Obéir
S’il y a ambiguïté, elle vient de là : obéir vient du latin oboedire, qui veut dire soit : « prêter l’oreille », soit « être soumis ». Un monde entre les deux.
Le soumis a mauvaise presse, le héros, l’idole, le maître à penser sont tous : libres. Et pourtant on continue à éduquer les enfants pour les soumettre.
Tant que la société va bien, se soumettre aux lois qui règlent cette bonne marche est plutôt quelque chose de logique, de civique et même solidaire. Mais c’est quand la société commence à dérailler que tout se gâte.
À ce moment là, les soumis bienheureux sont décontenancés ou carrément perdus. La plupart continuent sur leur lancée, la force d’inertie étant connue pour être une résistance invincible dont seul le temps long, dans un autre contexte, viendra à bout.
Il faut comprendre, que derrière tout ça, se cache le pouvoir. Se cache, façon de parler, le pouvoir se déguise, se travestit, s’impose ou s’éclipse… le pouvoir est toujours tenu par un vivant, la nature et ses caprices, en sont largement au-delà !
Si le pouvoir existe, c’est qu’il est né de quelque chose qui était nécessaire. Puisque la plupart des espèces vivent en groupe, troupeaux, hardes, clans, familles, sociétés, on devine la nécessaire discipline pour se protéger, au départ, c’est pour se protéger. Ensuite vient le désir de conquête, eh oui.
D’ailleurs, cela ne fait pas si longtemps que l’on s’est aperçus que nos pouvoirs n’étaient plus protecteurs, et que nous allions mal.
Tous les groupes d’animaux s’organisent ensemble, pour un mieux être. Non seulement, ils, nous, sont sociables mais tous savent qu’à dix nous sommes plus fort qu’à un.
Un troupeau possède une hiérarchie : à sa tête, le reproducteur, puis des relais femelles ou mâles, dans le troupeau. Il y a le veilleur, principalement occupé à la surveillance et à la vigilance, qui donne l’alerte au moindre risque ; le rassembleur, qui s’avise que tout le monde est là ; le sage, j’oserais : que l’on vient consulter en cas de souci ; et les femelles aussi bien évidemment, il n’y a que chez l’homme que c’est un problème. Peut-être parce que les femelles humaines sont plus masculines, certaines, que les femelles animales. Notre prétendue supériorité et nos modes de vie ont dû apporter cela ; je ne fais aucun jugement sur cet apport positif ou négatif !
Donc ce pouvoir, ce que j’appelle « la puissance » puisque le pouvoir a été perverti et qu’il faut bien s’y retrouver quand on communique, est un fait « mammifère ». On me contredira ici, peut-être, puisque je n’ai pas étudié les volatiles ni les reptiles, ni les poissons, et les insectes que je connais bien ne fonctionnent pas avec cette hiérarchie de pouvoir.
L’humain, dans sa grande complexité, a trouvé les moyens d’obtenir le pouvoir sans le mériter. Je suppose qu’au départ ce devait être une question de protéger les siens, de perpétuer son existence et que c’est dû à sa conscience de la mort. Sa peur aussi, profonde.
Mais inventer d’être dominant de père en fils, après avoir dit que c’était de droit divin, il fallait l’oser. Et ça a marché. Ne nous étonnons pas aujourd’hui que cela se perpétue, même si on a remplacé Dieu par l’argent.
Aujourd’hui, je nous sens rendus au bout d’un régime, comme les bourgeois se sentaient rendus au bout de l’ancien régime : le droit divin, basta !
Aujourd’hui : le droit du fric et l’heritage, basta !
Parce que le pouvoir dû à l’argent, c’est comme le droit divin : c’est donné comme héréditaire.
Pour garder son pouvoir, l’homme est capable de n’importe quoi ; et les autres, beaucoup d’autres, gobent.
Sauf que le pouvoir, qui n’était à l’origine que responsabilité, éveil, vigilance, charisme, avec, comme seul privilège de manger en premier, et par une loi de santé importante dans un troupeau, le droit de reproduire, a vu sa déliquescence devenir l’exploitation de l’homme par l’homme et le droit de cuissage ; celui-ci se délitant encore un peu plus aujourd’hui devient ce que les metoo déclarent comme viols. Mais j’ai l’impression, que personne n’y voit la profondeur et l’importance de ce qui est, là, remis en question. Car, à première vue, l’attitude des minettes dévoileuses, est plutôt énervante.( Je pose ce truc ici, mais ce n’est pas le lieu de l’explorer ; c’est à réfléchir !)
