mardi 7 juin 2016 - par Christophe Bugeau

Comment sauver la Sécu ?

Le gouvernement vient d’annoncer que la sécurité sociale est moins en déficit que prévu et que l’assurance-maladie n’atteint qu’un déficit de 5,2 milliards (1 de moins que prévu) mais les économies doivent continuer (au détriment des patients ?) car la seule stratégie choisie est toujours celle du déremboursement et des économies « sèches » sans véritable stratégie de long terme.

Aujourd’hui, la sécurité sociale court un réel danger : nos politiques ont très envie de jeter le bébé avec l’eau du bain ! La tentation est forte de « privatiser » le système. Ce dernier se recentrerait sur les dépenses « essentielles », les mutuelles privées prendraient le relais pour les soins courants : c’est le projet de l’UMP (et sûrement aussi du PS). C’est la raison de la création des mutuelles d’entreprises obligatoires. Chacun a pu constater l’envol de ses cotisations de mutuelles et bien ce n’est qu’un début !

Si l’on prend les dépenses de santé 2014, la répartition est la suivante : 194 milliards au total dont 102 milliards pour les soins de ville (49,9 milliards pour les médecins, infirmières et kiné et 47,7 pour les biens médicaux en particulier 33,9 pour les médicaments) et 88,5 milliards pour les hôpitaux et cliniques (68 milliards pour le public et 20 milliards pour le privé), (http://www.irdes.fr/enseignement/chiffres-et-graphiques/depenses-de-sante/consommation-medicale-totale.html).

Le problème c’est que l’on part essentiellement sur des économies administratives mais sans charger à rationnaliser les dépenses en coopération avec les acteurs. Ainsi sur 2015-2017 l’assurance-maladie doit faire 10 milliards d’économie dont 3 milliards pour les hôpitaux, mais ces derniers doivent développer les soins ambulatoires (ce qui est une bonne idée sur le principe) sans que l’on ait vraiment vu quelles spécialités pourront être concernées du fait des progrès de la médecine. L’objectif est général (voir http://www.christophebugeau.fr).  

Dans la pratique des économies sont certainement possible mais pour cela, il faudrait faire face aux lobbies : il y a en France 30 000 visiteurs médicaux, ils sont payés sur le prix des médicaments. Le développement des génériques (à condition qu’ils soient identiques aux médicaments initial ! Ce qui n’est pas toujours le cas) est une solution, de même que la délivrance de la quantité exacte de la prescription et non uniquement de la boite entière (dont le restant est jeté). Autrement, dit l’on peut rationnaliser sans rationner, mais cela doit se faire en coopération avec les professionnels de santé. Rappelons que les entreprises pharmaceutiques sont le secteur le plus rentable ! 

La réalité est simple : le business soit continuer et si nous ne pouvons plus payer par le biais des cotisations sociales ce sera par le biais de nos mutuelles !

Rappelons aussi que 600 000 travailleurs détachés (espagnols, polonais…) paient les cotisations non au niveau français mais au niveau de leur pays d’origine (cela devient non négligeable) et que les activités de type Uber ou RnB qui font concurrence aux activités normales ne participent pas au financement de la sécurité sociale. Ajouté à cela que nous avons 6,15 millions de personnes sans emploi ou en emploi partiels qui ne peuvent pas vraiment cotiser et l’on comprend alors plus facilement nos problèmes.

La solution n’est donc pas une privatisation de la sécu et des économies arbitraires mais passe bien par une réforme du fonctionnement de notre système de santé et par un changement de son financement : une taxe sur tous les revenus sans exception ?



8 réactions


  • Sozenz 7 juin 2016 16:16

    il est évident que la privatisation de la sécu n est pas La Solution . mais c est ce qu ils veulent mettre en place , donc ils le feront .
    ils font de plus la chasse à tout ce qui est naturelle mettant en avant le coté charlatan . et les personnes en toute confiance se laissent emmener vers des analyses , et une sur-médicamentation qui les rendent encore plus malades ...au profit toujours des lobbies pharmaceutiques . + ,une alimentation polluée et empreinte de produits chimiques ( toujours fonctionnant avec les lobbies de l industrie )
    Nous sommes dans un cercle vicieux dont il faudra bien sortir un jour.
    il faut préserver le système de la sécurité sociale qui est la solidarité de tous pour la santé de tous, tout en ayant une nouvelle vision sur la façon dont on se soigne, afin que les soins soient toujours diffusés de façon équilibrée pour tous et ne pas avoir des personnes qui vont crever au coin de la rue par manque de soins .
    Tout est à refaire et à repenser pour une vie digne pour tous et non pas à deux trois ou de multiples vitesses.
    La privatisation de la sécu va apporter ce décalage entre les personnes . l explosion des cotisations , et une main mise financière par les assurances privées de bénéfices .
    pour ceux qui ne me croiraient pas qu ’ils acceptent ce principes de privatisation et qu ils regardent avec le temps l explosion du coût de leur couverture maladie que leur demandera leurs assureurs privés. Sans compter les refus des assurances à vouloir accepter telle ou telle personnes ou, demander énormément pour les personnes à risques etc ... il n y aura plus de solidarité .
    Là encore, le principe est tellement évident .


