mardi 1er septembre 2009 - par Olivier Bonnet

Suppression du juge d’instruction : Et le Pouvoir pourra étouffer toutes les affaires gênantes

Les procureurs aux ordres du gouvernement auront les mains libres

Aujourd’hui est présenté à Nicolas Sarkozy le rapport Léger, dont on connait le contenu depuis samedi, avec l’exclusivité du Journal du dimanche qui confirme nos pires craintes : "Initialement commandé par Rachida Dati, alors ministre de la Justice, en octobre 2008, ce travail (celui du comité Léger, du nom d’un de ses membres, haut magistrat en retraite, NdA) ne s’est pas fait sans peine. Tout juste commençait-il que le président de la République lançait un véritable coup de tonnerre, en janvier, devant la Cour de cassation, en annonçant sa volonté de supprimer la fonction de juge d’instruction. Deux membres du comité Léger (une magistrate et un journaliste) avaient aussitôt démissionné, estimant que l’impartialité des travaux en cours n’était plus garantie." Mais hormis ces deux gêneurs, les autres membres du comité ont fait ce qu’on leur a dit de faire : "La partie la plus sensible du rapport Léger (...) concerne la suppression du juge d’instruction, magistrat inamovible et indépendant. "Il cumule les fonctions d’un juge avec celles d’un enquêteur. En d’autres termes, il n’est pas totalement juge, et pas totalement enquêteur", tranche le rapport. Qui propose de confier tous les pouvoirs d’enquête aux seuls procureurs, tout en se prononçant pour le maintien du lien hiérarchique entre ces mêmes procureurs et le ministre de la Justice. Exit, donc, l’éventualité de donner son indépendance au parquet." C’est la fin des juges indépendants qui osaient enquêter sur des affaires embarrassantes pour le Pouvoir : le procureur, aux ordres du ministre de la Justice, pourra décider seul s’il y a lieu d’ouvrir une enquête. Une régression démocratique sans précédent. "Pour faire contrepoids, le rapport suggère toutefois que les enquêtes pénales se déroulent à l’avenir sous le contrôle d’un "juge de l’enquête et des libertés", poursuit l’article. Celui-ci serait notamment chargé d’autoriser les mesures "les plus attentatoires aux libertés", comme les perquisitions et les écoutes téléphoniques. Il serait également "garant de la loyauté de l’enquête". Des propositions qui (...) hérissent au plus haut point les syndicats de magistrats : l’Union syndicale des magistrats et le Syndicat de la magistrature le martèlent, les procureurs ont l’obligation d’obéir à l’exécutif et ne pourront guère qu’enterrer les affaires sensibles. Quant au futur juge de l’enquête et des libertés, ces mêmes syndicats l’imaginent d’ores et déjà privé de pouvoir réel et réduit à valider ce qu’on voudra bien lui montrer…"

rdTentant d’expliquer les bénéfices apportés par cette réforme, l’ancienne garde des Sceaux et sa successeure, Rachida Dati et Michèle Alliot-Marie, rivalisent de mauvaise foi avec une faiblesse d’argumentation qui s’apparente au foutage de gueule pur et simple. "Ce n’est ni le président de la République ni moi qui avons inventé l’affaire d’Outreau pour décrédibiliser la fonction du juge d’instruction, déclare ainsi Dati au JDD. Cette affaire, qui n’est pas une affaire politico-financière, a néanmoins démontré les failles de notre système, celle du juge d’instruction, mais aussi des avocats (qui ne demandent pas toujours les actes nécessaires), du parquet, des services d’enquête…" Il faut donc supprimer le juge d’instruction pour tirer les enseignements du fiasco d’Outreau. Sauf que cette affaire a aventraîné la création d’une commission d’enquête parlementaire, présidée par le socialiste André Vallini. Qu’en pense ce dernier ? "Je trouve regrettable que l’on n’ait même pas laissé le temps à la réforme de la collégialité de l’instruction d’être mise en œuvre, explique-t-il au JDD. Après six mois de travail, les membres de la commission Outreau, de droite comme de gauche, avaient considéré à l’unanimité que le juge d’instruction était "le pire des systèmes à l’exception de tous les autres". On avait donc décidé de passer à une instruction qui deviendrait collégiale, avec les pôles de l’instruction qui devaient entrer en vigueur au 1er janvier 2010. Et le président de la République annonce, sans même avoir prévenu la ministre de la Justice ni les parlementaires, qu’il va supprimer le juge d’instruction…" Quel mépris de la représentation nationale : six mois de travail, l’unanimité pour réclamer la collégialité de l’instruction et le président qui, finalement, s’asseoit sur la proposition de la commission - qui n’aura donc servi à rien - et décide de supprimer le juge sans même attendre l’entrée en vigueur de ladite collégialité ! Invoquer Outreau pour justifier la future réforme, c’est faire mine d’oublier que la solution retenue pour tirer les leçons de cete lamentable affaire, après mûre réflexion, n’était pas du tout celle-là.

