Vote d’adhésion, vote barrage, vote protestataire, vote sanction
Le vote consiste, pour l’électeur, à exprimer un choix parmi une liste de possibilités proposées, qu’il s’agisse de candidats nominatifs, de listes de représentants de partis politiques, ou de réponses à une question (referendum). La décision finale dépend de l’ensemble des suffrages exprimés, qui désigne soit un vainqueur unique à la majorité absolue ou relative, soit une répartition de sièges proportionnelle (avec parfois bonification à la liste arrivée en tête). L’électeur dispose de différentes approches pour déterminer son choix.
Vote d’adhésion
Le vote le plus naturel est le vote d’adhésion (ou de conviction), consistant à apporter son suffrage au candidat ou la liste la plus proche possible de ses propres convictions, sans préjuger si ce choix a ou non une chance de l’emporter. Par exemple le vote écologiste systématique par un militant convaincu.
Le vote utile est une variante « stratégique », qui combine la conviction mais aussi le potentiel du candidat à être élu (ou être sélectionné pour le second tour), ou s’il s’agit de liste à obtenir des sièges. Par exemple au dernières présidentielles, JL Mélenchon a obtenu des voix au-delà de son propre courant politique en tant que candidat de gauche le mieux placé.
Vote barrage
Un autre type de vote est le vote barrage (ou de rejet), consistant à faire échouer un candidat ou une liste que l’on rejette absolument, pour des raisons de convictions (car c’est une forme « négative » d’exprimer une conviction). L’exemple emblématique est le second tour de la présidentielle de 2002, où le fort rejet de JM le Pen a conduit à un très fort score d’élection de Jacques Chirac. Aux présidentielles de 2017, il y a eu forte « incitation » à ce type de vote, mais la symbolique du « rejet massif » n’a pas été aussi marquée (il ne s’agissait plus d’une situation perçue aussi radicalement) . L’inconvénient est que ce type de vote peut donner un effet de levier à l’élection d’un candidat dont on désapprouve le programme (sans rejet viscéral).
Vote protestataire
L’électeur peut parfois exprimer un vote protestataire (ou contestataire), qui rejette les partis traditionnels représentatifs de manière générale du « système » libéral mondialisé, en apportant ses suffrage à un parti plus radical, au-delà de ses propres convictions. C’est l’expression d’un mécontentement global.
Noter qu’un « vote blanc » qui serait comptabilisé avec effet « révocatoire » en cas de majorité serait un autre moyen d’exprimer ce type de rejet global (c’était une demande des GJ, refusée par le président). Un très fort taux d’abstention peut comporter une part d’intention protestataire, mais impossible à distinguer par rapport à l’indifférence ou la résignation (contraires de la protestation).
Vote sanction
Un type particulier de vote protestataire combiné avec le vote de rejet est le vote sanction , qui correspond à l’équivalent d’une « motion de censure » par la base, il s’agit d’exprimer un désaveux radical du gouvernement en place, lors d’une élection intermédiaire (quitte à détourner la signification du scrutin). Ce genre de vote s’exprime souvent dans le cadre d’un referendum (ce fut le cas en 1969, le vote ayant été contre de Gaulle plus que contre la régionalisation). Il s’exprime aussi dans le cadre des élections européennes, scrutin jugé souvent non primordial.
Dans le cas des européennes de 2019, la question se pose d’autant plus vivement que, du fait de la très grande multiplicité des listes, la liste unie de la majorité présidentielle pourrait arriver en tête (même avec un score médiocre de moins du quart des électeurs), ce qui aurait une portée symbolique. La sanction (ou censure) pour être efficace serait alors à combiner avec la stratégie de vote utile en se portant sur la liste « protestataire » ayant le potentiel d’arriver en tête. Sachant que la « sanction » n’est pas une « adhésion », cela conduirait certains électeurs à voter pour un parti qu’ils rejettent habituellement, mais qui représente 1° une contestation radicale du gouvernement actuel 2° une contestation radicale du fonctionnement actuel de l’UE, et la sanction étant l’échec de la liste présidentielle à arriver en tête.
Pour cet article, je n’ai pas établi de liste de « références », les différents types de vote mentionnés correspondent à des notions que l’on retrouvera avec un moteur de recherche.