jeudi 18 août 2005 - par Emmanuel Delannoy

Pourquoi sortir de la voiture ?

Je n’ai pas l’intention de me concentrer exclusivement sur la question des transports, notamment urbains, mais l’abondance des réactions à ma précédente note, (J’ai aussi reçu des courriels directs) et leur teneur, m’incitent à revenir brièvement sur le sujet.

J’ai délibérément choisi un ton provocateur pour cet article. Mais je pense tout ce que j’ai écrit. De nombreuses études, basées sur des constats objectifs, démontrent que de toutes les inventions humaines, l’automobile est celle qui a eu le plus d’impacts sociaux et environnementaux, et aussi celle qui est responsable du plus grand nombre de morts. (Bien que le nucléaire, ou les OGM, concentrent une opposition bien plus forte).

Mais je savais que je m’attaquais à un tabou. Je peux écrire "Dieu est mort", tout le monde s’en fout. Mais si j’écris "l’automobile est un moyen de transport obsolète dont il faut limiter l’usage", je suis un dangereux écologiste radical. Certains de mes amis ont vécu comme une trahison que je puisse aborder le sujet de cette façon. D’autres, ne comprenant même pas qu’un être sensé puisse seulement envisager la question d’une alternative à l’automobile, répondent à mon "comment ?" un "pourquoi ?" désemparé.

C’est vrai que c’est pratique l’automobile. Mais seulement parce que toute notre vie, nos villes, nos centres commerciaux, nos facultés et nos lycées, sont conçus et construits, ou adaptés avec force, pour l’automobile. Pour travailler, elle nous est souvent indispensable, même si elle nous pique une bonne partie de ce que nous avons gagné en travaillant. J’ai la chance rare de pouvoir me passer de voiture pour travailler, et de m’organiser entre le vélo et le train. J’espère que ça va durer. Mais tout le monde ne peut pas en faire autant, et loin de moi l’idée de culpabiliser ceux qui ne peuvent pas faire autrement. C’est justement pour ça (parce que les conditions pour un vrai choix n’existent pas) qu’il faut d’urgence chercher des alternatives à l’automobile comme moyen de transport individuel. Pour tous, et pour que tout le monde y gagne. Même si on réglait le problème de la consommation d’énergie fossile et de la pollution, il resterait le problème de la place qu’elles prennent, et dont elles ont besoin pour circuler et stationner.

Alors pourquoi sortir de la voiture ? Sans revenir sur les arguments évoqués précédemment, juste une annecdote : Hier soir, Marseille était bloquée. Des milliers d’automobilistes sont restés sur place pendant deux ou trois heures, simplement parce que le principal tunnel d’accès aux autoroutes permettant la sortie de la ville par le nord était fermé. Ces derniers mois, j’ai souvent vu une telle situation chaotique, pour des raisons diverses. Le vrai problème est que nous sommes tellement près du maximum soutenable en terme de densité automobile, qu’un rien suffit à gripper la machine. Et le parc automobile continuant à croître (de même que la taille moyenne des automobiles), le jour où il sera devenu absolument impossible de se déplacer en voiture est pour bientôt. Certes, les disparités locales sont importantes, et certaines villes s’en sortent beaucoup mieux que d’autres. Mais Marseille n’est pas un cas isolé, surtout si on prend en compte d’autres grandes villes du Sud, comme le Caire, Alger, Mexico, ...

Alors, je vous retourne la question : Pourquoi sortir de la voiture ? Et comment faire ?

Je n’ai pas la réponse à moi tout seul. Mais l’annonce récente de la fermeture de certaines lignes SNCF en province ne me semble pas aller dans la bonne direction...



9 réactions


  • Colza (---.---.185.221) 20 août 2005 08:27

    Pourquoi sortir de la voiture ? Et bien parce que :
    - Elle favorise l’égoisme et l’agressivité,
    - Prise collectivement, elle pollue beaucoup plus que n’importe quel autre moyen de transport collectif (un autobus urbain avec 80 personnes à bord enlève pratiquement 80 voitures de la ville et libère presque 400 mètres de chaussée sur deux voies)
    - Et même hors d’usage, elle continue à polluer. Ca serait bien, non ?, un bus tous les 400 mètres au lieu d’un flot ininterrompu de voitures !!


