mardi 14 février 2017 - par carnac

Petit A B CEDAIRE des élections : E comme « ELECTEURS »

Qui sont ces nouveaux citoyens qui défient les pronostics électoraux ?

 Un livre de Vincent TIBERJ au PUF 2017 s’empare de ce sujet sous le titre « Les citoyens qui viennent, Comment le renouvellement générationnel transforme la politique en France » PUF, 2017

France-culture lui consacre une intéressante émission en rappelant qu’il n’y a pas de candidats sans électeurs : le mouvement qui a évincé Sarkozy, Juppé, Vals, lors des primaires résulte-t-il d'un rejet assez systématique des anciens gouvernants ou est-ce une pratique de la politique qui évolue ?

Pour Monsieur TIBERJ, les changements de pratique politique sont importants tant à l’échelle individuelle qu’à l’échelle collective et se traduisent par des choix individuels de vie, une forte exigence de participation aux enjeux locaux de développement, une exigence de prise en compte des refus.

 

I La politique est présente dans les choix individuels de vie.

Pour Monsieur TIBERJ, nos choix en matière de transport, de contenu de nos assiettes, de lieu de vie sont déjà des choix politiques qui favorisent ou pas la transition écologique,qui marquent ou pas notre envie de nous mêler à notre voisinage .

De fait, ces choix des consommateurs obligent les entreprises à modifier leur offre : la consommation de produits bio ne cesse de progresser, la vente des voitures diesel chute, des consommations équitables sont mises en place comme « le choix consommateur » du prix de la brique de lait de nos producteurs français. Tout cela évolue bien plus vite que le nombre d’adhérents du parti VERT.

 

II - Il y a une forte demande de participation aux enjeux locaux de développement et nos institutions n’y sont pas préparées.

Pour Monsieur TIBERJ Les ZAD ne sont pas SEULEMENT le fait d’un petit nombre de RADICAUX comme on le décrit souvent même s’ils sont présents, il y a, de plus, une insuffisance de prise en compte des avis émis par les populations concernées.

En particulier, lorsqu’une déclaration d’utilité publique est faite, vous n’avez pas la possibilité de changer la question qui vous est posée et de faire apparaitre un autre angle du problème qui n’aurait pas été mis en évidence. Le projet est "déclaré" par principe "utile" à la communauté, vous ne pouvez souvent que faire valoir des modifications à la marge.

De ce point de vue supprimer le niveau communal en éloignant des usagers les décisions d’aménagement c’est prendre le risque d’avoir des Sivens et des Notre dame des landes à n’en plus finir.

Si un niveau de gestion territoriale doit être supprimé, il faudrait vraiment réfléchir aux avantages et inconvénients de chacun des niveaux actuels, communes, métropoles, département et régions.

Ainsi le programme de Monsieur MELENCHON prône un renforcement de la participation citoyenne au niveau communal et prévoit un "congé républicain" permettant de recouvrer son emploi au terme du mandat alors que Monsieur MACRON opte pour un partenariat métropoles, régions ce qui éloigne le citoyen de la gestion de son territoire puisqu'il devra s'en remettre aux conseillers régionaux pour porter sa voix. 

 

III - « Le peuple vote mal », faut-il changer le peuple ?

Monsieur TIBERJ souligne que les refus comptent dans la mesure où ils sont étayés par de vrais arguments ce qui était le cas en 2005. La formation des citoyens est aujourd’hui plus importante que ce qu’elle n’a jamais été.Le nombre de titulaire d’un diplôme du supérieur est en continuelle augmentation.

C’est la raison pour laquelle, de son point de vue, il ne servirait à rien de vouloir rejouer le Brexit. Il serait pareillement inutile de faire revenir dans le jeu politique les candidats évincés par les primaires (Juppé, Sarkozy, Valls) parce qu'ils ont objectivement échoué à modifier les conditions de vie des citoyens.

Si Monsieur TIBERJ a raison, le pari de Monsieur MELENCHON d'avoir au second tour un face à face de même puissance des « hors système », FN et France insoumise, ne serait pas si improbable que cela. On peut analyser sous cet angle, son refus de remettre en selle, lors des législatives, les personnalités représentant des courants disqualifiés de la primaire du PS .

Pour la même raison, d’après Monsieur TIBERJ, il n’est pas certain que le PENELOPE GATE évince totalement Monsieur FILLON car un certain nombre d’électeurs de la primaire de la droite ont fait le choix d’un programme, celui d'une rigueur budgétaire et non le choix d'un homme. 

 

IV - La volatilité de la participation aux élections

Pour Monsieur TIBERJ, cette volatilité est justement due au niveau de formation des citoyens. Ceux-ci ne se déplacent que s’il y a un enjeu.

 les trois exemples qui suivent illustrent bien de mon point de vue l'avis de Monsieur TIBERJ

  • A la primaire de la gauche, le risque d’alternance faisait du candidat choisi le potentiel président : quatre millions de votants.
  • Ce même risque d’alternance fait du candidat du PS s’il ne parvient pas à unir son camp au mieux le troisième voire le quatrième ou cinquième larron : participation moins de deux millions de votants.
  • Inutile non plus de se déplacer aux élections professionnelles puisqu’on peut espérer ne jamais aller aux prud’hommes : il y a en moyenne un seul et unique procès en prud’hommes pour cents salariés embauchés….

 

V - que devrait être l'offre politique pour répondre à la pratique des électeurs ? Pour Monsieur TIBERJ il devient nécessaire de passer du top down au bottom up.

