jeudi 17 avril 2014 - par Kookaburra

Petite pensée pascale : Agnosticisme : le no man’s land entre croyance et athéisme

L’athéisme matérialiste, qui trouve de plus en plus d’adhérents, est souvent une réaction à l'oppression de la religion dans le passé, ou à une expérience traumatisante pendant l‘enfance. Il maintient que Dieu n’existe pas et que la religion n’est qu’un tissu de mythes, de mensonges et de fantasmes. Or, pour ce qui est en dehors de notre espace-temps, nous ne pouvons rien faire d'autre que des hypothèses. Certaines choses peuvent paraître probables, mais on ne peut donc jamais les affirmer avec certitude.

L’homme est cet animal étrange qui se pose la question du sens et ne trouve pas dans son monde de réponse définitive. Raison pour laquelle croire à quelque chose semble être dans la nature de l’être humain. La vraie question n’est donc pas : croit-on ? Mais bien : comment croit-on ? Pourquoi croit-on ? A quoi croit-on ?

Une croyance religieuse ne peut être ni prouvée ni réfutée, c'est la nature même du concept. Depuis l'émergence de la raison humaine, la quête du sens de l'existence a toujours abouti dans une religion. Les religions sont toutes critiquables et ont bien besoin de critiques (certaines bien plus que d'autres), mais ni la science ni la raison n'arrivent à fournir une explication de l'existence capable de satisfaire tout le monde. Face a l'impossibilité de connaître la Vérité, l'agnosticisme semble être une attitude raisonnable, mais d'autres préfèrent faire le pari de Pascal.

L’agnosticisme est le point de vue qu’il est impossible de savoir ou prouver l’existence de Dieu. Le mot « agonistique » signifie essentiellement « sans connaissance ». L’agnosticisme est une forme d’athéisme plus modeste. L’athéisme déclare que Dieu n’existe pas – une position impossible à prouver. L’agnosticisme répond que l’existence de Dieu ne peut être ni prouvée ni infirmée - il est impossible de savoir si Dieu existe ou pas. En cela l’agnosticisme a raison. L’existence de Dieu ne peut être prouvée ou infirmée empiriquement.

Mais il reste le message, la philosophie que chaque religion nous propose. L’athéisme attribue toutes les horreurs perpétrées par l’Eglise au christianisme. Mais les Inquisitions, les Croisades, les « indulgences » et autres abus étaient une trahison du christianisme. Et c’est pourquoi Luther s’est révolté et a osé défier le Pape, au risque de sa vie. En refusant de se soumettre il était loin de vouloir déclencher la révolution qui allait embraser toute l’Europe dans une guerre de 30 ans, mais il ne voulait pas accepter les abus qui reniaient les valeurs fondamentales du christianisme.

Sans être croyant, on peut adhérer à ces valeurs comme philosophie de la vie. J’adhère à ces valeurs fondamentales que les Evangiles transmettent : compassion, non-violence, fraternité, égale dignité de tous, émancipation de l'individu à l'égard du groupe et de la femme à l'égard de l'homme, liberté de choix, et séparation du politique et du religieux. Ce sont, bien entendu, les valeurs mêmes de notre civilisation, et c’est en ce sens que, bien que non-croyant, je me considère comme un agnostique chrétien.

Ce n’est pas un contresens, parce que l’expérience religieuse n’est pas dépendante de l’existence d’un Dieu. La transcendance, cet élan spontané, ce sentiment joyeux face à un phénomène naturel comme un couché de soleil exceptionnel, est, me semble-t-il, une expérience religieuse. La transcendance comme dépassement de soi, la transcendance comme néantisation, comme liberté, comme arrachement à la vie matérielle, ce qui peut se produire dans l’expérience de la musique ou de l’art plastique, de la dance ou de la transe. Van Gogh, dans sa ferveur, dans sa « folie », éprouvait sans doute une expérience transcendantale. La « transcendance dans l’immanence » comme disent les philosophes, ces moments de dépassement ou arrachement vis-à-vis de soi, ouvrant à la perception de l’absolu ou de l’universel, est une expérience spirituelle ou religieuse.

