bienfaits de la libre-concurrence.

    Le CMB ayant décidé de faire payer des frais de tenue de compte, j’ai fait le tour des autres banques : quasiment toutes m’ont fait savoir qu’elles n’allaient pas tarder à en faire autant. Conclusion : la libre-concurrence fait augmenter les prix.

    Le consommateur, client de la banque, ne peut en changer facilement : cela nécessite de changer toutes les domiciliations, les virements permanents, les prélèvements automatiques... sans oublier que si vous avez contracté un emprunt auprès de cette banque c’est quasiment impossible !


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 3 mai 2006 09:23

      L’exemple que vous citez va à l’encontre de votre affirmation :

      les banques dont vous parlez neutralisent la libre concurrence et la faussent par une entente entre elles pour faire monter les prix et du reste, cette attitude devrait, si l’état était libéral d’une manière conséquente, être sanctionnée.


    • BarryAllen (---.---.17.100) 3 mai 2006 09:25

      Sylvain, je pense que le commentaire de jer était ironique.


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 3 mai 2006 09:34

      Je le suppose aussi, mais dans la confusion ambiante (et proprement française) il vaut mieux le dire clairement.


  • Marsupilami (---.---.180.210) 3 mai 2006 09:59

    Bravo pour cet excellent article et pour les commentaires éclairés de S. Reboul. Je n’interviens que pour faire un lien concernant le très intéressant John Rawls.

    Houba houba !


  • gem (---.---.117.249) 3 mai 2006 14:58

    oups désolé pour la fausse manouvre et la duplication du pastiche.

    Barry, si tu ne vois pas le rapport entre la concurrence sexuelle (par opposition aux mariages arrangés) et la concurrence commerciale (par opposition à une politique de régulation), je ne peux rien pour toi. Tu n’est pas obligé d’adhérer au lien entre licence sexuelle, la liberté commerciale, et la liberté politique, mais de là à faire comme si ce lien étant surprenant et illégitime (alors que c’est un classique, aussi bien chez les libéraux que chez les plus féroces anti-l : staliniens et théocrates intégristes)


    • BarryAllen (---.---.17.100) 3 mai 2006 15:11

      La seule lecture du commentaire montre à quel point ce rapprochement est aberrant.

      « Le meilleur conjoint est celui ou celle qui génèrera le plus de descendance à son partenaire, le plus vite possible ». Je voudrais que vous me trouviez juste une personne qui choisit son conjoint sur ce critère. Voilà où la comparaison s’effondre. La liberté de couple ne pose pas de problème, parce qu’il n’y a pas de critère vicié qui engendre des perversités dans le système, au contraire de l’ultra-capitalisme dans le libéralisme.


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