jeudi 28 juillet 2016 - par Taverne

La dualité de l’Etre

 

Depuis des millénaires, l'homme se fourvoie dans des questions de dualités non essentielles et très polémiques, alors que la dualité de l'être est ailleurs qu'il pense. Les dualités classiques, comme celle du corps et de l'esprit, du bien et du mal, créent des valeurs antagonistes inconciliables et font le lit de toutes sortes d'idéologies et de religions. En réalité, il semblerait que la dualité fondatrice soit non antagoniste : il y aurait en chacun de nous un '"être-en-devenir" et un "être-comme-projet".

Le grand philosophe iranien, Molla Sadrâ Shîrâzî (iranien, 1571 - 1636), a dégagé deux principes essentiels : le principe interne de transformation des choses (appelé « nature ») et le principe de l'acte perpétuel de création. Autrement dit aussi : une causalité horizontale et une causalité verticale.

C'est sur cette base que l'on peut distinguer l’être en « devenir » (nature) de « l’être comme projet » (part de création). Voir le schéma ci-dessous.

La pensée, définie par René Descartes, est reprise ainsi par Baruch Spinoza « (...) Et ainsi en disant je pense, comme il (ndlr : Descartes) l’avait fait, il entendait tous ces modes de penser : douter, connaître, affirmer, nier, vouloir, ne pas vouloir, imaginer et sentir. »

Selon notre théorie, nous avons d'un côté la pensée "naturelle" (principe de nature de Sadrâ Shîrâzî) et la pensée raisonnante (liée à la part de création de notre être).

Comme nous pouvons le voir, les jugements sont à la fois les résultats de l’être en devenir (l'oeuvre de la nature, des circonstances, ainsi que Spinoza nous l'explique) et l’un des matériaux nécessaires à notre intelligence dans sa configuration comme projet.

I - La dimension de l'être-en-devenir (part de nature)

L'être en devenir est ce qu'il devient, et cela qu'il fonde ou pas un projet pour l'être.

Robert Plutchik a, dans sa théorie des émotions, mis en lumière huit émotions de base qui sont les suivantes : la joie, la tristesse, la peur, la colère, le dégoût, la surprise, la confiance et l'anticipation. Ces émotions se combinent entre elles et créent des émotions secondaires. Plutchik a élaboré une Roue des émotions.

J'ai repris ces émotions de base et secondaires dans le tableau ci-dessous, à l'exception de la confiance et de l'anticipation qui, ni pour Descartes, ni pour Spinoza, ni pour d'autres philosophes, ne sont des émotions. La confiance est, comme le désir, une force, et donc classée à part des émotions. Quant à l'anticipation, elle ferait partie de l'intelligence.

Emotions joie tristesse peur colère dégoût surprise
joie       fierté morbidité  
tristesse     désespoir      
peur culpabilité          
colère   envie     mépris indignation
dégoût   remords honte     horreur
surprise ravissement déception crainte      

La différence essentielle entre les deux dimensions de notre théorie tient dans le concept de la liberté : « devenir » est la dimension passive de l’être vivant qui naît, devient et meurt (ou « finit »), alors que dans la dimension du projet, l’être « se sculpte » (comme le disait Plotin), se réalise (comme on dit de nos jours), aboutit. Dans ce second schéma, on est volontaire et libre, contrairement au schéma de la dimension du devenir (par exemple, on ne décide pas d’avoir peur).

II - La dimension de l'être comme projet (part de création)

Les deux tableaux qui suivent (sans doute perfectibles) présentent l'être comme projet. L'être mobilise son énergie et ses moyens pour poursuivre son projet de vie, généralement fondé sur la trinité des buts liberté-bonheur-vérité (dont la justice).

1°) Mobilisation des moteurs par l'être-en-projet

MOTEURS FINALITES
désir plaisir, possession
motivation travail, projets
confiance autonomie, bien-être, joie, foi
volonté liberté, réalisation, perfection, maîtrise

 

2°) Mobilisation des moyens - internes et externes (temps, relations) - par l'être-en-projet :

MOYENS FINALITES
temps mouvement, changement, transformation
imagination dirigée anticipation, idées
imagination subie instillation de la peur et de la superstition chez les autres
raison concepts, résolution des problèmes, "savoirs"
perception connaissance
jugement opinions, valeurs
relations confiance, sentiments

 

Nietzsche : « deviens ce que tu es ! »

Nietzsche opère ici une fusion des deux dimensions de l’être. En effet, « deviens » est un impératif qui ne convient pas à un verbe de la contingence (ex : je deviens vieux, ce n’est pas un projet libre pour moi). Dans la dimension finaliste, active. Si l’on n’était que dans la dimension finaliste, on dirait « fais de toi ce que tu es » où, comme Plotin : « je veux sculpter mon être », là c’est clair. Mais en utilisant cette formule, Nietzsche applique à l’être en devenir (« deviens ») l’acte finaliste de l’être comme projet.

