mardi 16 mars 2010 - par emachedé

Xynthia la Guerrière douche les Politiques

Incroyable comment les politiques de tout bord ont vite dégainé. Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Fillon, Philippe de Villiers, Dominique Bussereau mais aussi les moins connus Jean-François Fountaine, vice-président (PS) du conseil régional de Poitou-Charentes et tous les maires des villes touchées.
Une telle réactivité résulte évidemment du nombre impressionnant de victimes (51 décès et une douzaine de disparus) nées d’une terrible tragédie inéluctable et rarissime. Évidemment. Pour le coup, tous les politiciens de gauche comme de droite en sont convaincus et tentent bien de nous en convaincre. On gagne même un magique « plan digue » de l’ami Borloo, un plan sorti du chapeau, tout comme les 3 millions d’euros débloqués en urgence et 700 « mobil-homes » par Ségolène !
Cerise sur la gâteau, bouée sur le bateau, même l’Union Européenne a été appelée au secours via le Fonds de solidarité de l’Union européenne (FSUE). Un fonds qui s’active à la condition que les dégâts occasionnés soient supérieurs à 3,4 milliards d’euros, ou représentant 0,6% du PIB du pays, avec la fourniture d’un chiffrage précis 10 semaines maximum après le drame.
Mais cette réactivité n’est pas due à l’approche des régionales. Le nombre de morts et de sinistrés, n’est pas dû à la faiblesse pour ne pas dire à l’incompétence, voire osons, à la vénalité de politiciens locaux soucieux d’étendre leur commune aux promoteurs immobiliers.
Non ici, « tout le monde est beau, tout le monde il est gentil ». C’est la Fatalité. C’est la Nature. Terrible et incontrôlable mais inévitable.

« Avec la conjonction exceptionnelle des éléments, aucun ouvrage n’aurait pu résister » déclarait pour LeMonde.fr un fonctionnaire souhaitant garder l’anonymat.
On ne peut que confirmer. Qu’ils soient neufs mais mal conçus (trop petits ou peu résistants fautes de budgets), qu’ils soient vieux et non entretenus, ou pire qu’ils soient vieux et à la disposition de cascadeurs pour faire du quad, sûr que les seuls remparts à la montée des eaux ne peuvent tenir convenablement !
« Entre les maires, qui veulent que leurs communes vivent et s’étendent, et l’Etat, qui veut protéger au maximum, il y a un compromis à trouver, et c’est toujours compliqué »
Bizarrement pour sauver des vies, et faire respecter la loi, le compliqué explique toujours la lenteur des opérations.
En revanche, quand un protégé du pouvoir, figure des médias, souhaite se faire construire sa nouvelle villa près d’un lieu classé monument historique, malgré la loi, là bizarrement, tout devient simple et se fait alors rapidement. Étrange, mais les mauvaises langues auront vite fait de dire « on ne peut pas comparer ». Désolé d’écrire le contraire. Si on peut faire une entorse au loi, on peut alors les respecter pour sauver des vies. « Qui peut le plus, peut le moins ».

Parodie de Politique
Et de voir, pour une fois, le PS et l’UMP se rabibocher, malgré toutes les saloperies de caniveau balancées juste avant :
« Ne pas chercher la polémique là où il n’y en a pas » de l’entourage de Bussereau.
« La politique c’est important, mais il y a des moments où c’est la solidarité, le recueillement et les secours qui sont prioritaires » par l’arracheur de dents Xavier Bertrand
il est « logique d’être dans une posture d’union » Christophe Béchu, candidat UMP dans les Pays-de-la-Loire
« La campagne doit changer sans doute de nature, être beaucoup plus pudique » par la dame de fer du Poitou
« Royal m’a appelé hier (dimanche) de façon très sympathique pour me faire part de sa solidarité et de sa disponibilité à nous soutenir. » par…Dominique Bussereau !
Peace & Love, aimons nous les uns aux autres, par respect pour les familles. Mais bien sûr…

