jeudi 13 août 2009 - par
« Malgré-nous malgré-elles »
En 1940 l’Alsace et la Moselle furent annexés non officiellement au « Gross Deutsche Reich ». Suite à l’échec de l’incorporation volontaire Hitler ordonna en août 1942 le recrutement obligatoire de 130 000 Alsaciens-Lorrains enrôlés pour la plupart dans la Werhmacht, l’armée régulière allemande, mais aussi pour une petite partie dans la Waffen SS.
Le refus d’obéissance était sanctionné par plusieurs mois dans un camp de redressement, tandis que la fuite d’un jeune appelé de force pouvait entraîner la déportation des parents vers un camp de concentration, la saisie des biens et le peloton d’exécution s’il était capturé.
Je n’ai pas l’intention de faire ici un cours d’histoire, je n’en suis pas capable, mais juste rendre un modeste hommage à ces français pris en otages pendant la deuxième guerre mondiale. Ces gens qui encore aujourd’hui souffrent de l’incompréhension et du regard des autres. Le temps n’efface pas toutes les blessures, certaines sont indélébiles, après la guerre beaucoup d’entre eux furent considérés comme des traîtres ou des collabos et eurent du mal à se faire une nouvelle vie.
Le moins que l’on puisse dire c’est que l’armée allemande n’avait pas confiance en ces soldats qui n’avaient d’allemand que l’uniforme, la méfiance était de mise et d’ailleurs la plupart des malgré-nous furent envoyés sur le front de l’est. Ainsi loin de chez eux les nazis espéraient moins de désertions vers l’armée française ou la résistance.
Sur le front les Russes envoyaient sans arrêt des messages pour encourager les malgré-nous à déserter et rejoindre l’armée rouge, mais seulement une partie retrouvèrent les alliés, les autres finirent la guerre dans un camp ou dans une fosse commune.
Les prisonniers étaient regroupés dans le camp de Tambow à 400 km de Moscou et dans le terrible hiver russe, par moins 30 degré et sous-alimenté 10 000 français moururent dans des conditions atroces. Après la libération de nombreux magré-nous restèrent emprisonnés et servirent de monnaie d’échange à l’URSS.
En 1981 les 86 500 malgré-nous ou leurs veuves ont reçus une indemnisation de 1387 euros de l’Etat allemand, les malgré-elles, ces femmes qui ont travaillé sous la contrainte dans le Reichsarbeitsdienst (service de travail du Reich) et le Kriegshifsdienst (service d’aide à la guerre) vont recevoir 800 euros par le biais de la fondation entente franco-allemande.
Voilà après tant d’années le dossier est clos par ces quelques mots de Jean-Marie Bockel.
"Aucun montant n’était suffisant pour réparer les souffrances que ses personnes ont vécues"
"Le montant, c’est une certaine incarnation de la reconnaissance morale"