mardi 4 août 2015 - par Claude Courty

Quid de COP 21 ?

À la veille de COP 21, il convient de rappeler combien l'avenir de notre planète est entre nos mains, bien au-delà de ses conditions climatiques. Les problèmes majeurs qui sont posés à l'humanité ne sont-ils pas en effet le résultat de l'aveuglement et du manque de courage des responsables de tous les pouvoirs ? Il suffit pour s'en rendre compte de considérer leur mutisme obstiné à propos d'une population mondiale passée, en un peu plus d'un siècle, de 1 à 7 milliards d'êtres humains et continuant de proliférer. Car qui consomme, détruit, dégrade, et pollue, sinon ces êtres humains, alors que leur multiplication se complique de l'abolition des frontières et des distances résultant d'un progrès et d'une mondialisation accélérée ?

Chacun peut se prendre à rêver à l'harmonie et aux réels bienfaits d'une croissance qu'une régulation de cette population eut pu assurer à l'humanité, pour des générations. Au lieu de cela, notre planète est devenu le théâtre de désordres, de violences et de gaspillages augmentant sans cesse et se généralisant.

Les peuples et les classes sociales en sont à former un tout hypertrophié, dans lequel les individus ayant le moindre statut social font figure de nantis. Un peuple de miséreux, auxquels la notion de revenu est étrangère, erre d'un continent à l'autre ou s'entasse dans des bidonvilles et des camps de réfugiés pour former un nouveau sous-prolétariat. Socrate doit en remuer dans sa tombe, lui qui prévoyait déjà que le nombre de citoyens dans la cité poserait problème. Toujours est-il que modernes damnés de la terre, êtres humains inférieurs soustraits au double asservissement de l'industrie et de l'économie modernes, les nouveaux miséreux sont les laissés pour compte d'un matérialisme partout triomphant. Mais ces sous-prolétaires sont-ils les victimes de notre avidité, de notre imprévoyance, ou d'une fatalité ?

Ils ne sont en tout cas pas les seuls à en souffrir. Une pauvreté moindre se développe, puisant ses effectifs dans les classes moyennes pour augmenter le nombre de pauvres n'allant pas jusqu'à être qualifiés de "profonds". Là encore la question se pose : fatalité ?

Car la fatalité existe. Notre vieillissement, bien des maladies, nos antécédents, les cataclysmes naturels et bien d'autres événements sont là pour nous le rappeler, à tous les instants de notre existence qu'elle est inscrite dans la structure irrévocablement pyramidale de la société. C'est l'un des mérites de l'homme que de la reconnaître afin de lutter contre elle, quelles que soient les chances de la vaincre, plutôt que de la nier, que ce soit par vanité ou par crainte. Prendre conscience de la fatalité, là où elle se manifeste, ce n'est pas s'y soumettre mais commencer à agir contre elle, en évitant de le faire à la manière de ces insectes prisonniers derrière la vitre à laquelle ils se cognent obstinément pour retrouver leur liberté. C'est aussi refuser l'attitude de l'autruche se cachant pour échapper à ce qui l'effraie. C'est encore dépasser la résignation et cette désespérance qui ne font qu'aggraver la gangrène de la misère.

Outre les luttes sociales – aux résultats dérisoires, comparés à ce qu'ils ont coûté et à une insatisfaction qui perdure –, la conscience et la compassion d'une société qui n'a jamais été aussi opulente se manifestent par des politiques et avec des moyens tant publics que privés toujours distancés. Pour qu'il en soit autrement, ne faudrait-il pas avoir la vision d'une situation et d'un destin communs lucide, et non pas déformée par des croyances et des idéologies ayant fait pendant des siècles la preuve de leur impuissance ?

Quand la population du globe est en voie de dépasser les 11 milliards d'individus selon les dernières prévisions de l'ONU http://esa.un.org/unpd/wpp/Publications/Files/Key_Findings_WPP_2015.pdf, alors que l'humanité n'a jamais produit ni accumulé autant de richesses, le chômage, la pauvreté et les violences qui en sont l'aboutissement n'ont jamais été aussi préoccupants. Dans quelle mesure cette situation et son évolution sont-elles en relation, ici avec le nombre, là avec le surnombre ? Si les démographes sont dans leur rôle en se montrant statisticiens plutôt que sociologues, ils sont souvent d'une neutralité, voire d'un optimisme, méconnaissant les effets néfastes d'une dynamique des populations vantée comme condition première du progrès. Par ce principe sacralisé, et certaines pratiques aberrantes – dont l'une des plus emblématiques est l’ukase idéologique interdisant de prendre en compte des données à caractère ethnique, religieux, etc. dans les études menées en son nom –, la démographie renseigne bien peu sur l'avenir qualitatif de la vie sur terre. Et ce n'est pas la promesse d'une transition démographique qui y changera quoi que ce soit, compte tenu du niveau mondial de peuplement d'ores et déjà atteint.

« Que savons-nous de la pauvreté [démographie qualitative] dans le monde ? ». Ainsi s'interrogeait le philosophe Thomas Pogge (Columbia University, New York) en 2006, doutant de l'efficacité des instruments employés par la Banque Mondiale pour la mesurer à l'échelle planétaire.

