samedi 31 mars 2012 - par Henri Diacono

Mille sept cent dix-sept milliards...

 Plus exactement mille sept-cent dix sept milliards d’euros et quelques poussières de millions. Tel est le chiffre abyssal de la dette de la France. En somme, selon la lecture des économistes, tout près de 86% du PIB tricolore qui n’était que de 82% en 2010 et de… 64% en 2007, année de l’intronisation de qui vous savez ! A titre d’exemple sachez qu’en un an la France et son gouvernement actuel - le même qu’en 2007 – toujours aussi prompt à emprunter, encore et encore, après avoir vidé les caisses, est allé chercher ailleurs, chez de généreux prêteurs sur gages ou usuriers, plus de 120 milliards d’euros.

 Si mes notions de calcul sont encore intactes, à l’heure actuelle, chacun des 65 millions de français, votre serviteur compris, doit un peu plus de 26.000 euros aux créanciers de haut vol ! Cela fait lourd pour le retraité que je suis et encore un peu plus pour mes héritiers. Mais qui sont ces prêteurs confiants et réguliers ? Il est à peu prés établi que 35% de cette dette sont détenus par les compagnies d’assurances et les banques françaises et les 65% restant par « l’étranger ». C’est à dire des instituts financiers européens pour un peu plus de la moitié et le reste, hors des frontières communautaires, par des fonds souverains (c'est-à-dire des nations très riches et non endettées), des fonds de pensions (made in USA pour la plupart), des banques (tiens, tiens, je renifle encore l’odeur de Golden Sachs) et assurances internationales.

 La loi, m’a-t-on dit, interdit de dévoiler le nom des sources de crédit, mais malgré tout il n’est pas difficile d’identifier certaines d’entre elles et de ce fait, il ne me sied pas du tout de savoir mon pays (et donc nous-mêmes) être à la merci du milliard deux cents millions de chinois, des quelques milliers de qataris ou bien de ces vautours qui se camouflent hideusement dans les coffre forts de la fameuse banque américaine qui a coulé la Grèce, ou dans les fonds de pensions venus eux aussi d’outre atlantique, fleurir en s’empiffrant, en Europe , tout en s’étant abreuvé chez eux.

 Et pendant ce temps là, sur le territoire de « doulce » France, au sein d’un monde politique toujours aussi aveugle (ou feignant de ne rien voir), nul au cours d’une campagne électorale présidentielle quelque peu insipide, n’ose faire son mea culpa ou dire simplement la vérité au populo. Ne serait-ce pour chaque candidat, d’avouer au citoyen qu’il aura à se serrer la ceinture (peut-être plus qu’en Grèce, Espagne ou Italie) ou alors la manière qui sera la sienne pour le sortir de ce cauchemar si jamais il arrivait au pouvoir que lui et ses amis convoitent tant.

 Non, chacun y va de sa musique sempiternelle, de ses écrans de fumée éculés, jouant également et sans honte de faits divers horribles pour se refaire une santé dans le domaine de la sécurité, dédaignant celle du portefeuille nécessaire à une vie décente. La dette ? Si jamais le sujet leur est soumis, ces messieurs-dames aiment à se dédouaner. Uniquement se dédouaner. L’un qui avec sa smala d’énarques n’a fait que l’aggraver depuis cinq ans, vous dira qu’elle est le résultat de la crise, « because » aussi du trop grand nombre de fonctionnaires, de la sécurité sociale et de tout autre service social, qui plombent la nation en oubliant, cela va de soi, ses propres gabegies et celles des siens. L’autre criera haut et fort que la faute en revient au premier nommé, en oubliant de dévoiler que son propre camp n’est pas plus compétent. Un troisième, s’en prenant aux mensonges ou oublis de ceux qui ne pensent pas comme lui, évite le sujet ou rejette « le gouffre » sur le dos de l’immigré et de l’euro, un quatrième fustigeant ses adversaires, qui lui ressemblent pourtant beaucoup, prône la Révolution Citoyenne… etc…etc… Aucun ne vous détaillera les sommes que l’Etat, dont les dépenses souvent aveugles constitueraient à elles seules 80% de la dette du pays, pourrait économiser. Plus de 33 milliards selon l’édition du 29 décembre dernier du site de « Capital » !

