Rappeler ses responsabilités à un journaliste, est-ce le menacer ?
Le tacle de Rima Hassan contre BFM fut interprété par beaucoup d’intervenants intéressés comme une menace insupportable, mais peut-être devrions-nous aider ces gens à compléter leur culture avec l’histoire de Julius Streicher.
Cela n’empêchera pas, ceux intéressés de jeter la pierre, mais remettra l’église au centre du village. La propagande de guerre commande de discréditer les opposants et le tacle de Rima Hassan qui rappelait à BFM les louanges reçues des officiers de communication israélien devait être contré.
L’élément de langage fut une comparaison facile avec Charlie Hebdo, mais cette lecture intéressée en masque une autre.
Rappelons que nous parlons d’un conflit où l’Afrique du Sud a engagé une instance pour obtenir sa qualification en génocide et que les cours ont globalement validé les premières étapes de la procédure. Donc, les éléments portés à la connaissance de la cour ont semblé suffisamment solides pour ne pas rejeter la demande !
Si l’incrimination de génocide est retenue, alors nous entrons dans le cadre d’une justice pour génocide et donc celui du procès de Nuremberg. Peut-on alors menacer des journalistes de suites juridiques sur cette base ?
La loi française prohibe l’apologie du crime contre l’humanité, ce que seront les opérations israéliennes si la procédure de l’Afrique du Sud prospère.
article 24, alinéa 5, de la loi du 29 juillet 18811 :
« Seront punis de la même peine [cinq ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende] ceux qui... auront fait l'apologie des crimes visés au premier alinéa, des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité, des crimes de réduction en esclavage ou d'exploitation d'une personne réduite en esclavage ou des crimes et délits de collaboration avec l'ennemi, y compris si ces crimes n'ont pas donné lieu à la condamnation de leurs auteurs. »
Donc, potentiellement, si la justice décidait de juger sur cette base et le brevet de vertu accordé par ce colonel israélien à BFM pourrait soudain se muer en un terrifiant élément à charge.
Le tacle de Rima Hassan peut être parfaitement interprété de cette manière. Curieux, BFM semble incapable d’y penser !
Nous sommes encore dans le cadre de lois existantes, connues et promulguées, mais la base légale du procès de Nuremberg fut différent : Le tribunal a condamné en affirmant que certains crimes sont si horribles que la loi n’est pas nécessaire, l’accusé devait connaître sa responsabilité à priori.
L’argument ouvre l’interrogation sur les crimes si horribles dont l’accusé doit avoir connaissance. Le métier de journaliste étant d’être informé, par définition il ne peut pas prétendre à l’ignorance. Reste la question : Le journaliste est témoin de son temps et non acteur. Impossible de lui reprocher d’avoir largué des bombes ou commis des crimes.
Seulement, le procès de Nuremberg a répondu à la question et condamnés Julius Streicher2 pour ses écrits antisémites considérés comme facteur ayant contribué aux crimes nazis.
Les journalistes d’aujourd’hui, avec leur propagande cochent la case, tant ils s’intègrent à la propagande de guerre. Ici Israélienne, mais doit-on parler de l’Ukraine, la Libye… et du nombre de morts associés ? L’action médiatique fut l’indispensable préalable à l’action des politiques d’agir et on pourrait considérer leur propagande comme un facteur nécessaire de ces actes.
La culpabilité médiatique est d’autant plus importante que Julius Streicher était considéré comme déséquilibré mental. Sauf cas particulier, personne n’en accuse nos journalistes. On leur reproche paresse, conformisme, lâcheté, mais pas davantage et donc leur responsabilité peut être parfaitement engagée.
Ces personnes disposent d’ailleurs d’un haut niveau de formation intellectuelle et pourraient parfaitement choisir une autre carrière. Impossible dès lors d’invoquer la contrainte et ces individus sont responsables de leurs articles ou de leurs reportages.
Autre point, avant Nuremberg il était possible de dire, je ne savais pas. Désormais, cette jurisprudence s’impose à chacun et en particulier aux journalistes auxquels la charte de Munich devrait servir de guide moral.
Comme nous le voyons, le journaliste d’aujourd’hui a beaucoup moins d’excuses pour ses errements et devrait en être tenu pour responsable à un niveau bien plus important que du temps de Nuremberg. Le propagandiste connaît son rôle dans la propagande de guerre, aujourd’hui parfaitement analysée.
Seulement, il s’imagine y échapper, car il se trouve du côté du pouvoir et si la justice sait se montrer ferme envers les zélateurs de la cause palestinienne, elle a pour les propagandistes des causes de l’empire américains les yeux de Chimène et une complaisance digne d’éloges.
Hélas, permettez-moi de vous rappeler ce film : Section spéciale au moment où les magistrats doivent condamner pour livrer aux Allemands les victimes expiatoires, l’un des juges invite ses collègues à réfléchir :
« Et si les Allemands perdent la guerre ? »
Nous connaissons la réponse : Les Allemands ont perdu et la justice se refit une virginité au moment où des magistrats ayant prêté serment de fidélité à M. Pétain ont ensuite jugé pratique de le condamner à mort sans même se déporter comme l’honneur l’eut exigé.
Rassurez-vous, nous pouvons avoir la même confiance dans la justice. Aujourd’hui les différentes instances concourent à condamner pêle-mêle : Gilets jaunes, pro palestiniens, professeur Raoult (Je sais, ce sont différentes instances avec différentes légitimités, mais le procédé demeure le même.).
La justice condamne, avec zèle, les opposants, livre au système médiatique la pâture pour ses lynchages et se montre d’une pudeur de violette avec le pouvoir en place.
