samedi 5 juillet 2008 - par Forest Ent

2008 année noire, saison 2, épisode 4 : le prix du pain

Où les retombées de l’explosion de la bulle de crédit s’avèrent quelque peu radioactives...

En avril 2007, à la suite d’autres sites, Agoravox avait attiré l’attention sur l’excessif endettement privé des Etats-Unis, et le risque que ferait peser sur l’économie mondiale une explosion de cette bulle de crédit. En octobre 2007, après les "subprimes", nous avions constaté que le processus avait commencé et titré : "C’est une crise économique majeure qui aura des conséquences politiques. La « tempête parfaite » est en train de s’abattre." La présidente du Medef, Mme Parisot, a lancé le 30/6 sur RTL un "avis de tempête" sur l’économie mondiale. Il semble qu’après un an de dénégations diverses, la gravité de la situation commence à pénétrer les esprits. C’est le processus de deuil de la croissance.

Nous assistons à des changements majeurs dans les affaires du monde. Nous pouvons tenter de discerner les forces sous-jacentes et la logique de leurs affrontements. Cela ne permet pas pour autant de prédire le déroulement des événements, ni la situation après la crise.

Dans le présent article, nous allons examiner le déroulement récent de cette crise et son fait majeur : le grand retour de l’inflation. Ceci permettra d’aborder le sujet que nous n’avons pas encore traité dans notre chronique : le pétrole. Lors de la dernière réunion du G8 et lors de la réunion le 30/6 du World Petroleum Congress, le débat a fait rage pour savoir si la hausse du pétrole était due à "l’insuffisance de l’offre" (point de vue des majors), ou à "la spéculation" (point de vue des producteurs). Voyons cela.

L’inflation

Il y a eu très peu d’inflation dans le monde depuis vingt ans. Son réveil a eu lieu en 2003 et a touché particulièrement les matières premières. Les chiffres suivants sur les matières premières proviennent du site de la Banque mondiale. Le prix des métaux a été multiplié par 3 en US$ de 2001 à 2005, puis s’est stabilisé. Le prix du pétrole a été multiplié par 4 en US$ de 2001 à 2007, et accélère. Le prix des produits alimentaires de base a été multiplié par 1,5 en US$ de 2001 à 2006, puis a été multiplié à nouveau par 2 depuis un an, et accélère.

Ces augmentations violentes ont un impact sur les autres prix. Cela n’explique pas nécessairement l’ensemble de l’augmentation récente des prix de beaucoup de produits industriels, comme les produits agro-alimentaires, qui ont augmenté plus que ce que la part des matières premières laisserait deviner. Mais c’est en soi un fait majeur. Les produits alimentaires de base sont l’un des premiers postes de dépense dans les pays "émergents" (PVD), et les produits énergétiques dans les pays industrialisés. L’inflation moyenne dans les PVD est ainsi passée selon la Banque mondiale de 3,5 % en 2000 à 6 % en 2006 puis 8,5 % en 2008. Il semble que l’inflation soit également en train de se réveiller en Occident, avec par exemple un rythme actuel voisin de 4 %/an dans la zone euro.

Ce qui est frappant pour les matières premières est la chronologie : pétrole et blé sont en train de s’envoler alors que les métaux plafonnent.

Pour expliquer cela, on trouve par exemple dans la presse les hypothèses suivantes. L’inflation serait causée par :

- la baisse du dollar ;

- l’augmentation de la demande des pays émergents ;

- l’épuisement des ressources naturelles ;

- la spéculation.

Nous allons discuter chacune de ces hypothèses.

La baisse du dollar

Il y a au moins consensus sur la cause de la baisse du dollar : il y en a eu trop de fabriqués, sous forme de crédits. Pendant la période concernée, le cours du dollar, qui est la monnaie d’échange mondiale dans laquelle les prix sont libellés et réglés, a effectivement baissé relativement à d’autres monnaies comme l’euro. Ainsi, le dollar a perdu 30 % relativement à l’euro depuis cinq ans.

Mais ça n’explique pas tout. Ainsi, le pétrole a doublé en US$ depuis 2005, alors que l’US$ n’a perdu que le cinquième de sa valeur en euros. Cela fait que le pétrole a quand même augmenté dans la période de 60 % en euros. La baisse du dollar explique environ une moitié des hausses, mais il en reste une moitié à expliquer.

L’augmentation de la demande des pays émergents

Cette hypothèse, qui est évidemment valide sur le long terme, est contredite par les faits en termes de chronologie. Il y a bien eu une augmentation de la demande, mais avant 2006. Depuis, elle a tendance à stagner, en particulier sous l’effet du début d’augmentation en 2003 des prix du pétrole et l’anticipation d’une baisse de l’activité. Selon la Banque mondiale, la demande globale en produits pétroliers et alimentaires n’augmente depuis deux ans que d’1 % par an. Rien qui puisse expliquer l’explosion des prix en 2007 et 2008.

Il est néanmoins intéressant de relever ce qu’une telle hypothèse implique. En effet, si une augmentation modérée de la demande des PVD pouvait faire tripler les prix, cela signifierait au fond qu’il n’est pas possible de la satisfaire, donc que le décollage économique des PVD était en pratique impossible.

L’épuisement des ressources naturelles

Il n’y a pas eu particulièrement de baisse de la production alimentaire, ni de raison de penser qu’elle s’épuise. La Banque mondiale attribue l’augmentation des prix alimentaires au fait que les Etats-Unis aient commencé à utiliser massivement ces produits pour la production d’essence (par exemple, maïs/éthanol), ou à l’augmentation du prix des engrais, constitués surtout de pétrole. Ce serait dans ce cas une conséquence indirecte de l’épuisement du pétrole. Seulement il n’y a pas eu non plus de baisse de la production pétrolière, ni de consensus sur le fait qu’elle s’épuisera plus tôt que prévu.