  • Parrhesia Parrhesia 7 juin 2016 18:12

    Nous ne la sauverons certainement pas en cumulant le refus obstiné du renouvellement démocratique de nos pitres parlementaires mondialistes et l’incapacité à mener UN combat social, intelligent, intellectuellement honnête (mais là, où ai-je la tête ?) et efficace...

    Or, c’est exactement ce qui se passe actuellement !


  • baron 7 juin 2016 19:50

    Pour une fois je serais presque d’accord avec cet auteur.

    Les économies ne suffisent pas, un mécanisme simple permettrait de régler le problème.
    Déjà, il faut que tout le monde cotise les mêmes sommes, les cotisations ne doivent pas être proportionnelles au salaire.
    Ensuite les non cotisants ne doivent pas être pris en charge par l’argent des cotisants mais d’autres mécanismes, l’état doit aussi donner ce qu’il doit 
    Avec ces simples mesures la sécurité sociale devient bénéficiaire et peut être mème que les mutuelles deviennent inutiles. D’ailleurs pourquoi ne pas verser directement à la sécu pour les complémentaires qui viennent juste rajouter une strate administrative couteuse en fonctionnement.

    • julius 1ER 8 juin 2016 09:03
      Déjà, il faut que tout le monde cotise les mêmes sommes, les cotisations ne doivent pas être proportionnelles au salaire

      @baron
      ah bon et c’est avec ce genre d’argument que tu vas régler le problème !!!
      pour ta gouverne ce sont les plus nantis qui utilisent le plus les services de la sécu pas les pauvres qui eux sont ceux qui l’utilisent le moins !!!

    • Alren Alren 8 juin 2016 13:02

      @baron

      D’ailleurs pourquoi ne pas verser directement à la sécu pour les complémentaires qui viennent juste rajouter une strate administrative coûteuse en fonctionnement ?

      La sécurité sociale a progressivement baissé ses taux de remboursements justement pour favoriser des complémentaires de santé privées (hors vraies mutuelles historiques) qui rapportent gros aux actionnaires. La plus importante est dirigée par un frère de Sarkozy.

      Dans les entreprises les employés n’ont pas le choix : ils doivent cotiser à la complémentaire choisie par leur patron : ils ne peuvent donc pas choisir une vraie mutuelle qui ne fait pas de bénéfice sur ses adhérents.

      La SS continue de rembourser à 100% des traitements de maladies chroniques car celles-ci sont trop coûteuses pour intéresser les entreprises d’assurances santé, elles diminueraient les profits.


  • Le p’tit Charles 8 juin 2016 07:25
    Comment sauver la Sécu ?...En ne gardant que 500 médicaments au lieu de 5.000 et en ne distribuant que les dosses prescrites par les docteurs (comme aux USA) cela éviterait la gabegie !

  • Daniel Roux Daniel Roux 8 juin 2016 11:56

    La privatisation de la Sécu est déjà bien avancée. Comme toujours, droite et gauche au pouvoir, même combat contre les salariés.

    L’adhésion aux mutuelles des salariés a été rendue obligatoire par la loI et ces mutuelles sont, nous le savons, des assurances privée.

    La loi a rendu obligatoire les versements mensuels de cotisation sociales. Il n’y a pas de grandes différences avec la Sécu.

    La Sécu et les assurances privées sont indispensables pour solvabilisées les clients des médecins, des infirmiers, des paramédicaux, des milliers d’entreprises et de salariés.

    Imaginez un instant qu’il n’y ait plus ni sécu, ni assurance.. Croyez-vous qu’il y aurait autant de médecins sur la Côte d’Azur ?

    http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/maudites-depenses-de-sante-71988


  • Coriosolite 8 juin 2016 14:32

    Ici en Centre Bretagne, mais ça pourrait être en Limousin, Ardennes ou toute autre région rurale pauvre, nous cotisons comme tous les salariés français, mais nous n’avons plus de médecins.

    Les médecins généraliste partent à la retraite les uns après les autres sans être remplacés. Si votre médecin traitant s’en va, aucun autre sur place ne vous accepte comme patient. Trop de travail. Il faut faire 60km aller-retour pour trouver un médecin traitant.

    Toujours plus de cotisations, impôts etc. pour toujours moins de services.


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