toreroQue valent les autres arguments de Dati ? Lorsque la journaliste du JDD, Marie-Christine Tabet, évoque "une volonté de mise au pas des juges", la nouvelle eurodéputée UMP répond : "C’est du fantasme. C’est l’opposition qui agite ce chiffon rouge. La réforme prévoit un juge de l’enquête et des libertés. Son rôle consistera à contrôler le procureur et le travail des enquêteurs. Les avocats pourront lui faire des demandes d’actes." Ainsi, alerter l’opinion sur les dangers d’une réforme qui met à bas l’indépendance de la justice reviendrait à la leurrer, comme le toréro brandit sa muleta pour inciter le taureau à charger, parce que le "juge de l’enquête et des libertés" contrôlera l’enquête ? Mais on ne peut contrôler une enquête qui n’existe pas ! Et le procureur n’aura qu’à lancer "Circulez, y’a rien à voir" pour que la procédure s’arrête là. Dati répond donc à côté. Mais que dire de sa déclaration suivante ? "Il ne s’agit pas d’une suppression de l’instruction mais de son organisation. Je ne vois pas dans ces conditions comment une affaire pourrait être enterrée. Je remarque que dans le passé, même s’il y a eu des tentatives de bloquer mamcertaines enquêtes, elles n’ont jamais atteint leur but puisque les médias s’en sont saisis." On se pince ! Michèle Alliot-Marie la rejoint, citée par L’Express : prétendre que cette réforme faciliterait l’intervention du pouvoir politique, "c’est ignorer la situation. Faire disparaître une affaire dans la société française c’est devenu aujourd’hui impossible". Les divagations des deux pétroleuses UMPistes font songer à l’invraisemblable déclaration de Sarkozy lui-même, proférée lors de la conférence de presse de Bruxelles du 19 juin dernier, alors qu’on l’interrogeait sur le karachigate : "On est dans un monde où tout se sait, où la notion de secret d’État n’existe plus". Rappelons que, pas plus tard qu’en août 2008, fut classée l’affaire des frégates de Taïwan, malgré "les médias", "la société française" et le fait que le "secret d’État n’existe plus" (sic).