  • Manu (---.---.77.234) 20 août 2005 20:40

    Je suis tout à fait d’accord pour continuer le développement des transports en commun ; je suis d’ailleurs assez triste qu’à l’occasion du TGV-est, on ait pas eu l’idée de construire en même temps une autoroute ferroviaire pour les marchandises.

    Mais de façon globale, je serai plus nuancé. L’automobile reste et restera pour longtemps un formidable instrument de liberté. Reste à circonscrire son domaine d’action, et là on en revient à l’idée première : penser l’automobile comme un complément aux transports collectifs. Il semble que le tout-automobile soit révolu est que les mentalités aient bien évolué sur ce point.

    Il reste à développer des sytèmes comme le shuttle (entre la France et l’Angleterre) qui allie les avantages du transport collectif et de l’autonomie de l’automobile. Complémentarité, c’est le maitre mot.


  • alex de chartres (---.---.41.103) 21 août 2005 09:08

    Je ne crois pas que les bus soient vraiment une bonne idée, ils polluent aussi et ne sont plein qu’aux heures de pointe (Je peux en témoigner en tant qu’ancien conducteur.).Vu ce que consomme un de ces bestiaux c’est une fausse bonne idée. Cependant , le bus comme complément au réseaux Tram/Train Ca me semble déjà bien mieux.Ainsi à Strasbourg un début d’aménagement censé à vu le jour lors de la mise en service du Tram:de grands parkings à la périphérie de la ville désservent les terminus pour accueillir ceux qui ne peuvent venir autrement(le prix du transport en tram est inclu dans le billet de parking pour tous les passagers de la voiture) et en complément les bus rapatrient les gens des differents quartiers vers le tram.Dommage que seul l’hypercentre soit interdit au voitures.


  • colza (---.---.59.88) 21 août 2005 09:41

    Bien sûr que le bus n’est pas la panacée, du moins pas le bus dans sa configuration actuelle (ça pourrait changer avec les piles à combustibes, par exemple)

    Ce que j’ai simplement voulu dire, c’est qu’un bus polluera moins à lui seul que le nombre de voitures qu’il remplace (un bus consomme environ 35/40 litres au 100 km, donc autant que 6/7 voitures pas trop gourmandes) Je suis moi-même conducteur de bus à Montpellier, où le tram est bien implanté et en cours d’amélioration par la création d’une deuxième ligne, mais le bus reste inconturnable pour « rabattre » les usagers de leur domicile jusqu’au tram. Il faudra donc bien, à terme, trouver une alternative au moteur diesel.


  • Mathieu (---.---.49.160) 5 septembre 2005 17:54

    Pour reprendre les arguments d’alex, oui le bus pollue (comme tout moyen de transport utilisant du pétrole) mais au ratio pollution/personne il pollue largement moins que la voiture. Ils sont aussi pleins lors des heures de pointes, tout comme il y a des embouteillages. Et oui ils consomment mais encore une fois au ration consommation/personne il est plus efficace que la voiture. Alors certes le bus n’est pas la solution à tout, il doit être associé au maximum de moyens de transport alternatifs : tram, métro, pistes cyclables (quel bonheur de se balader dans le centre d’Amsterdam sans croiser une seule voiture mais plein de vélos)... Mais il faut aussi que les usagers fassent des efforts pour se passer de leur voiture quand ils peuvent faire autrement. Et comme il a été fait à Strasbourg, interdir les voitures dans le centre des grandes villes serait aussi un bon début.


  • (---.---.231.82) 24 octobre 2005 14:14

    Je crois qu’il serait temps d’agir. Tout le monde se demande pourquoi les constructeurs créent des voiturent qui peuvent aller bien au delà de la limitation de vitesse française. Tout le monde a les solutions, mettre plus de bus en ciculation afin qu’ils soient moins bondés aux heures de pointe et qu’ un maximum de passagers, voire tous,est une place assise ( je deteste le bus à cause du fait qu’il n’y ai pas assez de places assises qui permettent de voyager plus confortablement et de moins lutter contre la conduite trop nerveuse des conducteurs)

    La voiture est une belle création cependant. Allez dire à une famille de 5 personnes d’abandonner la voiture et de faire ses courses pour la quinzaine en vélo où transport en commmun ???!!!