C’est pourquoi je pense que le seul progrès auquel on puisse accéder facilement, c’est un retour à notre animalité, puisque nous vivons en troupeau, en sociétés sophistiquées et que nous avons pour ce faire besoin de discipline.
Pour alléger le fardeau de ces pauvres dominants qu’on ne laisserait plus crouler sous la décadence et la maladie mentale, à faire quelque chose d’inhumain – penser pour les autres, vérifier qu’ils le font bien, être sûrs que seuls ils ne peuvent rien faire, donc surveiller, mais pas comme le veilleur qui donne l’alarme au moindre danger, mais comme le potentat dégénéré qui veut être obéi,etc - il nous faut réveiller notre part humaine !
Le prédateur n’est jamais éduqué pour être obéissant ; je m’en tiendrai juste à deux choses qui sont très proches de nous, dans notre quotidien.
Quand on éduque un chiot, on le sécurise, en arrière je dirais, mais on le punit d’une claque sur le museau quand il a fait preuve de couardise. Ainsi, on imite l’éducation que donne la mère loup à son petit.
Quand on éduque un cheval : on le sécurise, toujours ; la punition l’abîme. Quelquefois, une méthode à la dur, le détruit. Donc on le rassure , ou le console.
Selon la race de chien, on l’éduque ou non « à la dur » ; le chien est si proche de nous depuis si longtemps qu’il doit sentir la confiance, qu’on a en lui, et celle qu’on lui donne. Mais s’il marche à la terreur, ou du moins à la crainte, il pourra se faire beaucoup de mal à lui-même. ( c’est un autre sujet que je ne développerai pas maintenant).
Notre pouvoir est minimum ici, il ne consiste qu’à savoir, entendre, et suivre ce que le petit nous dit ; avec nos enfants, c’est pareil, l’interaction est nécessaire, notre écoute, notre attention sont primordiales.
Obéir est une preuve d’intelligence adaptative, quand l’ordre est juste, et donné par la bonne personne. Mais quand ça devient un mode de fonctionnement réflexe, c’est de manière sûre, nuisible.
Si la petite vache tout en bas de l’échelle du troupeau s’en remet aux autres, c’est qu’elle sait qu’elle peut mener sa vie de petite vache tout en bas de l’échelle sans que quiconque lui cherche noise ; elle accepte de boire, ou manger en dernier, et tant qu’il y a, elle vit, elle joue avec les copines, puis elle rencontre le mâle, et fait des petits. Dans les temps troublés, ce n’est pas à elle que les autres en auront, mais à une reine déchue par la vieillesse ou les accidents de la vie. Bien sûr que dans les troupeaux la quête de pouvoir existe, à chaque échelon de l’échelle ; ça peut être même fatal pour le perdant, mais cette loi est corrélée de manière très forte à la survie de l’espèce.
C’est ce que nous avons perdu : rendez-vous compte : l’espèce réduite aux héritiers des dominants, enfin, de ceux qui ont le pouvoir ?
Eh bien, c’est ce qu’ils veulent : pourtant :
l’intelligence, c’est nous qui l’avons ; le savoir-faire, c’est nous qui l’avons, ; le génie artistique, c’est nous qui l’avons.
Bref, à part le fric, qu’ont-ils ?
Rien, d’autre que votre soumission.
*L’équation n’est pas difficile à résoudre.
Tendre l’oreille, et entendre, c’est notre pouvoir.
Se soumettre, c’est notre perte.
Donc, obéir, c’est bien un mot clé.
Sauver notre espèce, c’est désobéir aux élites perverties, décadentes et nuisibles : ce n’est pas parce que l’un a inventé facebook qu’il doit avoir le pouvoir de me faire vacciner. OK ?
Obéir, c’est ça, aussi : beaucoup d’amour là derrière, soyez-en sûrs, mais, le résultat me fait pleurer ; c’est comme Bartabas !