mardi 10 avril 2012 - par Marianne

Propositions pour l’emploi de François Hollande : un chèque en bois !

Le sujet du chômage, de la création d’emploi, devrait être le thème essentiel de la campagne. Malheureusement, les sujets de diversion fleurissent et l'emploi est insuffisamment traité par la presse et par les médias. Que proposent les candidats et sont-ils crédibles ? Après avoir analysé les propositions pour l'emploi de Nicolas Sarkozy, passons à celles de François Hollande.

 

Rappel de quelques chiffres clés 

Selon les chiffres du Trésor, entre 1980 et 2007 :

- la part de l'industrie dans le PIB a chuté de 24% à 14%. La part de l'emploi industriel dans l'emploi total est passée de 32% en 1978 à 20% en 2008.

- la France a perdu près de 2 millions d'emplois industriels soit 36% des emplois depuis 1980 (-70 000 par an) dont plus d’un million depuis 2007. Le nombre d'emplois industriels est passé de 5,3 à 3,4 millions. La baisse s'est accélérée avec la crise : 200 000 emplois industriels ont été détruits pour la seule année 2009.

François Hollande ne livre pas vraiment de diagnostic, ne s’exprime pas particulièrement sur les causes du chômage (mondialisation/crise/causes structurelles…), ni sur les secteurs touchés par les pertes d'emplois. Il entend « lutter contre le chômage et la précarité ». Il le fait plus par des mesures défensives, des emplois subventionnés grevant les finances publiques, que par une politique de création d’emplois productifs générant de la valeur ajoutée pour l’économie. Néanmoins son « patriotisme industriel » rejoint des propositions que l’on retrouve également chez François Bayrou.

  • 150.000 emplois d'avenir : François Hollande a promis la création de 150.000 emplois d'avenir réservés aux jeunes, en particulier ceux issus des quartiers difficiles (sur le modèle des emplois jeunes du gouvernement Jospin). Il s'agit d'emplois à temps plein d'une durée maximale de 5 ans, financés par l'Etat à hauteur de 75% et exonérés de charges. Le coût de la mesure est estimé par le candidat à 2 milliards d’euros d’ici à 2017 ;
     
  • Le contrat de génération. Objectif : faire baisser à la fois le chômage des jeunes et des seniors, favoriser la solidarité entre les générations. Le principe : le jeune de moins de 30 ans embauché en contrat à durée indéterminée devra être accompagné par un salarié de plus de 55 ans, ainsi maintenu dans l'emploi jusqu'à son départ en retraite. L’entreprise bénéficiera de son côté d’une exonération de charges sociales sur les deux emplois (aide d'un montant estimé à 2.000 euros par mois). François Hollande se fixe comme objectif la signature de 500.000 contrats de génération d’ici à 2017, pour un coût de 2,3 milliards d’euros. Parallèlement, le candidat promet d'augmenter les cotisations chômage pour les entreprises qui abusent des emplois précaires.
     
  • Création de 60 000 postes dans l’Education Nationale sur 5 ans (12 000/an) : ces postes ne seront pas seulement des postes d'enseignants mais également des postes d'accompagnement : surveillants, infirmières scolaires, psychologues, assistantes sociales,... mesure évaluée à 1,7 milliards par an (5,5 milliards sur le quinquennat)
     
  • Suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires, excepté dans les TPE. Une décision qui devrait rapporter près de 3 milliards d’euros en cinq ans et inciter les entreprises à recruter plutôt qu’avoir recours aux heures supplémentaires.
     
  • Pour lutter contre la précarité, augmentation des cotisations chômage sur les entreprises qui « abusent » des emplois précaires comme les CDD ou l’intérim.
     
  • Pour dissuader les entreprises d’abuser des licenciements boursiers, augmentation du coût des licenciements collectifs pour les entreprises qui versent des dividendes ou rachètent leurs actions.
     
  • Sécurisation des parcours professionnels par un renforcement de la formation. L’objectif est que chaque salarié puisse se maintenir dans l’entreprise ou l’emploi et accéder à la formation professionnelle. Le financement de la formation sera concentré sur les publics les plus fragiles, les moins formés et les chômeurs. Les moyens de Pôle emploi seront de leur côté renforcés.
     
