jeudi 22 février 2007 - par Le Hérisson

S. Royal, la communication vers le bas

Il est indéniable que S. Royal a de l’intuition pour la communication. En tout cas, la première période de sa campagne électorale, celle qui devait la voir désignée par le PS, l’a montré. Mais depuis décembre 2006, on dirait que quelque chose s’est cassé. Au-delà de ses « bourdes » désormais célèbres, on peut envisager également d’autres explications.

Arnaud Montebourg en tête, les socialistes commencent à tacler la presse et les journalistes. Comme s’il y avait un « acharnement » ou un complot anti-Royal. Certes, les patrons de deux grands groupes de presse, Bouygues et Lagardère, sont des amis de Sarkozy. Certes, les directeurs de l’audiovisuel public, nommés par le CSA, ont des sensibilités de droite. Mais nul ne peut ignorer que durant tout le dernier semestre 2006, Ségolène Royal a bénéficié d’une couverture presse, droite et gauche compris, exceptionnelle, avec de nombreuses couvertures dans la presse magazine et de nombreuses interviews à la télévision ou radio, alors que ses challengers en étaient réduits à un rôle de figurant. Qu’on se souvienne, par exemple, de la couverture du Journal du dimanche (groupe Lagardère) du 12 novembre, précédant le vote du PS. On y voit la photo de S. Royal occupant une bonne moitié de l’espace photographique, alors que DSK et Fabius sont en médaillon ! C’est peu dire que François Mitterrand avait partie autrement plus difficile à gagner en 1981, alors que toutes les chaînes de télévision étaient pieds et mains liés avec le gouvernement.

« Bonne cliente »

L’an dernier, Ségolène Royal faisait figure de « bonne cliente », comme on dit dans notre métier : spontanée, nouvelle, jolie, directe, bousculant le jeu des « éléphants » du PS... Mais après son investiture, le miracle s’est rompu. Peut-être faut-il faire remonter la genèse de ce malaise entre Ségolène Royal et la presse à septembre 2006. Alors qu’elle était en déplacement au Sénégal, elle a rudoyé un journaliste comme une cheftaine d’école : « le respect ! ». Le film de cet épisode s’est progressivement répandu à la télévision, dans plusieurs émissions et surtout, dans toute la profession. Elle oubliait que s’il existe une profession où l’on est habitué à se contredire, à se couper la parole, à s’échanger les arguments d’une manière vive, c’est bien (en dehors des politiques !) celle de journaliste. Du coup, la seconde face de « la dame aux deux visages », ainsi que l’ont décrite deux journalistes, occupait soudainement tout l’écran. Il est pour le moins curieux que les journalistes parisiens, notamment ceux de gauche comme ceux du Nouvel Obs ou de Libération, n’aient pas enquêté davantage sur S. Royal avant la primaire du PS. Il suffisait de venir passer un ou deux jours à Poitiers, de rencontrer ses collaborateurs et les élus proches d’elle, voire de lire deux ou trois ouvrages parus sur la présidente de Poitou-Charentes, pour tout savoir de son autoritarisme comme de son manque de conviction profonde. Aujourd’hui : renversement complet de tendance. Il suffit d’aller sur un blog comme celui de Claude Askolovitch, du Nouvel Observateur, pour s’apercevoir de l’ampleur de la déception... Désormais, l’engouement médiatique pour S. Royal semble se retourner contre elle, comme si à trop vouloir s’approcher des médias, elle s’était brûlé les ailes.

100 propositions et moi, et moi...

Une deuxième erreur commise par Ségolène Royal fut son discours de Villepinte. Le lendemain, toute la presse, même celle de droite, expliquait que l’examen avait été réussi. Avec ses « 100 propositions » pour un « pacte - quel affreux terme ! - présidentiel », Ségolène Royal voulait imiter notamment l’un de ses plus fameux mentors, François Mitterrand qui, en son temps, avait avancé 110 propositions. Mais ce faisant, la candidate socialiste a oublié l’essentiel. La première arme de la communication, c’est ce qu’on appelle un « axe » : il s’agit d’une ou de deux idées qui « positionnent » un candidat vis-à-vis des autres. C’est ce qui « marque », au sens propre comme au sens figuré, une personnalité. Tout étudiant en marketing ou en communication apprend ce principe essentiel.

