Manifs pro-palestiniennes : mais pour quel intérêt des Palestiniens et de tous ?
La préfecture de police a autorisé la tenue ce samedi à Paris d’une manifestation de soutien au peuple palestinien, à laquelle le Parti socialiste a annoncé se joindre tout en précisant ne pas rejoindre en l’état « l’appel collectif » lancé par la CGT, FSU, l’UNEF, LFI, EELV, le PCF, NPA, qui demande un « cessez-le-feu immédiat », un « arrêt des bombardements et des déplacements forcés de la population », une « levée immédiate du blocus » et une protection du peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie. Le PS dans son communiqué appelle à se mobiliser « pour la libération des otages, un cessez-le-feu immédiat, la recherche d’une solution politique », mais « sur ces seules revendications, dans la gravité de la situation et le respect » (1). On comprend cette précaution, car le PS consacre une partie de son communiqué à la condamnation du Hamas comme organisation terroriste, critiquant aussi le gouvernement Netanyahou, et déplorant la guerre et les morts de civils à Gaza. Un équilibre qui n’est pas le fait de toutes les autres organisations signataires du collectif d’organisation.
Des appels à manifester qui voilent l’effroyable pourquoi de la guerre
La gauche semble à nouveau sur ce sujet se rassembler. Cela étant, la volonté du PS de manifester ici « dans la gravité » et « le respect » risque d’être rappelée à la réalité. On a à l’esprit les pancartes à connotation antisémite voire complotiste, vues dans certaines manifestations précédentes, comme celle tenue à bout de bras par une jeune manifestante voilée avec l’inscription suivante : « Vous avez pleurés 40 faux bébés israéliens, où êtes-vous pour les 1000 enfants palestiniens tués ? ». On a aussi les cris d’Allah Akbar qui s’y multiplient, que l’on voudrait banaliser, alors que clamés sur la voie publique ils prennent une tournure politico-religieuse, jusque parfois mortelle. Les abominations du 7 octobre ont été commises sous ces cris comme les assassinats terroristes de Samuel Paty ou de Dominique Bernard.
Un angle mort inquiétant est nourri par les organisateurs de ces manifestations, y compris le parti socialiste lui-même, malgré sa dénonciation des crimes du Hamas. Il a été commis le 7 octobre par les terroristes un véritable crime contre l’humanité, en cela que leurs exactions ont été préméditées dans l’esprit de tuer le plus de juifs possibles en tant que juifs, des civils, en pratiquant des atrocités programmées comme cela a été dévoilé depuis, et dont ces terroristes se sont même vantés en se filmant en train de perpétrer leurs crimes diffusés sur les réseaux sociaux, allant jusqu’à cette perversion d’appeler avec les portables de leurs victimes leurs familles pour leur montrer en direct ce qu’ils leur ont fait. Ils ont aussi au passage kidnappé des otages, environ 220, dont des enfants, des personnes très âgées... Ils étaient certains après cela qu’il y ait une réplique militaire sans merci contre eux de la part d’Israël, ne pouvant laisser à ses frontières la possibilité que cela se reproduise, y exposant ainsi les gazaouis. Quelle autre solution ce pays avait-il, gouvernement de Netanyahou ou pas ? Pas des pourparlers de paix en tout cas, puisque les exactions du 7 octobre s’inscrivent dans un but de l’organisation qui est la suppression physique de l’Etat d’Israël et de tous les juifs.
Il n’y a pas de "guerre propre", c’est le Hamas le responsable, et Israël l’accusé
Le Hamas sait pouvoir compter sur les opinions publiques des pays démocratiques, sensibles à la question humanitaire, pour qu’ils se mobilisent pour un cessez-le-feu et un règlement politique, les familles des otages pesant aussi dans ce sens. On retrouve dans les appels à manifester ce 4 novembre le mot d’ordre « Halte aux massacres », visant Israël, comme si la guerre pouvait être « propre », comme on a voulu nous la vendre lors de la Guerre du Golfe (2). Elle fait en réalité d’effroyables dégâts, particulièrement humains. Il en va de même du veto « des règles de la guerre » qu’on oppose à Israël, pour désigner ce pays jusqu’à être responsable d’un « génocide » sans peur d’exagérer, pour en réalité servir le discours de ceux qui n’ont aucune règle, les islamistes. Il ne fallait pas la guerre tout simplement, et donc que le Hamas la déclenche, totalement responsable du terrible malheur qui frappe la population de Gaza. Et ce n’est certainement pas la colonisation poussée en Cisjordanie par des extrémistes juifs, aussi condamnable que cela soit, qui peut tout justifier.
