Comment sauver la Sécu ?
Le gouvernement vient d’annoncer que la sécurité sociale est moins en déficit que prévu et que l’assurance-maladie n’atteint qu’un déficit de 5,2 milliards (1 de moins que prévu) mais les économies doivent continuer (au détriment des patients ?) car la seule stratégie choisie est toujours celle du déremboursement et des économies « sèches » sans véritable stratégie de long terme.
Aujourd’hui, la sécurité sociale court un réel danger : nos politiques ont très envie de jeter le bébé avec l’eau du bain ! La tentation est forte de « privatiser » le système. Ce dernier se recentrerait sur les dépenses « essentielles », les mutuelles privées prendraient le relais pour les soins courants : c’est le projet de l’UMP (et sûrement aussi du PS). C’est la raison de la création des mutuelles d’entreprises obligatoires. Chacun a pu constater l’envol de ses cotisations de mutuelles et bien ce n’est qu’un début !
Si l’on prend les dépenses de santé 2014, la répartition est la suivante : 194 milliards au total dont 102 milliards pour les soins de ville (49,9 milliards pour les médecins, infirmières et kiné et 47,7 pour les biens médicaux en particulier 33,9 pour les médicaments) et 88,5 milliards pour les hôpitaux et cliniques (68 milliards pour le public et 20 milliards pour le privé), (http://www.irdes.fr/enseignement/chiffres-et-graphiques/depenses-de-sante/consommation-medicale-totale.html).
Le problème c’est que l’on part essentiellement sur des économies administratives mais sans charger à rationnaliser les dépenses en coopération avec les acteurs. Ainsi sur 2015-2017 l’assurance-maladie doit faire 10 milliards d’économie dont 3 milliards pour les hôpitaux, mais ces derniers doivent développer les soins ambulatoires (ce qui est une bonne idée sur le principe) sans que l’on ait vraiment vu quelles spécialités pourront être concernées du fait des progrès de la médecine. L’objectif est général (voir http://www.christophebugeau.fr).
Dans la pratique des économies sont certainement possible mais pour cela, il faudrait faire face aux lobbies : il y a en France 30 000 visiteurs médicaux, ils sont payés sur le prix des médicaments. Le développement des génériques (à condition qu’ils soient identiques aux médicaments initial ! Ce qui n’est pas toujours le cas) est une solution, de même que la délivrance de la quantité exacte de la prescription et non uniquement de la boite entière (dont le restant est jeté). Autrement, dit l’on peut rationnaliser sans rationner, mais cela doit se faire en coopération avec les professionnels de santé. Rappelons que les entreprises pharmaceutiques sont le secteur le plus rentable !
La réalité est simple : le business soit continuer et si nous ne pouvons plus payer par le biais des cotisations sociales ce sera par le biais de nos mutuelles !
Rappelons aussi que 600 000 travailleurs détachés (espagnols, polonais…) paient les cotisations non au niveau français mais au niveau de leur pays d’origine (cela devient non négligeable) et que les activités de type Uber ou RnB qui font concurrence aux activités normales ne participent pas au financement de la sécurité sociale. Ajouté à cela que nous avons 6,15 millions de personnes sans emploi ou en emploi partiels qui ne peuvent pas vraiment cotiser et l’on comprend alors plus facilement nos problèmes.
La solution n’est donc pas une privatisation de la sécu et des économies arbitraires mais passe bien par une réforme du fonctionnement de notre système de santé et par un changement de son financement : une taxe sur tous les revenus sans exception ?