Avant de formuler ses 110 propositions, Mitterrand avait choisi un axe fort, qu’il martelait sans cesse avec deux idées ! Giscard est le candidat « sortant » qui a fait augmenter le chômage, avec moi le chômage baissera... Les 110 propositions ne sont venues que bien après, pendant la campagne officielle. Ironie de l’histoire : parmi ces 110 propositions, une bonne partie, 90 % a-t-on dit, furent réalisées sauf... celles qui se rapportaient à une baisse des chômeurs ! De la même manière, J. Chirac avait choisi l’axe de la fracture sociale en 1995 et celui de la sécurité en 2002.

Mais Ségolène Royal ? Si ce n’est le fait qu’il s’agit d’une femme, qu’elle soutient une forme de démocratie participative, quel grand axe retenir ? Est-elle socio-démocrate à l’image d’un DSK ? Socio-écologiste ? La candidate du service public ? Nul ne le sait. Et Sarkozy ? Il n’a pas véritablement défini d’axe de communication pour la simple raison qu’il n’en avait pas besoin : tout le monde sait, malgré son bilan plus que mitigé, que c’est le candidat qui veut lutter contre l’insécurité ainsi que baisser les impôts. Les principales idées de Sarkozy sont déjà dans toutes les têtes avant même qu’il les ait énoncées, poste ministériel aidant.

 

A l’heure où j’écris cet article, j’ignore encore tout de la prestation de S. Royal sur TF1. A deux mois des élections, rien n’est sans doute encore irrémédiablement perdu. N. Sarkozy n’est pas à l’abri d’une erreur. Mais la tendance des sondages est plus qu’inquiétante. Finalement, celui qui risque de tirer les marrons du feu, c’est bien évidemment François Bayrou. Si S. Royal continue sa baisse dans les sondages, il ne peut que monter, voire être au second tour. En désignant la présidente de la région Poitou-Charentes comme candidate plutôt que DSK, qui avait déjà axé son programme sur la social-démocratie, les socialistes ont offert à François Bayrou un joli boulevard.

 

 

 

 



32 réactions


  • LE CHAT LE CHAT 22 février 2007 11:09

    si Bayrou arrive au 2eme tour , il est donné gagnant contre les deux autres .....

    Avec qui va t-il gouverner ? on va rester dans la pensée unique , faut pas se faire d’illusions..........


    • vraitravailleur (---.---.4.198) 22 février 2007 23:02

      Pour connaître la conception de la présomption d’innocence de Mme Royal, allez voir le site. http://bernardhanse.canalblog....


  • maben (---.---.177.125) 22 février 2007 11:10

    Bonjour,

    Je trouve votre analyse pertinente sur la baisse de Mme Royal dans les sondages ... Une chose que je ne comprends toujours pas c’est que Mr Sarkozy lui soit toujours en tête alors que je le trouve autant démago que Mme son adversaire directe et c’est peut-être là que ses amis patrons de presse l’aide (?). Mr Bayrou en profite c’est sur mais cela ne reste que des sondages.

    Cordialement


  • Algunet 22 février 2007 11:16

    Oui mais voilà…

    Il y a eu cette émission sur TF1 et on peut assurément dire que ce fut un succès dans le sens
    - où elle ne s’est pas effondrée comme certains à gauche et droite l’attendaient, bien qu’elle n’a pas particulièrement brillée, ses qualités oratoires n’étant pas son point fort.
    - où l’audience a été supérieure à celle de Nicolas Sarkozy.
    - et où n’oublions pas le premier sondage a montré un revirement de l’opinion en faveur de la candidate socialiste.

    Cela suffit-il à Ségolène pour se relancer dans la campagne ? Ce n’est pas certain, mais c’est quand même rassurant pour la candidate et ses proches. Il est donc probable que cela sera plus difficile pour François Bayrou qui aura plus de mal à élargir son électorat sur la gauche. également, cela va imposer à Nicolas Sarkozy un repositionnement entre courant nationaliste et centriste.

    Le mérite de cette émission est clairement d’avoir relancé la campagne à défaut d’avoir approfondi les projets de Ségolène Royal.


    • BuZy (---.---.25.114) 22 février 2007 11:33

      Evidemment, et beaucoup de ses détracteurs comme l’auteur ( qui, j’ai cru comprendre est un grand traumatisé de Mme Royal ) commence à changer de discours.