rdExtrait de notre billet L’enterrement de première classe : "Au moment de la vente des frégates, Roland Dumas (PS) est ministre des Affaires étrangères. Il parlera neuf ans plus tard, en 2000, de commissions pharaoniques, d’un montant de 5 milliards de francs, versées pour l’occasion à des intermédiaires chinois, de Pékin et de Taipei, selon la version officielle. «  À des responsables industriels et à des hommes politiques français, selon toute vraisemblance », complète Le Nouvel Observateur. Certaines de ses sommes transitent sur des comptes de la chambre de compensation financière luxembourgeoise Clearstream (...). Chaque fois que des juges veulent enquêter en profondeur, il leur est opposé le « secret défense » (à l’occasion partiellement levé, mais jamais jusqu’à pouvoir atteindre le fond de l’affaire). (...) déclaration de Dumas dans les colonnes de Libération : "Il ne restera rien de cette affaire si ce n’est un arrière-goût désagréable », a-t-il ajouté, en réaffirmant connaître l’identité des bénéficiaires de ces supposées rétrocommissions. « Beaucoup de gens qui étaient à ce moment-là dans le gouvernement, dans les responsabilités de la haute administration, le savent également. C’est un secret de polichinelle » a-t-il dit." Pardon ? Seule la justice ignorerait donc dans quelles poches a abouti une somme évaluée à rvrtrois milliards de francs, l’identité des heureux récipiendaires étant un secret de polichinelle ? Mais alors, Monsier le juge Renaud Van Ruymbeke, il ne faut pas classer l’affaire ! Rappelons en effet que mettre un point final au dossier ne saurait être la décision du parquet seul et que le magistrat est tout à fait libre de ne pas le suivre et ainsi de ne pas prononcer le non-lieu général. Van Ruymbeke devrait donc réentendre Roland Dumas et exiger de lui qu’il livre à la justice, rendue au nom du peuple français, le nom de tous ces anciens membres du gouvernement et responsables de la haute administration qui partagent le secret de polichinelle, les forcer à témoigner à leur tour pour que tous livrent l’identité des bénéficiaires des rétrocommissions. Puisque tout le monde les connaît. On parie qu’il n’en fera rien ?" Le pari fut gagné et l’affaire classée. Il est dans ces conditions piquant d’entendre aujourd’hui le même Van Ruymbeke s’exprimer (dans le JDD encore) à propos de la réforme préconisée par le rapport Léger : "Quelle sera la marge de manœuvre des procureurs soumis à l’autorité du garde des Sceaux lorsqu’ils auront à traiter des affaires financières politiquement sensibles ou qui mettraient en cause des proches du pouvoir ? Une telle réforme n’est viable que si le statut du parquet est modifié et qu’on lui accorde les mêmes garanties d’indépendance que le juge d’instruction. Or dans son prérapport, la commission Léger se prononce "contre une rupture du lien existant entre le parquet et le pouvoir exécutif". Par conséquent, la messe est dite. On assiste à une reprise en main par le pouvoir politique de l’action pénale. Ces dernières années, les gardes des Sceaux successifs ont réaffirmé leur autorité sur les procureurs de la République, ce qui me paraît correspondre à une régression des libertés publiques". Des propos tout simplement irréfutables. Prétendre comme le font Dati, Alliot-Marie et Sarkozy qu’étouffer une affaire est impossible est une véritable insulte à l’intelligence du citoyen, ainsi que le prouve un autre dossier, celui de l’appartement de l’île de la Jatte du futur président de la République. Nous en parlions en octobre 2007 dans notre article titré Plainte contre Sarkozy classée : le déni de justice, que nous republions intégralement ci-dessous.

philippe_courroye"Philippe Courroye, procureur de la République au Tribunal de Grande Instance de Nanterre, était saisi de la plainte d’un particulier de Nanterre à propos des conditions de l’achat par Nicolas Sarkozy de son appartement sur l’île de la Jatte. Celle-ci reprochait au futur chef de l’Etat, se basant sur les révélations du Canard enchaîné, d’être coupable d’ "association de malfaiteurs, pacte de corruption, enrichissement frauduleux, prise illégale d’intérêt, corruption et immoralité d’un élu, violation de la loi SRU". En l’espèce, Sarkozy a cédé, en tant que maire de Neuilly, des terrains sur l’île de la Jatte au promoteur Lasserre, en vue de la la réalisation d’un programme immobilier. Puis il lui a acheté un appartement ainsi bâti. Ces faits ne font l’objet d’aucune contestation. Or le particulier Sarkozy n’avait pas le droit de conclure une affaire avec un promoteur qui traitait avec la municipalité dirigée par le maire Sarkozy : est constitutif de la prise illégale d’intérêt "le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public ou par une personne investie d’un mandat électif public, de prendre, recevoir ou conserver, directement ou indirectement, un intérêt quelconque dans une entreprise ou dans une opération dont elle a, au moment de l’acte, en tout ou partie, la charge d’assurer la surveillance, l’administration, la liquidation ou le paiement" (délit "puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75000 euros d’amende", article 432-12 du code pénal). C’est clair comme de l’eau de roche et il n’y a même pas besoin d’aller plus loin, le délit de prise illégale d’intérêt est constitué. Or Philippe Courroye est un éminent juriste, comme l’atteste par exemple sa fiche biographique de Wikipédia, qui connaît par conséquent parfaitement la loi. Il a pourtant classé sans suite mardi dernier l’enquête préliminaire de police ouverte sur ces faits.
Mais il y a pire : Le Canard nous a appris que le maire Sarkozy a accordé au promoteur, pour l’achat de ces terrains, un rabais de cinq millions de francs (775 000 euros). Sonné par cette révélation de l’hebdomadaire satirique, celui qui était alors candidat à la présidentielle avait justifié ce rabais par la baisse du marché immobilier. Or, à l’époque où il fut consenti, les professionnels du secteur sont unanimes à nier cette conjoncture négative : l’argument de Sarkozy ne tient pas. Ensuite, juste retour des choses, quand il a acheté son appartement au promoteur auquel il avait permis de le construire - avec une ristourne -, il a lui-même bénéficié d’un cadeau (toujours révélé par Le Canard) de 300 000 euros, sur le prix d’achat et les travaux réalisés dans le logement. Pour s’en défendre, Sarkozy avait alors produit une facture de 72 000 francs, correspondant à la pose d’un escalier, et promis d’en rendre publiques d’autres. Mais il n’a plus jamais montré une seule facture ! Il n’a donc ainsi nullement dissipé les lourds soupçons de corruption passive. Pour la bonne bouche, il revendra finalement ledit appartement 1,9 millions d’euros, réalisant ainsi une plus-value de 122%. Il y a donc enrichissement personnel.

