Pourquoi le 21ème Siècle ne sera pas chinois
Le 19ème siècle fut anglais, le 20ème fut américain et tout semble démontrer que la montée en puissance de la Chine va amener cette dernière à remplacer le leadership des Etats-Unis et à devenir la première puissance mondiale au 21ème siècle. Pourtant le leadership chinois n’en déplaise à Xi Jinping ne pourra pas être aussi hégémonique que le furent ses deux prédécesseurs.
La Grande-Bretagne au milieu du 20ème siècle représentait à son apogée environ 50 % de la production industrielle mondiale, les Etats-Unis ont atteint pour leur part environ 40 % en 1945 (suite aux destructions de la seconde guerre mondiale). Ces deux pays étaient donc au sommet de leur puissance : « l’atelier du monde ». Il est difficile d’estimer le poids de la Chine dans la production industrielle mondiale car le yuan étant fortement sous-évalué, il ne permet pas une bonne estimation de la puissance de cette dernière contrairement à l’étalon-or qui avait cours lorsque les deux pays anglo-saxon étaient au meilleur de leur forme.
Néanmoins le « made in china » n’est pas une légende : la Chine en Parité de Pouvoir d’Achat dépasse en 2018 de 25 % le PIB des Etats-Unis à 25 270 milliards de dollars selon le FMI. Son excédent commercial dépasse régulièrement les 300 milliards de dollars et la part de l’industrie dans l’économie était de 39 % d’après la Banque Mondiale en 2020.
La Chine est donc bien en train de devenir la première des grandes puissances et son importante puissance industrielle et financière (elle détient des réserves de changes de 3110 milliards de dollars en 2020) lui permet désormais de lancer ses filets vers l’Asie du Sud, l’Afrique, l’Amérique latine et l’Europe (achats des ports grecs).
Mais son expansion va se heurter à deux obstacles : le développement du reste du monde et les bouleversements technologiques.
Le développement du reste du monde entrainera un accroissement de la concurrence de la part d’autre pays : les chinois eux-mêmes commencent à délocaliser certaines productions. Et ces pays pouvant à leur tour produire par eux-mêmes seront moins demandeurs de produits chinois.
Mais en définitive, c’est le changement de paradigme en matière de production de biens qui va changer la donne : les usines dans les prochaines décennies ne seront plus l’élément indispensable à cette dernière. La montée en puissance de la fabrication additive par le biais des imprimantes 3D va bouleverser la production dite industrielle. Déjà ces dernières opèrent dans l’industrie aéronautique, dans la fabrication de certaines pièces sidérurgiques… D’ici peu, ce seront les produits de grande consommation qui pourront être fabriqués ainsi et de manière décentralisée.
Et c’est bien là le point faible futur de la domination chinoise : des produits fabriqués de manière décentralisée dans chaque pays à un coût battant toute concurrence : d’où l’impossibilité structurelle de gagner une position aussi dominante que précédemment la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Décidément non, le 20ème siècle ne pourra pas être chinois.