  • Le patriotisme industriel :
  1. Banque publique d’investissement : à travers ses fonds régionaux, favoriser le développement des PME, le soutien aux filières d’avenir et la conversion écologique et énergétique de l’industrie. Permettre aux régions, pivots de l’animation économique, de prendre des participations dans les entreprises stratégiques pour le développement local et la compétitivité dela France. Une partie des financements sera orientée vers l’économie sociale et solidaire.
  2. Soutien des PME et entreprises innovantes : faire des PME une priorité. mobiliser l’épargne des Français, en créant un livret d’épargne industrie dont le produit sera entièrement dédié au financement des PME et des entreprises innovantes. Doubler le plafond du livret développement durable, en le portant de 6 000 à 12 000 euros. Les PME, les TPE, les artisans et les commerçants auront, dans chaque région, un interlocuteur unique. Rendre le crédit d’impôt recherche plus simple et plus accessible aux PME. Leur ouvrir la commande publique.
  3. Fiscalité des entreprises : priorité à la relocalisation et à l’investissement. Favoriser la production et l’emploi en France en orientant les financements, les aides publiques et les allégements fiscaux vers les entreprises qui investiront sur notre territoire, qui y localiseront leurs activités et qui seront offensives à l’exportation. Moduler la fiscalité locale des entreprises en fonction des investissements réalisés. Engager la relocalisation d’usines dans le cadre d’un contrat spécifique. Pour les entreprises qui se délocalisent, exiger le remboursement des aides publiques reçues. Une distinction sera faite entre les bénéfices réinvestis et ceux distribués aux actionnaires : trois taux d’imposition différents sur les sociétés : 35% pour les grandes, 30% pour les petites et moyennes, 15% pour les très petites.
  4. Compétition mondiale – réciprocité : faire obstacle à toute forme de concurrence déloyale et pour fixer des règles strictes de réciprocité en matière sociale et environnementale. Une contribution climat- énergie aux frontières de l’Europe.

Le problème de tous ces emplois subventionnés et très coûteux, c'est surtout leur financement ! Nos finances publiques sont exsangues, toute subvention creusant le déficit est financée par un chèque en bois ! Ou alors au prix d'une forte augmentation des impôts et des dépenses publiques. Pour rappel la part des dépenses publiques dans le PIB est de 56% en France contre 43% en moyennes dans l’UE (47% en Allemagne).

Certaines propositions sont des effets d'annonce, comme je l'avais signalé dans un article précédent : les 60 000 postes dans l'éducation nationale ne peuvent pas être des postes d'enseignants, alors que déjà aujourd'hui, même avec le non remplacement d'un enseignant sur deux, 1000 postes par an au CAPES ne sont pas pourvus faute de candidat ) niveau !

Le véritable enjeu de l'emploi, c'est de créer de nouvelles activités, de nouvelles richesses, exporter plus et importer moins pour réduire fortement notre balance commerciale, sans creuser la tombe de la dette déjà abyssale.



18 réactions


    • Marianne Marianne 10 avril 2012 14:39

      Rassurez-vous, je garde le meilleur pour la fin. Entre temps je publierai les propositions sur l’emploi de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen, avant de publier celles de Bayrou. A moins que vous ne préfériez changer l’ordre ?

      Merci pour « le torchon ». J’ai passé du temps à éplucher les programmes des candidats et vous en rendre compte avec une vision critique, qui est la mienne et qui peut-être discutée, si possible avec des arguments, sur ce forum. Essayons d’élever le débat en parlant des sujets essentiels. Nicolas Sarkozy essaie de faire diversion avec les boucheries Hallal, le permis de conduire, la date de paiement des retraites ... pour qu’on ne parle pas de son bilan, ni des sujets importants comme l’emploi et le chômage, le surendettement de l’Etat, l’Europe qu’il faut refonder,... Et la presse et les médias jouent ce jeu. Hier en boucle sur France Info, on nous parle d’une enquête sur les infractions au code de la route des chauffeurs des candidats, alors qu’on n’en a rien à cirer ...

      Les emplois aidés, subventionnés, peuvent être utiles en période de récession, mais le traitement social du chomage ou une creation artificielle d’emplois par le secteur public ne peuvent pas être une solution pérenne dans une économie saine, en particulier lorsqu’on traîne des déficits publics et une dette publique abyssale, avec une dépense publique de 56% du PIB (contre 47% en Allemagne et 43% en moyenne UE), un taux de prélèvement obligatoire à presque 45% en 2012 (contre 36% en Allemagne et 25% aux USA).


    • Marianne Marianne 10 avril 2012 17:03

      OK. Je publierai les propositions de Bayrou pour demain.
      Non ce n’est aucunement difficile.
      Ce qui est intéressant, c’est de comparer l’analyses que donnent les candidats des causes de la montée du chômage avant de voir les propositions, et si les propositions sont un inventaire à la Prévert ou si elles s’insèrent dans un tout cohérent.