Il est bien évident que le pétrole s’épuisera un jour, et que ses prix sont destinés à augmenter tendanciellement sur le long terme. Mais l’augmentation récente est beaucoup plus rapide qu’une tendance de long terme.

Supposons néanmoins que le pétrole ne soit effectivement plus disponible en assez grande quantité, et que cela implique indirectement un triplement des prix alimentaires. Cela signifierait à nouveau que le décollage des PVD est impossible.

La spéculation

Si l’on imagine une manipulation de cours par quelques acteurs purement financiers, elle est très peu probable sur des marchés aussi diversifiés. Il ne me semble pas possible que quelques investisseurs avisés puissent jouer et réussir un coup secret qui a autant d’impact sur la planète et embête autant tout le monde.

Si par "spéculation" on entend par contre le fait d’investir dans un produit dont on pense que la valeur est destinée à augmenter à moyen terme, tout au moins en termes relatifs, alors tout placement est spéculatif, et tout cours est résultat de spéculations. Ça n’apporte aucun éclairage, et ça ne dit toujours pas pourquoi tous les investisseurs se sont décidés récemment à penser que les matières premières étaient un bon placement.

Un simple placement

Toutes les hypothèses examinées ont une part de vérité, et ne sont pas contradictoires entre elles, mais aucune ne suffit à expliquer l’ampleur ni la chronologie du phénomène.

Il reste alors une interprétation simple et qui ne présuppose aucun élément surnaturel : il s’agit d’un placement normal après l’explosion de la bulle de crédit.

Depuis un an, la capitalisation boursière mondiale a baissé d’environ 10 000 milliards US$. Il serait hasardeux de penser que l’ensemble de cette somme s’est déplacée vers d’autres secteurs, dans la mesure où la plus grande partie n’a jamais existé, par exemple, dans le cas d’une action qui n’a pas changé de propriétaire depuis cinq ans. Mais il est clair que beaucoup de sous se sont retirés des actions. Ça peut surprendre dans la mesure où les actions sont maintenant faiblement valorisées, de l’ordre de 11 ou 12 fois les bénéfices. C’est donc une anticipation d’ une forte baisse de ceux-ci dans une perspective de réduction globale d’activité. De même, l’activité de LBO est plus ou moins gelée depuis un an. Et il est probable que beaucoup de sous se soient également retirés du financement d’entreprises hors des marchés d’actions. Les prêts aux ménages, dans l’immobilier ou la consommation, sont également en chute libre.

Il n’y a donc aucune surprise à ce que de nombreux investisseurs se soient reportés vers les matières premières. C’est un réflexe traditionnel en cas de crise mondiale : on investit dans ce qui s’achètera quelle que soit la situation.

Cette interprétation explique la chronologie : l’inflation a vraiment explosé après la crise financière. Cela explique aussi pourquoi les métaux n’ont pas suivi : leur utilisation est surtout industrielle, et le comportement des investisseurs montre qu’ils ne croient plus à la croissance.

On peut voir cela comme une forme de spéculation, et cette hypothèse n’est pas réfutée par notre interprétation. L’hypothèse de raréfaction du pétrole n’est pas non plus réfutée : les investisseurs, dans leur stratégie qui semble maintenant entièrement défensive, iront d’autant plus volontiers vers une matière première qu’elle est rare et nécessaire en toutes circonstances. L’hypothèse d’augmentation de la demande a été réfutée par les faits, mais n’est pas réfutée par notre interprétation : les investisseurs peuvent imaginer que cette demande est de toute façon destinée à augmenter à terme. Finalement, toutes les hypothèses en circulation ont une part de vérité, sont compatibles entre elles, et complètent harmonieusement notre interprétation principale : l’explosion de la bulle de crédit américain.

Résumé

L’inflation s’explique entièrement par l’explosion d’une bulle monétaire, se traduisant pour l’instant en moitié par une baisse du dollar, et en moitié par un retour d’actifs assez virtuels dans l’économie réelle.

Les sous qui s’investissaient dans les actions, la pierre, la finance, les quittent déçus et reviennent dans les biens de consommation, où ils espèrent trouver de meilleures perspectives. Indépendamment du système monétaire, il y a en termes relatifs une revalorisation des biens matériels et une dévalorisation des actifs financiers.

Il y a simultanément un choc déflationniste pour les actifs et inflationniste pour les biens de consommation. Les profits financiers ont été surestimés parce qu’ils ne s’investissaient pas dans la réalité, et que le coût de la vie a été facilement sous-estimé au regard de la quantité d’actifs en circulation. Cela a pu durer vingt ans grâce à ce que Greenspan appelait "l’effet désinflationniste de la mondialisation", et que nous avons largement développé dans notre épisode précédent. La consommation occidentale, et surtout américaine, a été une vaste bulle de crédit, dans laquelle on ne payait pas les biens matériels à leur valeur, et les actifs avaient un rendement énorme, mais virtuel.

Un rééquilibrage va se produire : les gains financiers vont revenir vers la croissance réelle, et effacer vingt ans de profits surestimés. Le niveau de vie va revenir vers les revenus réels, et rattraper vingt ans d’inflation en retard. Cela va faire significativement baisser la demande, donc l’activité. Et ceci va se produire dans un bref laps de temps, sans doute dans les deux années qui viennent. Un tel choc économique ne se produit que fort rarement.

Certains ont des idées précises sur le scénario à venir. Je n’en ai pas. Je sais simplement que l’on aboutira à un nouvel équilibre entre prix, monnaie, offre et demande, dans lequel les prix des biens de consommation seront plus élevés qu’avant, et le volume de consommation, l’activité industrielle, les revenus des actifs et la valeur des monnaies liées au dollar seront moins élevés qu’avant. Mais le marché tâtonnera encore beaucoup pour trouver son équilibre, à coup de hausses de prix et de baisses de demande. De plus, si l’hypothèse de raréfaction relativement rapide du pétrole est exacte, cet équilibre risque bien de ne pas être durable.