Bande de faux-culs ! Au contraire, c’est parce qu’il y a plus d’une cinquantaine de morts, qu’il va falloir un jour que les politiciens véreux ou niais (il faut toujours laisser le choix) payent pour leur incompétence volontaire ou involontaire. Ras-le-bol des copinages, des magouilles en douce !
René Marratier est maire de la commune de La-Faute-Sur-Mer, un nom prédestiné, mais maire depuis… 1989.
Comment expliquer que rien ou si peu n’ait été réalisé pour protéger sa propre ville ? La digue qui a été submergée selon le maire mais éventrée selon les journalistes, était en tout cas…en pleine rénovation au moment du drame. « Vous savez ce que c’est : le retard, les problèmes administratifs… »
Pour le coup, impossible de se retourner vers ses prédécesseurs étant en poste durant près de 20 ans !
Et le telegramme.com allant bien plus loin :
« En 2008, un reportage de France 3 à l’Aiguillon-sur-Mer et La Faute-sur-Mer mettait en évidence les enjeux liés à l’urbanisation. On y explique qu’une partie du secteur situé derrière la digue a été urbanisé récemment, avant que l’Etat n’y mette un frein par le biais du plan « prévention du risque inondation et submersion marine ». Une mesure qui n’était pas du goût du maire de La Faute-sur-Mer, lequel estimait que l’on pouvait encore étendre les zones pavillonnaires à condition de surélever de quelques dizaines de centimètres les futures maisons. »
Sûr que si en plus, hymne à la connerie humaine, les maires s’amusent dans la délivrance de permis de construire en zones inondables, où va-t-on ?
Évidemment un maire seul ne peut rien ou presque. Et il paraît évidemment qu’à l’échelle départementale, régionale d’autres responsabilités seront à mettre en cause.
Et Philippe De Villiers de se réveiller au micro de France Info « sur le moyen terme, il faut construire autrement sur la côte, partout en France ». « L’Etat impose des normes (…) qui ne sont pas assez sévères. Partout où la terre est au niveau de la mer, il est prudent de construire plus loin. »
Navrant et un peu tard, le châtelain.

Côté pouvoir public, cela reste à l’image du privé : il y a ceux qui font leur boulot, dans les temps et correctement. Et ceux qui ne foutent pas une ramée. LeParisien.fr nous relate ainsi, au plus grand désarroi des familles de victimes, qu’une « note datée d’octobre 2008, l’ancien chef du Service maritime et des risques de la Direction départementale de l’équipement (DDE), Stéphane Raison, rappelle que « sur le secteur littoral, la zone de l’estuaire du Lay (NDLR du Parisien : où se trouvent précisément les communes de La Faute-sur-Mer et de L’Aiguillon-sur-Mer, les plus frappées par la tempête) est la zone la plus dangereuse du département, le Lay étant un cours d’eau majeur drainant une surface représentant la moitié du département de la Vendée, exposée à des phénomènes marins extrêmes, amplifiés par l’effet de baie dans la baie de l’Aiguillon ». La DDE a donc bien fait son travail.
et l’article d’ajouter « la commune de La Faute-sur-Mer (…) a été construite sur de vastes espaces gagnés sur la mer, ne tenant pas compte de la mémoire du risque (…). Plus de trois mille maisons sont construites derrière des digues en terre ». Les 20 ans de mandat de Monsieur René Marratier, entre autres…
Quant aux Aigullionnais, les habitants de l’Aiguillon-Sur-Mer, il faudra qu’ils revoient le slogan de leur municipalité : « un regard tourné vers la Mer »

Côté Etat, dommage pour lui la trêve électorale n’est pas totalement déclarée. Normal puisque les Verts n’ont pas été écoutés – et su être écoutés durant 20 ans (encore !) – notre bobo parisienne Cécile Duflot met les pieds dans la plat : « La mise en cause de la loi Littoral, c’est le candidat Sarkozy lui-même qui avait commencé. Il avait dit en avril 2007 : il faut assouplir la loi Littoral pour que les communes puissent se développer normalement, c’était à peu près sa déclaration »
Foutaises ? Récupération politique ? Pas de chance, le nouvelObs a vérifié :« Interrogé sur la loi Littoral de 1986 dans un numéro spécial de l’hebdomadaire Le marin paru le 13 avril 2007, le candidat Sarkozy avait déclaré que celle-ci méritait « d’être mise à jour sans pour autant que l’économie générale du dispositif soit bouleversée. Je crois qu’il faut à la fois la renforcer pour mieux lutter contre les cas de détournement qui ont été constatés, et l’assouplir pour ne pas entraver le développement normal des communes, tout en conservant l’objectif général de protection de l’environnement »
La chef de file de « la purée de brocolis bio » enfonce même le clou en impliquant directement le Sénat (majoritairement de droite depuis De Gaulle) « de remettre en cause la loi littoral ». « On sait qu’il y a un an et demi », la Haute Assemblée « a voulu assouplir les règles d’urbanisme ». [...] « Il y a eu 100.000 logements construits en zone inondable entre 1999 et 2006, donc très récemment, c’est pas des vieilles constructions ».

