Loi travail - Après la plage du monde sur les pavés
La main tendue d'Emmanuel Macron ne semble pas beaucoup inspirer Philippe Martinez. Qui sait si à ce moment précis de sa rencontre avec le chef d'Etat, l'idée de lui tordre le bras ne lui a pas traversé l'esprit. Le leader de la CGT qui aimait jouer les indiens lorsqu'il était enfant pour être avec les opprimés contre les méchants visages pâles, se trouve toujours aujourd'hui dans le même état d'esprit. Défendre le travailleur contre le patron profiteur. Voilà une entrée en matière probablement un peu caricaturale, les chefs d'entreprises ne sont pas tous des suceurs de sang, mais le capitalisme est bien un monstre à sang froid sans coeur pour qui le chiffre d'affaire est la priorité absolue. Pour un plus juste partage des richesses on verra plus tard.
Bien sûr, Martinez n'est pas irréprochable, certains pourront un peu facilement lui coller sur la peau le profil du gaucho de base, mais là encore caricature ! La CGT signe souvent des accords avec le patronat. Certes, le leader syndical peut paraître excessif, mais en face, ne le sont-ils pas parfois encore plus que lui. Il faudra toujours des hommes comme Martinez pour équilibrer l'évolution inexorable d'un monde du travail au prise avec la mondialisation. Mais même en France, on ne sait jamais jusqu'où une confrontation dans la rue peut aller.
Voilà maintenant que les médias nous promettent et peut-être espèrent, un septembre rouge dans la rue. Ces mêmes médias qui majoritairement, il y a peu, soutenaient Macron pour éviter Le Pen ou Mélenchon. Il faut dire que depuis 100 jours Macron boude la presse, mais pas sa com. Alors les médias ont maintenant la dent dure contre "le maître des horloges" et une bonne manif qui sent les gaz à la rentrée ça fait toujours du papier à imprimer. D'ailleurs, Martinez l'a dit, lorsque les travailleurs rentreront de vacances ils seront en forme pour manifester. Faut voir si après la plage il y aura du monde sur les pavés !
En tout cas, lorsque le premier Ministre parle de privilégier le "dialogue social", Martinez lui répond "dialogue social pipé d'avance" et refuse "d'ores et déjà d'entendre dire fin septembre que les ordonnances (...) auraient été co-élaborées". Donc, rendez-vous pour "une journée d'action et de grève dans toutes les entreprises et services" le 12 septembre prochain. Quant à la France Insoumise de Mélenchon, elle appelle à un "rassemblement populaire" contre la réforme du travail le 23 septembre à Paris pour protester contre le coup d'''État social" mijoté par le pouvoir.
Franchement, ce Martinez a de la gueule, vous lui trouvez pas un petit air de chef gaulois ?
Mais comment pourrait-il accepter l'extension du CDI de chantier à d'autres secteurs et "la possibilité de licencier des salariés qui refuseraient d'adapter leur contrat de travail à un accord d'entreprise, même minoritaire". "La "place centrale" dévolue aux accords d'entreprise, la fusion des instances représentatives du personnel et la barémisation des dommages et intérêts aux prud'hommes en cas de licenciement abusif. Un projet qui est pour lui est "pire que la précédente loi Travail".
Quant à Edouard Philippe c'est un peu l'eau qui dort, mais c'est un boxeur qui a l'art de l'esquive, il faut donc s'en méfier car il peut répondre à un crochet du gauche de Mélenchon par un direct du droit. Mais le premier ministre préférera sans doute gagner le match aux points que par K.O. Le 9 août, il répondait aux questions de RTL sur les manifestations prévues à la rentrée. Que disait-il...
"S’agissant des manifestations prévues à la rentrée, c’est une liberté reconnue en France, défendue et préservée. Si certains souhaitent exprimer dans la rue - de façon pacifique et maîtrisée - des positions politiques, il n’appartient pas au Premier ministre ni de l’interdire, ni même de faire en sorte que ce soit un problème".
"Mais, comme je suis attaché à la liberté, je sais aussi que la liberté est toujours encadrée en France, et je pense que les Français ont envie d’avancer. Je ne suis pas sûr qu’ils aient envie de blocage."
En tout cas, pour le chef du gouvernement pas question de renoncer à une promesse macronienne sur la loi travail par ordonnances.
"Je le dis parce que je suis attaché à la liberté de manifester, à la liberté d’opinion, mais je suis aussi attaché à la démocratie."
Martinez et Mélenchon ont donc organisé deux tests pour mesurer la motivation du peuple pour mordre les mollets du Président de la République. Mais Emmanuel Macron peut-il reculer ?