Cette pensée de Nietzsche montre combien il est important de jouer de nos dimensions, de les combiner pour leur donner une force structurante. Or, les oppositions antagonistes sont peu structurantes ; elles sont davantage sources de conflits internes, de déperdition d’énergie et de doute parfois assez destructeur.

Comme Spinoza, Nietzsche a fortement remis en question la dualité classique du bien et du mal. « Par-delà le bien et le mal » est d’ailleurs le titre d’une de ses œuvres.

III - L'avantage de cette conception : le dépassement de l'affrontement dual

La dimension de l’affrontement dual est nuisible à la cohésion et donc à la confiance, provoquant un délitement des liens, qui crée une faille dont les tueurs profitent (terrorisme). La dualité fictive des valeurs est la dimension de l’affrontement interne (les méchants sont les autres, ceux de l'autre camp), ce qui nuit à toute coopération efficace au sein d’un groupe qui partage en réalité les mêmes valeurs fondamentales.

C’est sur le terreau des dualités des valeurs que les religions prospèrent en désignant une dimension comme étant le mal et en décidant de ce qui constitue la catégorie du bien, celle du mal. La religion catholique a ainsi désigné le corps comme la source du mal, par opposition à l’esprit qui mène au salut éternel.

L’antagonisme n’est pas inutile mais il se révèle parfois être une impasse. Par le jeu des positions et oppositions, d’actions et de réactions, des échanges d’idées ont lieu mais l’abus de cette dimension duale ne nous permet pas de prendre suffisamment de recul et de penser par nous-mêmes.

Ces dimensions induisent une idée de négativité. Le négatif stigmatise ce que l’on nomme l’une des composantes de la dualité : le mal, le mauvais, l’avoir.

Les dimensions duales antagonistes, comme bon / mauvais, bien / mal, Etre / Avoir, sont une impasse métaphysique car elles engendrent de l’affrontement de valeurs en catégories « bonnes » et « mauvaises » (Spinoza n’aimait pas non plus cette catégorisation).

Conclusion :

La dualité de l'être-en-devenir et de l'être-en-projet est plus fondatrice que les dualités traditionnelles, non sujettes à conflits, et elle est proche de la nature (alors que bien et le mal sont des valeurs abstraites). Vous remarquerez que l'on ne trouve la haine nulle part. Elle n'est pas une émotion. Est-elle un sentiment ? C'est ce à quoi je m'efforcerai de répondre dans le prochain article, le présent article s'étant imposé à moi comme état des lieux général nécessaire pour ne pas aborder frontalement ce sujet si difficile et sensible. Mais, il est possible de considérer dès à présent, en déduction de tout ce que nous avons dit, que la haine est une sorte de moteur de substitution aux moteurs normaux que sont le désir, la confiance, la volonté, la motivation.

 



30 réactions


  • sparker808 (---.---.48.194) 28 juillet 2016 10:53

    Merci pour le sujet, mais bien difficile de débattre dans le style commentaires...


  • Hachka Hachka 28 juillet 2016 11:57

    Votre texte part d’une mauvaise perception, la pensé n’est pas ce que nous sommes mais en réalité une toute petite partie, nous sommes avant tout le « je suis », l’inverse donc du « je pense donc je suis » c’est un mensonge, la vérité est « je suis donc je pense, j’émotionne, etc » tout part du je suis, de l’instant présent. Ce moment X qui lie matériel et immatériel ne peux pas être compris par le mental mais peux jsute être expérimenter en acceptant de mourir à soit même, accepter de laisser mourir son Moi permet de faire un avec le Tout. Du rien, nous renaissons et nous découvrons le champ subtil de l’être qui n’a nulle besoin de volonté, d’abnégation ou de je ne sais quel autre invention du mental. L’être s’offre à nous, il Est là à chaque instant mais nous n’arrivons jamais à le laisser être car nous lui préférons le bruit, car le Rien dans notre civilisation correspond à la mort et donc à la peur car cette objet non identifié qu’est la mort nous effraie. En acceptant la mort, on découvre que celle-ci n’existe pas, il y a en nous une dimension divine mais nous aimons beaucoup trop la culpabitilité et préfron croire que nous n’en somme pas digne.