Seulement, c’est aujourd’hui, demain ce pouvoir restera-t-il en place ? L’issue est incertaine, tant le système multiplie les erreurs et dans sa toute puissance déchaînée radicalise ses oppositions.
Alors, si le pouvoir actuel peut se maintenir, ses agents peuvent se rassurer, encaisser leurs salaires, ils seront choyés et promus. Fin de cet article.
Seulement, s’il ne se maintenait pas ? Alors, un nouveau pouvoir naîtrait sur les ruines du précédent et (soyons cyniques) condamner les agents trop engagés et visibles (Tiens des journalistes par exemple) constitue un moyen pratique de donner des gages à peu de frais. Dans ce cas, vous avez du souci à vous faire, car la logique historique vous désigne comme victime expiatoires.
Et pour le coup, ce serait justice comme nous l’avons vu, votre dossier est chargé. Reste l’ultime point : La société aura-t-elle intérêt à vous poursuivre ?
Voyons ce qu’en disent les conventions signées par la France :
L’espace global de l’information et de la communication, qui est un bien commun de grande valeur pour la démocratie, doit soutenir l’exercice des droits de l’Homme, en particulier du droit à la liberté d’opinion et d’expression, et notamment le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de rechercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit, conformément à la Déclaration universelle des droits de l’Homme (article 19) ;
L’espace global de l’information et de la communication, se définit donc comme un bien commun de grande valeur. Il concerne bien sur l’espace médiatique qui donc impacte le commun. En ce sens, nous subissons tous les conséquences des choix éditoriaux des médias. Si cela restait un travail d’éditorialiste assumé, alors il relèverait de la liberté d’expression assumée. Seulement ici, les journalistes œuvrent sur une propriété de l’ensemble de la population avec des moyens impossibles à concurrencer pour le simple citoyen !
Hélas ces dernières années ont montré que l’information pouvait être biaisée : L’affaire des armes de destruction massive en Irak tombe dans cette catégorie. Les massacres de Misrata en Libye, et qui n’ont pourtant pas eu lieu fondent une guerre, ou bien l’information donnée sur les inoculats covid 19 parés de toutes les vertus et exempt de tout défaut (ce que l’information officielle de Pfizzer démentira plus tard, car ils reconnaîtront ne pas avoir testé l’impact du produit sur la transmission, mais seulement sur sa capacité à produire de la protéine Spike).
Dés, lors, le texte du partenariat le démontre, le droit à la liberté d’expression fut violé, puisque le citoyen se voyait dénier la possibilité d’une information transparente. S’y ajoute la violence utilisée et encouragée par ces mêmes médias envers les hérétiques coupables de ne pas partager l’emballement médiatique du moment qui viole la liberté d’opinion.
En ce sens, les journalistes sont des acteurs politiques et non plus de simples citoyens engagés. Si cette responsabilité peut être minorée pour la presse écrite et les médias des réseaux où le citoyen a entamé des démarches pour se procurer le média, elle est plus grande pour la presse télévisuelle, asymétrique par nature.
Les choix politiques effectués sous cette pression médiatique peuvent donc être considérés comme contraints et forcés et si les médias possèdent ce pouvoir, alors, ils doivent aussi être comptables de conséquences !
Il ne s’agit pas ici de brider la liberté d’expression, mais de responsabiliser des individus placés en possession des moyens d’un monopole. Chacun reste libre de ses propos à la ville ou dans un cadre privé, voire à la tribune d’un parti politique qui invite à un de ses événements.
Seulement, cette liberté cesse au moment où vous entrez sur un plateau de télévision et avez la possibilité d’influer sur le débat public !
Remarquez le bien, nous venons de réinventer les fondements doctrinaires de l’ARCOM, mais si la doctrine est saine, la pratique ne l’est pas et ses membres tombent sous le coup d’une réprobation égale ou supérieure à celle méritée par les médias tant elle use de ses pouvoirs dans un but que je trouve partisan.
Sa construction même est viciée et donner à une autorité administrative des pouvoirs de sanction crée un monstre. Seule la justice, via un jury citoyen devrait pouvoir prendre connaissance et juger les crimes médiatiques. L’ARCOM devrait à minima être réduite au rang de signaleur et non de juge.
Ces réformes effectuées, il restera alors à juger le passé, notre présent. Nous l’avons vu, les fondements sont nombreux et forment au moins la base d’un cas.
La difficulté sera d’éviter le lynchage dans un contexte où il est probable que les conséquences négatives de toutes les politiques prônées par nos médias et forcées dans le débat public apparaîtrons au même moment en pleine lumière. Rejet par le monde, appauvrissement généralisé et autres créeront un climat délétère.
Le nouveau pouvoir aura intérêt à projeter l’ensemble en pleine lumière pour se dédouaner des difficultés qu’il affronte. La relative clémence de l’épuration de 45 ayant conduit au retour des mauvaises habitudes deux générations plus tard ; cette fois-ci, le balancier ira sûrement dans l’autre sens.
Alors, comme le dit Rima Hassan vous paierez !
Il conviendra juste de nous montrer terriblement exigeants sur la précision des modes de condamnation. Jury, appel, des textes de lois clairs avant les procès (Même s’ils contiendrons forcément un certain droit rétroactif), ces garanties formelles seront nécessaires pour préserver la légitimité du nouveau processus.
Ainsi, baigné d’honneur, il pourra entrer dans les mœurs et les condamnations prononcées serviront cette fois (Espérons-le) de garantie contre le retour de tels errements dont notre pays baigné de culture courtisane n’est que trop coutumier !