Il est même possible que les prix réels soient actuellement déjà plus élevés que leur tendance de moyen terme, et que le pétrole se stabilise finalement en dessous des 15 €/b. Je n’en sais strictement rien. Je suis par contre persuadé du fait que le dollar doit baisser encore, au moins un peu, car la plus grande quantité d’actifs qui se déverse actuellement est libellée en US$.

Conséquences possibles

Le fait qu’il y ait eu pendant vingt ans des hausses déconnectées sur les actifs et les salaires a créé d’immenses inégalités masquées par la bulle de crédit. Le mouvement inverse auquel nous assistons maintenant ne les fera pas disparaître. Les ménages les moins aisés seront les plus directement frappés par l’inflation. Ce ne sera pas compensé par la baisse des prix du logement, car les salaires et les loyers ne bougeront pas à la même vitesse, et le coût du crédit augmentera. On peut prédire dans les années qui viennent une explosion de la pauvreté mesurable, et quelques famines dans les pays importateurs de nourriture, les autres ayant tendance à verrouiller leur production.

Cela contribuera à la baisse de la demande, donc ensuite de l’activité. Les PVD seront frappés à la fois par la baisse de leurs débouchés et l’augmentation des prix de leurs importations. La "théorie du découplage" (cf. épisodes précédents) a de moins en moins de chances de se réaliser. Il semble en tout cas que plus grand monde n’y croie, puisque si c’était le cas les indices asiatiques auraient évolué plus favorablement que les occidentaux, or Shanghai a déjà perdu 56 % (SSEC) et Hong Kong 30 % (HSI), quand le DJI n’a perdu "que" 20 %. Avec la théorie du découplage vont s’écrouler les justifications de la mondialisation telle qu’elle était pratiquée : permettre le décollage économique des PVD et assurer la croissance globale.

Il est d’ailleurs frappant de constater que, quelle que soit l’hypothèse que l’on choisit pour expliquer l’inflation, elle condamne le développement des PVD. Ces vingt ans de déséquilibres vont y laisser une situation bizarre. L’activité des PVD est tournée vers l’exportation, alors que les échanges vont ralentir et que l’autosuffisance alimentaire deviendra un souci plus criant. Ils constatent de plus que leur travail a été payé en bonne partie dans une monnaie de singe, qui ne leur permet pas d’acheter ce qu’ils avaient imaginé.

Le contrôle des matières premières, et en particulier du pétrole, principale importation occidentale qui empêche de laisser disparaître la valeur des monnaies d’échange, va redevenir la seule chose qui compte en matières d’échanges internationaux.

A supposer que l’analyse ci-dessus soit exacte, que je l’aie faite il y a cinq ans, et que j’aie eu à l’époque un job annexe comme président des Etats-Unis, j’aurais pu imposer des économies d’énergie qui auraient fâché Exxon et General Motors. Mais si j’avais été un tantinet plus cynique et aventureux, il me semble que j’aurais décidé d’envahir l’Irak.



144 réactions


    • Le péripate Le péripate 4 juillet 2008 22:16

      Eh bien voilà ! Excellent Rawls qui, avec sa « Théorie de la justice », a suscité pas moins d’une dizaine d’ouvrages de qualité. Tout particulièrement JP Dupuy pour une critique « à la française » et Nosik, pour une critique « à l’américaine ».

      Encourageant. Bon, je continue à hérissonner....


    • Marsupilami Marsupilami 4 juillet 2008 22:27

       @ Péripate

      Qu’on s’entende bien : philosophiquement, je suis libéral. J’aimerais l’être économiquement dans un réel marché libre et non faussé régulé par l’Etat qui imposerait une équitable redistribution sociale. Malheureusement, ça n’existe pas actuellement et je crains que cela ne soit pas possible, vu que le pseudo-libéralisme actuel est anti-étatique donc anti-social. Encore une fois, ce qui se passe en ce moment, depuis les années Reagan, n’a strictement rien à voir avec un authentique libéralisme économique. C’est de l’hypercapitalisme mondialisé, financier et actionnarial, une véritable dictature des marchés qui pousse à la concentration et à la construction de monopoles de faits qui s’entendent entre eux pour éliminer toute concurrence - et donc détruire les PME, par exemple.

      Le libéralisme économique sans Etat fort et régulateur n’est qu’une dictature où le plus fort, le plus rapace et le plus cupide impose sa domination aux autres.


    • Cosmic Dancer Cosmic Dancer 4 juillet 2008 23:08

      Ce débat me passionne malgré ma méconnaissance des auteurs que vous citez. J’entrevois très maladroitement les concepts opposés et à ce sujet, Marsu, j’ai une question. Une de ces questions idiotes surgies précisément de mon absence de culture économique : les interventions des Etats dits "forts" sont-elles toujours "sociales" ? Moralement, autrement dit, un Etat (mais lequel ?) est-il par nature en mesure de réguler l’activité économique de sorte que, sans brider l’initiative individuelle, il se consacre notamment à équilibrer en justice les chances de chacun des membres qui le constituent ? Je crois savoir que dans les Etats omnipotents, les nomenklatura furent - ou sont - tout aussi amorales que les rentiers d’hier et d’aujourd’hui.


    • Marsupilami Marsupilami 4 juillet 2008 23:45

       @ Cosmic Dancer

      "les interventions des Etats dits "forts" sont-elles toujours "sociales" ? Moralement, autrement dit, un Etat (mais lequel ?) est-il par nature en mesure de réguler l’activité économique de sorte que, sans brider l’initiative individuelle, il se consacre notamment à équilibrer en justice les chances de chacun des membres qui le constituent ?"