Entre croyance et incroyance il y a l’option intermédiaire de l’agnosticisme - le doute, avec sa quête sans fin, comme la quête sans fin de l’or de l’alchimiste. C’est une position Cartésienne, qui se pose des questions sans jamais trouver une réponse convaincante. D’autres sont convaincus qu’aucun Dieu n’existe, et considèrent la distance prise avec la religion comme une conquête culturelle ouvrant l’avenir d’une société post-religieuse libérée des morbides fourvoiements des églises.

Chacun trouvera, dans son for intérieur, la réponse qui lui convient ou qui s’impose à lui, et qui restera intimement personnelle. Mépris et moquerie, de l’un ou de l’autre côté, n’est que l’intolérance.

Joyeuses Pâques à tous !



46 réactions


    • Nicolas_M bibou1324 17 avril 2014 14:16

      Si pour vous affronter la vie consiste à s’obliger à avoir des croyances dans des domaines qui n’ont aucun intérêt, alors votre vie ne me semble pas passionnante.


    • Abou Antoun Abou Antoun 17 avril 2014 18:42

      la pensée intellectuelle
      Les pensées non intellectuelles c’est quoi ?


    • #gcopin fessesbouc-Akerue 17 avril 2014 21:55

      Bonjour
      Douter de tout et tout croire sont deux solutions également commodes qui l’une et l’autre dispensent de réfléchir. (Poincaré)


    • Abou Antoun Abou Antoun 18 avril 2014 08:33

      Une pensée non intellectuelle est une pensée pratique.
      Ah !
      Quand on pense à lacer ses godasses par exemple.


    • Kookaburra Kookaburra 18 avril 2014 12:27

      Last Bee, je ne sais pas qui est le Henri dans ce fil, mais je suis d’accord avec vous
      En dépit de la révolte qui a fait se dresser les individus contre les dogmes de toutes obédiences, et du soulagement qu’ils trouvent à s’en être débarrassés, il leur faut, et c’est quand même plus difficile qu’il n’y paraît, se détacher tout à fait de ce que désormais ils exècrent. Ce ne sont pas les dogmes qu’ils regrettent, mais le monde clair et calme que ceux-ci leur ouvraient. Et il faut à présent vivre sans filet d’aucune sorte. Le salut était une illusion, mais le salut offrait aussi un espoir.


  • Neymare Neymare 17 avril 2014 11:42

    Il faut faire la part des choses :
    les religions monothéistes sont culturelles, on part d’une base qu’on pense vraie, et la dessus on brode des histoires à dormir debout, et des dogmes, et des interdits, voire une morale, un Dieu tout puissant. Tout ceci est 100 % humain, c’est plus de la culture que de la transcendance : on part de quelque chose qu’on ne comprend pas car on ne l’a pas expérimenté, et on le rabaisse à ce qu’on connait : le « Dieu » esprit d’origine dépourvu d’attributs humains (ou plutot comprenant l’humain mais une infinité d’autres choses) se retrouve ainsi pourvu d’attributs humains, il est jaloux, égoiste, barbare, mange pas de porc, se coupe le zizi etc...
    A coté de ça, il y a la réalité de la vie : ce que vous appelez le moment transcendant, ou la transcendance du génie artistique, ou meme la transcendance religieuse qui est indépendante de la culture religieuse. Cette transcendance on l’a tous plus ou moins connu durant au moins un instant de sa vie.
    Il existe des méthodes pour prolonger, maintenir vivace cette transcendance, et ainsi accéder à une autre façon d’etre humain, comme le font les moines Bouddhistes, les yogi indiens, ainsi que l’ont fait des figures comme le Christ par exemple.
    Mais ce que vous obtenez comme connaissances de ces états (c’est un changement de conscience) ne sont pas des savoirs religieux, vous etes simplement confronté à la réalité. La réalité des choses n’est pas religieuse, en ce sens qu’elle n’est pas marquée culturellement, elle est, un point c’est tout. Certains de ses attributs sont retrouvés dans les religions, comme l’Amour ou la compassion, mais ce sont des éléments constitutifs de ce système. C’est à dire que quand vous atteignez ces états de conscience, vous trouvez l’Amour (différent de l’amour humain), il n’y a pas à forcer, c’est là, par ce que c’est la réalité.
    Le mieux effectivement est d’etre agnostique (je l’ai été), on laisse ainsi la voie ouverte à la connaissance, plus que si on est athée ou croyant (il faut pas cristalliser sa pensée), car cette connaissance ne peut pas etre saisi par l’esprit humain qui manque totalement de repère pour comprendre, c’est pourquoi c’est un chemin long qui vous ramène progressivement vers ce que vous etes véritablement