    • Taverne Taverne 28 juillet 2016 14:45

      @Hachka

      Vous parlez de deux choses, le cogito et la Présence au monde.

      Sur le cogito qui a deux variantes chez Descartes : « je pense, je suis » et « je pense donc je suis » : mon avis est que le premier est plus clair car le second introduit un « donc » qui laisserait croire un lien de causalité. Sans le « donc », nous obtenons l’autre formule donnée par Descartes qui est : « je pense, je suis ».

      Elle peut être analysée de la façon logique suivante : soit une proposition A « je pense » et une proposition B « je suis », si A est vrai alors B est vrai et inversement si B est vrai alors A est vrai. Il n’y a aucun autre lien logique entre les deux termes (aucun « donc »). Par conséquent, vous pouvez, en effet, inverser le cogito en écrivant « je suis, je pense ».

      Le reste de votre propos concerne la sensation générale que l’on nomme« présence au monde ». Et je dirai qu’ici, c’est affaire de vécu et de subjectivité.


    • Hachka Hachka 28 juillet 2016 17:45

      @Taverne
      tout d’abord merci de prendre le temps de repondre à vos commentaires, mon commentaire venait en réponse à vos 2 pyramide qui veulent déterminé une « logique », perception, intuition = pensé , ce que je veux vous dire, c’est que selon mon expérimentation en tant qu’être sensible, la vérité m’apparait la suivante, perception = contemplation= je suis . Notre conditionnement fait ensuite grâce à des siècle d’esclavage revenir toujours notre égo par la petite porte et nous fait juger la perception ou l’intuition. d’où vient ce besoin de juger ? il vient du besoin de comprendre ? pourquoi vouloir comprendre  ? parce qu’il en va de la survie de l’égo individuelle. Quand on comprend fondamentalement ce lien, on peut donc apprendre à se libérer de l’égo en éteignant le cogito, il se produit alors un saut dans le vide ( même physiquement ) vous faite un saut dans quelquechose d’incommensurablement plus grand que vous , c’est l’éveil ! et puis votre mental ce reprend, il veut a tout pris comprendre cette formidable expérience qui vient de s’offrir à vous et là commence le chemin du pénitant, un va et vient entre méditation (expériementation de l’instant présent) et mental, on devient ensuite à l’aise avec cette vastitude qui n’appartient au domaine de la compréhension mais qui appartient au domaine du divin qui est ce que nous sommes, le livre un cours en miracle pourrait peut être vous interessez


    • Taverne Taverne 28 juillet 2016 18:43

      Nous sommes notre propre matrice.

      @Hachka

      Je suis athée mais mon point de vue se rapproche peut-être du vôtre :

      Nous sommes notre propre matrice. Pour nous en libérer, nous devons librement découvrir toutes nos dimensions. Pour cela, il nous faut nous éloigner de notre Etre Composé (*) et faire retour à notre Etre Simple. Puis, étendre le Simple au travers des dimensions humaines : on peut ainsi vivre l’expansion de notre être.

      (*) (notre « être composé » contient d’une part les rôles familiaux, sociaux, que nous composons où que la société compose pour nous, et d’autre part tout le complexe - valeurs, préjugés...- qui maille notre être sans respect pour les dimensions naturelles, fluides, au sein desquelles nous pouvons évoluer sans entraves.)