impunit_s_fran_aises_couvRésumons : Sarkozy est incontestablement coupable de prise illégale d’intérêts et suspect de corruption passive avec enrichissement personnel. L’enquête préliminaire aurait dû faire la lumière sur cette deuxième accusation, la première étant établie. Or qu’écrit au plaignant le procureur Courroye, dans une lettre rendue publique par son cabinet vendredi dernier et annonçant le classement sans suite ? "Le traitement de votre plainte n’a pas permis de caractériser l’existence d’infractions pénales". Sauf que la prise illégale d’intérêt est bien une infraction pénale et que rien ne peut en l’occurrence nier qu’elle soit effective, bon sang ! Voilà donc un scandaleux déni de justice. (...) Comment expliquer alors l’attitude de Philippe Courroye, qui étouffe l’affaire en s’asseyant sur le code pénal ? Deux pistes : la réaction d’Emmanuelle Perreux, présidente de Syndicat de la magistrature, à l’époque de sa nomination au poste de procureur de Nanterre, dénonçant le "verrouillage par la droite des postes stratégiques", et cette phrase laconique de la dépêche de l’agence Reuters consacrée au classement sans suite : "La nomination en avril dernier comme procureur de Nanterre, de Philippe Courroye, jusqu’alors juge d’instruction anti-corruption réputé, avait suscité des critiques, ce magistrat ne cachant pas sa proximité avec Nicolas Sarkozy." Vous reprendrez bien une banane ?"

On voit bien que, même avec un juge d’instruction indépendant, le Pouvoir est déjà en mesure, aujourd’hui, d’enterrer une affaire gênante - explosive, même, en l’espèce : le procureur, comme Philippe Courroye, n’a qu’à ne pas en nommer et classer le dossier. La suppression du juge d’instruction parachève ce système : désormais, il deviendra totalement impossible d’enquêter sur tout fait impliquant nos dirigeants, qui bénéficieront de fait d’une impunité totale, hormis l’hypothèse d’une alternance du pouvoir politique qui permettra aux opposants d’hier de faire poursuivre les ex-gouvernants. Quoi qu’il en soit, la séparation des couvpouvoirs ne sera plus qu’un souvenir. "Ce principe est si fondamental pour un État de droit, écrivions-nous dans notre ouvrage Sarkozy, la grande manipulation, que l’article 16 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789, incluse dans le préambule de la Constitution de 1958, précise : « Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution ». Cette séparation s’organise de la façon suivante, telle que résumée par le site du ministère de la Justice : « le législateur (l’Assemblée nationale et le Sénat) vote les lois, l’exécutif est chargé de leur exécution, l’institution judiciaire veille à leur application  ». Aujourd’hui, l’exécutif contrôle déjà dans les faits le législatif : il est impossible qu’une loi passe sans avoir l’assentiment du gouvernement. Elle le pourrait en théorie, mais l’attitude des parlementaires de la majorité, aux ordres, l’interdit en pratique. Avec la suppression du juge d’instruction, voilà que l’exécutif aura également à sa botte le troisième pouvoir, celui de l’institution judiciaire. Tous les pouvoirs concentrés entre les mêmes mains : un grand pas vers la dictature. Si protester haut et fort contre cette dérive antidémocratique flagrante revient à "agiter le chiffon rouge", comptez sur nous pour continuer à toréer* !

PS : la suppression du juge d’instruction s’inscrit dans le contexte d’une constante opposition entre le président de la République et la justice. Relire à ce sujet Sarkozy contre les juges : une vieille histoire.

 
* Mais la tauromachie journalistique est un sport dangereux : un magistrat nous poursuit pour « injure publique », à la suite de propos tenus sur ce blog. Mobilisez-vous pour défendre la liberté d’expression ! Explications et pétition de soutien dans cet article.
 