À en juger par la bataille de chiffres à laquelle continuent de se livrer les experts, notre savoir a-t-il évolué depuis ? Il est permis d'en douter en lisant la déclaration du millénaire de la même Banque Mondiale, qui énumère comme suit les huit objectifs de sa lutte contre l'extrême pauvreté :

« 1 - Les huit ODM listés ci-dessous guident les efforts de presque toutes les organisations travaillant dans le domaine du développement et sont devenus un cadre communément accepté pour mesurer les progrès en matière de développement : Réduire l’extrême pauvreté et la faim

2 - Assurer l’éducation primaire pour tous

3 - Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes

4 - Réduire la mortalité infantile

5 - Améliorer la santé maternelle

6 - Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies

7 - Préserver l’environnement

8 - Mettre en place un partenariat mondial pour le développement »

Quels qu'en soient les résultats aujourd'hui – dont il est permis de penser qu'ils sont autant sinon davantage un partage de la pauvreté que de la richesse –, n'est-il pas significatif qu'aucun de ces objectifs ne fasse clairement et directement référence à la démographie ? Si les objectifs 2 & 3 peuvent donner lieu à une interprétation qui en tient compte, dans le sens où une meilleure éducation et l'autonomisation des femmes – à commencer par celles qui sont concernées par la polygynie – pourraient les conduire à prendre conscience du sort réservé à leur progéniture, il ne s'agit là que de mesures dont les résultats ne peuvent se situer que dans le long terme. Résultats d'ailleurs aussitôt contrebalancés par ceux d'actions ayant pour effet contraire d'augmenter la population. Cf. objectifs 4, 5 & 6.

Tout aussi significatif est le fait qu'en janvier 2012, parmi les thèmes cités comme étant abordés sur son site Internet, la Banque Mondiale ne fasse pas la moindre mention de la démographie et a fortiori de son éventuel contrôle. Voir : http://donnees.banquemondiale.org/a-propos/objectifs-de-developpement-pour-le-millenaire.

Et pourtant :

« Si nous continuons dans cette voie, si nous ne faisons rien pour enrayer l'accroissement de la population, nous allons en payer le prix, nous allons nous retrouver dans un monde surpeuplé. La démographie a un impact sur le développement économique, sur l'environnement et sur les ressources de la Terre qui sont limitées. » - Kofi Annan, Secrétaire général des Nations Unies (1997 - 2006)

« L’effort à long terme nécessaire pour maintenir un bien-être collectif qui soit en équilibre avec l’atmosphère et le climat exigera en fin de compte des modes viables de consommation et de production, qui ne peuvent être atteints et maintenus que si la population mondiale ne dépasse pas un chiffre écologiquement viable. » - Rapport 2009 du Fonds des Nations Unies pour la Population.

Est-ce trop espérer, que COP 21 manifeste une prise de conscience de nos problèmes démographiques, en inscrivant leur examen à son ordre du jour ? L'homme, qui se soucie de protéger certaines espèces en cherchant à équilibrer leurs populations, ferait bien de commencer par celle à laquelle il appartient.



4 réactions


  • MagicBuster 4 août 2015 15:30

    LA FIN PROGRAMMEE DE LA DEMOCRATIE ( http://www.syti.net/Topics2.html )

    1 - Le pouvoir a déjà changé de mains
    2 - L’illusion démocratique
    3 - La disparition de l’information
    4 - Stratégies et objectifs pour le contrôle du monde
    5 - Les attributs du pouvoir
    6 - La vraie réalité de l’argent
    7 - Le point de non-retour écologique
    8 - La destruction de la nature

    9 - Les alternatives de la dernière chance
    10 - 2000 ans d’Histoire


    • Claude Courty Claudec 4 août 2015 15:57

      @MagicBuster


      Très intéressant ... pour ce que j’ai pu en comprendre, car ce texte mauve sur fond noir m’est hélas difficilement lisible.

      Si vous êtes l’auteur de ce site (ce que je crois comprendre) invitation à visiter, à titre de réciprocité, http://claudec-abominablepyramidesociale.blogspot.com

    • doctorix, complotiste doctorix 4 août 2015 19:41

      @MagicBuster

      J’ai retenu ça, qui est sidérant :

      Par exemple, chez les grands constructeurs automobiles, une voiture est produite en une journée de travail (soit en 8 heures) par 20 salariés (y compris le travail des commerciaux et le travail inclus dans les fournitures et les équipements de production utilisés). Le salaire journalier de chaque salarié devrait donc être égal à 1/20è du prix de la voiture, soit 1000 euros si la voiture vaut 20.000 euros. Ce qui fait un salaire mensuel théorique de 22.000 euros (sur la base de 22 jours travaillés par mois). Pour la plupart des salariés, on est très loin du compte.

      Lorsqu’un salarié occidental donne 10 heures de son temps, il reçoit seulement l’équivalent d’une heure. Pour un salarié du Tiers Monde, le rapport tombe à 1000 heures contre une.

      Ce système est la version moderne de l’esclavage.

      (Même si l’auteur semble avoir oublié le prix des matériaux, qui, il est vrai, est constitué aussi de beaucoup de main d’oeuvre))

      Si on prend d’autres chiffres dans votre lien, on comprend comment General Motors, avec 178.2 milliards de dollars, a un CA plus important que le PIB de nombreux pays, dont le Danemark, la Thaïlande, la Norvège, la Pologne et l’Afrique du Sud.



  • Le421... Refuznik !! Le421 4 août 2015 20:55

    COP21...

    Un « machin » de plus pour que les puissants fassent bonne figure et se décernent des brevets de bonne conduite.
    Minée par les lobbies industriels, l’écologie mondiale est moribonde.
    La survie de la planète est conditionnée par la réflexion de milliards de personnes qu’une poignée de « fouteur de bordel » maintiennent ou plongent dans une bêtise crasse.
    Faire passer une pointe de 140 par le chas d’une aiguille serait plus facile...

    Tant que ça ne pètera pas pour de bon, rien ne changera.
    Obama s’attaque aux centrales à charbon ? Les Républicains (ces connards) sont vent debout !!
    Moitié parce qu’ils saquent automatiquement Obama, moitié parce qu’ils ont peur de perdre un peu de leur sang, leur précieux, leur pognon.
    Qu’ils crèvent « tubar » en bouffant des salades de billets verts.


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