    • Kookaburra Kookaburra 17 avril 2014 12:51

      Sans doute l’expérience de la transcendance est différente le caractère et psychologie de la personne. C’est une sorte de joie qu’on peut ressentir comme une révélation religieuse comme pour Jeanne d’Arc sans doute, mais d’autres ne la ressentent pas du tout comme un élan religieux, comme vous dites.


    • Neymare Neymare 17 avril 2014 13:26

      A la base la transcendance est une activation du système des chakras allant de la base de la colonne vertébrale jusqu’au haut du crane (ce système comme tout le reste est une représentation symbolique), ainsi souvent quand vous ressentez cette sorte de joie vous pouvez sentir des picotements le long de la colonne vertébrale, une sorte d’onde fraiche qui vous parcours, vous sentez une sorte d’unité avec les autres et la nature, vous ressentez l’Amour /compassion.
      Dans certains cas, celà amène a l’activation du meme système au niveau cérébral de tel sorte que vous activez la vision ou la perception sensorielle d’autres dimensions, ou que vous créez une réalité autre que celle qui est perceptible avec les sens.
      Vous créez vous meme ce que vous percevez comme dans un reve, ce qui est vrai aussi pour la réalité physique de ce monde, sauf que là c’est une création collective, donc moins libre, ce monde est une projection psychique collective, le reve est une projection psychique personnelle
      Si vous etes très croyant en une religion et qu’il vous arrive une telle activation, il est très possible que vous créiez une réalité, des images, qui collent à vos croyances, car ce que vous créez, comme dans vos reves est teinté dans la culture dans laquelle vous baignez, comme si la réalité était l’ossature de la vision et que vous la recouvriez d’un voile de culture humaine : vous pouvez ainsi parfaitement voir la vierge, mais ce n’est qu’un symbole d’autre chose
      Vous pouvez aussi atteindre vraiment une dimension psychique, ou vous verrez des choses qui vous instruiront, mais là, c’est quand vous etes dejà dans la voie ou que vous y etes appelé, le message sera vrai mais vous l’habillerez toujours d’un voile vous permettant de le comprendre en tant qu’humain, car on n’est pas armé intellectuellement pour comprendre la réalité brute, ce voile de culture humaine est notre système de traduction


  • Neymare Neymare 17 avril 2014 11:46

    Pour vous donner un exemple de ce que je viens de dire :
    si je vous dis que dans la réalité le temps n’existe pas, vous serez incapable de vous modéliser un système ou le temps n’existe pas. Mais si vous en avez l’expérience empirique vous saurez ce que c’est.
    Les religions modéliseront ceci en vous disant que vous vivrez éternellement, pour ramener cette notion à quelque chose de compréhensible : il y a encore la notion de temps mais c’est éternel, mais vous comprenez que c’est différent d’etre éternel dans le temps, et d’etre simplement hors du temps


  • amiaplacidus amiaplacidus 17 avril 2014 12:22

    Je me définis comme agnostique. C’est à dire que je n’ai strictement aucune croyance concernant l’existence ou la non existence d’une quelconque déité.

    Agnostique à tendance plutôt matérialiste, j’imagine (j’utilise à dessein le verbe imaginer) que la pensée est une propriété de la matière.
    Mais c’est en fait reculer pour tenter de mieux sauter. Car il y a une question fondamentale : « pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? »
    Mais cela amène immédiatement d’autres questions encore plus fondamentales : « qu’est-ce que rien ? », « qu’est-ce que quelque chose ? » ,

    Je pense que ce genre de questions est totalement hors de portée de l’être humain et, après les avoir formulées, je ne m’en soucie guère.

    Je fais un peu le pari de Pascal à l’envers.