    • Hachka Hachka 29 juillet 2016 13:24

      @Taverne
      qu’entendez vous par je suis athée ? Est-ce l’emploi du mot divin qui vous fait croire que je me situe dans le religieux ? je ne crois pas à un être supérieurement intelligent à moi, l’expérience que j’ai vécu ma fait ressentir l’unicité de manière pleine et entière, j’ai vécu le fait d’être complet. De me suffire à moi même dans un mouvement perpétuel fondamentale. Je pense que j’aurais pus choisir cette état parce que j’ai ressenti la perfection et une légéreté qui n ’est pas de ce monde. j’ai finalement décidé de sortir de cette état et j’ai vécu quelquechose d’encore plus incroyable , le fait de ressentir de s’incarner, de renaitre à nouveau dans le vivant. le but de la vie c’est de s’incarner. pourquoi ? je ne saurais vous dire, mais le fait de l’expérimenter enlève tout doute à ce sujet. j’ai à la fois compris que j’étais (« nous sommes » vous, les autre et moi) dieux et que nous nous offrons cette illusion qu’est la vie. pourquoi ? parce que faire circuler l’energie est fondamentalement bon, que ce cogito n’a pas d’importance par rapport au fait de ressentir la vie et la quietude. Avons nous besoin d’une raison pour vivre ? avant cette expérience c’est ce que je croyez et ma réponse aujourd’hui est non, la vie se suffit à elle même et la pensée est une appendice bien trop prononcé dans notre espèce. et nous voyons de plus en plus les dégâts de cette frénésie de vivre à travers notre mental et a travers l’excitation de l’energie mental que nous souhaitons toujours plus. Parce que nous avons finis par croire que nous ne sommes que cela, un mental sur patte alors qu’il ne représente qu’une infime partie et que notre profondeur , notre divinité, n’a rien a voir avec cela.


    • Taverne Taverne 29 juillet 2016 13:38

      @Hachka

      Pour moi, il y a deux phénomènes métaphysique qui mettent l’être en relief et en révèlent les dimensions :

      - le halo de lumière qui nous éclaire du dessus et nous met en relief, révèle les formes...

      - le souffle qui anime notre pensée et sans lequel notre pensée n’est pas. Ce souffle lie le passé au présent.

      Ce sont l’espace et le temps mais vus du côté de l’être et non pas vus de l’extérieur. Ce halo de lumière, n’est-ce pas ce qui ressurgit dans l’expérience de mort imminente ? Le souffle reliant les moments n’est-il pas ce qui fait que nous voyons des images en cascade quand nous voyons « défiler notre vie » ?


    • Hachka Hachka 29 juillet 2016 14:48

      @Taverne
      « voir les images en cascade » ce n’est pas ce que nous sommes, nous ne sommes pas un assemblage d’image, notre vie n’est pas un film. Nous sommes une sensation, le fait d’être l’expérience que j’ai vécu et que je tiens pour vrai à davantage a voir avec la sensation que la vision. la vision provient essentiellement du mental, il essaye de saisir et de juger ce qu’il voit. la sensation ne peut pas être juger, on est dedans ou on n’y est pas.


    • Hachka Hachka 29 juillet 2016 15:00

      @Taverne
      hmm le passé ne peut être lié au présent, le présent est toujours là ou il se trouve, maintenant, en revanche le mental aime relié passé et futur. Au fond voilà peut être ce qui va diversifier l’espèce humaine prochainement. Ceux qui resteront entre passé et futur et à travers cela la volonté implacable de l’égo, du mental, de se prémunir et donc de vivre dans la peur et de l’autre ceux qui choisiront le présent et d’accepter ce qui doit être y compris la mort pour pouvoir vivre en paix et se sentir réalisé.


    • pemile pemile 31 juillet 2016 00:46

      @Hachka « ce cogito n’a pas d’importance par rapport au fait de ressentir la vie et la quietude »

      Ce cogito est quand même là pour dire whaooou, comme un enfant curieux et émerveillé, même dans l’incompréhension totale.

      « Parce que nous avons finis par croire que nous ne sommes que cela, un mental sur patte »

      Mais nous ne sommes peut être que cela, et cela reste compatible avec votre analyse du ressentir, non ?

      « alors qu’il ne représente qu’une infime partie et que notre profondeur , notre divinité, n’a rien a voir avec cela. »

      Parler de profondeur me parait plus pragmatique et explicite qu’un terme mal défini comme celui de divinité !


    • Hachka Hachka 31 juillet 2016 23:10

      @pemile
      j’aime employé des mots différents qui envoie dans le même direction car chacun selon son vécu peut mieux ce comprendre et compléter l’autre. j’appelle également l’instant présent, la vie en éternité.
      Est ce parce que le cogito dit wahoo c’est géniale que la sensation de vastitude apparait ? serait telle moins « wahoo » sans lui  ?
      il ne faut pas trop se formalisé des mots avec lesquelle on à une histoire douloureuse, toujours essayé de voir dans quel contexte il sont employés :)


    • pemile pemile 31 juillet 2016 23:31

      @Hachka « Est ce parce que le cogito dit wahoo c’est géniale que la sensation de vastitude apparait ? »

      Non, c’est une réaction a posteriori.