 Des économies facilement réalisables pour le magazine, notamment à travers les milliards d’euros distribués chaque année à une myriade d’associations, ces fameuses entreprises à « but non lucratif en vertu d’une loi de …1901 », dont on ignore pour la plupart la valeur de leur engagement et surtout l’usage fait des subventions versées. Mais aussi le milliard accordé, pour rien, aux franchises dites urbaines ou bien les centaines de millions versés année après année aux…syndicats, ou encore le Conseil Social et Economique qui ne sert à rien et avale plusieurs millions, et l’Ecole des Fonctionnaires (326 millions d’euros) dont les bâtiments ont coûté 67 millions et qui compte 2200 salariés, dont 22 administratifs et 157 …directeurs. Et les niches fiscales et aussi l’armée qui dépense tous les ans 250 millions d’euros pour entretenir la « dissuasion nucléaire » de 64 missiles 2000 à4000 fois plus puissants que celui d’Hiroshima, à travers six sous marins et des bombardiers, alors que les un ou les autres seraient seuls nécessaires pour une telle mission. Et beaucoup d’autres postes auxquels je rajouterai volontiers les goûts de luxe excessifs du pouvoir et de la classe politique, trop nombreuse et trop dispendieuse.

 Ils sont pourtant tous d’accord sur un point : rêver d’avoir un jour à pouvoir se vautrer dans le confort haut de gamme des frasques et des palais du pouvoir. Aux frais du citoyen, bien sûr. Car ils n’ont même pas l’intelligence ni la volonté de dessiner au peuple le canevas d’un nouveau système de vie basé sur l’équité et non la cupidité d’un capitalisme débridé.



15 réactions


  • Robert GIL ROBERT GIL 31 mars 2012 10:14

    juste une petite question ,voulez-vous savoir a qui detient la dette de la france ?

    voir :

    • à Robert Gil
      J’ai suivi votre conseil. J’ai été voir. J’ai lu le labyrinthe financier qui débouche sur les mêmes poches, et soudain je me suis senti dans la peau d’un moucheron qui voit avec effroi une épaisse semelle de godasse prête à l’écraser !
      Sur ce je vais nager histoire de me défaire de cette crasse immonde.


    • latortue latortue 31 mars 2012 14:38

      édifiant en effet
      je cite
      il est interdit à l’État français de connaître ses créanciers. La dette est un secret bancaire !


  • finael finael 31 mars 2012 13:23

    Ces chiffres sont faits pour affoler les gens ... qui ne réfléchissent pas :

    Imaginons que vous gagniez 2000 € par mois, soit 24 000 € par an.

    Vous faites un crédit pour vous acheter une voiture à 20 000€. Avec le coût du crédit vous êtes endetté à 100% de votre « PIB ».

    Des tas de gens font ça, et ils ne sont pas affolés ! On pourrait choisir d’autres exemples, pour une maison ou toute autre grosse dépense ...


