vendredi 17 février 2023 - par Luc-Laurent Salvador

Quand le chœur n’y est pas…

Le sujet du chant paraîtra dérisoire au regard des urgences du présent et en fera sourire bon nombre, principalement les égarés puisque c’est dans le cadre de la messe qu’il interroge de manière tout à la fois grave, révélatrice et méritant réflexion quoi qu’il en soit. Pour dire les choses brutalement, les chants de messe semblent être en soins palliatifs, c’est-à-dire, maintenus en vie par un appareillage électronique.

Ceux qui ont des yeux pour voir et, surtout des oreilles pour entendre se rendent bien compte que le chant dans le rituel catholique est devenu un ornement qui n’assure plus sa fonction première. Celle-ci est de souder les fidèles en une unité solidaire dynamisée par le partage d’une même émotion, d’une même foi et de mêmes valeurs. Chacun a alors le sentiment de faire corps et de vibrer avec l’assemblée mais cela n’arrive quasiment plus. Clairsemée ou pas, l’assistance se présente comme un ensemble d’individus qui, chacun pour soi, tentent, tant bien que mal, de suivre le chorale et son chef.

Nous assistons ainsi généralement à de tristes performances au cours desquelles, dans un contraste saisissant, des chanteurs entraînés et performants, accompagnés de musiciens impeccables, tentent laborieusement d’amener à des chants magnifiques mais compliqués une assemblée timide au sein de laquelle seuls quelques courageux osent vraiment donner de la voix. Tout cela se passe le plus souvent dans une orgie sonore presque cacophonique suscitée par des amplis et des haut-parleurs que nul ingénieur du son ne surveille et qui décuplent la force vocale de la chorale au point que le chant de l’assemblée n’apparaît pas plus nécessaire qu’il n’est audible. Plutôt que des fidèles chantant en chœur avec enthousiasme, nous avons une foule éparse qui gémit douloureusement sous l’orage musical qui secoue l’église, un peu comme si le diable était de la partie. Autant dire que c’est pitié de vivre cela car c’est le très exact opposé de ce que le chant est censé amener.

Il faut y insister : le chant est ce qui fait vibrer les cœurs à l’unisson et qui, ce faisant, donne à chacun un sentiment d’unité avec ses semblables. C’est cela précisément qui constitue un chœur c’est-à-dire, ce qui, par le simple fait d’exister là, à un instant précis, permet d’éprouver cette affection et cette solidarité avec son prochain qui est supposée être au cœur de la vie chrétienne.

Malheureusement, on peut aisément constater que, d’une église à l’autre, hormis quelques moments de grâce trop rares et trop fugaces, le chœur des fidèles n’existe pas. Avec application et plein de bonne volonté, celui des « experts » tente de meubler cette absence et, de fait, monopolise l’espace sonore au point qu’on peut et qu’on doit se demander si ceci n’expliquerait pas cela. En effet, une fois ce constat réalisé, force est de se demander comment a-t-on pu en arriver là et quels sont exactement les facteurs en cause ? Je parle bien de facteurs car il ne s’agirait pas de mettre en cause quiconque dès lors qu’on ne peut douter ni de la bonne volonté ou de l’engagement des personnes impliquées ni du caractère parfaitement collectif de ce qui se trouve ainsi manifesté, de sorte que chacun y a sa part.

 

Permettez-moi une explication de nature pédagogique : tout se passe un peu comme si aux chœurs spontanés autant qu’unanimes des fidèles qui, autrefois, se rassemblaient en masse dans les églises autour de chants peu nombreux mais parfaitement connus de tous, la modernité avait — depuis Vatican II et les années yéyé — substitué une infinie variété de morceaux aux paroles, rythmes et mélodies aussi élaborés qu’inconnus de l’assemblée. Celle-ci est alors transformée en foule d’adultes infantilisés qui, craignant le ridicule, ne se risquent plus au chant vocal à pleine voix et suivent du bout des lèvres, se contentant de fredonner ou de murmurer quand ils ne restent pas carrément silencieux