      « des mots avec lesquelle on à une histoire douloureuse »

      Douloureuse ?

      « toujours essayé de voir dans quel contexte il sont employé »

      Divinité j’ai toujours du mal, quelque soit le contexte !


  • papakill papakill 28 juillet 2016 12:08

    Article intéressant merci.
    Au delà du fait de savoir si c’est « vrai » ou « faux », il a le mérite de me faire réfléchir.

    D’ailleurs, sans savoir si vous avez raison ou tort, l’orientation générale, à savoir définir une dualité plus propice au bonheur (c’est ce que je comprends) est louable.


    • Taverne Taverne 28 juillet 2016 14:36

      @papakill

      Merci. La question de savoir si j’ai raison n’aura sans doute pas de réponse tout de suite. Est-ce que cette théorie ouvre des portes, voilà qui serait intéressant de savoir. Il me semble (mais j’ai évidemment un tout petit parti pris) que cette nouvelle façon de voir la dualité est non seulement moins conflictuelle mais qu’elle est aussi fondatrice de quelque chose de plus large. Reste à savoir quoi. Pour le moment, je désigne ce nouveau champ d’exploration du nom général de « dimensions humaines ». smiley


  • pemile pemile 28 juillet 2016 13:33

    @Taverne « Le négatif stigmatise ce que l’on nomme l’une des composantes de la dualité : le mal, le mauvais, l’avoir. Les dimensions duales antagonistes, comme bon / mauvais, bien / mal, Etre / Avoir »

    Tout « Avoir » serait mal, mauvais ?

    Avoir un langage et des connaissances transmise par ses ancêtres, avoir un panier pour ramasser des fruits ou des champigons, avoir des sandales pour se protéger les pieds, avoir un toit fixe ou nomade, avoir quelques récipients pour préparer ses repas etc, etc.

    La principale dualité qui perturbe l’humain, n’est pas plutôt celle entre une conscience et un monde extérieur ?


    • Taverne Taverne 28 juillet 2016 15:18

      @pemile

      Vous dites : « Tout « Avoir » serait mal, mauvais ? »

      Pour ma part, je considère que l’Avoir est aussi créateur de valeurs. L’Avoir n’est pas mauvais en soi. D’ailleurs, je me méfie des dualités simplificatrices qui nous envoient dans des directions caricaturales et nous empêchent de voir la vérité.


    • Taverne Taverne 28 juillet 2016 15:29

      @Taverne

      Par exemple, l’une des valeurs essentielles créées par la dimension de l’Avoir est l’idée du Juste. Le précepte antique « rien de trop » qui figurait au fronton du temple de Delphes exprimait en partie la notion du juste (il exprime aussi la modération : l’idée du « assez »).

      Autre précepte de l’Avoir : « à chacun son juste dû ». A l’époque où les dettes étaient courantes et reposaient surtout sur la parole donnée. Mais le précepte est transposable à la gratitude, à la sanction pénale : « oeil pour œil, dent pour dent » était l’expression dans le code Hammourabi du juste dû : rien de trop, seulement un œil pour un œil et pas deux.


  • Neymare Neymare 28 juillet 2016 14:40

    Je rejoins ce qu’a dit Hachka un peu plus haut, le « je pense donc je suis » appartient à la vision dual du monde, ma pensée n’est pas l’etre que je suis. A mon sens, il existe un observateur et un observé :par définition, quand je dis « Je », je suis l’observateur. L’erreur que fait l’homme dans sa façon de voir le monde est de se dire je suis le « je », donc toutes les caractéristiques que j’observe appartiennent à ce je : mon corps, ma pensée, mes émotions.

    Dans la vision non dual, le « je » est l’observateur, le personnage que « je » incarne (ou que j’observe en tant qu’observateur) est (tout entier) l’observé (avec le monde qui l’entoure, bien qu’ on ne puisse séparer les 2, voir le principe boudhistes/neo-scientifique de l’interdépendance).