      L’attaquer sur sa personnalité et sa compétence n’est plus au goût du jour. Il va falloir attaquer sur le fond et c’est à ce moment opportun que la candidate a choisi de remanier son cabinet. Elle récupère les élephants, de loin, et les aigris vont devoir se rallier à elle.

      Je suis quasiment sûr aujourd’hui qu’elle prépare et va réussir un gros coup.


  • candidat 007 (---.---.41.75) 22 février 2007 13:24

    Oui, je suis d’accord elle n’a pas véritablement défini un axe de communication.

    Et pourtant elle avait tout en magasin pour le faire. Et cet axe essentiel pour elle à mon avis, est celui de la rénovation démocratique /politique de notre société,

    - elle avait le projet PS2007 (référendum institutionnel en sept 2007) qu’elle devait reprendre à son compte plus franchement et en approfondissant les propositions vraiment minimales vers la sixième République de Montebourg.

    - elle avait son concept de démocratie participative (que je trouve personnellement bidon) mais que tout le monde semble porter aux nues, sans d’ailleurs trop savoir ce qu’on y met. Dans le flou, on y met tout et c’est pour ce la que ça marche.

    - elle a le fait d’être une femme et d’incarner ainsi, facilement et naturellement, un changement évident.

    Sa campagne devait être placée sur le thème de la renovation politique . C’est clair. Or elle est en train de laisser Bayrou s’emparer de ce thème. (Dépassement du clivage gauche-droite, du bipartisme, et même c’est un comble une éventuelle VI éme république.).

    En tout cas le succès actuel de bayrou va forcer Ségolène Royal a préciser ses intentions et ses engagements sur ces questions.


    • Eric 23 février 2007 09:31

      « elle a le fait d’être une femme et d’incarner ainsi, facilement et naturellement, un changement évident. »

      Voire ! Il y a des precedents de « la premiere femme (presque) au sommet des responsabilites incarnant un changement qui.. ,que.., feminisation des valeurs etc...... » on nous a deja fait le coup ! A gauche !Edith ! Il est vrai que la gauche a la memoire courte......A droite Il y a bientot 30 ans (bonjour lanouveaute) Margaret. Souhaitons dans le cas d’un eventuel succes de Segolene le resultat soit plus conlcuant et que nous ressentions reelement un difference liee a la feminitude....Pour ma part , dans les deux cas suscites j’ais vu des hommes politiques commes les autres....


  • Jamzie (---.---.9.50) 22 février 2007 13:51

    « Avec ses « 100 propositions » pour un « pacte - quel affreux terme ! - présidentiel » »

    Non justement, c’est un terme excellent pour souligner le fait que nous sommes, nous électeurs, concernés par ce programme : c’est un contrat qu’elle passe entre elle et les français, sauf que « pacte » implique « respect » là où « contrat » implique « profit » (à tout hasard, CNE ?)

    De plus, tu sembles oublier qu’à l’époque où Ségo était très médiatisée, elle n’était pas un danger pour la droite. Mais du jour où elle a été élue candidate par les militants socialistes, tiens comme c’est bizarre, elle ne fait plus que des bourdes ou alors on ne parle pas d’elle !

    Je tiens à préciser que ségo n’a d’ailleurs fait aucune bourde. Du moins, pas autant que sarko (et je ne tiens pas compte des banlieues en feu car, de la part d’un futur président, c’est une insulte à notre république plus qu’une « bourde » !!).


    • Gerardhy (---.---.17.228) 22 février 2007 20:33

      « Ségo n’a fait aucune bourde »

      Elles ont été inventées par une presse machiste et comploteuse, aux ordres de Sarko, c’est bien connu.

      Décidément, il n’y a pire aveugle...


    • Eric 23 février 2007 12:28

      Respect ? La principale difference entre un PACS et un mariage (contrat) c’est que le premier est plus facile a dissoudre, dans des formes en pratique assez proche d’une repudiation de type musulmane....c’est a dire avec peu d’obligation de la part de celui qui s’en va. D’ailleurs j’aimerai comprendre ce que vous dites jusqu’au bout quand vous expliquez que son pacte est un contrat avec nous. Mais un contrat sans profit ( pour qui) Allons nous avoir la communaute reduite aux acquets, la separation de bien ? ( ce qui est a nous est a nous, ce qui est a vous est negociable ?)