Encore une fois, ceci est un désastre car, pardonnez-moi, il faut y insister, la fonction première du chant est d’engendrer ce merveilleux sentiment d’unisson qui traduit l’appartenance à un collectif organiquement unifié, solidaire — en l’occurrence l’assemblée des chrétiens — c’est-à-dire un sentiment de faire corps et, proprement « corps du Christ », puisque c’est ainsi que l’Eglise a été comprise au cours de l’Histoire. Il est clair que nous sommes à des années-lumière de cela et c’est pourquoi le présent constat est désespérant pour qui comprend qu’il s’agit en fait de ce que l’Eglise est en train de devenir : une assemblée de fidèles qui peinent à emplir ses églises avec une messe qui, à de rares exceptions près, se transforme en un rituel de pure forme qui semble n’être plus habité que par des mots et des symboles. Les fidèles qui constituent proprement la chair de l’Eglise ne font plus corps, faute de faire chœur.

Pour remédier à cette situation, le pédagogue en moi ne voit pas d’autre solution que celle consistant à remettre les fidèles en réussite au lieu de les laisser se convaincre dimanche après dimanche de leur incompétence. Je ne suis pas musicien mais il me semble que ce serait déjà une bonne chose si on pouvait nous proposer un minuscule répertoire de chants parmi les mieux connus, peu importe que ce soit depuis l’enfance, peu importe qu’ils les aient déjà chantés un bon millier de fois, peu importe qu’on ait à y revenir chaque semaine.

La répétition ne pose aucun problème au bon peuple. En fait, seuls les spécialistes y rechignent car, éduqués qu’ils sont à une culture musicale de la performance-spectacle, ils se font, à tort, un devoir de la perpétuer au sein de l’Eglise. Ils ne se sont pas faits à l’idée que la messe est une pratique rituelle, toute de répétition, celle-là même qui, dans l’exécution, amène la perfection souhaitée. Seule cette dernière donne à chacun la satisfaction de contribuer parfaitement à l’acte collectif et lui fait alors éprouver le sublime sentiment de trouver pleinement sa place parmi ses semblables, dans une émotion et une foi unanimement partagées.

On pourrait ensuite envisager de changer tout au plus un chant d’une année sur l’autre, si le besoin s’en faisait sentir et surtout pas par principe car, encore une fois, la messe est un rituel auquel la répétition est non seulement inhérente, elle est absolument nécessaire. Autrement dit, que ce soit en agissant, comme je le propose au niveau du répertoire, mais aussi par tout autre moyen approprié, il faudrait que cesse au plus vite cette mise en situation d’« échec vocal » des fidèles qu’amène fatalement l’introduction de chants nouveaux inutilement compliqués qui intimident et font perdre l’allant sans lequel il ne saurait y avoir d’enthousiasme, cad, très précisément, et étymologiquement parlant, ce à quoi la messe a vocation.

Je comprends qu’il s’agirait ni plus ni moins que d’une (contre)révolution dans la pratique musicale liturgique mais quand on s’est égaré, il convient généralement de rebrousser chemin. La beauté de la chose est que le véritable changement intervient seulement lorsqu’on cesse de vouloir changer sans cesse.

Il me semble que loin d’avoir à abandonner leur créativité, les musiciens pourraient, comme tous les éducateurs qui se respectent, la consacrer à amener les fidèles à la réussite, et même l’excellence, par la sélection puis la pratique de chants simples, connus de tous et parfaitement maîtrisés grâce à ce maître patient et irrésistible qu’est l’entraînement.

La mise en œuvre d’une telle perspective ne serait pas une mince affaire mais cela aurait, je crois, infiniment plus de sens que d’entretenir un décorum sonore de plus en plus formel, sans beauté et sans émotion qui, au lieu de les y porter, laisse les fidèles à la porte de l’extase — c’est-à-dire l’état d’abandon de soi — dans laquelle l’Eucharistie devrait être vécue.