    • latortue latortue 31 mars 2012 14:33

      LES GENS QUI NE RÉFLÉCHISSENT PAS DITES VOUS ????????????????
      votre démonstration est fausse, car ce que vous oubliez de dire c’est que le quidam quand il rembourse son crédit a chaque mensualité il rembourse une partie de la dette et du capital .
      a l’inverse la France ne rembourse même pas les intérêts de la dette et en plus la dette enfle d’années en années.
      Rapporté a une entreprise ou un particulier ça s’appelle la faillite .et cette fable est possible depuis la loi de 1973 QUI A INTERDIT A LA BANQUE CENTRALE de prêter aux états a taux préférentiel ou proche de zero ,mais par contre prête aux banques a ce taux très bas, qui, ces mêmes banques prêtent aux états a des taux plus élevés ,voila le secret de la dette prenez les courbes de la dette depuis 1973 et vous comprendrez que nous nous faisons mettre dans les grandes longueurs depuis toute ces années et vous verrez que droite et gauche confondue on été de paire pour nous enfiler .
      c’est pas le social qui fait enfler la dette ce sont les intérêts de cette même dette et en plus les banques gagnent sur les deux tableau car elles spéculent par l’intermédiaire des marchés sur la dette des états .Et quand ces banques sont dans la merde pour parler juste ,qui les sauvent ces banques eh bien ce sont encore les états et ce en empruntant encore du fric .MOI JE DIS ça pue bien la grosse embrouille tout ça .


    • finael finael 31 mars 2012 15:02

      Ne hurlez pas,

      Je parlais de la sidération recherchée : La plupart des gens n’ont pas idée des ordres de grandeur quand on se met à parlers de millions, de milliards et plus, et c’était le but de mon intervention de donner à comparer avec des grandeurs plus parlantes.

      Sinon je suis tout à fait d’accord sur les origines de cette dette. Il suffirait de 5% d’inflation pour qu’elle se réduise comme peau de chagrin.

      Oui mais voilà, nos gouvernants ne sont que des pantins au service des intérêts financiers pour qui l’inflation est le mal suprême qui rogne leurs profits. Et depuis 30 ans on utilise le chômage comme « variable d’ajustement » suivant la bonne vieille théorie néo-libérale afin de ne pas avoir d’inflation.

      Mais c’est un système qui, pour la très grande majorité, va droit dans le mur : Chômage ==> moins de revenus ==> moins de rentrées fiscales et de demande de consommation ==> déficit, et réduction de la consommation ==> réduction de la demande ==> chômage ==> etc ...

      Nous focaliser sur l’hénaurme dette c’est oublier à quoi sert un état !

      P.S : Les précurseurs de cette « théorie économique » avaient doctement déclaré en 1913 qu’aucune guerre entre les nations européennes ne pouvait plus arriver car aucune de ces nations ne pouvait se la payer. A méditer.


    • ObjectifObjectif 31 mars 2012 15:44

      « Rapporté a une entreprise ou un particulier ça s’appelle la faillite .et cette fable est possible depuis la loi de 1973 QUI A INTERDIT A LA BANQUE CENTRALE »

      C’est un argument propagé qui détourne de fait l’attention de la cause réelle : la privatisation de la création monétaire aux banques privées.

      Le 2 décembre 1945, le CNR avait obtenu la nationalisation de la Banque de France et des plus grandes banques de dépôt, ce qui avait nationalisé de fait la création monétaire, qui se fait, si vous êtes au courant, lors des crédits. (cf http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/pour-un-systeme-monetaire-112936)

      C’est la privatisation des banques qui a de nouveau privatisé la création monétaire, mais de manière cachée, car les citoyens ne savent pas en général que la monnaie est créée par le crédit dans le système monétaire actuel.

      Et c’est en fait ce qu’il faut changer, pour rendre la création monétaire aux citoyens, grâce à une monnaie équilibrée : c’est à dire un système dans lequel la création monétaire est répartie à parts égales entre tous les citoyens, et pas seulement entre les membres du clan des banquiers.


    • latortue latortue 31 mars 2012 17:34

      ObjectifObjectif
      il y a deux manières de créé de l’argent par les banques de dépot qui crée de l’argent quand on fait un crédit et par les banque centrales , Les banques commerciales disposent du droit de création de la monnaie scripturale utilisée dans l’économie.
      Elles ne disposent pas du droit de fabrication de monnaie fiduciaire

      http://www.societal.org/monnaie/creationmonnaiepourlesnuls.pdf

      c’est très instructif


    • ObjectifObjectif 31 mars 2012 22:25

      @latortue : ce livre est intéressant mais mieux vaut en venir aux chiffres réels :

      Dans http://sdw.ecb.europa.eu/reports.do... les colonnes 2,3,4 et 5 du tableau 3 donne la création monétaire de la BCE soit 891 milliards.

