mercredi 5 juillet 2017 - par AmonBra

Machiavel et les armes de migration massive. . .

Pour mon premier article sur AgoraVox, j'ai choisi de seulement relayer un excellent article de Nicolas Bonnal pour "Le saker francophone" et paru également à "Sott" et "les moutons enragés", en estimant qu'il y avait également toute sa place.

 

Effectivement, les élites n’ont plus peur du peuple, dont la majorité est réduite à un troupeau de moutons lobotomisés et anesthésiés par la propagande médiatique, relais du pouvoir politique. Au point que les saillies incroyablement méprisantes et mégalomanes, voire délirantes, de Macron 1er et de sa clique de courtisans provoquent à peine un sourcillement. Sans parler des affairesscandales et retournements de vestes. Le peuple, las et fourbu, finit par accepter de se faire fouler chaque jour au pied par un pouvoir de plus en plus hautain et haineux à son endroit. [Sott]

La base d’un empire multiculturel – et un empire est toujours multiculturel – est de conquérir des territoires et de transférer des populations pour les amadouer et les contrôler (1). C’est maintenant ce que l’on fait en Europe. Il faut amener des colons, et remplacer les populations rétives qui sont dominées – ou se laissent mourir.

Car comme le remarque Madison Grant dans son Passage d’une grande race, une immigration non désirée doit éteindre la natalité dans les pays nouvellement conquis ou occupés. C’est comme cela que le Wasp a commencé à disparaître en Amérique du Nord dans les années 1880. Kipling s’en plaint dans sa correspondance (il vivait alors à Boston), Lovecraft dans sa nouvelle La rue, Henry James dans son journal, O’Henry dans ses petits contes, Edward Ross dans son œuvre de sociologue, Scott Fitzgerald dans Gatsby (2).

 

On ne va pas pleurer le Wasp bien sûr, ni celui (comme dit Woody Allen, « la nature est un grand restaurant ») qui fut chassé de son île irlandaise par une politique froide de famine appliquée par Londres (qui a toujours su manipuler les famines dans un but politique). Le Wasp lui-même avait remplacé les Indiens peu avant. La tragédie des îles hawaïennes et autres fut identique. Des populations furent massacrées, empoisonnées et remplacées par d’autres plus soumises et plus travailleuses. Le Grand Remplacement est hélas une donnée éternelle, mais il importe de rappeler qu’il est rarement naturel ; il est presque toujours politique et il sert aussi à faire du fric. Le capitalisme joue ici avec le pouvoir et la militarisation. J’ai parlé de ces jeunes Écossais qui dorment sous la tente en Écosse alors qu’ils travaillent pour Amazon (entreprise qui me publie gentiment, ce n’est pas le problème). Simplement nous revenons à la plantation et au cannibalisme financier que la peur du gendarme soviétique avait calmé un temps.

La tactique est toujours la même. Car grand remplacement rime avec déplacement, mais aussi avec un ensemble de dépècements psychologiques, de brouillages de codes, ou de déprogrammation mentale (voyez l’école socialiste et son enseignement liquide en France et en Europe). On citera Tocqueville qui écrivait cette fois à propos des Indiens :

« En affaiblissant parmi les Indiens d’Amérique du Nord le sentiment de la patrie, en dispersant leurs familles, en obscurcissant leurs traditions, en interrompant la chaîne des souvenirs, en changeant toutes leurs habitudes, et en accroissant outre mesure leurs besoins, la tyrannie européenne les a rendus plus désordonnés et moins civilisés qu’ils n’étaient déjà. »

Les observations de Tocqueville sur le devenir des minorités US sont admirables.

Et j’en viens au cher Machiavel (3). Les Italiens (plus haut QI d’Europe) seront toujours nos maîtres et nos éclaireurs, pour la bonne et simple raison qu’ils ont déjà vu et tout commenté, et le plus souvent pour rien hélas ! La connaissance, comme dit Salomon, ne sert qu’à accroitre sa douleur (qui auget scientiam, et auget dolorem, dit ma Vulgate !). La Renaissance permit de connaître de nouvelles expériences passionnantes, et aussi de revivre l’Antiquité d’une certaine manière. Voyez La Boétie qui publie à la même époque le meilleur texte sur notre aliénation moderne.