 



61 réactions


  • charlyposte charlyposte 17 février 2023 13:31

    Une cigale me souffle à l’oreille que chanter est important pour l’avenir de ma descendance !!! smiley


  • Attila Attila 17 février 2023 13:54

    Le problème est évident lors de cérémonies comme les mariages et les enterrements : un désastre. C’est pour cela qu’on n’y entend plus que de la musique enregistrée.

    A l’heure d’internet, il est quand même possible de publier des paroles et des fichiers sons pédagogiques.

    De plus, les vieux se souviennent peut-être qu’il n’y a pas encore si longtemps, toute réunion de famille ou amicale donnait lieu à des chants où une personne se levait et le refrain était repris en chœur par l’assemblée.

    Aujourd’hui, celui qui est encore capable de chanter est vu comme une bête curieuse. On a l’impression de déranger.

    .


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 17 février 2023 14:04

      @Attila

      Oui, bien vu. Nous ne savons plus chanter spontanément. J’ai écrit cet article poussé par le souvenir d’un car d’espagnols rassemblés sur une grande table dans un bar à vins & bières à Vienne, en Autriche.
      Au milieu du brouhaha ils se sont mis à chanter tous en choeur un chant populaire et tout le monde a fait silence pour les écouter. C’était à en avoir le frisson et je n’ai jamais oublié ça, cette puissance du chant à l’unisson.


  • Montdragon Montdragon 17 février 2023 14:07

    Luc-Laurent Salvador,

    la France du milieu, moyenne, n’est pas réputée pour ses chants polyphoniques.

    Et aucune éducation musicale n’est envisagée contre ce désastre.

    Ex simple, voyez un stade de foot/rugby français et anglo-celto-saxon : ils peuvent chanter 6 ritournelles en chœur, les français non.


  • alinea alinea 17 février 2023 15:50

    t


    Le tonnerre sort en grondant de la terre :

    Image de l’ENTHOUSIASME.

    Ainsi les anciens rois faisaient de la musique pour honorer les hommes de mérite

    et ils les amenaient dans la magnificence au Dieu suprême,

    en invitant leurs ancêtres à la cérémonie.

    Quand au début de l’été, le tonnerre, l’énergie électrique, sort de la terre en grondant, et que le premier orage rafraîchit la nature, une longue tension prend fin, la clarté et la joie s’instaurent. De même la musique a le pouvoir de dissiper dans les cœurs la tension, effet des sentiments sombres. L’enthousiasme du cœur s’exprime spontanément dans le chant, la danse, les mouvements rythmiques du corps. Depuis toujours, la vertu exaltante des sons invisibles qui émeuvent et unissent les cœurs des hommes a été ressentie comme une énigme. Les souverains mettaient à profit ce goût naturel pour la musique. Ils le rehaussaient et l’ordonnaient. La musique était regardée comme une chose grave et sainte, devant servir à purifier les sentiments des hommes. Elle était destinée à célébrer les vertus des héros et à lancer ainsi un pont en direction du monde invisible. Dans le temple, on s’approchait de la divinité en s’accompagnant de musique et de pantomimes (celles-ci ont ultérieurement donné naissance au théâtre). Les sentiments religieux envers le Créateur du monde étaient purifiés au moyen des sentiments humains les plus saints, la vénération à l’égard des ancêtres. Ceux-ci étaient invités à ces services divins en tant qu’hôtes du Seigneur du ciel et représentants de l’humanité dans ces régions supérieures. En unissant le passé humain et la divinité en de solennels moments d’émotion religieuse, on scellait le lien entre la divinité et l’humanité. Le souverain, qui honorait la divinité dans ses ancêtres, était par là le Fils du Ciel en qui le monde céleste et le monde terrestre entraient mystiquement en contact. Ces pensées constituent le résumé ultime et suprême de la civilisation chinoise. Confucius a lui-même déclaré au sujet du grand sacrifice au cours duquel ces rites étaient accomplis : « Celui qui aurait pleinement compris ce sacrifice pourrait gouverner le monde comme s’il le faisait tourner dans le creux de sa main "

    Cela ne se veut pas Luc-Laurent ; si ya pas ya pas : la spiritualité ne se joue pas, elle se joue des artifices.