      Non, les Etats "forts" n’interviennent pas systématiquement d’une manière "sociale", loin de là (sinon, ça se saurait). Il ne faut pas considérer seulement la "force" de l’Etat, mais aussi sa sa nature. Il y a des Etats "forts" qui ne sont jamais que de purs et simples représentants et défenseurs des intérêts des oligarchies dominantes. Ce sont des dictatures étatiques Et d’autres Etats "forts" dont le rôle est de représenter le bien public, de réguler l’activité économique et d’en redistribuer aussi équitablement les richesses sans brimer l’initiative individuelle tant qu’elle ne va pas à l’encontre de l’intérêt de la collectivité, tout en s’occupant par exemple de l’aménagement du territoire. Ce sont les Etats "forts" et "sociaux".

      Dans un cadre libéral qui admet un marché libre et l’initiative individuelle, tout est ensuite affaire de dosage entre Etat et marché libre. Les ultralibéraux considèrent que l’Etat est un parasite qui doit au mieux être réduit au strict minimum, le marché se chargeant de tout. On connaît l’état des routes et des services publics aux USA... Les libéraux modérés estiment par contre, à des degrés variables, que l’intervention d’un Etat plus ou moins fort est nécessaire pour réguler l’activité à long terme et se charger de la justice sociale, de la redistribution des richesses et des infrastructures collectives, qui relèvent du long terme.

      Bref un Etat fort sans un marché libre laissant s’exprimer les libertés individuelles est une dictature étatique ; inversement, un marché libre laissant s’exprimer les libertés individuelles est une dictature anarchique des marchés, n’en déplaise à la très surnaturelle "main invisible" imaginée par Adam Smith, censée réguler toute seule les déséquilibres induits par des initiatives individuelles non-coordonnées.

      Il faut trouver un point d’équilibre et c’est pas simple, surtout depuis qu’on a découvert, avec l’exemple de la Chine contemporaine, qu’un Etat fort et tyrannique pouvait très bien coexister avec un marché libre et concurrentiel et quelques libertés individuelles bien délimitées pour ceux qui ne sont pas des néo-esclaves.

      Ces trente dernières années on a été trop loin dans le démantèlement des prérogatives étatiques. Actuellement on en revient, vues les folies que commet le marché livré à lui-même, et les inévitables relocalisations agricoles, commerciales et industrielles demanderont des Etats forts pour les coordonner et les mettre en œuvre.

      Je simplifie mais c’est à peu près ça dans les grandes lignes.

      "Je crois savoir que dans les Etats omnipotents, les nomenklatura furent - ou sont - tout aussi amorales que les rentiers d’hier et d’aujourd’hui".

      Bien entendu. Voir les dictatures communistes inefficaces, amorales, bureaucratiques et corrompues. Un Etat omnipotent est un état dangereux et totalitaire. Un marché libre omnipotent est un marché libre dangereux et totalitaire.

      L’équilibre n’est pas simple à trouver...


  • brieli67 4 juillet 2008 18:51

    de telles structures http://www.payer.de/entwicklung/entw087232.gif&nbsp ;
    couplant élevage de canards et de poissons sont en voie d’extinction ..... cf textes images et bibliographie sur l’élevage du canard in http://www.payer.de/entwicklung/entw0872.htm

    Résumons et expliquons : Tout "animal" hormis les insectes n’adsorbe que 33% de protéines de sa ration. Le principe découvert et appliqué en Chine depuis fort longtemps la coprophagie.
    L’urée et "créatinine" sont des condiments de nos salles de sport .... et salons d’engraissage de nos domestiques animaux .. aussi.

    Les bêtes sont parquées de haut en bas.... poules et "rats" - les rongeurs sont très difficiles et certains ne sont que coprophage de leur crottes comme les lapins
    en dessous .... le cochon omnivore
    pire que bouffer comme un cochon les palmipèdes ...
    et l’ Atelier à proteines sur l’eau à Tilapia et surtout les cyprinidés les nombreuses races de poisson rouge à la carpe royale.

    Et l’homme ? on n’en parle jamais. Ses fecès fraiches et bien moulées sont compléments et caviar dans l’alimentation du chien à chair ! Le chowchow à langue bleue ...... hmm adorable délicieux !

    En quelques mois et années le compresseur mondialiste et hygiéniste aura raison de ces structures productrices de proteines animales nécessaires à la croissance et à la survie de tout être humain.


    • brieli67 5 juillet 2008 00:19

      super on me traite de Spam on vire le lien.............. on me moince ........... QUE DIRE DE PLUS...

      il n y a pas que la littérature anglaise ;; ;



    • Forest Ent Forest Ent 5 juillet 2008 00:46

      D’un autre côté, votre propos n’est pas très facile à suivre ni à relier à l’objet du débat. Vous devriez l’introduire plus.


  • Zorglub 5 juillet 2008 07:36

    Pour compléter sur un point précis : la spéculation sur le pétrole.
    Si vous prenez l’historique des volumes échangés, vous constaterez que ceux-sont restés stables jusqu’en septembre 2006, date à laquelle ils ont quadruplés, et requadruplés le mois suivant, pendant que le baril augmentait.
    Ce phénomène traduit bien un mouvement spéculatif sur le pétrole (les automates de trading s’appuyant entre autre sur les volumes de transactions).
    L’hypothèse généralement admise repose sur la guerre Israël/Liban de l’été 2006. Malheureusement, cette belle excuse ne tient pas. En effet :

    - Ni Israël ni le Liban ne sont des pays producteurs de pétrole

    - Les investisseurs n’auraient pas attendu la fin de la guerre, mais auraient réagi dès le début des hostilités (c’est à dire en Juillet 2006, et non pas en Septembre)

    Bref, tout ceci pour dire que la part spéculative sur l’augmentation des matières premières est effectivement de première importance.
    Le sénat américain voudrait réguler les marchés concernés, malheureusement, il s’agit de marchés trans-nationaux, donc difficilement maîtrisables par une autorité de régulation.