    Si une quelconque déité existe, je ne risque rien, je me suis toujours comporté correctement.

    Si elle n’existe pas, je n’aurais pas perdu de temps, dans une vie à durée limitée, à me livrer à des simagrées religieuses.


    • Kookaburra Kookaburra 17 avril 2014 12:42

      Oui, je vous suis, mais je prends ensuite une autre direction : parmi les aphorismes de Jésus on trouve « je suis le chemin ». C’est la direction que j’essaie de suivre, parce qu’elle me semble être le meilleur chemin dans la vie. Indépendamment de toute croyance.


    • njama njama 17 avril 2014 15:20

      Dieu est le premier matérialiste puisqu’il a créé l’univers !

      Je n’ai jamais compris pourquoi la perception de la foi devrait être étrangère au matérialisme, puisque c’est précisément l’espace pour mettre la doctrine en application. Ou alors on se situe dans l’abstraction, comme « en dehors du monde » ainsi que le font les moines et nonnes, ce qui n’a jamais été une prescription divine, ainsi que le rappelait le Coran au VII siècle, ce qui ne l’empêcha pas de prospérer en milieux chrétiens

      * (sourate 57 v. 27 :« Le monachisme qu’ils inventèrent, Nous ne le leur avons nullement prescrit. »)


    • njama njama 17 avril 2014 15:25

      @ amiaplacidus
      « qu’est-ce que rien ? »

      faute de le définir, on pourra dire que « rien  » existe puisqu’il suffit d’un « rien  » pour que tout change smiley


    • Cocasse Cocasse 17 avril 2014 15:26

      Car il y a une question fondamentale : « pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? »

      C’est sans doute la seule question véritable, et qui rejoint directement une autre : « comment puis-je avoir conscience de cela », les deux étant reliés en fait, puisque seule la conscience permet de se la poser, et au bout du compte, ce sont deux mystères.

      Plutôt que voir cela sous forme de question, je pense davantage à une prise de conscience ineffable, comme se tenir au bord d’un abîme. L’existence (au sens « tout ce qui est, n’est pas, ou pourrait être ») est un paradoxe, quelque chose d’absolument impossible. LE Mystère. Je rencontre rarement des gens qui expérimente ce vertige métaphysique. Ce n’est pas immédiat : on y pense, et au fil des secondes, on devient de plus en plus lucide, jusqu’à basculer soudain vers la pleine contemplation terrifiante, dépourvue de mots ou de concepts, de l’impossible.


  • Lumifrère 17 avril 2014 13:06

    L’existence d’une intelligence préalable à la création me semble logique, l’ordre ne nait ni du hasard, ni du néant, et pourtant, tout semble parfaitement fonctionner dans l’univers au point que des particules minuscules puissent s’assembler jusqu’à former la vie, et par exemple l’être humain capable de comprendre cela par sa pensée.

    Selon moi, il y a bien plus qu’un assemblage de particules, à moins que vous pensiez qu’il est possible de superposer des billes et d’obtenir la vie smiley


    • Cocasse Cocasse 17 avril 2014 15:06

      Cela ne prouve rien non plus.
      Il est possible que de l’Univers (avec un grand U), nous n’en voyons qu’une toute petite partie, celle accessible à notre conscience. Il est possible que l’Univers soit non seulement éternel et infini, mais aussi une superposition de tous les états possibles, y compris ceux sans ordre et sans logique. Dans ces états, aucune conscience n’est capable de contempler cet état d’univers. C’est parce que notre état d’univers est cohérent que nous avons eu la chance d’y naitre et de le voir. Sur une infinité d’univers composant l’Univers, c’est fatal qu’un nombre incalculable soient cohérents quand la majorité des autres ne le sont pas.


    • Xenozoid 17 avril 2014 15:15

      suffit, l’univers n’est pas plat,le monde est beau,le big bang est le début de la cascade du néant. qui n’est pas vide, si il y a un sens les idees en sont les trous noir....