      Nous verrons que Bayrou et Mélenchon sont ceux qui ont véritablement fait un travail d’analyse, arrivant cependant à des conclusions différentes, donc à des propositions différentes (très peu de propositions pour développer l’emploi chez Mélenchon curieusement, il cherche surtout à endiguer l’hémoragie et la précarité en interdisant les licenciement et en titularisant les personnes travaillant dans le secteur public) et que Marine Le Pen fait deux erreurs majeure d’analyse dans l’explication des causes. Cependant elle est très concrètes dans beaucoup de ses propositions, elle cherche à coller à la vie quotidienne des Français.


  • jef88 jef88 10 avril 2012 15:06

    Les seuls emplois économiquement viables sont les emplois de production ......
    Alors ! les bla bla bla des politiques font rire !
     IL FAUT UNE VERITABLE POLITIQUE INDUSTRIELLE  !!

    mais personne n’en parles !!!


    • mimi45140 11 avril 2012 12:56

      Le problème de nos politiques est qu ’ 1 emploi industriel coute beaucoup plus cher à créer dans l industrie que dans le batiment et les services ,sa rentabilité ne se verras pas de suite , nous nous sommes toujours occupé du chomage et pas de l ’ emploi , pourquoi les financiers investiraient dans des secteurs peut rentables et risqués , je suis dans l industrie et vois la déchéance de celle si tous les jours .


    • jef88 jef88 11 avril 2012 13:10

      Les politiques s’attaquent aux effets, pas aux causes !
      Depuis 1975, tous partis confondus ils travaillent à « éradiquer » les PME ( on ne peut pas les dominer) et surtout place au CAC40....
      Depuis les années 90 c’est « vive la société post-industrielle »

      Mais eléctoralement parlant... des très pauvres, des pauvres, des moins pauvres , des pas pauvres du tout, c’est bien pratique !!!


    • jef88 jef88 11 avril 2012 13:11

      j’ai 42 ans d’industrie et 7 de retraite .....


  • Taverne Taverne 10 avril 2012 15:39

    Le problème des propositions de Hollande, c’est le P.S !

    Je veux dire le « Post-Scriptum » ! Il y a un P.S en bas de chacune de ses propositions. Par exemple, pour l’emploi dans l’Education nationale : Post-Scriptum « tout se fera par redéploiement et donc sans création d’emplois ».

    Hollande va fermer la centrale de Fessenheim, ce qui se justifie vu qu’elle est vétuste et construite sur une faille sismique et que l’on va vers la dénucléarisation, mais sans offrir d’autres emplois aux ouvriers qui seront virés suite à sa décision.


  • Taverne Taverne 10 avril 2012 16:34

    Hollande est pour moi un homme sans consistance, sans identité propre. La preuve, il a dû endosser l’identité de François Mitterrand pour sa campagne. Bayrou, lui, n’a nul besoin de faire dans l’imitation : il sait qui il est, d’où il vient et où il va. Hollande ne sait pas mieux qui il est que là où il va : pour parodier Ségolène Royal dans son one-woman-show : « hé-si-ta-tion ! »


  • PapaDop PapaDop 10 avril 2012 17:20

    oncle archibald ;

    Cette dette n’est pas légitime ,nous n’avons pas à la payer .

    Quand tout les Français aurons compris ,nous pourrons enfin avancer .


    • PapaDop PapaDop 10 avril 2012 19:31

      Bonsoir qd mm ,

      Vous avez perçu des insultes dans mon commentaire ? Vous semblez fébrile .

      Calmez vous ,buvez un coup ,ça va aller .

      Les Grecs ne sont pas cons du tout ,ils se révoltent un peu tard ,tout comme les espagnols ,

      pas cons non plus ,

      mais c’est juste se qui va nous arriver ,je pense smiley .

      Les Irlandais ont quand même réussi leur mini-révolution .

      Si j’ai tord veuillez discuter au lieu d’interjecter des insultes qui, pour le coup ,vous fait apparaitre comme ces artistes de cirque que vous aimez tant .

      Quand a la dette QUI LA CONTRACTEE ? Vous ? Moi ?


    • PapaDop PapaDop 11 avril 2012 17:55

      Bonsoir Oncle Achibald ,

       Vous oubliez que les Irlandais ont su renégocier (relativement ) leur dette .Ceci expliquant peut-être cette illégitimité de la dette que j’entendais .