    • alinea alinea 17 février 2023 15:52

      @alinea
      désolée pour toute la liste d’idéogrammes que je n’avais sur ma page !!


    • Gollum Gollum 17 février 2023 16:10

      @alinea

      C’est la version de Richard Wilhelm ça non ? smiley


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 17 février 2023 16:53

      @alinea

      Merci pour cette entrée en matière théâtrale. J’ai appris la calligraphie chinoise récemment, ça m’a bien plu mais la morale de l’histoire ne m’est pas apparue très claire :

      « Cela ne se veut pas Luc-Laurent ; si ya pas ya pas : la spiritualité ne se joue pas, elle se joue des artifices. »

      J’y vois comme une contradiction avec le texte qui dit suffisamment l’importance du chant, du rythme, de la musique, bref tout ce qui pourrait sembler un artifice au regard de la spiritualité.

      La base de la spiritualité c’est la foi en un plan supérieur qu’on tient pour la réalité opposée à un ici-bas où l’illusion est reine. Il n’est rien qui porte mieux à la spiritualité que le fait de baigner dans un collectif qui sait se mettre à l’unisson pour clamer sa foi en cette réalité.

      Je maintiens que, dans ces conditions, le chant collectif, à l’unisson est propice à la spiritualité. Certes, la religion qui s’en tient aux rites a surtout la fonction de canaliser le bon peuple, elle le met sur la voie, libre ensuite à celui qui veut marcher vite d’aller de l’avant dans la spiritualité. Il n’y a aucune contradiction.


    • alinea alinea 17 février 2023 17:51

      @Luc-Laurent Salvador
      C’est parce que tu dis que pour qu’il y ait chant il faudrait tout un tintouin de recettes ! nos concitoyens anciens chantaient sans besoin de rien et donnaient tout d’eux pour cette fusion d’Enthousiasme.
      S’il y a l’enthousiasme, pas besoin de « trucs », tu comprends ?
      S’il y a besoin d’imaginer des biais pour que... on n’est plus dans l’authentique, on est plus dans le vrai, on n’est plus dans la spiritualité !!
      Autant laisser tomber !
      La spiritualité est juste notre qualité spécifiquement humaine qui nous relie au grand Tout ; ce n’est pas qu’une affaire personnelle ; mais bon, entre l’hystérie des concerts des Pink Floyd, et le chant des mémés le dimanche à l’église, il y a un moyen terme ; pas moyen, mais autre chose ; l’enthousiasme pas l’envoûtement ; la puissance du commun, pas le pensum !!!!
      En tout cas, les chants russes m’ont donné envie de m’exiler en lieux saints, de ne plus voir du monde que le beau ; et j’ai pensé que, si ça se trouve, Poutine est le seul homme d’État à vivre sa spiritualité. À posséder cet qualité humaine définitivement perdue en occident.


    • alinea alinea 17 février 2023 18:39

      @Gollum
      Oui je pense, c’est celle que j’ai en livre ; je l’aime bien, pas toi ?


    • Gollum Gollum 17 février 2023 18:57

      @alinea

      Si, si elle est bien... Je préfère la version de Cyrille Javary mais bon... Il me semblait juste avoir reconnu le texte.. smiley


    • alinea alinea 17 février 2023 20:05

      @Gollum
      Je ne la connais pas.
      J’ai trouvé sur le net un site Yi KIng : infinitao ; tu tires ton YI KIng en cliquant ( bonjour l’ambiance concentrée des baguettes d’achillée , bon chez moi c’était des baguettes de bambou voire de cannelles, cannes de Provence ), mais, stupeur, une intelligence dans l’interprétation, actualisée aux faits d’aujourd’hui, qui ne s’est pas démentie, chaque fois que je l’utilise !
      Les mecs qui ont fait ça sont vraiment hyper forts !
      Tu me diras ce que tu en penses si tu as la curiosité vraie, à propos d’ une question vraie à poser .