Pour Monsieur TIBERJ,Monsieur FILLON est le prototype du TOP DOWN déconnecté des réalités de la base électorale française et cela se voit dans la large contestation de son programme de restructuration de l’assurance maladie ou de la fonction publique.

Monsieur TIBERJ estime que, même s’il parvenait à se hisser face au FN au second tour,il aurait des difficultés à appliquer son programme parce qu’en limitant sa défense dans le PENELOPE GATE à un « complot » il n'a pas pris la mesure du niveau d’appétence des citoyens pour une démocratie transparente.

Si Monsieur TIBERJ a raison, de mon point de vue, Monsieur MACRON risque de perdre une partie de sa crédibilité en neutralisant les participations programmatiques de ses "comités". Il vient en effet de se résoudre à ne pas présenter de programme mais "une vision"  qui se traduira en un TOP-DOWN gouvernemental incertain concocté sans aucune transparence par un collège d'experts.

Monsieur MELENCHON et Madame LE PEN ont une large partie de programme en commun, chacun revendiquant l’antériorité de son programme par rapport à celui de l’autre camp.

Ils ne s’invectivent pas si frontalement que cela sur l’Europe ou la reconstruction de notre système économique et Monsieur Florian Philippot concédait dans un matin de France culture qu’un tiers de son électorat vient de l’extrême gauche qui « en a tout simplement assez d’attendre le grand soir ».

Cependant l’élaboration de leurs programmes respectifs n’a pas été conçue de la même façon.

C’est le TOP DOWN qui prévaut chez Madame LE PEN via l’expertise de Florian PHILIPPOT, mais, de mon point de vue, il faut s'attendre à un réglement de compte post électoral si sa ligne ne gagne pas les élections. Car la composition de l'electorat du front national est aussi ambivalente que celle de Monsieur MACRON.

A l'inverse Monsieur MELENCHON a créé le mouvement de la France insoumise il y a UN AN précisément pour pouvoir asseoir son programme sur les remontées de la base : on assiste donc à un BOTTOM UP presque intégral parce que le candidat s'est cependant associé pour la partie financement du programme à des experts issue "des économistes attérrés".

Son programme est de ce fait le plus fouillé de toute l'offre politique mais il n'est pas encore chiffré par les experts économiques puisqu'on est dans l'attente du fascicule sur la modification de la fiscalité, ce grand chantier nécessaire et oublié des précédentes équipes gouvernementales.

Monsieur HAMON quant à lui, ne s’adressait à la primaire de la gauche qu’aux membres de son parti dont il fut l’un des « frondeurs ». Certain que le PS très valsiste aura du mal à le soutenir il opte, lui aussi, pour UN BOTTOM UP rédactionnel qui confortera son élection dont l’assiette dépasse déjà de loin le nombre d’adhérents du parti socialiste.

Vu la proximité des élections Monsieur HAMON souhaite une co-élaboration programmatique pour 5 ans avec les verts et la "France insoumise".

Les pourparlers sont en cours mais le résultat de la négociation sera validé par les adhérents du parti des verts. Avec la France insoumise, les contacts n'ont pas encore eu lieu.

 

VI Qu'en conclure ?

Si véritablement le BOTTOM UP est inscrit comme une procédure incontournable de légitimation du politique comme le pense Monsieur TIBERJ, alors, seule la proposition de la "France Insoumise" correspondrait à l'heure actuelle au"do it yourself" ou au "Yes we can" du nouvel électorat.

Cela expliquerait les résultats obtenus par un institut de sondage quebecois qui travaille sans données corrigées contrairement à ses homologues français et qui met FILLON en tête sur sa base programmatique AVANT le PENELOPE GATE et LE PEN en seconde position, MELENCHON et MACRON assez proches l'un de l'autre. 

Ce qui est certain c'est que les courbes de Monsieur MELENCHON et de Monsieur HAMON fonctionnent en sens inverse, quand l'une monte, l'autre descend.

 L'évolution de celle de Monsieur HAMON semble liée à l'obtention d'un accord programmatique à gauche.

 Celle de Monsieur MELENCHON a sa dynamique propre fonctionnant par le bouche à oreille de ses multiples comités. Il ne pourra cependant pas atteindre un certain niveau de crédibilité sans publier le fascicule sur l'évolution de la fiscalité destinée à financer le programme qu'il promeut.

Tous les autres candidats devront d'ailleurs se prêter à cet exercice car le "flou" risque d'être intolérable pour un électorat attaché à la "transparence" démocratique.

 



5 réactions


  • LE CHAT LE CHAT 14 février 2017 10:13

    le plus important , c’est le % des sondés certains de leur vote , et on a la certitude absolue d’avoir Marine au second tour ( taux de 80% de gens sûrs de leur choix ) !

    pour les autres , on est vraiment dans le flou , il y aura beaucoup de volatilité


    • LE CHAT LE CHAT 14 février 2017 12:21

      @jesuispascontent

      beaucoup moins largement que sont père , elle fera au mois 40%


    • Alren Alren 14 février 2017 18:40

      @LE CHAT

      elle fera au moins 40%

      Mais alors avec un taux d’abstention jamais vu pour une présidentielle !


  • carnac carnac 14 février 2017 10:49

    Oui vous avez raison , les votes front national sont fermes mais du coté de Monsieur MELENCHON sa démarche fidèlise.


    • LE CHAT LE CHAT 14 février 2017 11:03

      @carnac
      il ^me semble qu’il arrive juste après pour le taux de votes certains

      on peut dire que les gens qui veulent renverser la table en sont certains , le ras-le-bol est palpable ....


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