Oyez bonnes gens, l’extrême-droite est arrivée au pouvoir en Belgique
Oyez bonnes gens, l’extrême-droite est enfin arrivée au pouvoir en Belgique.
Votre petit voisin du nord, la Belgique, a franchi le pas. Elle a depuis ce samedi un nouveau gouvernement qualifié, doux euphémisme, d’ultra droite qui a pris près de trois mois à composer un programme de législature à vous faire froid dans le dos.
Puisque nous sommes paraît-il en période de crise due pour l’essentiel à l’allégeance européenne aux banques et, par ricochet, aux grands principes dits libéraux d’Outre-Atlantique, votre gouvernement dit de gauche en est un cruel exemple, il ne nous manquait plus que d’aller plus loin en donnant la pouvoir à la démocratie de rejet.
C’est fait. Jugez-en plutôt :
- suppression d’un saut d’index, ce mécanisme régulatoire qui fera perdre au monde du travail un minimum de 500 euros par an SANS LA MOINDRE COMPENSATION
- report de la pension de 65 à 67 ans dès 2020, pas tout de suite pour ne pas effrayer les individus en fin de carrière
- mise au travail forcé des chômeurs de longue durée dorénavant taillables et corvéables à merci
- institutionnalisation du travail sous-payé pour les jeunes qui ont déjà si difficile à se faire une place dans ce monde peu fait pour eux
- court-circuitage généralisé des syndicats dont on ne sollicitera plus l’avis avant l’introduction d’autres mesures qui seront de plus en plus coercitives, en ce inclus le droit de grève
- diminution drastique de tous les subsides culturels
Etc… etc. La liste est longue, rien de ce qui est social n’a été oublié.
Faites payer la crise aux pauvres !
Toute une batterie de mesures dites structurelles ont été édictées pour favoriser le grand patronat qui reçoit l’ensemble des cadeaux pour assurer notre compétivité qui a bon dos et, foutage de gueule supplémentaire, favorisera, parait-il en compensation, l’accès à l’emploi comme il l‘a toujours fait jusqu’ici, n’est-ce pas.
Là n’est pas le pire, Hollande le gaucho de salon et son copain Valls vous en préparent d’aussi belles…
L’innommable est ailleurs, il tient aux particularités du système belge basé sur le compromis que votre démocratie ne connait pas du fait de votre système majoritaire à deux tours qui permet « au nom de la démocratie « ( exprimée à un peu plus de 30% oui, oui ! ) de donner le pouvoir à une minorité tantôt de gauche, tantôt de droite qui, jusqu’à cette exception d’aujourd’hui, a toujours veillé à d’abord défaire ce qu’avait construit la majorité précédente, quelle que soit son orientation avec les résultats que vous connaissez. Un bourbier appelé 5ème République dont il ne vous vient pas à l’idée qu’il est responsable d’une situation sociale et économique qui fait de la France un des états européens que l’on montre du doigt, agences de notations comprises, en tant que colosse aux pieds d’argile dont on se demande comment il ne s’est pas encore écroulé, ce qui ne saurait tarder.
Allez Marine ! suggèrent ultra-riches, marquises, imbéciles sélectifs et mécontents de tous bords...
Eh bien Marine, nous, nous l’avons !
Advienne que pourra.
Comment en est-on, nous Belges, arrivés là ?
Une histoire ordinaire qui nous pendait sous le nez à cause du clivage entre deux ethnies différentes regroupées par accident historique en une seule Nation, la moins nationaliste du monde.
Mais l’hydre veille sur base de l’appartenance linguistique de ses deux composants. Depuis que Bart De Wever, le chantre du sous-nationalisme flamingant ultra, vogue de succès en succès électoral, tant la gauche que le centre, qui a toujours servi d’appoint tantôt à la droite soft qu’au socialisme tout aussi soft et affairiste, ont été détruits par les mythes soigneusement entretenus du bon flamand travailleur exploité par ce sale francophone qui ne vit que du chômage, de l’insécurité et de la drogue ( oui, il ose le dire ! ) et part avec tous les revenus si péniblement accumulés à la sueur du front d’un peuple réduit à ne pas pouvoir assumer son statut de victime de toutes les répressions d’après-guerre, cfr. ses manuels d’histoire que ce dangereux Calimero de l’ordre nouveau n‘a cesse de rappeler.