    • alinea alinea 17 février 2023 20:09

      @Luc-Laurent Salvador
      Plus simplement, il y a une spontanéité, une authenticité dans les chants communs qui, si elles sont perdues ne se rattrapent pas avec du rafistolage, du volontarisme et de la « maîtrise » !!


    • SilentArrow 18 février 2023 09:35

      @alinea
       

      En tout cas, les chants russes m’ont donné envie de m’exiler en lieux saints, de ne plus voir du monde que le beau ; et j’ai pensé que, si ça se trouve, Poutine est le seul homme d’État à vivre sa spiritualité.

      Pas besoin de vous exiler. Les Cosaques seront bientôt de retour en France comme en 1814. Leurs chants vont tirer la France de sa morosité et réchauffer les moëlles des frileux.
      Voici quelques exemples. C’est dans le registre religieux/patriotique/guerrier :

      Горькая моя Родина

      Stand up for faith Russian Land

      Ти ж мене підманула

      Распрягайте хлопцы коней

      Там шли два брата


    • alinea alinea 18 février 2023 11:15

      @SilentArrow
      Super, sinon je n’ai plus l’âge d’attendre mon beau cosaque !!

       smiley

    • SilentArrow 18 février 2023 12:46

      @alinea
       

      Super, sinon je n’ai plus l’âge d’attendre mon beau cosaque

      Et pour ne rien vous cacher, les belles Cosaques, c’est du tabac trop fort pour ma vielle pipe.

    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 18 février 2023 18:14

      @alinea

      fondamentalement, je suis d’accord. Mais indécrottable optimiste je veux croire qu’avec un peu de bonne volonté on peut facilement retrouver cette harmonie de groupe par le chant car elle est quasiment inscrite dans notre nature bio-psycho-sociologique, cad, dans notre anthropologie.
      Nous avons de formidables capacités de résilience sous ce rapport... smiley


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 18 février 2023 18:15

      Comme ce n’est pas très clair je précise : je parlais là de résonance. Nous sommes structurellement construits pour ça et, bon sang, ça marche ! smiley


    • Decouz 18 février 2023 18:41

      如雷贯耳

      rúléiguàněr

      Comme le tonnerre perçant les oreilles : grande réputation


    • alinea alinea 18 février 2023 20:53

      @Luc-Laurent Salvador
      Moi aussi je crois qu’on la retrouvera, mais ce sera sans le décider, car ce sont toujours « certains » qui le décident, or ça, c’est tous qui le créent ! c’est ça que je voulais dire.
      je vois partout l’artifice de garder ou recréer des trucs qui étaient évidents avant, et ça ne marche pas ! c’est vide.
      Mais je sais, ou je veux croire que c’est dans notre humanité.


  • SilentArrow 17 février 2023 15:50

    @Luc-Laurent Salvador

     

    la modernité avait — depuis Vatican II et les années yéyé — substitué une infinie variété de morceaux aux paroles, rythmes et mélodies aussi élaborés qu’inconnus de l’assemblée.

    Et des paroles plus cucul la praline les unes que les autres. Sans compter l’adoption des langues vernaculaires au lieu du latin du chant grégorien qui offrait un lien majestueux avec les siècles précédents.

    Écoutez plutôt Agni Parthene en slavon, ou la Grande Litanie.


    • alinea alinea 17 février 2023 15:57

      @SilentArrow
      Oui c’est magnifique, mais ce n’est pas le chœur de fidèles..


    • SilentArrow 17 février 2023 16:48

      @alinea
       

      Oui c’est magnifique, mais ce n’est pas le chœur de fidèles..

      C’est vrai. J’ai cherché mais je n’ai rien trouvé sur youtube.

    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 17 février 2023 17:06

      @SilentArrow

      Oui, je suis d’accord, il y a un problème avec les paroles et probablement la dégénérescence des chansons modernes y a contribué.
      Imaginez des chants d’église conçu pour la gen-Z !...