 


24 réactions


  • Gabriel Gabriel 1er septembre 2009 13:44

    Parce qu’ils acceptent et profitent de la corruption, ils voient la justice comme une maladie et se présentent comme les médecins de la morale en supprimant les juges. Après les médias, la police, la finance, ils ne leurs manquaient que la justice. A ce rythme là, bientôt les prisons remplaceront les hôpitaux et les orphelinats les écoles.  


  • barbouse, KECK Mickaël barbouse 1er septembre 2009 14:10

    déjà que le citoyen « lambda » a bien du mal a saisir un juge d’instruction au présent,

    voila que bientôt il ne pourra plus le faire du tout, et que nous allons retourner dans ces abus du passé ou le faible contre le fort, le pauvre contre le riche, le sans relationnel et l’avec carnet d’adresses, et autre rapports de force, ne seront plus mise à plat devant l’autorité d’un juge indépendant, mais avalisé politiquement...

    Au delà du fait que cela crache sur la mémoire de ceux qui sont morts pour la France et le principe d’égalité devant la loi, la société qui avalise ainsi l’inégalité ne peut qu’engendrer des violences de plus, de celles qui ne se régulent pas dans des urnes.

    Sans le juge d’instruction le pacte citoyen où chacun remet à la loi la capacité a faire la démonstration de la vérité et de juger en conséquence n’est plus.

    Il n’a plus de raison d’être puisque le citoyen n’a pas l’usage de son droit à bénéficier de la démonstration de la vérité au delà des rapports de force d’une société et des préjugés. Le statut du citoyen deviens du bon ou du mauvais coté politique, et voit son préjudice être du bon ou du mauvais coté de la politique et du médiatique.

    Aussi, non seulement ces mesures sarkozystes sont contraire a l’esprit même de la république dont il est censé être le garant, mais de surcroit, elles engendrerons plus surement les raisons de la colère, de la haine, du replis identitaire et du rapport de force communautaire qui va étendre son action jusqu’à « se faire justice puisque »,

    que faire bénéficier les français d’une justice « a l’américaine » où les experts rémunérés ne seront jamais du coté de ceux qui ont besoin de l’aide juridique, budget qui lui ne va pas augmenter.

    bref, si cette mesure passe, c’est une atteinte profonde a la paix civile autant qu’aux fondamentaux de ce fameux vivre ensemble républicain qui plus on l’affaiblie de la sorte, plus on obtient la société dont on déplore déjà la hausse de la violence continue...

    Sans Juge d’instruction, la France n’est plus une communauté de destin une et indivisible égaux devant la loi, mais un conglomérat a l’homogénéité instable d’identité et de communauté en luttes sans régulations par une même loi avalisé par tous mais par la force.

    amicalement, barbouse.


    • Gabriel Gabriel 1er septembre 2009 14:46

      Salut Barbouse,

      Bientôt se sera le tour du net d’être sous contrôle et vu nos propos, je subodore que nous allons être parqués dans la case pour subversifs !

      Amicalement


    • barbouse, KECK Mickaël barbouse 1er septembre 2009 16:08

      salut gabriel,

      pour une fois, puisses tu ne pas subodorez juste...

      et puis, je vois déjà arrivé la nouvelle tendance, partir sur les sites russe pour y mettre « ce qui compte d’important » où les vidéo que l’on ne veut pas voir censurer à l’américaine..., alors avant de contrôler le net...

      amicalement, barbouse.


    • pat30 pat30 2 septembre 2009 17:07

      « nous allons être parqués dans la case pour subversifs ! »

      avant de l’être dans des stades militairement gardés.


  • paul muadhib 1er septembre 2009 14:43

    déjà qu’il n’y avait pas de justice ,mais un ministère de la punition.......par et pour les puissants..c’est quand même terrible ces droites qui ne savent faire qu’une chose..dictature..
    c’est terrible les gauches qui ferment leur gueule, ça s’appelle : non assistance a personne en danger ,non ?


  • nowak 1er septembre 2009 16:07

    Il suffira au citoyen lamda d’avoir sa carte à l’UMP ...ce qui lui permettra d’avoir un bon « laisser passer » même en justice ...comme à une certaine époque ...