  • muningua (---.---.29.107) 22 février 2007 14:28

    Si l’axe de Mitterand était un mensonge (la réduction du chômage), vive les désaxés !


  • john4 (---.---.69.141) 22 février 2007 14:40

    Il me semble que son AXE fort, c’est la participation des Français dans le projet politique mais les Français n’ont pas les cartes en main pour prendre les bonnes décisions, ils préfèrent donc laisser la politique aux politiciens après y avoir cru quelques mois.


  • Décryptages Philippe Zaouati 22 février 2007 15:30

    Ségolène sur TF1 ...

    Votre petite soeur se drogue, rassurez-vous, on v’a s’en occuper. Vous êtes sourd, pas d’inquiétude, tous mes meetings sont sous-titrés (et de toute façon mon discours est inaudible). Votre maman est dans la misère. Ne pleurez pas, je suis là. Je me porte caution. Tout va changer demain. Je veux, oui je n’ai pas peur de le dire haut et fort, je veux augmenter les petites retraites pour qu’elles deviennent moins petites. Vous êtes en chaise roulante et les méchants journalistes capitalistes bipèdes ne se sont pas bien comportés avec vous, attendez un instant, je vole à votre secours, je traverse le plateau d’un pas alerte et décidé. Me voilà. Tout va bien. Vous êtes alcoolique, je vous comprends, la vie est dure.

    C’est plus une campagne électorale, c’est la cour des miracles, c’est Lourdes un jour de grand pélérinage. On a même eu droit à l’apposition des mains. Sainte Ségolène, priez pour nous !

    Jusqu’ici faut dire qu’on n’avait rien compris, alors que c’est pourtant simple : c’est Global. Prenez par exemple le problème des retraites ... et ben, c’est global le problème des retraites. Vous augmentez de 5% les petites retraites, alors les vieux qui sont moins pauvres dépensent de l’argent dans l’économie sociale qui est une filière importante, du coup, grâce à la formation professionnelle, un jeune désespéré va pouvoir créer une entreprise de moins de 9 salariés pour aider les vieux à faire leurs courses, et forcément les vieux seront moins malades parcequ’ils se fatigueront moins ... et donc, on aura moins besoin d’infirmières dans les hôpitaux qu’on pourra transformer en dispensaires et avec l’argent qu’on va économiser comme ça, on va embaucher des profs pour renforcer l’éducation, parce que tout commence à l’école, et alors les enfants seront tous égaux, libres et heureux, y z’arrêterons de faire chier leurs parents et de bruler des bagnoles, l’alcool et les drogues dures ne serviront plus à rien, et on fera un référendum d’initiative populaire pour décider une fois pour toute de supprimer la misère an Afrique. Global.

    Non, vraiment, franchement, y’a juste un truc que j’ai trouvé un peu décévant dans ce méga show hollywoodien plein de bons sentiments genre film des années cinquante, un seul raté dans la mise en scène, ne mâchons pas nos mots, c’est le jeu de jambes de Ségolène. Si l’on met de côté l’envolée majestueuse vers le fauteuil roulant, pour le reste, Ségo c’est pas Zidane ! A côté du pupitre, mais pas trop loin tout de même ... on ne sait jamais. Vaut mieux pas trop s’éloigner du bord de la piscine ... pour pas boire la tasse.

    Trêve de mauvais esprit. Essayons de retenir les messages forts. Les jeunes ne sont pas les ennemis des vieux. Les entreprises ne sont pas les ennemis des chômeurs. Les immigrés ne sont pas les ennemis des bons français. Les riches ne sont pas les ennemis des pauvres. Les propriétaires ne sont pas les ennemis des locataires. Aimons-nous les uns les autres. Ecoutez l’évangile selon Ségolène, répétez en choeur son incantation, gagnant-gagnant, gagnant-gagnant .... gnangnan gnangnan ....


    • angelo (---.---.99.221) 22 février 2007 18:59

      Génialement tordant. Quel sketch !!! P.S : Le geste liturgique de la guérison est l’imposition des mains (détail). A bientôt de vous lire encore .


    • oncle Archibald (---.---.10.35) 23 février 2007 08:37

      @ Philippe

      Quel sens de l’observation et quel plaisir de vous lire...

      Allez, fendez vous d’un bon article, je suis sûr qu’on va se régaler.

      Merci !


  • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 22 février 2007 17:12

    Pour comprendre son axe fort il suffit de l’écouter et surtout de faire l’effort de l’entendre sans préjugé : C’est ce qu’elle appelle « l’ordre juste » qui signifie la lutte contre les inégalités des chances, le respect des personnes y compris dans les grandes entreprise (cf : les suicidée chez Renault), la lutte contre les discriminations avérées (y compris celle des femmes au travail, quand ce n’est pas l’extrême violence mortelle qui leur est faite) et le retour de la confiance dans la politique par la solidarité agissante et créatrice d’un dynamisme qui manque à notre pays (cercles vertueux) par trop de cynisme. Ceux qui exigen, en effet, des sacrifices s’en dispensent et plus ils sacrifient les autres (emplois, revenus) plus ils s’enrichissent. Ce sont ceux d’en haut qui se mettent hors la précarité qui l’exigent et l’imposent à ceux qui sont plus bas qu’eux. Cela ne peut pas permettre la confiance dont même le dynamisme du capitalisme a besoin.

    Si ce n’est pas un axe fort à vos yeux, c’est qu’il est probablement trop féminin et pas assez viril (vous le déniez mais cette dénégation est en soi un aveu, dénégation du même genre que celle de celui qui commence par affirmer qu’il n’est pas raciste..) pour être acceptable au contraire peut-être pour vous de celui de NS qui se résume à « travailler plus pour gagner plus ! » pour faire croire que chacun est seul strictement responsable de la misère et de la précarité sociales qui lui sont faites.

    Faites au moins l’effort de vous apercevoir que ces propositions sont toutes articulées autour de cet axe de la justice pour tous et du respect pour chacun et alors vous pourrez peut-être les critiquer concrètement avec moins de préjugés et plus du justesse, ce dont votre jugement a priori négatif vous offre le confort peu convaincant de vous dispenser.


    • Grouik (---.---.72.24) 22 février 2007 18:44

      Pas de réponse sur le fond mais sur une phrase que j’ai trouvé particulièrement savoureuse.

      « Si ce n’est pas un axe fort à vos yeux, c’est qu’il est probablement trop féminin et pas assez viril (vous le déniez mais cette dénégation est en soi un aveu, dénégation du même genre que celle de celui qui commence par affirmer qu’il n’est pas raciste..) »

      Très jolis effets de manche rhétoriques pour empêcher toute critique par avance :
      - pétition de principe (la notion d’ordre juste est un attribut féminin) ;
      - Argumentum ad odium (les lecteurs pensent forcément que ne pas être viril est négatif, ce qui est une position machiste) ;
      - rapprochement excessif (la négation du machisme est de même nature que la négation du racisme) ;
      - déni obligatoire (la négation de son racisme implique que l’on est en fait raciste ).

      Wow, vous m’avez convaincu !


    • Gerardhy (---.---.17.228) 22 février 2007 20:38

      @ S. Reboul :

      je réagis parce que j’ai mis +1 par erreur (damned) !

      Un seul commentaire : le jour où Jack Lang devient muet, vous présentez toutes les caractéristiques pour prendre sa place comme thuriféraire en chef : postulez dès maintenant !  smiley


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 23 février 2007 08:10

      À défaut de vous convaincre je suis heureux de vous avoir donné le plaisir de ce savant commentaire . Ce qui rend mon intervention interessante au moins sur ce plan. Quant au fond, je maintiens deux choses :

      Qu’un axe existe dans les propositions de SR et qu’elle ne cesse de le marteler « ordre juste et respect pour chacun » plus « démocratie participative » , même si vous le trouvez faible -ce qui n’est que votre avis- c’est un axe cohérent, car il met en cohérence toutes se propositions.

      Que cet axe est plus fort, selon moi, que celui de NS : « Travailler plus pour gagner plus » qui, dans la conjonture actuelle et endémique de chômage , ne veut rien dire : les précaires, leschômeurs et les femmes qui travaillent à temps partiel imposé ne demandent qu’à travailler plus, 35h ou PAS !

      Que l’acharnement à ne pas commenter les propositions de SR et à la traiter personnellement avec un mépris insultant sans précédent n’est, à mon sens, compréhensible que parce qu’elle est une femme qui veut le pouvoir suprème. Tous les qualificatifs dont on l’affuble ont déjà été utilisés contre toutes les femmes de pouvoir de l’histoire française. C’est à l’évidence un vieux tropisme salique et phallique qui perdure, voire se déchaîne contre elle (on parle moins de l’autoritarisme de NS).