  • JPC45 5 juillet 2008 07:58

    Est il possible d’avoir une explication sur la spéculation sur les matières premières qui vont monter les prix ? car lorsqu’on spécule sur l’action Total, est ce que ça fait monter les prix ? si je spécule sur Renault, est ce que ça fait monter les prix des voitures Renault ?

    De plus en général, le marché agricole est plutôt un marché ou règne le protectionisme d’état donc j’ai du mal à voir le lien en spéculation et hausse des prix des matières premières.


    • Forest Ent Forest Ent 5 juillet 2008 14:29

      Effectivement, l’occident par exemple subventionne sa production agricole, mais ça n’empêche pas qu’elle soit ensuite vendue.

      Pour comprendre l’effet de la "spéculation", il faut noter que les récoltes sont souvent vendues et revendues plusieurs fois avant d’être semées. En fait, c’est l’agriculture qui a inventé la notion de "future" ou "produit dérivé", pour se couvrir contre les variations de production et de prix. Tous les marchés boursiers échangent des "futures" agricoles. Vous pouvez acheter aujourd’hui une option d’achat de mais en 2011.

      Ce mécanisme est aujourd’hui standard et normal. Le but d’un marché boursier est bien d’estimer la valeur d’un événement ou d’une production future. Par exemple une action est une perspective de bénéfice futur.


    • JPC45 5 juillet 2008 16:42

      je ne vois toujours pas comment la spéculation fait augmenter les prix même avec des produits dérivés. Ce n’est paece que je pense que les rpix vont augmenter que et que vais créer un produit dérivé qui tient compte de cela que les prix vont effectivement augmenter. est ce que la méthode Coué fait monter ou diminuer les prix.

      De plus, l’explication sur les produits qui sont vendus et revendus, demanderait à être valider par les faits


    • Forest Ent Forest Ent 5 juillet 2008 17:23

      De plus, l’explication sur les produits qui sont vendus et revendus, demanderait à être valider par les faits.

      C’est le fonctionnement normal d’un marché depuis la nuit des temps. Voici par exemple quelques indices sur les céréales :

      http://finance.yahoo.com/futures?t=grains

      Vous pouvez en trouver des centaines d’autres, et rechercher plus avant sur le net des informations facilement accessibles sur le fonctionnement des marchés.

      est ce que la méthode Coué fait monter ou diminuer les prix ?


      Oui. On appelle cela aussi "la loi de l’offre et de la demande". Plus les gens pensent qu’un prix va monter, plus il monte.


      Ce n’est parce que je pense que les prix vont augmenter que et vais créer un produit dérivé qui tient compte de cela que les prix vont effectivement augmenter.

      Le produit dérivé n’est que l’outil technique qui vous permet de parier sur une hausse ou une baisse. Quand vous pariez sur un cheval, vous modifiez sa cote. C’est pareil.

      Je suis un peu surpris du fait que vos interventions précédentes sur d’autres threads me semblaient globalement très favorables à l’économie de marché, mais dont vous ne semblez pourtant pas ici accepter le fonctionnement.


    • katalizeur 5 juillet 2008 18:43

      @ FOREST

      oui a l’economie de marché mais regulée
      que pensez vous monsieur du SLAM que propose frederique london : une loi sur le rendement action PLAFONNE a x% un bouclier fiscal inversé

      je lis partout que l’ on va dans le mur ou nous y sommes deja comme vous dites, mais j’ai comme l’impression que tout le monde politique s’en fout ou fait l’autruche.

      lol je cherche aussi a rassure FRONZIBRAIN


      MERCI POUR VOS EXPLICATIONS


    • Forest Ent Forest Ent 5 juillet 2008 19:30

      Il me semble qu’il est trop tard pour mettre en place des mesures préventives. Avant que la prochaine crise n’ait lieu, on les aura abrogées. Il vaut mieux essayer de pallier aux conséquences de celle-ci. Le risque principal est que les nations, déçues du commerce international à cause de la manière dont la mondialisation a été menée, et menacées dans leur niveau de vie, voire leur subsistance, se jettent maintenant dans le protectionnisme, la xénophobie, ... (Le protectionnisme aurait été très bien il y a 10 ans. Maintenant, il ne fera qu’aggraver la crise. Vive le contre-cyclique.)

      Mais j’ai le vague pressentiment que les libertariens qui nous chantaient les vertus du "libre-échange" il y a encore un an ne retournent leur veste en quelques semaines devant son échec. Et comme je l’ai dit dans un des premiers épisodes de cette chronique, je n’ai aucune confiance dans Merkel, mais surtout Sarkozy pour gérer cette situation.

      Que peut-on dire pour se rassurer ? Vous voyez ... Moi, j’ai vendu à temps, pour l’instant je suis 100% cash, et je vais pouvoir réinvestir à très bon prix dans un an ou deux. Vive la crise.


    • JPC45 5 juillet 2008 21:13

      Forest, j’avoue ne pas comprendre : je ne vois toujours en quoi un call ou un put vont augmenter les prix des sous jacents. donc je suis preneur d’un lien qui expliquerai le lien et d’un lien qui explique ’l’évolution du nombre de ses dérivés.

      La loi de l’offre et de la demande n’est pas la méthode Coué : la méthode Coué va ds un sens unique alors que l’offre et la demande peut aller à la hausse comme à la baisse.