J’ignore si Machiavel connaissait le procédé inca du mitmae (remplacement de population après la conquête de ce même « empire socialiste inca »), mais il savait décrire comment s’y prenaient les princes néo-grecs de la Renaissance :

« Pour conserver une conquête… Le meilleur moyen qui se présente ensuite est d’établir des colonies dans un ou deux endroits qui soient comme les clefs du pays : sans cela, on est obligé d’y entretenir un grand nombre de gens d’armes et d’infanterie. »

Oui, mieux vaut des « colons » que des gens d’armes pour assurer l’ordre. D’autant que l’on peut comme en Allemagne nommer ces réfugiés policiers : ils empêcheront les machos allemands de violer leurs compatriotes, m’a dit une étudiante espagnole vivant à Bamberg ! Cette ânesse passe son nez toute la journée dans son téléphone portable, et on peut dire que le système la tient bien en laisse, comme un ou deux milliards d’autres « jeunes » de son acabit, bien formatés et surtout distraits, tous sortis des pires cauchemars de Plutarque ou de La Boétie (de qui ?).

Machiavel ajoute avec le cynisme toxique qui caractérise sa prose impeccable :

« L’établissement des colonies est peu dispendieux pour le prince ; il peut, sans frais ou du moins presque sans dépense, les envoyer et les entretenir ; il ne blesse que ceux auxquels il enlève leurs champs et leurs maisons pour les donner aux nouveaux habitants. »

Ce que vit l’Italie en ce moment est incroyable. On ruine le contribuable pour sauvegarder des banques insolvables, on remplace un peuple déjà vieillissant pour le plaisir de plaire à des élites humanitaires, on remet au pouvoir des gens qui ont été reniés par les urnes mais choisis par l’Otan, Bruxelles ou les banques…

Machiavel explique comment on divise la population.

« Or, les hommes ainsi offensés n’étant qu’une très faible partie de la population, et demeurant dispersés et pauvres, ne peuvent jamais devenir nuisibles ; tandis que tous ceux que sa rigueur n’a pas atteints demeurent tranquilles par cette seule raison ; ils n’osent d’ailleurs se mal conduire, dans la crainte qu’il ne leur arrive aussi d’être dépouillés. »

La lâcheté et le refus de s’informer font partie du complot. Comme disait MacLuhan, le héraut catholique-cathodique du village global, « les plus grands secrets sont gardés par l’incrédulité publique ».

On recommandera au lecteur la lecture de Kelly Greenhill sur ces armes de migration massive [Traduction à venir, NdSF]. Greenhill en bon agent impérial les impute à des tyrans putatifs et oublie les responsabilités impériales et capitalistes de nos chères élites occidentales !

C’est pourquoi je recommande les classiques. Il n’est pas de situation qu’ils n’expliquent mieux que leurs experts. Regardez Marx par exemple qui nous parle du dépeuplement nazi (féodal) des clans écossais au profit d’une certaine duchesse Sutherland :

« Mais à tout seigneur tout honneur. L’initiative la plus mongolique revient à la duchesse de Sutherland. Cette femme, dressée de bonne main, avait à peine pris les rênes de l’administration qu’elle résolut d’avoir recours aux grands moyens et de convertir en pâturage tout le comté, dont la population, grâce à des expériences analogues, mais faites sur une plus petite échelle, se trouvait déjà réduite au chiffre de quinze mille.

De 1814 à 1820, ces quinze mille individus, formant environ trois mille familles, furent systématiquement expulsés. Leurs villages furent détruits et brûlés, leurs champs convertis en pâturages. Des soldats anglais, commandés pour prêter main forte, en vinrent aux prises avec les indigènes. Une vieille femme qui refusait d’abandonner sa hutte périt dans les flammes. C’est ainsi que la noble dame accapara 794 000 acres de terres qui appartenaient au clan de temps immémorial (4). »

Et pourquoi changer une équipe – et une méthode – qui gagne ? La faiblesse de nos réactions favorise le retour du comportement barbare chez les élites. Elles n’ont plus peur de nous.