      Les dépenses de l’état ,les gaspillages ,la mauvaise gestion ,les taux d’intérêts ,personne n’à jamais voté pour ceci, on peu donc dire que oui notre système est perfectible ,puisque à part voter tous les 7 ou 5 ans nous n’avons pas d’autre décisions nationale à prendre .

      Donc ,pour moi ,l’homme (ou la femme ) politique qui voudra bien repenser le remboursement de se boulet (mais pas que ) aura mon vote .

      Voila Archi ( smiley ) , c’est plus facile sans insultes ,les miennes je les gardes en général pour les personnes en face de moi .C’est bien trop facile d’insulter sur internet .

      Bonne soirée .


    • PapaDop PapaDop 11 avril 2012 18:01

      Bonus :

      Celui qui dénoncera ce dernier coup « de pute » du nabot aura marqué un énorme point à mon gout ;

      " Alors que le chômage atteint aujourd’hui en France des taux records, Pôle emploi s’apprête à mettre en place le « projet TEAM », un programme européen visant à « améliorer et faciliter » pendant deux ans la gestion des migrations de main d’œuvre vers l’Europe – en particulier vers la France – en provenance d’Afrique du Nord. Un projet que Nicolas Sarkozy se garde bien d’évoquer. "

      http://fr.novopress.info/110770/exclusif-alors-que-le-chomage-explose-pole-emploi-collabore-a-un-programme-europeen-visant-a-favoriser-les-migrations-en-provenance-dafrique-du-nord/


    • PapaDop PapaDop 11 avril 2012 18:16

      Info à confirmer qd mm .


  • credohumanisme credohumanisme 10 avril 2012 17:41

    Les aides à l’emploi c’est à 90% des effets d’aubaine.

    Par ailleurs les exonérations de charges pèsent directement sur le budget de la sécurité sociale et ne lui sont en général pas remboursées par l’Etat.
    Si l’Etat payait à la SS ce qu’elle n’a pas touché du fait des exonérations depuis dix ans .. il n’y aurait pas de trou de la sécu. Bien sûr la dette de l’Etat en serait augmentée d’autant. Refuser de voir cela c’est se focaliser sur un mauvais problème.

    Les emplois d’avenir, emplois jeunes ... ou autres du même tonneau c’est un moyen extrêmement onéreux et parfaitement artificiel de faire baisser le chômage.

    Ce sont les carnets de commandes qui créent les emplois.

    C’est la difficulté à licencier qui freine l’embauche en CDI. Comment peut-on se réjouir de voir une entreprise embaucher quand tout va bien et lui interdire (ou presque) de licencier quand ça va mal ? Le yoyo de l’activité dans certaines branches nécessite la flexibilité.


    • foufouille foufouille 10 avril 2012 19:55

      "Comment peut-on se réjouir de voir une entreprise embaucher quand tout va bien et lui interdire (ou presque) de licencier quand ça va mal ?"
      ca signifie que le boss sait pas vendre ses produits
      sinon on a le salaire annualise


    • credohumanisme credohumanisme 11 avril 2012 11:16

      Peugeot : -30% de vente ... on fait quoi ?

      Un peintre que je connais  :
      « J’arrive pas à fournir, trop de boulot. Je prendrai bien un salarié mais je sais pas si dans un an j’aurai encore du travail, si je suis obligé de le garder je mettrai la clé sous la porte »

      C’est des vraies inquiétudes.
      D’après vous en effet il devrait embaucher ; puis ne pas licencier même s’il n’a plus le travail nécessaire pour payer un salaire ? Le risque c’est qu’à l’arrivée les deux perdent leur boulot ... c’est (de manière différente) comparable pour les grosses entreprises.


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 11 avril 2012 15:39
     credohumanisme (xxx.xxx.xxx.142) 11 avril 11:16

    Peugeot : -30% de vente ... on fait quoi ?

    Un peintre que je connais :
    « J’arrive pas à fournir, trop de boulot. Je prendrai bien un salarié mais je sais pas si dans un an j’aurai encore du travail, si je suis obligé de le garder je mettrai la clé sous la porte »

    C’est des vraies inquiétudes.
    D’après vous en effet il devrait embaucher ; puis ne pas licencier même s’il n’a plus le travail nécessaire pour payer un salaire ? Le risque c’est qu’à l’arrivée les deux perdent leur boulot ... c’est (de manière différente) comparable pour les grosses entreprises.


    Alors c ’est quoi la solution ?


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