      Dans http://sdw.ecb.europa.eu/reports.do... les colonnes 8 et 9 montrent 16749 milliards d’encours de crédit dans la zone Euro fin février 2012, ce qui est la création monétaire par les banques privées, soit 95% du total.

      Quand à la production et la mise en circulation de la monnaie fiduciaire (billets et pièces) par la BCE, ce n’est pas du tout une création monétaire, car toute mise en circulation d’un billet est compensée par l’effacement de la monnaie correspondante sur un compte bancaire.

      Prenez 5 mn pour lire http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/pour-un-systeme-monetaire-112936, vos questions sont les bienvenues !


  • ObjectifObjectif 31 mars 2012 15:37

    Le piège des intérêts pour la dette publique frappe les esprits : mais vous concluez ensuite dans une mauvaise direction...

    Car ce piège frappe tous les citoyens, obligés de louer la monnaie dont ils ont besoin, parce que les banques privées ont le monopole de la création de la monnaie lors des crédits qu’ils proposent/imposent, aux Etats mais surtout aux citoyens.

    Car vous relevez 1717 milliards d’euros pour la dette publique en France, avec une part par habitant de 26000€, alors que les crédits arrivent à une part de 50000€ par habitant, sachant que depuis 30 ans, au moins la même somme a été payée en intérêts aux banques.

    cf http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/pour-un-systeme-monetaire-112936 pour les détails.

    Le réel problème n’est donc pas seulement la dette publique, mais bien le problème sous-jacent, c’est à dire le détournement de la création monétaire par les banques privées, se fournissant ainsi un revenu inconditionnel de 34 000 milliards d’€ (crédits + intérêts) pour elles-mêmes.

    A votre disposition pour en discuter !


  • Peu ou prou. Intérêts et capital ! Prêteurs et emprunteurs ! Milliards ou millions, Etat ou pas ! Peu importe...Tous ces systèmes, tous ces comptes (d’apothicaires pour les niais quue nous sommes) pareils à des tentacules entre lesquelles nous foutent à chaque fois nos chers gouvernants complices bien rétribués des financiers, font qu’inexorablement peuples soeint par leur crédulité dans les votes, les dindons de la farce. Les peuples ou si vous préférez, la plèbe. Toujours elle ! Et le plus lamentable est qu’il n’existe nulle part une volonté populaire qui soit enfin éveillée. 


    • ObjectifObjectif 31 mars 2012 22:30

      Le vrai problème est révélé par ce que vous avez écrit : « Tous ces systèmes, tous ces comptes (d’apothicaires pour les niais quue nous sommes) » smiley

      C’est en ayant une bonne estime de soi, en étant bien persuadé que chacun peut comprendre et qu’il est important de comprendre, que la situation évoluera pour le bien de tous.

      Alors posez des questions sur ce qui vous apparait non clair, et avançons tous ensembles !


  • Soi Même 31 mars 2012 19:31

    La dette quelle dette, celle de l’État, où celle engendrer par l’égoïsme de ceux que l’on appelait les capitaines de l’industrie, les rentiers,les spéculateurs, les notables qui ont que comme sport que le profit à court terme, les miches fiscales, et le dégrèvements d’impôts. En somme la solidarité de la fortune, donc l’État si complaisant n’a jamais eu le courage de véritablement bravé leurs chantages.
    Cette dette appartient aux riches, en quoi elle m’appartient !

     


  • à Soi Même,
    Mais voyons comment voulez-vous qu’ils deviennent riches s’ils ne vous font pas supporter leur propre dette à travers l’Etat ?
    Le système dans lequel ils nous ont noyés depuis plus d’un siècle devient, jour après jour, insupportable pour la majorité qui continue, hélas, trois fois hélas, de croire en la classe politique française ignoble courroie de transmission des financiers vautours.


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