    • Forest Ent Forest Ent 5 juillet 2008 21:35

      Oui. Il faudrait faire une petite recherche biblio. Peut-être ce genre de truc :

      ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/meeting/011/J9311E.pdf

      ou d’autres sur le même site ?


    • JPC45 5 juillet 2008 22:05

      J’ai du mal avec l’anglais mais vous savez que si effectivement l’option a une influence sur le sous jacent vous remettez en question la théorie de Black and Scholes dont sont issus la plupart des options.


    • Forest Ent Forest Ent 6 juillet 2008 00:05

      Les fondateurs de LTCM ? smiley


    • JPC45 6 juillet 2008 11:37

      Forest : pas fameux votre arguement.

      et d’après vous la hausse des ventes d’assurance décès favoriserait le nombre de décès en France ? car ces produits dérivés ne sont des produits d’assurance

      Forest vous pouvez convaincre ceux qui veulent bien croire à la spéculation comme responsable de la hausse des matières premières mais après pour l’expication entre ces outils et la hausse des matières premières, ça reste très peu arguementés et chiffrés.

      Que le marché financier profite de la hausse, surement. qu’il en est responsable, ça reste à démontrer


    • Forest Ent Forest Ent 6 juillet 2008 15:24

      pas fameux votre argument

      C’est exact. Ca n’a rien à voir avec le sujet. Mais je n’ai pas pu résister.

      Cela dit, il est probable que LTCM a effectivement modifié la valeur des sous-jacents. Il offrait finalement et sans s’en rendre compte une assurance sur le risque systémique, ce qui permettait à d’autres de prendre sans crainte des risques qu’ils n’auraient pas pris d’eux-mêmes, puisqu’ils étaient "couverts".

      Pour l’explication entre ces outils et la hausse des matières premières, ça reste très peu argumenté et chiffrés. Que le marché financier profite de la hausse, sûrement. Qu’il en est responsable, ça reste à démontrer.

      C’est exact. Je n’ai rien démontré dans ce genre ici. Mais j’ai un peu la flemme de ré-expliciter comment des anticipations de hausse peuvent provoquer une hausse. Le lien vers la FAO donne peu d’infos. Je vous en traduis deux phrases :

      L’agriculture est le domaine dans lequel les produits dérivés ont le plus fort volume et la croissance la plus importante : 29%/an de 2001 à 2005.

      Leur rôle principal est le transfert du risque de prix grâce à des ventes et achat à terme à prix fixé.


      Je précise que j’ai pas affirmé que c’est l’existence de marchés dérivés qui crée la hausse, mais son anticipation, le dérivé n’étant qu’un outil pour cela. Le rapprochement avec l’assurance décès me semble trompeur. Ce que l’on achète sur un marché d’indices de céréales, c’est bien la matière première elle-même, et c’est sur le même marché que se fournissent les consommateurs. J’ai par ailleurs fait attention dans l’article à évacuer les connotations idéologiques du mot "spéculation" et à parler de "simple placement".


    • Forest Ent Forest Ent 6 juillet 2008 16:47

      Un lien sympa et marrant  :

      http://www.federalreserve.gov/BoardDocs/Speeches/1997/19970221.htm

      C’est un discours de Greenspan de 1997, qui rappelle l’histoire des dérivés agricoles. Il rappelle qu’en 1850, déjà un quart des ventes de céréales aux US se faisaient à terme

      Evidemment, il conclut qu’il ne faut surtout pas réguler le marché.


    • Forest Ent Forest Ent 6 juillet 2008 16:58

      Le but initial des marchés à terme sur les céréales était de "stabiliser les prix", donc d’avoir ce que vous appellez un "impact sur le sous-jacent". Dans le discours de Greenspan, on trouve la phrase suivante :

      empirical studies of more recent experience cast doubt on whether the use of derivatives adds to price volatility. And, while charges of market manipulation are heard to this day, they typically are difficult, if not impossible, to prove.

      que je vous traduis approximativement :

      De études récentes (
      en 97) ont jeté un doute sur le fait que les dérivés diminuent la stabilité des prix. Bien que l’on entende beaucoup parler de manipulation de cours, c’est difficile, voire impossible, à prouver.



    • Emmanuel W 7 juillet 2008 11:57

      Pour l’auteur, il s’agit de Frédéric Lordon et de son concept : Shareholder Limited Authorized Margin (ou marge actionnariale limite autorisée) :

      http://www.monde-diplomatique.fr/2007/02/LORDON/14458


    • Forest Ent Forest Ent 7 juillet 2008 16:52

      Si c’est pour éviter la crise financière, c’est trop tard, on est en plein dedans. Et de toutes façons, comme la taxe Tobin et toutes les autres démarches basées sur la fiscalité, ça se heurterait à l’évasion fiscale, aux paradis fiscaux, et à la liberté de circulation des capitaux. Ce genre d’idées suppose que les états aient gardé un pouvoir, or la mondialisation a été faite de telle manière qu’ils n’en aient plus. Ils vont sans doute vouloir en récupérer un peu maintenant, mais ce sera juste à temps pour nationaliser les pertes. Pour les bénéfices, c’est trop tard, ils sont partis aux Cayman.