      Quoi qu’il en soit, merci pour ces morceaux magnifiques.
      Je suis convaincu que Simon & Garfunkel ont imités le premier ou, disons, ce registre.
      D’emblée ça saute aux yeux si je puis dire ! smiley


    • SilentArrow 18 février 2023 00:52

      @Luc-Laurent Salvador

      Une autre, de Géorgie, un Notre Père en araméen.


    • SilentArrow 18 février 2023 03:04

      @Luc-Laurent Salvador
       

      Imaginez des chants d’église conçu pour la gen-Z !...

      Même plus besoin de chants. Et les « fidèles » applaudissent.

    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 18 février 2023 04:41

      @SilentArrow

      Ouah ! Magnifique ! Je reste sans voix... smiley. Je pense que le Pape mesure bien ce que nous avons perdu avec la modernité...


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 18 février 2023 04:49

      @SilentArrow

      Je parlais du chant en araméen bien sûr. Pour ce qui convient à la gen-Z malheureusement, c’est un spectacle consternant qui vient confirmer à quel point l’Eglise est dans la tourmente.


  • Furax Furax 17 février 2023 17:20

    Je suis assez d’accord avec SilentArrow. La perte du latin a été un désastre. Les paroles en français sont souvent d’une niaiserie confondante. Le latin n’était pas compris mais, pour vibrer un chant collectif, il n’est pas besoin de message autre que celui de la beauté et du recueillement. Et nous étions liés dans le temps comme il le dit « avec les siècles précédents » et dans l’espace à tous les chrétiens de la planète.

    La fin du latin a coïncidé avec l’arrivée désastreuse des amplis dont l’effet est fort bien décrit par l’auteur.

    Il reste des points de résistance comme la Corse avec le rôle très particulier des confréries

    https://www.youtube.com/watch?v=gvsLquG4heU

    Mais, comme dit Alinéa, ce n’est pas el choeur des fidèles...


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 18 février 2023 05:00

      @Furax

      Je suis d’accord que le commencement de la fin a eu lieu avec la perte du latin. On a fait le choix du sens pour plonger, c’est vrai dans une certain mièvrerie et cela nous a coupé de nos racines. La chrétienté a mieux résisté en Orient, peut-être parce qu’is n’avaient pas d’ampli en effet...

      Quoi qu’il en soit, pour aller dans le sens d’Alinéa, le retour au latin serait vain à présent. Une amie a pratiqué les messes traditionnelles et elle a constaté que la perte de spiritualité n’était pas moindre en dépit de la haute qualité du rituel. Cela s’entend dans les prêches. J’en parlerai prochainement.


    • Furax Furax 18 février 2023 16:41

      @Luc-Laurent Salvador
      Oui, le latin ne suffit pas ! Je l’ai constaté dans le village Corse de ma très regrettée épouse. Il y a une trentaine d’années, un paroissien adepte de la fraternité Saint Pie X avait obtenu qu’un prêtre traditionaliste, vienne de temps à autre dire la messe en latin. Ces dimanches là, il y avait DEUX messes au village, une « normale » et une en latin, fréquentée surtout par de grands gaillards aux larges épaules accompagnés de leurs familles : les officiers du 2ème REP de Calvi !
      J’y suis allé plusieurs fois mais, à mon goût, ça« fonctionnait » mal. Il ne suffit pas d’employer le latin, il y a une lenteur, un rythme, une solennité, que ne connaît plus un jeune prêtre de notre époque, même traditionaliste.
      Actuellement il n’y a plus de messes du tout dans ce village, l’église est déserte, le curé (Burkinabé !) ne monte plus que pour les enterrements...


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 18 février 2023 17:57

      @Furax

      Oui, c’est triste mais je crois que vous décrivez bien le tableau actuel. Quelque chose se perd et ce n’est pas que le latin... smiley


  • cétacose2 17 février 2023 18:16

    En France , on ne peut pas chanter et gueuler en même temps...


  • Bernard Dugué Bernard Dugué 17 février 2023 18:46

    Le chant est vieux de plusieurs millénaires, cf. les hymnes du Rig Veda où les pièces de Sophocle ou Eschyle pour accompagner à la dramaturgie

    Pour les fidèles qui ne savent pas chanter, il reste la prière.