  • Fergus Fergus 1er septembre 2009 16:43

    Plus de 90% des affaires de délinquance ne transitent déjà pas par le juge d’instruction. La suppression de ce magistrat n’aurait par conséquent rien de bien choquant si :

    1° le parquet obtenait dans le cadre de cette réforme une indépendance totale vis-à-vis de la Chancellerie ;

    2° les justiciables pouvaient bénéficier d’une prise en charge des frais d’investigation et d’expertise indispensables à la constitution de leur défense.

    A l’évidence, ce ne sera le cas ni pour le premier point, ni pour le second.

    En conséquence, on s’achemine vers une justice à l’américaine telle que l’a voulue Sarkozy pour mieux encadrer les risques liés à ses propres turpitudes et à celles de ses amis politiques ou industriels. 

    Une régression sans précédent !

    Merci à l’auteur pour ce courageux article.


  • Annie 1er septembre 2009 20:18

    L’ironie est que l’indépendance judiciaire ne fait pas partie des critères de Copenhague pour décider si oui ou non une nation est prête à adhérer à l’UE, bien qu’elle soit implicite puisque l’une des conditions est l’état de droit , mais qu’elle est quand même utilisée dans les rapports de mi-parcours pour évaluer les progrès des nations vers l’accession. Dommage qu’il n’y ait pas d’évaluations après.


  • ZEN ZEN 1er septembre 2009 20:24

    Dans la procédure pénale, le juge d’instruction est un magistrat chargé de rassembler l’ensemble des éléments d’une infraction pour permettre l’éventuel jugement de son auteur. Il est obligatoirement saisi lorsqu’un crime est commis et souvent pour les délits graves et complexes

    " Beaucoup de professionnels récusent l’idée de supprimer le juge d’instruction, ses faiblesses ont été pointées par les mêmes interlocuteurs. L’ancien Garde des Sceaux, l’avocat Pascal Clément, l’avait rappelé lors de son audition par la commission Outreau______Enfin, l’alors-ministre de la Justice soulignait son attachement au système français : "Notre système est, en réalité, le plus égalitaire de tous. Il garantit une enquête de même qualité et de même neutralité quel que soit le niveau de revenus ou la position sociale des parties en cause."C’est l’une des critiques les plus vives adressées aux tenants du système accusatoire à l’anglo-saxonne : supprimer le juge d’instruction reviendrait à promouvoir une justice à deux vitesses. "Et avec un parquet qui ne sera jamais indépendant en France« , ajoute le président de l’USM. »

    Magistrats et politiques s’insurgent contre la suppression du juge d’instruction :
    « ... »C’est la mort d’un système judiciaire indépendant, puisque le parquet est entre les mains du pouvoir« , s’alarme Emmanuelle Perreux, du Syndicat de la magistrature. Pour Christophe Régnard, président de l’Union syndicale des magistrats, il s’agit avant tout  »de venger les hommes politiques d’actions positives des juges d’instruction dans les années 1980 et 1990 dans des affaires de corruption« . En conséquence, les deux syndicats appellent au boycott de la cérémonie prévue mercredi en présence de M. Sarkozy... »

    -Les magistrats inquiets devant la fin envisagée du juge d’instruction :


  • Annie 1er septembre 2009 20:34

    Un tout petit apparté. Le juge d’instruction n’est pas une spécificité française si l’on se rappelle le juge de première instance Sartzetakis qui conduisit l’instruction dans l’assassinat du député Lambrakis, immortalisé par le film Z. 


  • herope kayen 1er septembre 2009 21:50

    Il est certain que l’on se rapproche de la lettre de « cachet » . Il est bien dommage que toutes ces atteintes a nos libertés se fassent dans une indifférence totale. Comme auparavant, l’ultra-sécuritaire, l’enseignement, les retraites, le droit au travail, la dérive avec les sans-papiers etc... Tout est sous contrôle et nos vies ne nous appartiennent plus.

    www.fa-heropelyon.fr.gd


    • Olivier Bonnet Olivier Bonnet 2 septembre 2009 10:52

      Ils sont capables de tout et leurs parlementaires sont des godillots, sauf exception - mais ils ont toujours fini par s’incliner...