    Ce qui transforme un humain gentil en conducteur névrosé et aigri, c’est également le manque de place de parking et le manque de place de parking gratuit ou pas trop cher dans les villes.

    Un parking géant aux quatre coins de Paris, je suis pour. Un parking qui serait surveillé et qui proposerait des tarifs humains à la journée et demi-journée.

    Il y aurait encore beaucoup à dire... je reviendrai plus tard.

    Merci de m’avoir lue.

    Cathel.


  • Mathieu (---.---.212.160) 24 octobre 2005 14:40

    Je ne suis pas sûr que l’agressivité des automobilistes soit due uniquement à un problème de parking. Les gars qui klaxonnent comme des abrutis dans les embouteillages ne sont pas forcément à la recherche d’une place, ils voudraient simplement être les seuls à utiliser la voiture


  • Malek T. (---.---.33.33) 24 octobre 2005 16:40

    Ce n’est pas la voiture qui rend fou, c’est la circulation... Les provinciaux et les étrangers sont choqués du comportement des banlieusards et des parisiens au volant. Je me suis souvent demandé pourquoi cette population-là précisément serait plus odieuse que toutes les autres. Il est clair que passer 2H, voire plus en cas de grève ou de mauvais temps, matin et soir dans son auto, ça rend fou ! Donc, agressif. Si les autos ne polluaient plus et ne pouvaient plus dépasser les 130kms puisque c’est la vitesse en principe limitée sur autoroute (imaginons qu’elles utilisent toutes une énergie non polluante) il y aurait toujours autant de « fous » dans les embouteillages, mais ils ne pollueraient plus. C’est un bon début. Mais faudra-t-il continuer à les inciter fortement à utiliser les transports en commun (imaginons-les non polluants eux aussi) ? Qui cela gênera-t-il lorsque nous en serons là ? Après tout, si certains préfèrent à tout crin être seuls dans leur auto ou en co-voiturage, c’est leur problème (à condition qu’ils ne polluent pas, ni ne roulent vite, etc...). Ca m’intéresserait d’avoir votre avis ? Ou bien, le problème est-il de supprimer toutes les voitures ? Surtout les grosses, qui coûtent très cher (celles que 80% des Français moyens rêvent de s’acheter s’ils gagnent au loto...) et sont considérées comme un « signe extérieur de richesse » insupportable à ce titre, pour beaucoup.


  • Cathel (---.---.162.218) 28 octobre 2005 18:10

    Bonjour,

    Je souhaiterais répondre à le fois à Mathieu et à Malek ; je tiens à préciser une chose avant : Je suis une fille et apparemment j’ai des gènes extra-terrestre, en effet car moi je me fait agresser, insulter car je respecte les limites de vitesse, eh oui, eh oui, je sais, cela va en mettre plus d’un en rogne car vous m’avez peut-être croisée, nan, il n’y avait pas d’accident ce jour-là, ni de travaux sur la route ; c’était moi, Cathel en train de rouler à la vitesse autorisée, tout simplement. Certains, (ceci est un terme générique), n’hésitent pas à me doubler devant le panneau de rappel : 50km/h à au moins 70 après m’avoir fait des appels de phares etouétou, pourquoi s’en prendre à moi. Je roule à bien à droite, je roule sur des routes où l’on peut me doubler facilement, qu’on me laisse rouler en paix à la vitesse normale !! Ce n’est pas par respect et sponsor vis-à-vis de la Prévention Routière, ni phantasme à outrances pour l’habit de gendarme mais parce que cela me plaît, je m’éclate au volant comme ça ! Une précision Malek, si tu veux bien. J’ai obtenu mon permis à Paris, le leitmotiv que j’entendai à l’époque était : si tu obtiens ton permis à Paris alors tu pourras conduire partout. J’ai vécu en Province.En province, certaines personnes conduisent très mal aussi, car trop vite (il y a sur les routes une voiture qui passe tous les 1/4 d’heure, alors) (sic !) L’alcoolisme sévit AUSSI en Province... Les boites de nuits situées à plusieurs kilomètres des grandes villes de Provinces, sur des routes en ligne droites ( voir dans le Gers, par exemple) ça n’arrange rien. Bon, merci de m’avoir lue.

    Cathel


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