Lorsque le PS demande « un cessez-le-feu » absolument nécessaire, qui s’adresse pour le collectif qui appelle à manifester unilatéralement à Israël, désigné comme l’agresseur, ne va-t-il pas lui-même dans le sens attendu contraire aux précautions prises pour rejoindre cette manifestation ? En avançant rechercher « une solution politique » sous ce signe ambigüe, n’est-ce pas contribuer à offrir sur un plateau au Hamas un rôle d’interlocuteur de fait, dans la perspective que les armes israéliennes se taisent ? D’autant plus qu’avec un cessez-le-feu, la question des otages occupera immédiatement le devant de la scène, avec un Hamas incontournable pour négocier la libération des otages, qui se faisant pourra se donner un nouveau visage. Sans oublier que, par sa mise au pas de l’autorité palestinienne et du Fatah de Mahmoud Abbas par les armes en 2007, il est en position de force. On peut aussi compter avec des Nations Unis sous la pression des pays musulmans, du Maghreb au Qatar, où l’antisémitisme est peu ou prou une sorte de culture, où des fractions importantes des populations ont manifesté en glorifiant le Hamas. Un scénario bien rodé par ce dernier pour reprendre le leadership comme représentant du peuple palestinien, alors qu’il était en perte d’influence après les manifestations populaires violemment réprimées qui contestaient son pouvoir à Gaza.
Seul l’appel à minima à la fin politique du Hamas peut justifier un cessez-le-feu
Que compte-on faire du Hamas après un cessez-le-feu ? Croit-on qu’il va s’évaporer comme par enchantement ? Au contraire ! Il y a quelque chose dans les arguments qui structurent la revendication de la paix en Palestine de ces manifestations qui décidément ne va pas. La solution à deux Etats n’a aucun avenir avec un Hamas qui demeure, l’intérêt des Palestiniens étant aux antipodes de l’islamisme. Ce serait installer une colonie Iranienne qui veut la mort d’Israël à ses portes, mettre les gazaouis sous le joug d’une dictature religieuse aux mains libres, et affermir le terrorisme international. Par-delà ceux qui renvoient les deux parties dos-à-dos, le Hamas n’a-t-il pas été le meilleur argument pour bloquer le processus de règlement de la question palestinienne depuis presque 20 ans ? On en a vu pourquoi le 7 octobre !
Mais que ne jette-t-on l’opprobre internationale sur le Hamas en le mettant au ban du monde, en exigeant qu’il se rende et dépose les armes, à commencer dans ces manifestations dites « pro-palestiniennes » ! Si elles ne réclament pas que ceux qui sont responsables de cette situation soient désarmés, elles en font le jeu. La seule véritable solution à cette guerre est la fin à tout le moins politique du Hamas, car aucune autre ne permet de garantir à Israël la sécurité de ses habitants et du monde. C’est la meilleure des options pour les Palestiniens comme argument en faveur de leur liberté et d’un Etat démocratique qui les représente, pour enfin arriver à la réalisation de leurs droits. C’est surtout le seul argument qui, soutenu par une masse de manifestants faisant pression sur les grandes nations, l’ONU, peut satisfaire aux conditions d’un cessez-le-feu acceptable côté israélien, qui puisse arrêter la guerre.
Un même combat contre l’islamisme, ici et là-bas, pour la liberté de tous !
Il semble que l’on ne veuille pas voir ce qu’est l’islamisme, le terrorisme qui en émane et tue partout où il le peut, y compris par sa stratégie subversive les gazaouis eux-mêmes, l’enjeu planétaire qu’il oppose à la liberté. Sa pensée torve joue avec nos sentiments de citoyens éduqués, parfois aveuglés par l’apparence des choses, dès qu’il est question de victimes innocentes que l’on attribue aux bombes qui les touchent mais sur le bouton desquelles d’autres ont appuyé et continuent de le faire, les véritables criminels. Il y a dans ce qui se passe une sorte d’inversion de valeurs qui risque de nous coûter très cher. Car les islamistes, à travers cette stratégie qui amène à faire le procès d’Israël au lieu du leur, nous voilent la face au regard de cette vocation qu’ils ont de pratiquer l'infâme, l’indicible dans l’horreur. Parce que s’ils n’épargnent pas les juifs ils ne nous épargneront pas plus, ni les gazaouis, tout homme libre étant pour eux tout autant une cible.
Notes :
2- Cahiers d’Histoire (revue d’histoire critique), Démocratie, pouvoirs et propagande en France au XXe siècle, Guerre du Golfe et télévision : un mariage stratégique, Guylain Chevrier, 86 | 2002. https://journals.openedition.org/chrhc/1708