Au final, pour donner un exemple « militaire », c’est comme si un général faisant tout pour entrer en guerre, planifiait son attaque, les budgets et la population fin prêts, mais qu’au moment de donner les premiers coups de canons, le général capitule et reporte perpétuellement l’attaque.
Dès qu’il s’agit d’assumer sa responsabilité, tout le monde se dégonfle. Les études sont effectuées. Les périmètres des travaux sont établis mais rien n’avance. Et comme il faut plusieurs signatures, maire, conseillers régionaux, tout le monde se couvre dans le retard ou pire, l’absence totale de changement.

51 morts. 12 disparus. Aucun responsable. Aucun coupable. Et après on se demande pourquoi les petites gens se désintéressent de la politique et ne vont plus voter. Ne cherchez plus.

segolène royal cow girl western tempête xynthia: sarkozy survole la vendée


3 réactions


  • Gourmet 16 mars 2010 13:41

    "La digue qui a été submergée selon le maire mais éventré selon les journalistes"
    La digue a été éventrée. Un reportage de Thalassa le montre clairement.

    N’y a-t-il pas de procès en cours de la part des familles de victime contre le maire et ses complices préfectoraux ?

    Je rappelle, incidemment, que le littoral de la Faute-sur-Mer et de l’Aiguillon, entre autres, était, jadis (jusque dans les années 60), réservé à l’élevage, même pas à la culture.
    Les anciens (pas si anciens que cela du reste) savaient très bien que ces zones étaient inondables (ben oui, ça s’est déjà produit et à maintes reprises) et agissaient en conséquence.
    Tout cela a été oublié pour le plus grand profit de certains (qui, eux, n’ont rien perdu dans l’histoire mais au contraire bien gagné, avec des complices à tous les étages).
    Pourtant, un scientifique a rappelé tout cela dans un rapport daté de 2007.
    Plus fort, et cela a fait le tour du Web, hélas que franco-français, le Nésident a déclaré, toujours en 2007, qu’il fallait assouplir la loi littoral.

    Comment voulez-vous que l’on vote ensuite pour un telle bande de pingouins qui se contentent de répéter à intervalle de quelques années qu’il faut faire quelque chose ... sans rien faire.
    Personne, dans le clan politique, n’a parlé de ces entorses à la loi littoral. Personne n’a rappelé que ces zones étaient, autrefois, sans culture et sans construction.

    Il y a 50 ans, les gens étaient tout de même moins cons que de nos jours !
    La faute à qui ? L’exemple vient d’en haut.

    db

     


  • Lucsaint Lucsaint 16 mars 2010 16:14

    Effectivement les digues ont été explosées une bonne vingtaine de fois depuis le 16e siècle. Rien de neuf côté météo. La seule et grande différence avec « avant » c’est que de nos jours les gens veulent d’agglutiner le long des côtes, et qu’ils le font... grâce aux édiles qui délivrent des permis de construire.


  • @distance @distance 16 mars 2010 18:13


    excellent article pour un triste constat

    La politique est l’art de l’intervention et de la représentation : pour gouverner les dégradations infligées à la vie, les politicards contraignent les individus à la passivité, à l’affairisme de la représentation mettant en scène sa propre impossibilité d’agir, la délégation insouciante de ses propres décisions.

    Alors, tandis l’absence de détermination transforme les individus en domestique de la machine étatique, les politicards recombinent en une fausse unité la totalité des lambeaux.

    Pouvoir et affairisme célèbrent ainsi leurs propres noces funestes.


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