Religion et PMA
Religion et PMA. Il sera question dans cet article de la raison fondamentale qui fait que les croyants n'aiment pas trop la PMA. Alors histoire de ne pas donner la réponse tout de suite, je vous propose de faire d'abord le tour des fausses raisons.
Tout d'abord, parce que la vie c'est sacré. En effet on oublie trop souvent que pour faire une bonne procréation médicalement assistée, il faut souvent générer de nombreux embryons pour maximiser les chances de survie ou optimiser le capital génétique de l'embryon sélectionné, l'élu.
Du coup, quid des embryons surnuméraires ? Ils sont congelés, ou éliminés. Or, l'Église catholique qui a étudié l'affaire est formelle : la vie est déjà dans l'embryon. Donc, si la vie est sacrée il faut évidemment la protéger. Et puis, n'y a-t-il pas un commandement qui dit : "tu ne tueras point" ?
Le problème, c'est que cette sacralité est à géométrie variable, il y a déjà eu et il y aura sans doute encore des guerres de religion, et Jésus lui-même, même s'il rappelle que celui qui vit par l'épée périra pas l'épée, ce Christ lui-même ne condamne pas la violence pouvant entraîner la mort, il ne dit pas que c'est mal. Au contraire, il trouve dans les paroles d'un centurion plus de foi qu'en on rencontre dans les dires de religieux.
Alors par sacré on peut entendre à ne pas marchander. Et la PMA étant un étape supplémentaire vers la GPA — gestation pour autrui — il est clair qu'elle mène à la marchandisation des enfants. Et si la vie est sacrée, il est clair qu'on ne peut la vendre. C'est d'ailleurs l'une des rares fois où le Christ use de violence physique lorsqu'il chasse les marchands du temple. Mais là encore le problème pour Jésus n'est pas ce qui est vendu, mais l'endroit où c'est fait.
Alors oui, on peut considérer que le ventre de la femme est en temple, et qu'on ne peut pas y faire n'importe quoi. Ça se tient, mais ce n'est pas là où je voulais en venir. D'autant plus que si le temple est dédié à Dieu par ceux qui l'ont construit, la femme, elle, peut dédier son ventre à qui elle veut, y compris à elle-même, elle dispose d'un libre-arbitre.
D'ailleurs de nombreux observateurs ont remarqué que la PMA puis la GPA nous rapprochent d'une sorte de retour à l'esclavagisme, esclavagisme pour la mère porteuse dans le cas d'une GPA, tendance esclavagiste pour l'enfant, privé de la figure protectrice du père dans le cadre d'une PMA sans père.
C'était d'ailleurs le discours des poissons roses lors de la dernière manif pour tous : on peut être socialiste et chrétien, et justement le progrès social doit nous rapprocher de la liberté, et non nous en éloigner. Le problème c'est que de nombreuses femmes voient la PMA, voire la GPA comme une possibilité émancipatrice.
Adieu les douleurs de l'accouchement, adieu le congé de maternité qui nous retarde dans notre carrière professionnelle et donc qui nous pénalise au niveau salaire. Alors bon on peut dire que de telles femmes sont un brin individualistes et matérialistes ; mais d'un autre côté si la science, le progrès technique dévoilaient un moyen pour que je puisse gagner de l'argent sans travailler, je pense que je soutiendrais politiquement les forces qui pourraient rendre cela légal, même si ce n’est pas très moral.
On a bientôt fini notre voyage, il nous reste à évoquer notamment le problème de la filiation. Mais d'après Jésus la filiation terrestre n'a que peu d'importance. Voici mes frères, voici mes sœurs, dit-il en parlant de ceux qui veulent bien l'écouter mais qui n'ont pas forcément de lien de sang avec Lui.
Avoir un père c'est mieux, mais présenter comme une malédiction le fait de ne pas en avoir ce n'est pas très juste et pas très sympa pour celles et ceux qui n'ont pas eu la chance d'en avoir.
Je ne parlerai pas ici de la filiation au sens juridique, les histoires de retranscription dans l'acte de naissance, tout ça c'est de la politique, et là nous parlons religion.
Et le Christ est formel, il faut rendre à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu. Le lien à César est politique, le lien à Dieu est religieux.
D'ailleurs dans sa vie publique le Christ ne s'est jamais opposé au puissants, aux injustices de son temps comme l'esclavage. Il disait que son royaume n'est pas de ce monde.
Le royaume de Dieu, c'est là où je voulais vous emmener, approchez, n'ayez pas peur.
Il y a beaucoup de pièces dans la maison de mon Père, se plaisait-il à rappeler. Dans laquelle allons-nous pénétrer ? Dans celle dont je vous ai parlé au début, celle des embryons surnuméraires. Les embryons pour sûr sont important, mais ce qui gravite autour ne l'est pas moins.
Et dans une optique religieuse, une vie est une âme qui s'incarne dans un corps. Et lorsque l'on parle de vie éternelle, on rappelle juste que si le corps peut périr, l'âme, l'Esprit de son côté ne connaît pas la mort.
Ben oui, mais cela veut dire que l'embryon surnuméraire enchaîne l'Esprit à une prison matérielle sans que cette dernière puisse lui être utile à faire l'expérience de la vie dans notre monde matériel. Car si la vie est un inestimable cadeau, il ne sert à rien si nous ne pouvons en profiter par l'expérience charnelle dans un monde matériel.
Si je peux me permettre une image, l'âme enchaînée à un embryon congelé est comme une personne cloisonnée dans un gibet en hauteur au moyen-âge. Aucune possibilité d’interaction avec l’extérieur.
La bonne nouvelle c'est que s'il y a de nombreuses chambres dans la maison du Père, il y a aussi de nombreux serviteurs qui pourront atténuer les souffrances de ces âmes qui ont essayé de d'incarner, pas au bon endroit, pas au bon moment.
C'est d'ailleurs le moment de lire la seule chose à retenir de cet article : ce qui est religieux dans le monde matériel est politique dans le royaume de Dieu. Ce qui est religieux dans le monde de César est politique dans le royaume de Dieu. Voilà, je l'ai écrit deux fois pour que vous vous en souveniez.
Reste maintenant à l'expliquer et après nous en aurons fini.
Ils sont bien gentils ces serviteurs qui atténuent les souffrances d'autrui, par des techniques qu'il ne m'est pas permis de vous dévoiler aujourd'hui, mais ils ne peuvent être à la fois au four et au moulin.
En clair cela veut dire que s'ils aident les âmes qui restent coincées entre le monde matériel et le royaume de Dieu, ils sont moins disponibles pour répondre à nos prières, pour atténuer nos propres souffrances, nous rassurer devant l'inconnu, dans notre monde bel et bien matériel.
La prière est un élément important dans la vie religieuse, et il est clair qu'elle est d'autant plus efficace qu'il y a des entités du Royaume de Dieu qui peuvent nous répondre dans nos prières. Mais si les anges et autres Esprits supérieurs sont occupés à soulager les douleurs inexprimables de ceux qui sont tombés dans des pièges tendus par notre inconscience, ils sont d'autant moins disponibles pour nous écouter, et ce sont des Esprits moins évolués, parfois plus malicieux qui captent nos émissions de pensées.
C'est pour cela que, mauvais religieux, je prie assez peu. Si je sollicite l'aide divine pour que les débats sur la PMA pour toutes soient plus dignes, que les différents partisans soient plus respectueux des positions des autres, je ne veux pas m'entendre dire qu'il faut que j'arrête de me plaindre et que j'écrive plutôt un article.