    Quant à l’unité du corps christique, elle est premier lieu une communion qui sert le corps mystique et qui a été oubliée depuis des siècles


  • Pascal L 17 février 2023 22:56

    J’avais assisté au début des années 90 à un colloque à Montréal sur le chant d’Eglise où catholiques et protestants participaient. L’idée était de faire sortir un répertoire limité que tout le monde pouvait apprendre. La conclusion a été que c’était impossible à cause des éditeurs qui ont intérêt à publier un maximum d’œuvres. Chaque congrégation religieuse est abonnée à tout ce qui sort et cela suffit à assurer les bénéfices de l’éditeur. A l’époque, il était encore possible d’entendre des chorales paroissiales qui chantaient en polyphonie. Tout cela est bien fini. Je suis organiste et finalement bien content que les ventilateurs (heu, animateurs de chants) fassent appel à des guitares pour l’accompagnement. Comme personne ne chante, nous pouvons encore les entendre et de toutes façons, elles sont amplifiées. Autrefois j’intervenais systématiquement à l’offertoire et à la communion avec un morceau du répertoire et cela s’est également terminé devant l’omniprésence de ces chants inutiles. Ils peuvent bien continuer sans moi. De toutes façons, j’ai un orgue (à tuyaux) à la maison.


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 18 février 2023 18:06

      @Pascal L

      Merci pour ce témoignage de première main qui confirme donc le tableau d’ensemble. Pour ce qui est du chant au moins, tout part à vau l’eau. Et si je suis surpris (car je ne le savais pas) je ne le suis pas trop quand même en découvrant que l’aspect financier (pour les éditeurs) est une des causes du trouble.
      Quel dommage quand même la perte de l’orgue.
      C’est vrai que cet instrument « en impose »...
      ça fait une éternité que je n’en ai pas entendu !
      Je vais me refaire Koyanisqatsi... smiley


  • Le chant stimule le nerf vague et quand le nerf vague est stimulé en général tout va pour le mieux .

    Mais il faut aussi pratiquer la marche , le yoga ..... !

    Seulement si un nerf vague intelligemment stimulé contribue à une bonne santé malgré tout la vie n’est pas éternelle , le vieillissement est la marque extérieure du début de la fin , n’est ce pas Brigitte Mac.. . ../ 


  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 18 février 2023 12:32

    La question de l’amplification dans un lieu clos est toujours un problème. Les problèmes de réverbération , de la masse du public attendu qui tend à atténuer , du lieu etc ...Le mieux est d’avoir une bonne oreille le concert commencé , dans le public pour indiquer les réglages a faire.


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 18 février 2023 18:11

      @Aita Pea Pea

      Bien d’accord sur le fond : il y a besoin de réglages. Et ils ne sont jamais faits. D’où l’orage sonore et les sons stridents ou assourdissants qu’on a presque à chaque fois.


    • Attila Attila 18 février 2023 18:35

      @Luc-Laurent Salvador
      Il y a aussi des ingénieurs du son qui deviennent légèrement sourds et ne se rendent pas compte du volume sonore de leur installation.


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 18 février 2023 19:21

      @Attila

      Possible mais comme de toute façon ils n’officient pas à la messe, leur surdité n’est pas en cause smiley


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 18 février 2023 19:36

      @Luc-Laurent Salvador
      Bonsoir. Perso je l’ai fait lors de petits concerts niveau associatif ou café-concert. Je me mets dans le public et remonte l’info au niveau table de mixage ou direct aux musiciens.


  • Decouz 18 février 2023 19:00

    Même les non-croyants ont remarqué la perte musicale depuis Vatican II avec l’abandon des anciens cantiques qui étaient populaires et relativement mélodieux, qui ne sont plus chantés que par les intégristes.

    Une remarque toutefois : l’adoption de la gamme tempérée à la Renaissance, si elle a permis de nouvelles possibilités musicales, jeu avec instruments dont les notes sont fixes et non modulables (à la différence par ex du violon ou de la voix humaine), comme le piano, modulations, harmonies etc ne possède plus la justesse mathématique de la gamme naturelle qui reste celle du chant grégorien et des gammes orientales.