Nicolas Bonnal pour Le Saker francophone relayé par Sott

Note :

(1) Kelly Greenhill – Weapons of Mass Migration : Forced Displacement as an Instrument of Coercion. Bientôt traduit par le Saker francophone
(2) Naomi Klein, La stratégie du choc, chapitre II
(3) Machiavel, Le Prince, chapitre III
(4) Marx, Le Capital, livre I, chapitre VIII, l’accumulation primitive



9 réactions


  • HELIOS HELIOS 5 juillet 2017 15:28

    Excellent ! cette présentation a le merite de parler de choses que personne ne dit. Bien que ne couvrant pas les motivations des uns et des autres, c’est une bien bonne avancée que de le dire et l’ecrire.


    merci.

  • francesca2 francesca2 5 juillet 2017 15:47

    Sur Agoravox on peut encore, de temps en temps, lire des articles comme celui-ci. 

    Bravo et merci.

  • non667 5 juillet 2017 16:27


    mort aux cons !
    socialement il y a la sélection naturelle impitoyable :
     avec 75% de voix et abstention pour macron l’avenir des « français » est écrit !


  • Le421... Refuznik !! Le421 6 juillet 2017 07:54

    Je regrette que vos constatations soient toujours ramenées à la théorie du grand remplacement...
    Je vous ferais gentiment remarquer que loin d’être mortifère, l’apport de nouvelle souches de population dans un pays a toujours été enrichissante sur le plan génétique et connaissances, entre autres. Et je ne remonte pas à Néandertal ou aux Vikings...
    Votre constat sur la servilité du peuple 2.0 pourrait aussi, comme je l’ai fait remarquer, venir d’un abaissement global et général de l’éducation des jeunes. Quand je parle de l’éducation, cela comprends un ensemble de règles, notamment celles du savoir-vivre en société créant un sentiment de collectif qui n’existe quasiment plus.
    A ce titre, les partis politiques ont trop tendance à diviser la population en créant des différences souvent artificielles - le jour où vous avez besoin d’une transfusion d’urgence, dieu merci la médecine fait fi de ces conneries - afin de mieux contrôler celle-ci.
    Pour moi, au vu et au su de ce que j’entends tous les jours, je me rends compte que les âneries débitées par des dirigeants politiques ou médias bien intentionnés sont répétés en boucle et deviennent peu à peu de redoutables vérités dans des esprits faibles, sans même parler du quatrième verre de rosé ingurgité !!
    Si je partage donc votre constat sur la servilité du peuple, je pense que vous dénoncez des causes pas forcément exactes, ou du moins bien incomplètes.
    Toutefois, je vous ai bien noté car il est toujours intéressant d’avoir un texte clair et construit.
    Bonne journée.


    • Zolko Zolko 7 juillet 2017 13:04

      @Le421 : "loin d’être mortifère, l’apport de nouvelle souches de population dans un pays a toujours été enrichissante sur le plan génétique et connaissances, entre autres« 
       
      je me demande ce qu’en penseraient les Indiens d’Amérique ou les Palestiniens de cette affirmation. Tant que l’apport de nouvelles souches de population est limité en nombre, il peut y avoir bénéfice pour la population locale. Peut-être, éventuellement. Mais cet »apport" peut aussi se transformer en invasion et décimation si le nombre est trop grand. C’est à la fois mathématique et aussi historique.


  • AmonBra QAmonBra 6 juillet 2017 09:05

    @Leonard


    Par 1er article j’entend par là autre chose qu’un ou plusieurs commentaires sur des sujets m’interessant, la formule est malheureuse, je le reconnais, mais c’est celle usitée par AV pour differencier entre les 2.

    Je suis loin d’être le 1er à le faire, j’ai simplement estimé que la pertinence du propos de Nicolas Bonnal méritait une plus large diffusion et, en tous cas, avait toute sa place sur l’Agora.

    A par cela, y a t il un problème sur le fond de l’article ?



  • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 7 juillet 2017 11:54

    Je vous conseille les articles de Nicolas Bonnal, et ses livres aussi (certains étant la compilation de ses écrits sur internet), et donc merci à l’auteur de le diffuser ici.


    • AmonBra QAmonBra 7 juillet 2017 12:43

      @bouffon(s) du roi

      Merci pour le conseil, Nicolas Bonnal est un de mes auteurs favoris je le lis et le suis depuis un certain temps.

  • zygzornifle zygzornifle 7 juillet 2017 13:24

    Machiavel c’est Merkel .....


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