mardi 31 août 2010 - par kracheconomique.fr

Skyscraper Index – Shanghai est-il l’épicentre de la prochaine crise financière ?

Le skyscraper index a été crée par l’économiste américain Andrew Lawrence en 1999, faisant apparaître un lien évident entre la construction des plus grands gratte-ciels du monde et les retournements de cycles économiques. Ainsi, parmi la longue liste des constructions titanesques ayant devancé des crises financières et/ou économiques, on peut citer dans l’ordre les constructions du Singer Building et du Metropolitan Life Building, à New York, dont les travaux commencèrent peu de temps avant la panique de 1907, mais aussi les constructions du 40 Wall Tower, du Chrysler Building et de l’Empire State Building, qui eurent lieu peu de temps avant la Grande Dépression des années 1930, ou encore les constructions de la Sears Tower de Chicago et du World Trade Center de New York dont les travaux furent lancés au début des années 1970, soit peu de temps avant le premier choc pétrolier et la longue période de stagflation qui suivit. Plus récemment, la construction des Tours Petronas de Kuala Lumpur en Malaisie, qui furent inaugurées à la fin des années 1990, eut également lieu peu de temps avant la crise asiatique.

Pour Andrew Lawrence, non seulement ces constructions marquent des périodes de surinvestissement symbolisant la fin d’un boom économique mais surtout, ces constructions, lorsqu’elles sont à l’origine d’un nouveau record, annoncent à coup sûr une crise financière majeure suivie d’une récession ou d’une dépression. Le bâtiment s’achève en général pendant la période de récession/dépression. La cérémonie du Chrysler Building eut ainsi lieu en mai 1930, soit sept mois après le krach boursier de 1929. A chaque fois, l’histoire se répète, une période d’argent facile (accès facile au crédit) permet une expansion rapide de l’économie, symbolisée par une forte hausse des marchés actions. L’investissement explose et l’on voit alors apparaître une poussée technologique. Une fois l’euphorie à son paroxysme, les projets les plus fous voient le jour et des tentatives de records sont lancées. Tous ces cas sont à rapprocher de la crise financière actuelle puisque récemment a eu lieu l’inauguration de la tour Burj Dubaï dans l’émirat du même nom. L’inauguration de cette tour de plus de 800 mètres de haut est doublement symbolique puisqu’elle est intervenue seulement un an et demi après l’éclatement de la crise financière mondiale et seulement quelques semaines après la restructuration de la dette de l’émirat de Dubaï, dette dont l’essentiel est à mettre au crédit, sans mauvais jeu de mots, des deux sociétés immobilières que sont Nakheel et Emaar.

Plus que jamais, le skyscraper index semble être un merveilleux indicateur de retournement de cycle, et l’on est en droit de se demander si la construction en cours de la Shanghai Tower, qui devrait atteindre la taille de 632 mètres de haut et ainsi devenir la plus haute tour d’Asie en 2014, n’est pas en fin de compte le signe avant coureur de l’éclatement prochain des bulles immobilière et financière chinoises. En effet, le plan de relance chinois a entraîné l’immobilier dans une spirale infernale, avec des hausses de plus de 60% en un an dans certaines villes de la côte est. Les prix à Shanghai sont désormais plus élevés qu’à Paris ou à Londres. Certains appartements s’arrachent pour 40.000 euros du mètre carré ! Dans le même temps, 1.33 millions de mètres carrés résidentiels sont déclarés vacants à Pékin (chiffre officiel), indiquant un mouvement spéculatif exceptionnel. D’ailleurs, les banques chinoises ne s’y trompent pas et se préparent à supporter une baisse des prix de 60%, ce qui explique notamment la récente augmentation de capital des banques chinoises, et en particulier l’introduction boursière de l’Agricultural Bank of China qui a permis à cette banque de lever 22 milliards de dollars sur les marchés. Cette même banque qui vient de suspendre tous ses prêts aux promotteurs immobiliers chinois, indiquant par là même que le retournement est proche.

Si l’on tient compte de ce skyscraper index, Shanghai pourrait bel et bien être l’épicentre de la prochaine crise financière, le Shanghai Composite étant principalement composé de valeurs bancaires et immobilières, tout krach immobilier chinois entraînerait un krach boursier et financier. Et alors sans moteur de croissance, l’économie mondiale pourrait connaître les jours les plus noirs de son histoire. 