  • sisyphe sisyphe 2 septembre 2009 00:02

    "Quelle sera la marge de manœuvre des procureurs soumis à l’autorité du garde des Sceaux lorsqu’ils auront à traiter des affaires financières politiquement sensibles ou qui mettraient en cause des proches du pouvoir ? Une telle réforme n’est viable que si le statut du parquet est modifié et qu’on lui accorde les mêmes garanties d’indépendance que le juge d’instruction. Or dans son prérapport, la commission Léger se prononce « contre une rupture du lien existant entre le parquet et le pouvoir exécutif ». Par conséquent, la messe est dite. On assiste à une reprise en main par le pouvoir politique de l’action pénale. Ces dernières années, les gardes des Sceaux successifs ont réaffirmé leur autorité sur les procureurs de la République, ce qui me paraît correspondre à une régression des libertés publiques".

    Rien à rajouter à ce que dit quelqu’un qui sait de quoi il parle.

    Le pouvoir politique est en train de procéder à un enterrement de première classe de toutes les affaires sensibles, donc de la justice, donc de la démocratie.

    L’entreprise de démolition continue plein pot.

    Merci à Olivier Bonnet d’appuyer là où ça fait mal ; espérons que tout le corps judiciaire ne va pas laisser passer cette véritable forfaiture ; il trouvera, au besoin, tous les citoyens responsables à ses côtés.


  • Avalon_Girl 2 septembre 2009 00:19


    C quand même marrant k dans un tel article, et dans les divers commentaires donnés, personne ne fasse mention de la mort de la juge d’instruction Catherine Giudicelli, 43 ans, présidente de l’Association française des magistrats instructeurs, le vendredi 7 aout 2009 !

    Comme de bien entendu, la dame était en Vélib (pensons très fort aux puces équipant les cartes d’abonnement et lesdits vélos, qui permettent donc de suivre en temps réel la trajectoire de quelqu’un, quelle belle aubaine pour préméditer un assassinat !),
    et s’est faite renverser par un camion (qui lui a mystérieusement bousillé la tête au passage, çà, c du sûr, cherchez l’erreur) à quelQ mètres de chez elle.


    Je précise qu’il y a seulement eu 7 accidents mortels de Vélib depuis son lancement en juillet 2007 (sur 11 accidents mortels de bicyclette sur Paris), et qu’il s’agit du 1er depuis l’Xtension du Vélib à la banlieue depuis mars 2009.

    Vu ces stats, autant dire qu’il s’agit d’un assassinat, sur lesquels la grande presse et les grands médias ont fait le black-out total.

    C tellement moins politiquement dérangeant de parler des faits divers où les petits jeunes dégomment leur famille à la carabine ...

    Sarkozy avait promis d’éliminer les juges d’instruction ;
    nous y sommes.

    La présentation de Coluche à la Présidence avait peu fait rire le corps politiQ, car il réveillait le vrai pouvoir démocratiQ du peuple.
    Lui aussi se fait dégommer par un camion ...

    Balavoine attaQ Mitterand et convient k la gauche ne vaut pas mieux k la droite, ce qui vaut son pesant d’or en termes d’influence, vu sa popularité et son militantisme à tout crin.
    Le brave homme a un accident d’hélico !
    Etc, etc.

    La nuit des longs couteaux n’est pas loin,
    braves gens, restez branchés sur TF1, et continuez à vous déconnecter de la réalité.



  • Vilain petit canard Vilain petit canard 2 septembre 2009 09:15

    A mon avis, cette réforme bidon a deux buts :

    - faire ressembler davantage notre justice à celle de Perry Mason, notre président aime tant les séries télé américaines, et il adore John Wayne, qui lui a tant apporté
    - augmenter le chiffre d’affaires de la confrérie des avocats (il est avocat, au cas où vous l’auriez oublié), qui se gavera au passage en engageant des tas de détectives privés, d’informateurs, etc.

    Le résultat, c’est que seuls les riches pourront assurer leur défense, et que si l’accusé est puissant, on classera le dossier.

    Voilà, pas la peine de chercher plus loin, avec Sarkozy, c’est toujours assez petit.


  • johnford johnford 2 septembre 2009 10:44

    Ça et la taxe carbone et le travail le dimanche ; tout passe comme une lettre à la poste, on ne voit pas pourquoi ils se priveraient de continuer. Ceux qui ne sont pas à la retraite mettez de l’argent de côté..


  • Le péripate Le péripate 2 septembre 2009 13:53

    Et Bonnet a raison. C’est une séparation qui s’affaiblit, même si elle était déjà mal en point. Et il y a en effet tout lieu de craindre que les politiques souhaitent se mettre à l’abri de la justice. Et ça dépasse même les petites affaires véreuses, mais met presque définitivement État et Administration hors de portée du justiciable.