    • Cocasse Cocasse 17 avril 2014 15:47

      La thèse du big bang est-elle juste ? Pas sur à 100%, elle est rafistolée (inflation, matière noire). Combien même, empêche t’elle l’existence d’un multivers ? non. D’une infinité d’états superposés ? Non.
      En acceptant cette thèse, le big bang aurait-il été un début ? Non. Il n’y aurait jamais eu de début. Aux échelles d’énergie et de masse du big bang tel que décrit, notre référentiel temporel n’a plus de sens, et le temps se dilate. Y voir un début serait une illusion d’optique. En réalité, ce serait une succession de transformations dans des échelles de temps différentes s’étirant sur l’éternité. Comme une fonction mathématique tendant vers zéro sans jamais y parvenir pour faire un parallèle.


  • tf1Groupie 17 avril 2014 13:25

    Il y a au départ une erreur de formulation :

    on ne peut pas dire « Dieu n’existe pas » mais « les Dieux n’existent pas » puisqu’il y a plus de Dieux qu’il n’y a de religions, sans compter les futurs Dieu qui seront inventés.

    Jésus n’est ainsi qu’un Dieu parmi les autres.


    • Kookaburra Kookaburra 17 avril 2014 15:22

      Sauf que Jésus ait réellement existé et que ses disciples aient témoigné de sa vie sont des fait historiques qui méritent mieux que d’être niés en bloc. D’ailleurs cette négation est loin d’être moderne - elle était déjà formulée au II° siècle. C’était la vulgate de la polémique païenne contre le christianisme.


    • tf1Groupie 17 avril 2014 15:33

      Je pense que vous confondez le prophète et le Dieu.
      Je vous parlait du Dieu Jesus, vous me parlez de la personne physique qui a donné un support à la Légende.

      Des prophètes comme le jésus humain il y en a eu plein et il y en aura d’autres.
      Rael existe certainement, que son Dieu ait une consistance est un autre sujet


    • Neymare Neymare 17 avril 2014 15:46

      Le Christ dont parle les évangiles a sans doute existé, de meme que d’autres, tel le bouddha, il n’y a que des différences de nom pour une meme réalité.
      Si leur message est différent sur la forme il ne l’est pas dans le fond : ce sont simplement les angles de vue qui change.
      Le Christ est plus qu’un homme : c’est un symbole. Le christ c’est ce que nous sommes réellement lorsque nous nous débarrassons de l’emprise qu’a ce monde sur notre psychisme, lorsque nous arretons d’etre hypnotisé par le monde physique pour se rendre compte qu’un monde plus subtil existe.
      On ne devient pas le christ, nous le sommes dejà mais nous n’en avons pas conscience, c’est pour ça que ça nous « parle » plus profondément que des croyances en un Dieu tout puissant


    • Kookaburra Kookaburra 17 avril 2014 15:57

      « Si leur message est différent sur la forme il ne l’est pas dans le fond : ce sont simplement les angles de vue qui change. »
      La pensée du Bouddhisme est différente. Alors que dans le christianisme le moi et l’âme sont importants, le bouddhisme insiste sur le détachement : il n’y a pas de moi, pas d’âme, et, contrairement à l’espoir que le christianisme offre, le Bouddha nous dit qu’il faut apprendre à s’en passer, apprendre à vivre dans le présent sans penser à une récompense future. L’important c’est le chemin. Les conjectures sur l’au delà sont oisives.