16 réactions


  • manusan 31 août 2010 12:32

    Ce n’est pas sans rappeler les cathédrales européennes du haut moyen-âge.


    • plancherDesVaches 31 août 2010 13:55

      Pas idiot, Manusan.

      J’ai même découvert, en Bretagne, la tombe d’un chef d’entreprise mort au 18ème siècle dont le tombeau, ainsi que celui de son épouse, est parmi les plus hauts dignitaires religieux du coin dans le cloitre d’une magnifique église richessement décorée...

      Peu de temps après, la Bretagne sombrait dans la misère et ne pouvait plus construire d’églises aussi riches.


    • goc goc 1er septembre 2010 11:00

      @manusan

      tout a fait exact, de plus la course à la plus haute faisait des ravages sur le plan économiques (on avait même inventé le sponsoring privé) , par contre dans le cas des cathédrales géantes, la sanction était immédiate, au mieux, les travaux était arrêtés, au pire, la cathédral s’effondrait


  • Gabriel Gabriel 31 août 2010 13:48

    Cela ne dépareille pas avec la mentalité ambiante égocentrique et narcissique du genre : « Tu vois, j’en ai une plus grande que la tienne !.... » Des fortunes jetées par les fenêtres de l’apparence alors qu’aux pieds de ses immeubles immondes, des femmes et des enfants en haillons réclament de quoi se nourrir. Société minable dont nous sommes tous responsables ! Vivement que cela finisse ….


  • realityman 31 août 2010 16:03

    Les grands gratte-ciels sont construit un peu pardon dans le monde depuis un siecle maintenant. Il est evident qu’un ouvrage de cette ampleur prenne beaucoup plus de temps que de bâtir un immeuble lambda. Il est donc pas étonnant qu’au cours de la construction qui dure pendant des années, des crises surviennent dans le monde ( ex : combien il y a eu de crises ces 20 dernières années).


    • friedrich 1er septembre 2010 10:09

      L’ auteur ne parle pas des crisettes de ces 20 dernières années mais de la grande dépression qui s’ abat sur nous en ce moment. La dernière c’ était en 29 et l’ Empire State Building est fini depuis longtemps. Vous portez bien votre nom vous


    • realityman 1er septembre 2010 12:07

      Il est normal que les tours les plus élevés soit souvent construites dans les zones les plus dynamique de la terre. L’influence des ces zones la sont evidemments plus importantes sur le monde que si la crise ai lieu dans un petit village au fin fond de l’afrique completement déconnecté de l’économie mondiale. 

      Avant la construction de la tour Burj Khalifa a dubailes 3 plus hautes tours de la planetes sont asiatiques avec dans l’ordre de hauteur le Taipei 101 508m, le Shanghai World Financial Centre 492m et la Tours Petronas 452m, construites respectivement en 2004, 2008 et 1998.
      Or on peut voir qu’aucun des tours n’est concerné géographiquement par la crise de la subprime en 2008 !
      Pour être sincère, je ne crois pas du tout a un éclatement de bulle immobilier en chine. Car il faut savoir qu’a l’heur actuelle, pas loin de 15 millions de paysans qui quittent chaque année pour rejoindre les grande ville comme shanghai ou beijing. Les besoins en logements dans les grandes villes sont immenses. Rien de comparable avec le marché de l’immobilier US ou il y a trop de logement. 
      De meme, la population chinoise possede l’un des taux d’épargnes les plus élevés au monde.

  • asterix asterix 31 août 2010 16:16

    Il n’y a pas que votre skyskraper index qui l’annonce. Les Chinois exportent moins car ses clients sont en crise. Les stocks s’allongent et le chinois moyen n’a pas les capacités financières pour absorber les stocks. Lui donner un plus gros salaire signifie une perte de compétitivité. Le laisser végéter dans le grand rien n’est pas satisfaisant non plus.
    L’implosion économique sera globale. Dans les dix ans qui viennent, il y aura des émeutes de la faim dans toutes les grandes villes du monde et ce sera le chaos généralisé.


    • rastapopulo rastapopulo 31 août 2010 21:30

      Oui enfin il suffit d’un projet type 30 glorieuses pour régler le problème (crédit publique productif, scission des banques par activité pour empêcher de devoir intervenir pour sauver les dépôts,...).