      Je me dois, comme c’est mon droit démocratique, de le signaler comme un argument politique important, dès lors que la question des relations entre les hommes et les femmes dans la société et la vie politique reste un problème majeur de justice dans notre pays.

      Il est temps de débattre de ses propositions et de sortir de cette violence proprement insultante que je m’explique aussi par le fait que son intervention à TF1 n’ a pas été stérile.


    • oncle Archibald (---.---.10.35) 23 février 2007 09:01

      @ Sylvain

      Bien évidemment on ne peut qu’adhérer aux discours humanistes de Marie Segolène, ce qui est plus difficile à croire c’est qu’il ne s’agit pas d’un merchandising électoral ayant pour seul objectif de parvenir au nirvana du fauteuil Présidentiel... Comme le disait un des lecteurs d’AV il y a quelques jours, heureusement il n’y avait pas de prostituée dans le public, elle lui aurait promis d’augmenter le prix des passes.

      Que restera t-il de ces discours lorsqu’ils seront confrontés à la réalité de la vie économique et des possibilités budgétaires ? La vérité qu’elle nous promet c’est encore et encore des créations « d’emplois fictifs » financés par le contribuable. Le financement des cadeaux par le prélèvement du bénéfice sur les Sociétés modulé suivant que les entreprises sont ou non « vertueuses » c’est de la bouillie pour les chats ... Lorsqu’elle a été confrontée à la réalité des chiffres, la gauche a quand même réussi à inventer à l’occasion du passage aux 35 heures un SMIC mensuel encore plus bas que le précédent !! Les seuls à avoir retiré un bénéfice de cette mesure furent les entrepreneurs qui ont financé des augmentations de salaires (35 heures payées 39) aux frais du contribuable ! Super mesure, bien de gauche ! La démaségolènogénie a des limites que les Français qui ont quelque mémoire apprécieront à sa juste valeur...

      Pour autant je ne suis pas du tout pour les cadeaux fiscaux aux plus riches promis par « l’autre » et sa vision du travail et de sa « juste » rémunération est plus qu’inquiétante à mes yeux. Reste le troisième homme, qui a l’air d’avoir les pieds sur terre, sait conduire un tracteur, et n’exige pas de ses électeurs qu’ils haïssent une moitié des français pour être élu par l’autre moitié plus un !


  • Le hérisson (---.---.121.162) 22 février 2007 17:42

    En homme de gauche, c’est à dire progressiste, j’ai toujours pensé que l’évolution sociale se faisait contre l’ordre établi,ce que nous a montré l’histoire. Les syndicats, par exemple, ne se sont pas mis en place avec « l’ordre juste » mais contre l’ordre établi de l’époque. Par conséquent, la notion « d’ordre juste » me paraît être un non sens, surtout pour une candidate socialiste.