    • Neymare Neymare 17 avril 2014 16:24

      "contrairement à l’espoir que le christianisme offre, le Bouddha nous dit qu’il faut apprendre à s’en passer, apprendre à vivre dans le présent sans penser à une récompense futur« 
      Quand vous parlez de ça vous parlez du chemin lui meme et non du but : pour arriver à se »dépersonnaliser« (c’est bien de celà dont il s’agit), vous ne pouvez appliquer directement votre volonté, car quand on fait un effort de volonté (par exemple quand on médite), on se crispe sur l’objectif. Or c’est tout le contraire qu’il faut faire : c’est un processus naturel, c’est quand vous ne faites rien (pas de pensée donc), gratuitement, sans attendre de retour qu’il est le plus efficace, quand vous etes à tout instant dans l’instant présent : en fait il faut »kiffer« (désolé j’ai pas d’autre terme) l’instant tel qu’il est sans vouloir autre chose, et plus vous avancez plus cet instant va devenir »kiffant« , jusqu’à atteindre un état dans lequel votre conscience est tellement activée que vous avez l’impression que de la lumière sort par chacun des pores de votre peau (c’est le sens de la parole du christ »si ton oeil fonctionne, ton corps sera rempli de lumière« ).
      Quand au fait qu’il n’y ait pas de dieu ou d’ame dans le bouddhisme c’est aussi un angle de vue différent, on va dire »puriste" : la seule et unique réalité c’est effectivement ce que les bouddhistes appellent le vide, un vide rempli de potentiel. Tout ce qui découle de ce vide c’est un potentiel infini de réalités probables, dont fait parti l’ame et notre monde, mais pour les bouddhistes ça reste de l’illusion tout comme cet univers physique.
      Meme si c’est une illusion (et c’en est une) ça n’empeche quand meme que ça reste une réalité probable valable pour la vivre, personne ne peut dire le contraire.
      Quand à l’ame, j’ai eu la chance d’en etre conscient, et je peux vous dire qu’elle existe a un point qu’il est difficile d’imaginer, en fait en tant qu’humain notre conscience est complètement endormie par rapport à celle de l’ame, et plus la conscience se réveille plus l’instant présent devient extraordinaire


    • Kookaburra Kookaburra 17 avril 2014 17:12

      Oui, d’accord, je comprends bien, mais je n’ai rien à dire là-dessus parce que vous décrivez votre expérience personnelle. Cela me rappelle les Soufis, qui, dans leur danse se mettent dans une transe pour « kiffer » comme vous dites.


  • Rounga Roungalashinga 17 avril 2014 14:05

    Longtemps je me suis déclaré agnostique. Les religions ne me convenaient pas : je ne voyais pas l’utilité des dogmes et des rituels. Ce serait très difficile d’expliquer pourquoi, mais je suis revenu radicalement sur ce jugement. Lorsque je me suis un jour décidé à assister à une messe, à chanter avec l’assemblée des fidèles, j’ai eu comme l’impression d’accomplir une chose naturelle, qui allait de soi. En ce qui concerne la foi, j’ai cessé de me dire agnostique le jour où je me suis rendu compte que l’existence de Dieu est une question fausse, sans aucun sens, vulgaire, même, et que le chemin proposé par le Christ permet de la dépasser. 


    • tf1Groupie 17 avril 2014 14:46

      Avez-vous tenté la même expérience dans une mosquée ?


    • Rounga Roungalashinga 17 avril 2014 15:57

      Dans une mosquée non, mais j’ai déjà fait zazen dans des temples japonais. Même remarque : on a l’impression de faire quelque chose de naturel, de se reconnecter avec quelque chose dont on s’est éloigné depuis longtemps. J’imagine que ça marche pour la plupart des rituels religieux, du moment que c’est fait avec la bonne orientation d’esprit.


    • Cocasse Cocasse 17 avril 2014 16:08

      Ça marche aussi quand on est seul, assis par terre dans son salon, au passage. smiley


  • njama njama 17 avril 2014 15:09

    le no man’s land entre croyance et athéisme

    ne manque-t-il pas un « s » à « croyance » ?

    l’agnostique serait l’indécis entre elles ... contrairement à l’athée qui a pris une option, qui est croyance également car il n’est pas plus capable de démontrer l’inexistence de Dieu, que le croyant ne l’est de démontrer son existence


    • Kookaburra Kookaburra 17 avril 2014 15:27

      Non, pour moi « croyance » englobe toutes les croyances.


    • Cocasse Cocasse 17 avril 2014 16:17

      Je ne vois pas d’indécision, bien au contraire.
      Il y a une décision ferme : celle de ne pas croire. Comme tu l’évoques brillamment.
      Ne pas croire, cela veut dire chercher à connaitre, et continuer à s’interroger.
      La croyance est un artifice, un faux-semblant. N’importe quel imbécile peut se mettre à croire, il suffit de tourner le dos à la vérité intérieure et de s’auto-persuader.