      Et pourquoi pas avec une mentalité sans pollution mais accepter la mentalité actuel du catastrophisme, du malthusianisme, du court termisme et du financiarisme provoque la crise.


    • Traroth Traroth 1er septembre 2010 10:56

      Il ne vous est pas venu à l’esprit que les 30 Glorieuses sont une période de reconstruction ? Avant de reconstruire, il faut détruire. Et ça, ça s’accompagne le plus souvent de lourdes pertes en vies humaines...

      Pour éviter d’en arriver là, il est urgent de passer à un modèle économique dont les moteurs ne soient pas le gaspillage (société de consommation) et des matières premières bon marché (exploitation des pays pauvres).

      Le problème, évidemment, c’est que ce type de modèle économique est beaucoup moins profitable pour les plus riches, et qu’on va donc devoir affronter l’opposition des personnes les plus puissantes de la planète...


    • rastapopulo rastapopulo 1er septembre 2010 13:57

      1° chose la modèle des 30 glorieuse n’est pas le modèle appliqué depuis 40 ans !!!!!!! C’est une honte de lier la situation actuelle à ça.

      2° chose reconstruction vous êtes sûr ? Donc un type des années 30 aurait reconnu la France en 70 ? NON, il s’agit d’aménagement du territoire jamais vu auparavant !

      Ca c’est pour l’aspect infrastructure mais si vous examiner la législation, ce sont des pas de géants dans les avancés sociales. Le CNR a imposé en 45, la fin de la dictature de la finance, rien de moins ! C’est le crédit publique sans intérêts pour les projets productifs (donc non-inflationniste) qui a permis votre simple « reconstruction ». C’est la scission des banques par activité qui a empêché l’intervention de l’état et donc l’apparition des crises financières (sans filets de sécurité les banques se responsabilise d’elle même puisqu’elle n’ont pas en otage les dépôts en les mélangeants avec des risques !),...

      C’est donc une réponse formaté type 68tard (indifférence générale en 73) aveugle sur les avancés du CNR pour ne pas se soucier le moins du monde des exemples de réussite incontestable pour les nations ET les économies. Les opposer est devenu LA norme. Débat abstrait qui ne mène à rien. 

      http://www.solidariteetprogres.org/article6876.html
      A la Libération en France, le gouvernement provisoire issu du CNR avait mis en place un tel système de crédit. Il disparut progressivement entre 1971 et 1984, sous le coup de boutoir des milieux financiers et de leurs courroies de transmission que furent Valéry Giscard d’Estaing, Michel Pébereau et François Mitterrand. Pour revenir au plein emploi et bâtir un avenir commun, nous devons rétablir ce système, sans quoi, l’austérité meurtrière et la haine s’imposeront inévitablement.


    • rastapopulo rastapopulo 1er septembre 2010 14:01

      La soupe aussi est de mélanger pollution et industrie !!! Si il y a présence d’un état fort (grâce aux crédit publique, grâce à la scission des banques par activités,... bref les rêgles stupides des 30 glorieuses prisent par des gens stupides qui voulait empêcher les dictatures financières) qui veut niveler par le haut en interdisant le dumping environnementale par du protectionisme environnementale la tendance serait à l’amélioration sans bazar mondialiste dont sont friand les écolo mais qui ne s’attaque jamais au dumping environnementale.


  • slipenfer 1er septembre 2010 10:55

    Et alors sans moteur de croissance, l’économie mondiale pourrait connaître les jours les plus noirs de son histoire.
    Enfin des bonnes nouvelles smiley


  • Traroth Traroth 1er septembre 2010 11:02

    La leçon de cet index (très intéressante idée, au passage), c’est qu’à chaque fois que l’euphorie gagne, les hommes oublient qu’aucun arbre ne pousse jusqu’au ciel...


  • goc goc 1er septembre 2010 11:18

    il na faut pas oublier aussi notre franchouillarde tour Montparnasse (qui serait toujours la plus haute d’Europe .. ou presque), construite entre 1969 et 1972 donc juste avant le choc pétrolier

    ah, on me dit dans l’oreillette que cela ne concerne que les grandes tours... autant pour moi, j’ai rien dit !!!


    • Traroth Traroth 3 septembre 2010 14:09

      Ah, la tour Montparnasse, la plus belle vue de Paris !

      Normal, c’est la seule vue où on ne voit pas la tour Montparnasse, ce chancre architectural !


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