    Par conséquent, ce que je considère dans la dualité comme ma pensée ne m’appartient pas dans l’unité, elle est liée aux personnages que j’observe dans cette fiction qu’est le monde. Ainsi lorsque vous etes amené à revivre une scène de votre vie (ça peut arriver dans la méditation ou dans les expériences de mort imminent) vous vous apercevez que rien, absolument rien n’a changé dans la scène que vous revivez : votre pensée, vos émotions, tout, absolument tout, est identique, la scène revient juste au « Je » conscience comme lorsqu’on se repasse une video déjà vue

    J’en veux pour preuve que bien que votre pensée ait considérablement changée depuis votre petite enfance, vous etes toujours le meme « vous » il n’y a pas de rupture dans votre sentiment d’etre vous. Tout simplement parce que ce sentiment d’identité est indépendant de la pensée, pas besoin de penser pour etre.


    • Taverne Taverne 28 juillet 2016 15:13

      @Neymare

      Pour ce qui est du « je pense donc je suis », il faut voir avec son auteur René Descartes. Je lui poserai la question à l’occasion mais, je préfère vous avertir : même si j’obtiens une réponse, il n’y aucune garantie qu’elle redescende... 

      Mon opinion sur l’unité est qu’elle existe à l’état naturel. Même si nous avons opéré une opposition tranchée (décapitation) entre l’esprit et le corps pendant des siècles de catholicisme, la nature, elle ne fait pas grande différence et réunit les deux comme automatiquement et harmonieusement. Il suffit de la laisser faire.


    • Neymare Neymare 28 juillet 2016 15:24

      @Taverne
      Je parle de l’unité divine pas de l’unité du corps et de l’esprit


    • pemile pemile 28 juillet 2016 17:13

      @Neymare "bien que votre pensée ait considérablement changée depuis votre petite enfance, vous etes toujours le meme « vous » il n’y a pas de rupture dans votre sentiment d’etre vous« 

      L’expérience de relire à 50 ans un bouquin qui vous a marqué à 20 ans ne donne pas cette impression ! (ou de revivre une expérience »type" à 50 ans déjà vécue à 20 ans)


    • pemile pemile 29 juillet 2016 00:25

      @Ratatouille « un voyage astral peut faire vivre aussi ce type d’expérience »

      C’est quoi un voyage astral ? Je connais les expériences de décorporation, c’est un jeu fantastique mais n’ai jamais croisé quelqu’un qui puisse m’en trouver une autre utilité que le jeu.


  • herve_hum (---.---.25.60) 28 juillet 2016 17:09

    La différence entre être en devenir et en projet manque de clarté et apparait comme une redondance, rond, qui mène nulle part.

    Quand on s’attaquent aux principes de bases on ne peut s’appuyer que sur le raisonnement binaire, donc, par,opposition.

    Toutefois, vous avez raison sur le fait que la dualité par exclusion ne permet pas d’aller plus loin et qu’il faut necessairement suivre avec la dualité par inclusion. Cette dernière étant représenté par le yin yang. Le « jeu », bien que tautologique et simple car binaire défi le cogito et surtout la conscience humaine.

    Je prépare un article expliquant le processus dans ses éléments fondamentaux par le biais des nombres premiers et qui s’intitulera « la philosophie des nombres premiers ». Car une fois compris le mécanisme reste encore a l’expliquer et là, c’est une autre paire de manche !

    Je pense avoir trouvé le moyen via les nombres premiers...


    • Hachka Hachka 28 juillet 2016 17:59

      @herve_hum
      « Je pense avoir trouvé le moyen via les nombres premiers... » :D :D :D

      cette recherche ne va pas manquer de sel, ni de temps^^ bonne amusement en tout cas


    • Taverne Taverne 28 juillet 2016 18:50

      @herve_hum

      « La différence entre être en devenir et en projet manque de clarté », dites-vous. Mais il faut bien avoir en tête que la séparation des deux dimensions n’est pas radicale. Par exemple, ce n’est pas parce que l’on est dans le second triangle, celui de la raison, que les émotions et perceptions ne sont plus là. Il faut imaginer le triangle 1 comme un arrière-plan du triangle 2.

      De plus, pour avoir une vision complète des dimensions humaines, il me faudra encore des efforts (mon œuvre est un chantier). Mais nous voyons bien ici la place intermédiaires des jugements.

      Phase 1 « Etre-Devenir » : les jugements sont formés par nos perceptions, nos sensations.

      Phase 2 « Etre-Projet » : les jugements sont valorisés (examinés selon le filtre de notre système de valeurs) et réexaminés par la raison logique.


    • herve_hum (---.---.25.60) 28 juillet 2016 22:43

      @Hachka

      Ne manquez donc pas de lire l’article quand il paraîtra !

