Lyssenko, le retour
L’Université Laval au Québec a suspendu deux de ses professeurs (MM. Patrick Provost, microbiologie, immunologie et infectiologie et Nicolas Derome, biologie) pour des propos tenus sur les vaccins à ARN messager contre le Covid-19. Ces propos iraient à l’encontre du « consensus scientifique ». Bien sûr, et fort heureusement, il y a une levée de boucliers de certains collègues qui se désolidarisent de l’administration de l’université[1].
Il convient peut-être ici de rappeler que Copernic, Newton ou Einstein et tant d’autres qui ont, eux aussi, légué leurs noms à la postérité en l’associant à un progrès de la connaissance, n’ont pas considéré le consensus de leur époque comme intangible. La liberté de penser hors du cadre prédéfini et de formaliser et d’exprimer des hypothèses, des théories, des intuitions, des démonstrations qu’elles soient rigoureuses ou pas assez, des projets d’expériences sont indispensable à une recherche qui porte des fruits.
Cet épisode navrant ne rappelle que trop bien l’histoire pitoyable de la génétique soviétique. Trofim Lyssenko s’est imposé comme l’arbitre de la vérité, et l’enseignement des travaux de Gregor Mendel était interdit par une science officielle et dogmatique. Le lyssenkisme est devenu une pseudoscience officielle mais fausse.
Il n’est pas original de dire que le monde universitaire est corrompu. Le wokisme fait des dégâts outre-Atlantique, puisqu’il devient plus important pour un enseignant ou un chercheur de donner des gages à la doxa woke que de rechercher ou de transmettre des savoirs. Ne nous leurrons pas, il est aussi présent en France, et penser que Sandrine Rousseau occupait, avant d’être élue à l’Assemblée Nationale, une vice-présidence de l’université de Lille laisse non pas rêveur, mais cauchemardeur, s’il est permis de proposer ce néologisme.
Le monde de la publication scientifique et de l’édition est vendu à des intérêts et subordonnera à ceux-ci la publication d’un article ou d’un ouvrage, fût-il original, rigoureux et vraisemblable[2][3]. Il faut entendre aussi bien les intérêts pécuniaires qu’idéologiques, bien sûr.
Peut-être que ces suspensions sont les signes d’un baroud d’honneur des « comploteurs ». Ils tentent de faire taire par la coercition une vérité qu’ils ont tenté de cacher pendant 18 mois. Les accusations de complotisme, même relayées par les médias toujours inféodés à ces intérêts corrupteurs, ne sauraient plus convaincre que ceux qui se satisfont du déni le plus confortable face à la multiplication des évidences. Ce sont surtout les profits de Pfizer et consorts qui alourdissent le plateau des bénéfices de la balance, et le plateau qui pèse les risques s’alourdit de plus en plus chaque jour, malgré Big Pharma et les régulateurs qui écopent tant qu’ils peuvent les effets indésirables trop abondants pour être cachés sous le tapis.
Une doctorante en physique tunisienne avait, en 2017, soumis une thèse qui démontrait sur la base d’arguments religieux que la terre est plate. Cette histoire avait causé un tollé. Fort heureusement, cette thèse a été rejetée, mais seulement après une polémique publique et cinq années de travail perdues pour cette étudiante. Si la liberté de chercher et de s’exprimer doit présider dans les universités, elle doit tout de même être confrontée à la rigueur aussi souvent que nécessaire. Si ces temples du savoir se contentent de la conformité à la doxa du jour, ils dépériront et seront remplacés, sauf à ce que le totalitarisme en cours d’implémentation ne réussisse à imposer ce nouveau lissenkisme.
Cliché domaine public