samedi 22 février 2020 - par rosemar

On l’appelait pépé...

On l'appelait pépé, comme on le faisait, autrefois : pépé Déri, diminutif de son prénom Frédéric, un beau prénom qui claque ! 

On le voit, sur une photo d'autrefois, assis sur sa barque de pêcheur, à l'Estaque, en train de ravauder ses filets, attentif à sa tâche, pendant que, derrière lui, enfants, nous mimons le salut militaire.

Tout autour, des paniers, des sacs, des jambins, des cordages, des rames, tout un attirail de pêcheur...

Tout autour, la mer, le port de l'Estaque, une bette dans le lointain, les replis de la mer, la jetée...

Le teint basané, les cheveux blancs qui dépassent d'une casquette de marin, de couleur sombre, mon grand-père s'occupe de ses filets, largement étalés sur la barque, il les ravaude, les met en ordre pour la prochaine pêche, travail attentif et patient.

Le filet de nylon, d'une blancheur éclatante, et son quadrillage de mailles régulières envahissent l'espace de la barque.

La mer est là, sereine, à peine ridée, tranquille, comme l'est mon grand-père, paisible, aux mouvements calculés et lents.

On sent l'odeur de la mer, le sel marin, les senteurs de poissons, de cordages.

On perçoit le dur labeur du pêcheur et aussi, le temps qui s'étire, le temps que l'on prend, un certain bonheur de profiter du temps qui passe.

On perçoit le temps d'autrefois, un certain art de vivre, sans se presser.

Mon frère et moi, sur le fond du bateau, nous semblons étonnés et émerveillés de ce spectacle de la mer, comme bercés par la barque.

Mon frère avec sa petite casquette de marin semble vouloir imiter mon grand-père, son salut est mal assuré, comme le mien, gestes à peine esquissés...

Mon grand-père apparaît comme le maître incontesté de sa barque : assis, impassible, il nous tourne le dos, pris par son travail, l'air sérieux, concentré, alors que nous sourions timidement pour la photo.

Le dos penché en avant, les mains rugueuses... on sent, aussi, la lassitude du pêcheur, ses soucis, ses angoisses, l'âge qui pèse, les soucis du lendemain.

On entrevoit le dur labeur de l'ouvrier pêcheur qui doit entretenir son bateau, ses outils.

On lit la fatigue, on voit les traits marqués du pêcheur qui travaille au grand air, dans le froid ou sous les soleils accablants de l'été.

Le paysage alentour est superbe : la mer redoublée, l'infini des flots, leur murmure, l'eau moirée de mille reflets, le sac et le ressac de la mer...

Le paysage impassible nous raconte la nature immuable et les splendeurs renouvelées de la mer...

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/article-on-l-appelait-pepe-124242516.html



25 réactions


  • Baron de Risitas Jean Guillot 22 février 2020 16:30

    J’ai prévenu Nabum pour plagiat de rubrique  smiley


    • rosemar rosemar 22 février 2020 17:54

      @Jean Guillot

      La mer Méditerranée : est-ce que C’est Nabum l’évoque dans ses articles ??


  • Fergus Fergus 22 février 2020 16:57

    Bonjour, rosemar

    Joli texte, emprunt de nostalgie.

    Mais vous avez oublié de parler du sexe turgescent de « Pépé ». Sans faire autant de buzz que celui de Griveaux, il défraya naguère la chronique : Avez-vous connu le « zizi de Pépé » ? smiley


    • Clark Kent Séraphin Lampion 22 février 2020 17:07

      @Fergus

      « empreint », pas « emprunt »
      comme dans « les séparés », de Marceline Desbordes-Valmore :

      « N’écris pas ces deux mots que je n’ose plus lire.
      Il semble que ta voix les répand sur mon cœur,
      Que je les vois briller à travers ton sourire.
      Il semble qu’un baiser les empreint sur mon cœur. »


    • Clark Kent Séraphin Lampion 22 février 2020 17:13

      @Séraphin Lampion

      lien


    • Fergus Fergus 22 février 2020 17:16

      Bonjour, Séraphin Lampion

      Merci d’avoir rectifié cette vilaine faute d’inattention.
      Le problème avec les commentaires est que l’on a tendance à les écrire trop vite et à ne pas les relire.
      Par chance, il y a des observateurs vigilants. smiley


    • rosemar rosemar 22 février 2020 17:56

      @Fergus

      Les paronymes peuvent ainsi poser problème... on confond souvent, par exemple, « sensé » et « censé »...


    • Clark Kent Séraphin Lampion 22 février 2020 18:01

      @rosemar

      penser et panser...


    • JC_Lavau JC_Lavau 22 février 2020 22:34

      @Séraphin Lampion, « Il me vint alors un grand pensement »...


    • Fergus Fergus 23 février 2020 09:23

      Bonjour, Monokochkoiv

      Si je voyais quelque poésie dans une faute, je ne la qualifierais pas de « vilaine » et je ne remercierais pas un intervenant de l’avoir très justement corrigée !


  • Xenozoid Xenozoid 22 février 2020 17:04

    @Nabum

    bien dit


  • phan 22 février 2020 18:23

    On l’appelait pépé, ...
    On le voit, ...
    On sent l’odeur de la mer, ...
    On perçoit le dur labeur ...
    On perçoit le temps d’autrefois, ...
    On entrevoit le dur labeur ...
    On lit la fatigue, ...