  • Christian 17 avril 2014 15:21

    L’idée qui revient continuellement dans cette sorte de débat est que l’homme et en particulier les croyants ont inventé Dieu. C’est si simple
    Non ça ne l’est pas
    Parce que finalement la bonne question est :
    Est-ce plus crédible de croire, comme les athées le font, que la seule intelligence dans l’univers est celle de l’homme et parmi ceux-ci les scientifiques ?

    Ouh là ! on me dira que j’invente, que ce n’est pas du tout de cela qu’il s’agit, que les athées ne savent pas etc etc. Dans les faits oui c’est cela.


    • Kookaburra Kookaburra 17 avril 2014 15:26


       « la seule intelligence dans l’univers est celle de l’homme et parmi ceux-ci le scientifiques ? »
      Vous ne pensez donc pas que d’autres êtres peuvent exister dans d’autres galaxies ?


    • Christian 17 avril 2014 16:09

      Moi oui, je dirai évidemment. Par contre il faut poser la question aux athées. J’imagine qu’ils ne doivent pas être tous d’accord....


    • ETIENNE 18 avril 2014 15:59

      Si l’athéisme était un savoir, le probleme serait résolu, tout le monde serait athée.

      La majorité de vos « savoirs » reposent sur des croyances. Avez vous vérifié les calculs de Gallilée ? Pourtant vous pensez que la terre n est pas platte. Quand bien meme vous l auriez fait, les resultats ne vous convaincraient que parceque vous avez la croyance que la logique mathématique est dans le vrai. Le big bang lui meme repose sur lacroyance dans l expansion de l univers que ne partagent pas tous les scientifiques. Les croyances sont à mon avis inévitables, en ce sens que chaque science repose sur des axiomes. 

  • Christian 17 avril 2014 18:57

    L’effondrement des religions se poursuit donc

     Ce qui ne signifie pas forcément la diminution de croyants. Une personne qui ne fréquente pas ou plus un lieu de culte n’est pas forcément athée.

    Mais si l’on ne croit pas en Dieu alors en quoi croit-on ? Il manque au fond un débat entre athées sur cette question...Parce que jusqu’à maintenant, à part répéter à longueur de débats que Dieu est une invention de l’homme, ça ne va guère plus loin...


    • amiaplacidus amiaplacidus 18 avril 2014 01:22

      « ... alors en quoi croit-on ? ... »

      Est-il indispensable de croire en quelque chose ?

      Je peux vous assurer que je vis très bien et heureux sans aucune croyance.

      Je n’ai pas peur de la mort (pourtant relativement proche maintenant, quelques années au plus), c’est simplement un anéantissement. Et comme l’on sait que c’est inéluctable, il n’y a aucun raison d’avoir peur.
      Ce qui n’empêche pas de vouloir vivre le plus longtemps possible, et en bonne forme.


  • Kookaburra Kookaburra 17 avril 2014 19:03

    Oui, c’est une évidence, mais la question reste : peut-on s’en réjouir ? Les grands mouvements révolutionnaires du passé en Europe avaient été inspirés dans leur contenu substantiel par le christianisme, alors même qu’ils se donnaient le plus souvent pour antichrétiens. Le christianisme déterminait non seulement leurs exigences morales, mais forgeait leurs concepts tels que liberté, égalité, fraternité… et laïcité ! Dans la genèse de chacune de ces valeurs le christianisme a joué un rôle déterminant, soit par lui-même soit par la fusion entre les conceptions chrétiennes et celles du monde gréco-romain. Notre droit est le résultat d’une assimilation de la morale chrétienne (tendre l’autre joue) et du droit romain.

    La détestation de deux millénaires de christianisme, c’est la haine de l’histoire, et c’est la haine du socle fondateur de notre civilisation, une haine que l’école publique dès le début, avec Jules Ferry, a encouragé. L’influence du christianisme est omniprésente, même si la connaissance ou reconnaissance de cette influence s’estompe et s’effiloche. Ce sont des convictions morales et spirituelles qui seules forgent une civilisation. L’islam l’a bien compris, ce qui explique sa force et sa réussite. Notre matérialisme antireligieux est un leurre, car l’on ne rattache pas les peuples à de banals et prosaïques projets de libre-circulation, ou de marché commun ; on les rattache à des identités fortes, fortes parce qu’anciennes, fortes parce que transcendantes. D’autre part, avec le recensement de l’athéisme on oublie l’islam.