      Et rassurez vous ma recherche arrivant a son terme, vous n’aurez pas longtemps a attendre,

      En attendant, je vous invite a lire mes articles vous y trouverez les réponses a vos questions


    • herve_hum (---.---.25.60) 28 juillet 2016 23:17

      @Taverne

      Je ne vais pas m’attarder plus, mais je vous ferai remarquer que votre propos est éminemment anthropocentrique et de ce fait devrait parler de « dualité de l’être human » et non de l’être.

      De la même manière qu’il est faux de limiter la célèbre phrase de Descartes au seul humain et enfin, corolaire de ce qui précède, que l’être en devenir et/ou en projet s’applique, a minima, aux autres êtres évolués que sont les autres espèces animales.

      Maintenant, interrogez vous donc pourquoi vous ne pouvez ou voulez pas, toujours à minima, intégrer les autres espèces animales dans votre schéma de pensé ?


  • soi même 28 juillet 2016 23:12

    Bon, j’espère que le génie qui a pondue l’article n’a pas les chevilles qui enflent ?

    Je vous rassure c’est du Tarvene, je vous pries de ne pas lui poser des questions gênantes, cela risquait de ridiculiser l’article. 


  • Stéphane Douay (---.---.26.49) 30 juillet 2016 09:58

    Chercher l’instant présent ,c’est rester dans la dualité car on sépare le dedans du dehors. On sépare l’instant de ce que l’on est. Vivre la présence est bien plus juste si l’on veut rester dans le sujet. L’instant présent n’est déjà plus présent.

     Notre monde est dual. Il fonctionne comme ça. Par analogie, notre propre corps fonctionne par système de dualité dont l’inversion permet le mouvement. 2 hémisphères accolés en miroir forment une unité au dedans. Au dehors, la droite du corps est « commandé » par l’hémisphère gauche et la gauche du corps est commandé par l’hémisphère droit. Une inversion dedans/dehors. Pour avancer, notre corps inverse le haut et le bas, c’est une inversion verticale. Quand la jambe gauche est devant, le bras droit est derrière. Sans cette mécanique, point de mouvement. Point de temps.

     Au sujet de la « haine/amour », il y a, à mon sens, un manque de subtilité qui fait passer la plupart des gens à coté de la question. On confond inversion et les deux faces de la même pièce. Toujours par analogie avec notre corps, quand on se regarde dans le miroir, nous ne nous voyons pas comme nous sommes, nous voyons une image inversée de ce que nous sommes. Je regarde mon visage inversé, je ne vois pas mon dos. En ce sens, la haine est le dos et l’amour la face. Le reflet inversé de L’amour n’est donc pas la haine mais la culpabilité. Retrouver le lien d’amour qui nous unis aux êtres que l’on aime, c’est nettoyer ce lien de toute la culpabilité qui l’entache. Voyez donc comme les parents aimant chargent leurs enfants de cette culpabilité.
     Enfin, pour retrouver l’unité dans la dualité, sans voyages astraux ou autres, on peut aussi utiliser de petites clefs/questions dont voici la première qui aide à faire tomber nos formes de croyance : 
     Quelle importance je donne aux choses ? 
     A force de gonfler d’importance des choses qui n’en ont pas autant, on fini tous par ressembler à éléphant man. 
     Ensuite vient l’illusion de l’équilibre. Une quête sans fin puisque l’équilibre n’existe pas dans notre monde. C’est un monde en mouvement, donc qui ne fait que gérer des déséquilibres. Mettez votre corps en équilibre sur un fil et voyez si vous pouvez faire autre chose que de gérer votre déséquilibre...L’équilibre et comme l’instant présent. A peine vous pensez l’avoir saisi qu’il est déjà passé.
    bonne journée.

    • pemile pemile 31 juillet 2016 01:12

      @Stéphane Douay « puisque l’équilibre n’existe pas dans notre monde »

      La vie est basée sur l’homéostasie, le maintien d’un équilibre assez efficace.

      « L’équilibre et comme l’instant présent. A peine vous pensez l’avoir saisi qu’il est déjà passé »

      Non, l’instant présent est un équilibre qui dure assez longtemps, avant de « passer » !

      PS : le funambule est tout à fait capable de siffler les gymnopédies de Satie tout en ressentant l’arome d’un petit café qui l’attend à l’autre bout du fil.


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