    • margot (---.---.223.113) 22 février 2007 19:35

      M. Hérisson, Tout à fait d’accord avec vous concernant l’« ordre juste » de Mme Royal, mais éclairez- moi si vous voulez bien sur un point : pourquoi les gens de gauche sont-ils « d’office » et par définition progressistes et du bon coté de l’Histoire, des visionnaires ayant toujours raison, et ceux de droite de simples réactionnaires, forcement du coté des riches et oeuvrant inlassablement dans le sens de l’injustice sociale ? Mon cas est peut-être atypique mais ça ne m’aide pas à comprendre : rescapée depuis bientôt vingt ans de l’autre monde( à l’est du Mur de Berlin , monde que les français ne connaissent hélas que trop peu et pourtant ce n’est pas encore de l’histoire), je ne peux me résigner à me considérer une réactionnaire et vous m’excuserez de ne pas pouvoir me situer à gauche sans perdre tout respect envers moi-même. Cela signifirait d’oublier ou pire encore de pardonner aux bourreaux (des millions dans mon pays d’origine)qui au nom des vraies valeurs humaines, progressistes et révolutionnaires, ont massacré une génération (toute l’élite intellectuelle, les paysans qui n’ont pas voulu se plier à l’« ordre juste » et ont refusé de céder la terre de leurs parents, leur terre, les chefs de l’armée qui auraient pu, n’est-ce pas, un jour se rebeller contre l’« ordre juste », ...et j’en passe). Ne vous leurrez pas, Mrs et Mmes les Français de gauche, il ne s’agit pas d’un pays au bout du monde, d’une histoire trop ancienne, mais de faits récents, une bonne moitié de notre Europe a été concerné et vous y êtes pour quelque chose.Un jour, quand tout cela sera de l’histoire, vous serez mis en cause pour avoir cru en un grand mensonge qui a couté la vie à plusieurs dizaines de millions d’innocents.Coupables d’être nés.D ’être nés au mauvais moment, d’appartenir à une classe (bourgeois, intellectuel donc possible contestataire, donc ennemi potentiel du peuple, paysan épris de liberté). L’« ordre juste », l’homme nouveau devait se fabriquer à partir d’une unique sorte de gens : les ouvriers sans éducation, sans idées propres, assez ambitieux pour faire le ménage autour d’eux au nom du parti unique, le parti du peuple, le parti des justes, des plus démunis.Ils y ont cru ;ils sont devenus des criminels, sous les ordres de plus criminels qu’eux. Vous devez vous dire que tout cela ne vous concerne en rien. Que nous sommes en France et qu’en définitive la mésaventure des pays de l’est n’est pas la votre.Vous avez raison quelque part. Mais je reviens à ma question sur les étiquettes faciles de réactionnaire et progressiste. Je ne suis pas pour le tout libéral, je ne crois pas dans le tout-économie de marché.Dites-vous bien néanmoins que cette économie-là, avec tous ses défauts, vous donne à manger depuis plus de cent ans.J’ai connu pendant ving-cinq ans et les miens pendant toute une vie le tout-état, la fameuse économie planifié multi-latéralement développée (dans le texte)qui nous a permis au mieux de survivre et au pire de crever.Je pense avoir le droit de croire qu’on doit du respect à celui qui crée des richesses par ses capacités, par son intélligence et son initiative sans être une réactionnaire.Qu’on devrait être plutôt fiers des meilleurs d’entres nous qui nous permettent par le biais d’une redistribution équitable des richesses qu’on leur doit en grande mesure, de vivre aussi.La France est le pays où on stigmatise systématiquement les plus capables, au lieu de leur rendre omage.Voudrions-nous un pays sans riches au nom de l’équité ? Quelle équité ? Nous aurions un pays de pauvres et d’incapables.Il est évident que les meilleurs oeuvrent (et cela depuis que l’umanité existe) pour toute la comunauté.Il me semble qu’ils méritent au moins notre respect. Respectueusement, une prof de droite


    • yvan (---.---.148.16) 23 février 2007 07:37

      Bravo pour ce commentaire ; mais je ne crois pas qu’il faille vous classer à droite pour tout cela ... En fait, il me semble que vous avez réagi au commentaire précédent qui définissait la gauche comme une sorte d’anti-système, permanent et en dépit de la valeur dudit systeme ( même s’il ne s’agit que d’un point de vue sratégique) .

      Ainsi votre réaction est empreinte d’une grande sincerité car elle s’adresse à une faute historique dans laquelle nombre de personnes qui se classent à gauche, en France, sont encore engluées . C’est une faute très grave car elle contient la négation de l’homme ; en effet, on ne peut s’opposer aux options justes sans détruire autour de soit jusqu’à la personne humaine(ce que vous avez pu observer en pays communiste) .

      Cette tendance du passé doit absolument faire toute la place à une gauche humaniste et moderne qui devra s’attaquer à tout ce qui, aujourd’hui, asservit les plus démunis, aux plans moral et matériel . Pour ne prendre qu’un seul exemple : Le premier rang du pouvoir de l’argent supplantant celui des élus du peuple ....

      Madame, votre expérience passée vous rend, à la fois plus intelligente et sensible à cette cause profonde, n’hésitez pas à le redire , votre témoignage sera précieux à tous les hommes qui se battent pour le vrai progrès .


    • oncle Archibald (---.---.10.35) 23 février 2007 09:14

      @ Hérisson

      Je réagis sur ces quelques mots « répartition équitable des richesses », car si tel était le cas effectivement je partagerai totalement votre analyse. Mais trouvez vous que le système actuel répartisse équitablement les richesses et que seuls ceux qui possèdent le capital ou sont des créateurs produisent ces richesses ?