  • Jean Keim Jean Keim 17 avril 2014 19:16

    Texte très intéressant,

    Bouddha, Jésus et un contemporain Krishnamurti, ont donné des enseignements qui peuvent paraitre différents, les différences viennent essentiellement de la mentalité des hommes de leurs époques et des pressions religieuses et/ou culturelles.
    Bouddha a vécu dans un contexte où le poids des castes, des dogmes et des rituels étaient insupportables et la seule façon de s’en dégager était de tout rejeter.
    Jésus pour ne pas parler dans le vide, pour se faire entendre des sectateurs juifs, a dû introduire son message en le reliant à la religion juive mais il parlait de sa propre autorité et son père était la vérité de son message, quand il disait « Je suis le chemin, la vérité et la vie. », il ne faisait que dire ce qu’il était tout simplement sans affirmation égotique et sans aucune incitation à lui vouer un culte.
    Krishnamurti décédé en 1986, insistait sur l’importance qu’il y a pour chacun de faire le chemin sans maître, sans doctrine, sans religion, sans savoir excepté le pragmatisme. Il disait en substance que le fait de choisir un système relève de la croyance idiosyncrasique. Il était un remarquable psychologue, doté d’une intelligence pénétrante et une homme d’une profonde spiritualité.
    Il y a toujours eu des hommes remarquables pour redresser la barre, tout en sachant s’adapter aux spécificités de l’humanité.


  • #gcopin fessesbouc-Akerue 17 avril 2014 21:58

    Bonjour

    La philosophie compte plusieurs aspects dont le doute et la croyance. Le doute est en fait un sentiment d’incertitude face à une question ou à un principe, qui nous porte à nous questionner sur celle-ci ou celui-ci. La croyance est l’action de croire en quelque chose ou, après avoir trouvé une réponse à un problème, être certain de ce qu’on a résolu : ne plus en douter. Quoique bien différents, ces deux aspects philosophiques sont en relation l’un de l’autre.


  • ETIENNE 18 avril 2014 09:02

    Dans le cas de l agnosticisme, l impossibilitė de rėsoudre le doute conduit à la fin du questionnement sur Dieu. C est assez confortable et a plus de sens que l athéisme qui est une croyance parfois portée par des intolérants.


    • ETIENNE 18 avril 2014 14:13

      L’athéisme est une croyance, question de lexique. Il affirme : Dieu n existe pas sans pouvoir le démontrer. Elle vous parait peut etre évidente( la croyance) mais pour les chretiens, Jesus en est une egalement. Pas de prosélytisme, ça se discutte...


    • Kookaburra Kookaburra 18 avril 2014 12:19

      Merci Last Bee de votre commentaire bien raisonné. Mais je ne suis sûr qu’on peut affirmer :
       « Car on ne nait pas croyant ni pratiquant, on le devient. On le devient sous la pression psychologique de l’autorité familiale. On le devient aussi sous la pression sociale d’une communauté ».

      J’aurais tendance à dire qu’on est bien né croyant. On croie très facilement et volontairement à tous les contes de fée des livres d’enfants, parce que la faculté de doute, de scepticisme que le vécu développe en nous est encore faible. On ne cherche pas encore la relation logique cause - effet. Mais ce point est bien discutable.


  • Christian 18 avril 2014 17:30

    Lorsque les choses vont mal l’homme cherche le bouc émissaire. Là n’est pas forcément
    le problème car au début du 20è siècle en Russie, les ouvriers n’avaient pas tort de désigner les patrons, qui faute de garde fou ou d’opposition, les exploitaient honteusement. On lit ça par exemple dans La mère de Gorki. Le problème est ailleurs, parce que lorsqu’on désigne un bouc émissaire, fautif, on se désigne à contrario blanc comme neige. Ces ouvriers exploités se sentaient pousser des ailes et sûr que lorsqu’ils seront au pouvoir, de créer le paradis sur terre. Staline fut l’un d’eux. (Staline par Robert Service).

    On a un peu la même impression avec les athées...tous bons, tous parfaits.


Réagir