Le raccourci même de la victimisation…
Le gouvernement précédent ayant vu le jour - après 541 jours de vacance du pouvoir ! suite à une trahison institutionnelle de quatre des cinq grands partis francophones qui vaut aujourd’hui à Bruxelles, capitale et carrefour de l’Europe, d’être entièrement entourée de territoire flamand, y compris là où il est largement minoritaire, cette comédie qui avait mis le pays au bord du précipice, avait entraîné la constitution d’un gouvernement hybride regroupant socialistes de salon, chrétiens-démocrates sévissant sous le doux nom d’humanistes et libéraux indicibles fidèles de la seule économie de marché et aux banques. Fait unique dans notre histoire, ce gouvernement conduit par Elio Di Rupo, un socialiste « qui en avait marre des parvenus de son propre parti, mais ne s’y est jamais attaqué « , était majoritaire en Wallonie, mais minoritaire en Flandre a tenu vaille que vaille jusqu’en fin de législature. Comme il parait que la démocratie citoyenne s’arrête aux bureaux de vote et puis basta, les nouvelles élections ont donné un verdict sans appel et c’était prévu : le flamingantisme rabique est devenu majoritaire du côté flamand. Que la démocratie le veuille ou non, il devenait de facto impossible de se passer de lui pour gouverner. Bart De Wever tenait sa victoire, il pouvait enfin faire plier d’une part une Wallonie exsangue, et de l’autre la Flandre démocrate ou du moins ce qui en reste, c'est-à-dire plus grand-chose.
La majorité précédente s’étant caractérisée par un immobilisme profond du fait des antinomies en son sein, le changement, c’était maintenant.
Et seulement sous mes ordres, rappelle le Führer !
Une haine de l’autre sublimée par une immense gaffe des socialistes francophones qui, sentant passer le vent du boulet, se sont empressés de refuser aux libéraux, le seul autre cas mathématique possible, d’accéder en tant que deuxième roue de la charrette au pouvoir en Wallonie. Ceux-ci se sont donc immédiatement vengés en prenant langue avec la N-VA, le parti pervers du racisme sur base de la langue qui ne demandait que cela, une traîtrise à toute moralité publique qui fait des vagues même dans ses rangs
Résultat, le nouveau gouvernement est l’exact inverse du précédent. Il regroupe les trois tendances de droite ( droite normale, droite grand + et droite immonde ) en Flandre …et la seule droite très minoritaire en Wallonie où elle représente moins de 25 % de la population. Traître à tous ses principes sauf la boulimie de pouvoir alors que celle-ci avait juré de ne jâaâmais gouverner avec l’extrémisme flamingant, elle s’est empressée de ne pas respecter sa promesse, un faux serment qui a connu son aboutissement ce samedi avec la formation du gouvernement le plus à droites toutes que le pays ait jamais connu.
Jugez-en plutôt : le poste de Premier Ministre a été confié à un jeune blanc-bec francophone de 38 ans dont le seul titre de gloire est d’être le fils de son père, le Ministre des Affaires Etrangères reste entre les mains de Didier Reynders, l’ami de Paribas, des gros industriels qui comptent et du secteur bancaire. En revanche, TOUS les postes nationaux qui comptent sont dorénavant phagocytés par le flamingantisme ultra qui a lui aussi juré, c’est très tendance, de mettre ses nouvelles revendications nationalistes au frigo, promesse dont, après seulement deux jours, il prouve déjà dans ses discours enflammés qu’il n’en sera rien.
Plutôt qu’un long exhaustif qui ne peut que lasser, contentons-nous du plus éclairant et du plus vomitif.
- D’abord, le nouveau Ministre de l’Intérieur, Jan Jambon est issu en droite ligne des milices nostalgiques de l’ancien front de l’Est pour lesquelles il n’a eu de cesse de manifester son admiration au point d’en devenir un des dirigeants les plus respectés. Devinez ce que cela va donner lorsque les syndicats vont descendre dans la rue, ce qu’ils préparent déjà à grande échelle. Attention à la répression, j’aime autant en pas y penser.
- Ensuite plus fait divers, le vilain Bart, qui a eu l’intelligence diabolique de ne pas rentrer dans ce gouvernement dont il ne pouvait qu’être Premier Ministre ou rien a finalement choisi la seconde solution pour en tirer toutes les ficelles de l’extérieur, a aussitôt réclamé en ultime deal à prendre ou à laisser un casino pour sa bonne ville d’Anvers dont il est le Maire. Au retour de cette exigence de dernière minute – après avoir réclamé pour finaliser sa participation un traitement fiscal favorable pour ses amis du secteur diamantaire, il a eu l’outrecuidance ( la maladresse ? ) de rentrer chez lui à bord d’une Porsche dont le conducteur, non identifié de surcroît, pilotait une voiture dont les plaques avant et arrière ne correspondaient pas, au grand dam des flics qui avaient osé lui foutre une amende pour parking non toléré, ceci sans avoir, comme la loi les y oblige, envoyé cette bagnole grand-luxe à la fourrière.
Que voulez-vous, le chantre de l’extrême-droite a de puissants amis. Il est dorénavant au-dessus des lois, navigue en eaux troubles, ne permet aucun contrôle sur ses faits et gestes et tenait à le faire savoir…
La Belgique démocrate est KO. L’ami de Le Pen triomphe, c’est ce qui risque de vous arriver si, vous aussi, vous votez dans deux ans pour les thèses de ces surexcités de la supériorité raciale dont le credo se résume à éructer » tous pourris, sauf moi ! « pour seul programme, alors que le vrai, le sélectif, n’est jamais mis en avant.
Ayez une pensée pour nous, la Belgique démocratique est morte ce samedi et ne renaitra plus de ses cendres.
Amen !
Alain Sapanhine c/o ASTERIX