      Le travail matériel basique et celui du « petit cadre » sont souvent les plus pénibles les plus ingrats et les plus mal rémunérés. Il serait bon d’y réfléchir, même quand on n’apprécie guère le collectivisme.

      PS : j’adore les hérissons, il y en a qui viennent hiverner chez moi dans une vieille cave, sous les sarments.


    • oncle Archibald (---.---.10.35) 23 février 2007 09:17

      pardon, c’était à Margot que je répondais, bien sûr.


  • chimel (---.---.29.191) 22 février 2007 19:46

    Ce n’est plus agoravox, c’est bayrouvox, tant pis et salut !


  • ZJP (---.---.46.208) 22 février 2007 19:47

    Pas de complot anti-Royal dans la presse ???. Leur schéma tactique est simple depuis le départ. Presse plutôt « aux ordres », il fallait monter le phénomène Ségolène en épingle car c’était du point de vu de l’UMP une candidate plus facile a « dégommer » qu’un DSK ou qu’un Fabius. Après son investiture, la presse a inversé la tendance... CQFD


  • Le hérisson (---.---.121.162) 22 février 2007 20:10

    @ Margot

    Je suis globalement d’accord avec vous. Le fait de se dire « de gauche » n’a pas grand sens d’un point de vue international.Rappelons qu’en France, le fait d’être de gauche vient de la position des députés lors de la Révolution française, et qu’à l’Est, être de gauche signifiait, du temps de l’ex URSS, être libéral. De mon point de vue, l’antagonisme « progressiste/conservateur » a plus de sens.

    Pour ce qui est du reste de votre commentaire, je vous renvoie à cette belle chanson de Maxime le Forestier « Etre né quelque part ». Je ne peux guère en ajouter.


  • margot (---.---.223.113) 22 février 2007 21:25

    Je vous remercie de m’avoir répondu. Je connais la chanson.Vous ne m’avez pourtant pas éclairé, vous venez juste de changer le mot réactionnaire en conservateur.Je m’intérroge sur un milieu que je connais bien:l’éducation nationale et en particulier le monde enseignant (j’enseigne en France depuis 15 ans en tant que professeur agrégé, après avoir repris mes études, à 25 ans- j’avais déjà un bac + 4 + 3 ans d’enseignement mais il m’a semblé normal de me plier aux loi du pays qui m’a acueilli-je n’avais pas non plus le choix si je voulais travailler). Pensez-vous que les syndicats tout-puissants de l’EN sont plutôt progressistes ou plutôt conservateurs ? Ils sont en train de s’opposer à une modernisation des statuts des enseignants qui datent de 1950 ! Soyons sérieux.On se cache derièrre des mots qui ne veulent plus rien dire.Le progrès- que cela signifie-il ? A vous de me le dire. Je crois pour ma part que dans la situation actuelle, quand l’EN est le premier budget de la France en termes de dépenses,quand les conditions de l’enseignement n’ont strictement plus rien à voir avec celles des années ’50, tout le monde doit donner l’exemple et en tête les enseignants.Mais ça doit faire longtemps que ceux-là ne constituent plus des modèles pour la jeunesse. Et ils ont la prétention d’être respectés.Ils s’y prennent mal, à vouloir à tout prix s’accrocher à leurs privilèges au lieu d’être solidaires - une valeur de gauche, n’est-ce pas ?


  • José Bouquinhas (---.---.192.43) 22 février 2007 23:01

    Ségo dit n’importe quoi ! Elle ne fait que promettre ce qu’elle n’a pas. Les gens ne sont pas dupes !

    En plus vous avez raison elle est autoritaire et ne paie pas ses notes personelles, laissant à sa ex-jeune colaboratrice parlementaire payer tout : même un café ! Voyons !

    C’est comme ça qu’elle veut être Présidente ? Partir en vacances et faire payer l’autre ?!


  • Paul Pote (---.---.94.93) 23 février 2007 00:45

    Merci Margot pour votre témoignage et votre questionnement. J’ai bien peur que l’europe de l’ouest soit en train de reconstruire ce que fut l’urss mais... Chez elle !


  • le hérisson (---.---.121.162) 23 février 2007 10:17

    je trouve que les syndicats d’enseignants sont globalement conservateurs, oui. En fait, c’est toute l’institution qui l’est.


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