    Alors, on en perd son pécule ?


  • Armand Griffard de la Sourdière Armand Griffard de la Sourdière 22 février 2020 19:28

    @ Rosemaritime

     Je ne connaissais pas le terme « ravauder » pour les filets de pêche qui semblerait plus approprié (pour nous pauvres pêcheurs ) au raccommodage des chaussettes et autres caleçons .

    ( Celà dit vers la Canebière faut s’attendre à tout ...c.n ! )  smiley

    Sur la façade atlantique et ses alentours on parle + de« ramender » les filets avec une navette.. ; mais bon l’essentiel est de savoir faire un petit noeud d’écoute sur la têtière et la ralingue , c’était souvent le travail femmes d’ailleurs ...nos joyeuses ramendeuses... Aaaaah  !


    • Fergus Fergus 22 février 2020 19:56

      Bonsoir, Armand Griffard de la Sourdière*

      Même en Bretagne, on « ravaude » les filets plus qu’on ne les « ramende ».


    • Armand Griffard de la Sourdière Armand Griffard de la Sourdière 22 février 2020 21:42

      @Fergus
       Demat Ferguz ! penaos màn kont ?Ur pennad ’zo n’emboa ket gwelet ar’hannout.

      Kement ha troc’han : il est possible que le terme « ravaudage » doit être utilisé dans les ports de plaisance pour que des pseudos-marins qui ne prennent pas la mer puissent rencontrer des vacanciers qui n’ont pas de bateaux .
       
      Ken vi gwelet .


    • Fergus Fergus 23 février 2020 09:20

      Demat, Armand

      Le fait est que dans les ports de pêche bretons (notamment dans le pays bigouden que je connais très bien), j’ai surtout entendu utiliser le mot « ramender ». Idem en Bretagne nord. Pour autant, il y a effectivement des pêcheurs locaux qui emploient le mot « ravauder ». Peut-être l’ont-ils emprunté aux plaisanciers avec lesquels ils cohabitent dans de nombreux ports (par exemple à Erquy ou Saint-Cast) ..

      Ar wech all !


    • Francis, agnotologue JL 23 février 2020 09:27

      @Armand Griffard de la Sourdière
       
       ’’Je ne connaissais pas le terme « ravauder » pour les filets de pêche’’
       
      Moi idem. Mais surtout, Jean Merrien, l’auteur du « ictionnaire de la mer » la référence  non plus.


    • Clark Kent Séraphin Lampion 23 février 2020 12:04

      @Armand Griffard de la Sourdière

      A Saint-Jean de Luz, les dernières filetières du port ravaudent quand même les bolinches : « Ravauder les bolinches, armer les filets, réaliser une demi-clef sur la ralingue, assembler les mailles sans les border, etc. Rosette connaît toutes les recettes du métier. » (Sud-Ouest – 31-10-2011)

      Peut-être un usage local ?


  • Aimable 23 février 2020 14:32

    Quand les filets sont vieux , c’est du ravaudé plutôt que du ramendé puisque souvent il ne reste rien ou si peu du filet d’origine . 

    Un peu comme les blouses d’écolier autrefois dans les familles pauvres. 


  • Armand Griffard de la Sourdière Armand Griffard de la Sourdière 24 février 2020 10:22

    Après tout, donnez le nom que vous voulez !

     Sauf que le jour que tu souhaites embarquer sur une grosse unité de pêche on te demandera ton diplôme ( cap ) de ramendeur et non pas ton certificat de ravaudeur et tant qu’on y est ... rafistoleur de caleçon en cotte de maille à col roulé et autre guenille .

      Vive la ramende ..à bas la ravaude ...arf 

     Et maintenant le cap au Nord

     Je suis le maître à bord !  smiley


    • Clark Kent Séraphin Lampion 25 février 2020 15:15

      @Armand Griffard de la Sourdière

      « Voici enfin cette Margot la Ravaudeuse, dont le Général de la Pousse, sollicité par le Corps des Catins & de leurs infâmes Supôts, voulut faire un crime d’Etat à son Auteur. Comme on ne l’accusoit pas moins que d’avoir attaqué dans cet Ouvrage, la Religion, le Gouvernement & le Souverain, il s’est déterminé à le mettre au jour, craignant que son silence ne déposât contre lui, & qu’on ne le crût réellement coupable. Le Public jugera qui a tort ou raison. »

      Louis-Charles Fougeret de Monbron


  • Armand Griffard de la Sourdière Armand Griffard de la Sourdière 25 février 2020 21:24

    @Séraphin Lamparo... smiley

     J’espère que vous n’avez pas trop galéré pour dégotter cette sympathique ravaudeuse .

    Cela dit ,dans votre texte joint il est question d’une ravaudeuse qui connait l’art de ressertir et rapetasser les chausses..qui plus est ,de ravauder les vieilles culottes en y ajoutant un fond *.

     *« Fond » qu’on nomme « tapin » sur la côte Atlantique  par ailleurs ; n’en déduisez pas que ces personnes soient pour autant des tapineuses ; ce sont d’authentiques couturières cela va sans dire .

    En tous cas ce post aura bien fait marée (oups ) marrer les fileyeurs et autres rois de l’épissure de Bretagne et de ses avirons (oups ) environs...bref ...de ses alentours

     Ken a c’hentan Sérapharin  smiley



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