    Le régime juridique de nos sociétés est basé sur trois règles de fer : tu ne voles pas, tu ne triches pas, et tu respectes tes promesses. Autrement dit, c’est le contrat.

    Mais une classe sociale échappe à ces règles : elle vole, elle triche, et elle ment.


    • Olivier Bonnet Olivier Bonnet 2 septembre 2009 14:14

      Un jour à marquer d’une pierre blanche : Le péripate d’accord avec moi smiley


    • Le péripate Le péripate 2 septembre 2009 14:49

      Ce pouvoir exécutif, avec sa bureaucratie énorme et son organisation militaire, avec sa machinerie étatique ingénieuse, qui embrassent des couches très larges, peuplée d’une foule de fonctionnaires d’environ 500 000 personnes, à côté d’une armée de 500 000 personnes supplémentaires, avec un corps affreusement parasite qui couvre la société française comme un filet et l’étouffe... »
       — Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte

      C’est vrai qu’il n’avait pas encore déconné grave, le père Marx, et qu’il était encore libéral.

      Le droit est ce qui enserre les activités humaines et permet la confiance. Plus que tout autre institution ou individu l’État est une menace pour la liberté et la prospérité, qui ne sont que deux faces de la même pièce. Plus que toute autre cette « chose » (l’État) doit être soumise au droit. Et, bien sûr, cette chose fait tout ce qui est en son possible pour y échapper.
      Et cette chose est constituée d’hommes, et cet ensemble d’hommes est une classe, et lutte pour affirmer ses prérogatives sur l’autre classe, celles des producteurs. C’est la conception originelle du concept de lutte des classes.

      ....(sourire)


    • sisyphe sisyphe 2 septembre 2009 17:46


      Le droit est ce qui enserre les activités humaines et permet la confiance. Plus que tout autre institution ou individu l’État est une menace pour la liberté et la prospérité

      Ah bon !
      Et qui, alors, est en charge d’établir le droit ?
      Le plus fort ?
      Dieu ?

      Ce brave Péripate continue sa petite propagande confusionniste, en faisant mine de confondre le dévoiement de la démocratie et l’état.

      Dans une démocratie, la justice (le droit) est séparée du pouvoir politique.
      Ce n’est que lorsqu’il y a dévoiement de la démocratie (comme, par exemple, dans les dictatures, comme celle de Pinochet, ou celle de la « loi du marché », ou dans une autocratie, comme celle de Sarkozy) que la justice est attaquée, et pliée au bon vouloir des dirigeants (politiques ou financiers).

      Le danger ne vient donc pas de l’état, mais d’une organisation dévoyée de l’état, comme celle qu’essaient à tout prix d’imposer les « libéraux », en transformant l’état - représentant des citoyens (démocratie), en état-loi du plus fort (dictatures, autocratie).

      Hors l’état démocratique, nulle organisation n’est fondée à édicter et à faire respecter la loi ; à moins d’organismes internationaux démocratiquement élus et représentatifs de l’intérêt de l’ensemble des citoyens ; la grande hantise des pseudo « libéraux » pour qui la seule loi acceptable est, évidemment, celle du plus fort.

      L’état n’est pas une entité abstraite, un « en-soi » ; il n’est que ce qu’en font les lois qui l’établissent et le régissent : quoi de commun entre un état dictatorial et un état démocratique ?
      Parler de « l’état » comme entité est donc une forfaiture pour entretenir la confusion, et tenter de discréditer la démocratie : pratique très habituelle chez les pseudo « libéraux », qui ne rêvent que de se débarrasser des démocraties, pour imposer la loi des oligarchies et des ploutocraties.

      Raté.


  • Giscardo 2 septembre 2009 22:09

    La Justice pour plein de bonnes (et de moins bonnes...) raisons est un sujet qui me tient à coeur.

    Là, franchement, c’est du beau, du bon, du Bonnet !

    Un article précis, net et sans bavure. Et salutaire.

    Peut-être un brin pessimiste. L’alternance reviendra dans ce pays et, je l’espère, fera changer et évoluer bien des choses.


  • lexisa 3 septembre 2009 18:05

    Excellent article, qui montre bien les enjeux et les dangers de cette réforme commandée.

    Une pétition contra la suppression du juge d’instruction est en ligne sur www.jeunesmagistrats.fr/instruction depuis janvier. Elle a recueilli 9300 signatures à ce jour.


Réagir