    • Pascal L 18 février 2023 19:42

      @Decouz
      La gamme tempérée que nous utilisons aujourd’hui ne s’est imposée qu’au milieu du XIXème siècle. On a utilisés auparavant des « tempéraments » inégaux allant du très inégal (jusqu’à la fin du XVIIème siècle) au presque tempéré. L’apparition de la polyphonie a été accompagné d’une mise en valeur des tierces pures alors que c’étaient plutôt les quintes pures qui étaient utilisées avant. 
      Il n’y a pas vraiment de gamme naturelle puisque si nous passons d’une quinte pure à l’autre pour revenir sur la note de départ (do sol re la...), nous nous trouvons complètement décalé en arrivant. Il faut donc rattraper le décalage. Les voix ont tendance à s’auto-accorder pour garder la pureté des intervalles. Ce n’est pas possible avec un instrument à fréquences fixes. Les gammes orientales utilisent des tempéraments inégaux, mais aussi beaucoup d’altérations qui se situent entre les notes de la gamme. C’est pour créer ces altérations que Nassim Maalouf (le père d’Ibrahim) a ajouté un quatrième piston à la trompette.

      Quand au chant Grégorien, il n’est pas réservé aux intégristes, mais il est déplus en plus difficile de l’entendre, en dehors de quelques monastères, en particulier les Bénédictins qui suivent la règle de Solesmes.


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 18 février 2023 19:48

      @Pascal L
      Voilà. Le piano bien tempéré de Bach n’est pas un titre , mais une indication musicale.


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 18 février 2023 19:54

      @Aita Pea Pea
      Oups ...le clavier.


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 18 février 2023 20:19

      @Glosspan
      Vais pas me mettre à expliquer ce qu’est la tempérance en musique...je l’ai fait il y a des années ici avec Deneb et c’est chiant , mais passionnant pour les amateurs d’harmonie. Pis faut faire un peu de maths . Tchao.


    • alinea alinea 18 février 2023 20:48

      @Aita Pea Pea
      La tempérance a peut-être un peu abîmé l’harmonie, tu ne crois pas, on va dire consensus et harmonie adieu sensations et érection, des poils.
      Mon piano n’est pas bien tempéré, j’ai la prétention de croire que s’il l’était mes impros n’auraient aucun intérêt... !


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 18 février 2023 21:05

      @alinea

      Salut. Bah norme ou convention pour permettre en un morceau de passer d’une tonalité a l’autre. La différence entre instruments bloqués ou non bloqués ( le déplacement de la viole de gambe par le violoncelle est un exemple ). C’est pourquoi il fallait une norme instrumentale pour aller plus loin . Ceci dit le baroque avec les instruments d’époque , je fond.


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 18 février 2023 21:33

      @Glosspan
      Voilà. Passer d’une tonalité a l’autre était impossible sans reaccordement des instruments qui en sont capables , et changement des autres ( imagine les cuivres ou les bois )...bref fallait évoluer quitte à tricher.


    • Pascal L 19 février 2023 18:00

      @Aita Pea Pea
      Oui, le clavier, mais l’accord n’est pas encore le tempérament égal que nous connaissons aujourd’hui. Il est amusant de noter que le tempérament utilisé par Bach est indiqué sur la page de couverture. Les boucles dans le dessin indique le nombre de battements. Dans les reconstitutions qui ont été faites, on a pensé à un tempérament basé sur les quintes comme ce qui était habituellement pratiqué sur les orgues que Bach jouait, mais on s’est aperçu plus tard que cela marchait beaucoup mieux avec les tierces comme dans la musique française... Les 24 tonalités du recueil passent toutes très bien avec ce tempérament. Un tempérament égal n’est pas nécessaire.


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 19 février 2023 19:31

      @Pascal L
      Bonsoir et merci. Vous devriez nous faire un papier là dessus.


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