  • Francis, agnotologue JL 5 juillet 2008 10:05

    Spirale spéculative, explosion de la demande, développement des agrocarburants : Comment le marché mondial des céréales s’est emballé. (Par Dominique Baillard LMD)

    Extraits : "" Soyez un acteur de la volatilité des marchés agricoles. Ne restez plus spectateur. Informez-vous ", lançait, à l’automne 2007, Financeagri, une société française d’informations spécialisées en matières premières agricoles, dans un courriel adressé à tous les intervenants de la filière. Cette offre commerciale illustre la révolution en cours sur les marchés à terme agricoles : initialement créés pour couvrir le risque de variation de prix, ils sont devenus des terrains de chasse appréciés par tous les spéculateurs (…) Les indices agricoles, qui répercutent l’évolution des cours, font un tabac auprès des fonds d’investissement. Entre la fin du premier trimestre et la fin du quatrième trimestre 2007, c’est-à-dire au moment où les marchés de céréales se sont envolés, le volume des capitaux gérés par les fonds d’investissements cotés sur les produits agricoles européens a quintuplé. Il est passé de 156 millions de dollars (99 millions d’euros) à 911 millions (583 millions d’euros) selon la Barcap (…) Selon la même source, l’encours des fonds placés sur les marchés agricoles américains a fait un bond encore plus grand : il a été multiplié par sept entre le premier et le dernier trimestre de l’année 2007."


    • ZEN ZEN 5 juillet 2008 10:38

      Rappel


      L’agriculture a été sacrifiée sur l’autel du marché :
      « Il y bien longtemps que les campagnes du monde ont été saignées à blanc, que l’agriculture a été sacrifiée sur l’autel du marché. Destruction de cultures pastorales ancestrales en Afrique où des peuples d’agriculteurs millénaires ont été broyés, politiques agricoles peu subventionnées ou méprisées au profit de l’industrie et de l’exploitation des matières premières laissant une agriculture vivrière ou de subsistance en lambeaux. »

      La spéculation sur les matières premières ou comment s’enrichir sur la faim dans le monde

      Banques et investisseurs spéculent ouvertement sur la famine mondiale | AgoraVox
      Edifiant ! >>"... Bloomberg rapportait le 20 août 2007 les conseils avisés de cinq des plus "respectés" investisseurs et conseillers financiers de la planète. Et ce n’est pas triste... Tous recommandaient d’investir massivement dans le secteur des denrées alimentaires, Goldman Sachs en tête. "S’il y a un ralentissement mondial de l’activité, ça n’affectera pas les produits agricoles car les gens continueront de manger (...) L’acier, le fer et le nickel souffriront, mais les gens continueront d’acheter du pain et des pommes de terre", déclarait Sean Corrigan (Diapason Commodities Management, Suisse) en charge d’un portefeuille de 6 milliards de dollars. "Il y a trois milliards d’Asiatiques (...) qui ne perdront pas leur appétit à cause d’un problème aux Etats-Unis", affirmait aussi Jim Roggers, ancien associé de George Soros. Pour Marc Faber, les prix des matières premières agricoles étaient relativement "attractifs", citant aussi les perturbations climatiques qui menacent et qui feraient monter les prix...(N)


    • Internaute Internaute 5 juillet 2008 18:18

      @JL et FE,

      Y-a-t’il une corrélation entre les investissements sur les produits dérivés dont parle JL et le prix des matières premières ? Personnellement, je pense que non. En bout de chaîne, seul les minoteries achètent des grains. Les produits dérivés sont des combinaisons de n’importe quels titres telles que la valeur du portefeuille suive à trés peu de chose prés la valeur de l’indice des matières premières. Idem pour le pétrole.


  • Christoff_M Christoff_M 5 juillet 2008 14:00

     a quand la spéculation sur l’eau que l’on pompe allègrement partout !!

    j’ai parlé à une productrice de lait qui me dit qu’on fout au canniveau les surplus sur chaque vache pour éviter que les cours baissent.... on produit trop mais on jette pour maintenir les prix élevés....

    c’est le meme principe que les groupes financiers qui achètent des immeubles pour ne pas les louer ou les vendre, pour provoquer des prix artificiels...


  • Internaute Internaute 5 juillet 2008 18:10

    « Le prix des métaux a été multiplié par 3 en US$ de 2001 à 2005, puis s’est stabilisé. »
    ...« Ce qui est frappant pour les matières premières est la chronologie : pétrole et blé sont en train de s’envoler alors que les métaux plafonnent. »...« Cette interprétation explique la chronologie : l’inflation a vraiment explosé après la crise financière. Cela explique aussi pourquoi les métaux n’ont pas suivi : leur utilisation est surtout industrielle, et le comportement des investisseurs montre qu’ils ne croient plus à la croissance. »

    Les métaux montent comme tout le reste et peut-être encore plus vite.

    Le minerai brésilien a augmenté de 65% en février 2008 http://www.usinenouvelle.com/article/forte-hausse-du-minerai-de-fer.131357 et Rio-Tinto annonce le 1 juillet 2008 des augmentations allant de 79% à 96%. http://www.riotinto.com/media/5157_7886.asp

    Le lien entre les bio-carburants et la hausse des prix alimentaires est beaucoup plus direct que ne le dit l’article. Le "Energy Policy Act" de 2005 et le "Energy Independance and Security Act" de 2007 ordonnent l’accroissement de la production de bio-carburants aux US. Le département de l’agriculture US confirme que le maïs utilisé pour l’éthanol a triplé en 5 ans et consomme presque le quart de la production US. Evidemment il en reste moins pour l’exportation et celle-ci va baisser de 25 millions de tonne cette année selon l’Expansion du 9/5/2008, soit presque la moitié des exportations US. Comme ils fournissent 68% des échanges internationaux, on conçoit aisément qu’une telle baisse est explosive pour les prix. Fort heureusement, la production chinoise augmente.
    La hausse des prix du pétrole a aussi un impact direct sur les grains. En effet, les engrais sont faits à base de pétrole et leur prix a explosé.

    J’aime bien la conclusion qui rejoint ce que j’ai toutjours souhaité. Que le commerce international soit réduit à un commerce de complément au lieu d’être un commerce de remplacement. On vivra tous beaucoup mieux.


    • Forest Ent Forest Ent 5 juillet 2008 18:24

      Les métaux montent comme tout le reste et peut-être encore plus vite.

      Oui et non. Certains métaux ont effectivement recommencé à augmenter fortement depuis 6 mois. Mais dans l’ensemble sur 12 mois, ils ont juste rattrapé la baisse du dollar.

      Le maïs-éthanol a clairement eu un impact direct. La BM y voit la cause
      principale de l’augmentation des prix. Seulement le processus a maintenant plusieurs années. Admettons que la crise financière ait été également un catalyseur de mouvements sous-jacents.


  • ARFF 5 juillet 2008 20:26

    merci pour cet article, toujours tres interessant de te lire !


  • Céline Ertalif Céline Ertalif 6 juillet 2008 01:10

    La science économique : c’est une association de mots qui ressemble à un gag. Ce qui compte c’est la capacité de prospective qui mêle affaires, économie, politique. Au moins là-dessus, l’article sonne juste.

    Personnellement, j’ai quelque doute sur ce qu’il restera de la puissance économique tertiaire basée sur une économie du droit, des brevets et de tous ces octrois modernes après une crise économique de grande ampleur. De ce point de vue, je veux bien croire que l’Asie sera très secouée, mais c’est tout de même qui monte en puissance. Rappelons-nous que c’est aux USA que la crise des années 30 a été la plus forte, et que les USA ont atteint leur apogée après.


    • Forest Ent Forest Ent 6 juillet 2008 01:21

      Je ne sais pas. Cette crise sera importante, mais ne sera pas le changement le plus brutal à moyen terme.

      Là où il va y avoir une vraie rupture, c’est quand commencera le vieillissement massif de l’humanité, suivant la baisse de fécondité elle-même induite par la saturation des ressources disponibles. Ca arrivera dans les 20 à 30 ans qui viennent, et n’est avec certitude jamais arrivé auparavant. Les effets sont totalement imprévisibles. Je ne les verrai pas.


  • chmoll chmoll 6 juillet 2008 08:50

    quand c bien faut l’dire,
    perso : sarko a une grande part active dans la libé de betancourt

    asteur reste plus qu’à libéré 68 millions d’français pris en otages


  • fred 7 juillet 2008 00:03

    Merci pour cet article !

    J’ajouterais que les prix des métaux ont flambé sans aucun doute mais probablement pas en même temps que le pétrole. Mais l’étain par exemple, s’est envolé...

    Je suis d’accord avec l’idée de correction de l’inflation. Il y a environ 15 ans, ma voiture me revenait à 2 BEF en essence au kilomètre. Aujourd’hui, après toutes ces hausses, elle m’en coûte 4 BEF mais consomme légèrement plus (de 1à 2 litres au 100).

    Cela me paraît être une évolution relativement normale, un pain aujourd’hui coûte 2 euro soit 80 BEF ainsi de suite.

    Il s’agissait donc d’un prix non-ajusté.

    Quant à la pénurie, il est encore trop tôt.

    La question est : où va-t-il se stabiliser ?

    Pour le reste, les véritables enjeux du futur sont : planter plus d’arbres (pour compenser le SYMPTÔME de non-absorbtion du CO²) et limiter la chimie... La pétro-chimie smiley)

    Encore merci pour ces bonnes intuitions !





  • Grasyop 7 juillet 2008 18:32

    « Les ménages les moins aisés seront les plus directement frappés par l’inflation. »

    J’ai déjà entendu ça, et je n’arrive pas à comprendre pourquoi. Il me semble que l’inflation affecte beaucoup plus les capitaux que les salaires. Pour les capitaux, c’est une perte nette, alors que les salaires finissent, avec un temps de retard, par s’adapter et retrouver leur valeur réelle. L’inflation réduit la valeur de l’argent thésaurisé, donc la part de richesses détenue par les gens qui ont accumulé du capital. Et donc, mécaniquement, les autres (les salariés) ont une plus grande part de ces richesses. Donc plus de richesses dans l’absolu, si on admet que la quantité totale de richesses n’est pas ou peu modifiée par l’inflation. Bref, j’aurais tendance à voir l’inflation comme une redistribution de richesses. Où est-ce que je me trompe ?


    • Forest Ent Forest Ent 7 juillet 2008 22:05

      Le "temps de retard" est un sujet. J’ai répondu à cette question ci-dessus dans un post qui commençait par "l’inflation favorise les salaires...".


    • Grasyop 7 juillet 2008 23:15

      Merci. (Je ne lis pas toujours tous les commentaires avant de m’exprimer. Sinon je crois que je ne m’exprimerais pas souvent... )


  • herbe herbe 9 juillet 2008 21:51

    Je découvre avec retard votre excellent article.
    je fais le rapprochement avec d’autres points de vue connexes, un dernier par exemple :
    http://www.volle.com/ouvrages/predation/predation.htm



  • fourminus fourminus 14 juillet 2008 12:13

    Bravo Forest Ent !
    Je rajoute un lien vers le texte "nous mangeons du pétrole" qui transparait dans l’article et dans de nos nombreux commentaires
    http://dlarchey.free.fr/eatingoil.pdf


    Pour ceux qui spéculent sur le pétrole, souvenez vous de la bulle des nouvelles technologies : un fait peut etre vrai (le numérique va changer nos vies) et ses conséquences sur estimées (bulle)

    Bonne journée


  • Mathieu 7 octobre 2008 17:27

    Super article, d’une rare pedagogie
    Le commentaire
    "Là où il va y avoir une vraie rupture, c’est quand commencera le vieillissement massif de l’humanité, suivant la baisse de fécondité elle-même induite par la saturation des ressources disponibles. Ca arrivera dans les 20 à 30 ans qui viennent, et n’est avec certitude jamais arrivé auparavant. Les effets sont totalement imprévisibles."
    appelle un article complet de vous :)
    (Desole, je sais bien que vos article vous demandent beaucoup de travail mais je ne peux resister a le demander)


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