samedi 29 mai 2010 - par L’enfoiré

Carrefour ou le four au carré ?

Voila plus de trois mois que la crise de l’emploi sévit chez Carrefour en Belgique. Seul de petits filets d’informations sont apparus chez les médias en France. Probablement, une information pas assez porteuse.


1.jpgCarrefour est présent depuis 10 ans sur le marché belge. Il a repris certains magasin du GB. Déjà en 2007, le Groupe Carrefour lâchait la boule rouge. Carrefour n’a jamais compris la différence entre le marché français et le marché belge.

En février, Gérard Lavinay, patron de Carrefour crée la surprise en voulant supprimer des magasins.

Erreurs, non avouées, de gestion de la direction ? Mauvaise appréciation d’un esprit du consommateur belge ? Direction trop typiquement « française » ?

Le territoire belge n’a pas les mêmes dimensions, c’est un fait. La consommateur belge préfère la proximité dans l’espace et le temps du magasin dimensionné de ses besoins quotidiens à l’hypermarché qui l’obligerait à se déplacer en dehors des villes, une fois par semaine.

Les pertes se sont accumulées. Les clients n’acceptaient plus de voir les portes fermées pour cause de grèves larvées.

Il y a 3 mois, craquement, on va fermer plusieurs magasins surtout dans les zones du pays qui n’ont pas de « bons » clients fidèles et qui savent payer.

A l’origine, près de 1700 personnes se voyaient portés sur les listes du chômage après la fermeture de plusieurs magasins sur le territoire belge. Cela sans compter, les fermetures des sociétés, fournisseurs et magasins qui en dépendent.

Certains reprenneurs se sont présentés Delhaize, Mestdagh. Contrat équivalent ? Les commissions paritaires n’étaient pas les mêmes et étaient plus avantageuses aux travailleurs de Carrefour. Les salaires dans les grandes surfaces sont clairement très proches de l’allocation de chômage.

20100527Carrefour Mesdagh.jpgAprès une nuit de concertation entre le 26-27 mai, un projet d’accord est tombé.

Cet accord va couter 100 millions à l’État belge, lisait-on dans la presse.

La direction et les syndicats de Carrefour ont conclu un projet d’accord, mais selon des journaux flamands le plan social pourrait coûter jusqu’à 100 millions d’euros à l’Office National de l’Emploi. Des chiffres que réfute Joëlle Milquet en disant « si toutes les personnes concernées prennent leur prépensions, ça coûtera au maximum 10 millions d’euros à l’Etat.

En période électorale, toute information est bonne pour saper le courage d’un gouvernement en affaires courantes.

Prépensions ou chômage déguisé ?

Selon des calculs de la société de conseils en ressources humaines SD Worx, cette vague de nouvelles prépensions pourrait coûter cher à l’Etat, écrivent ce vendredi De Standaard et Het Nieuwsblad.

Carrefour demande que soient accordées des prépensions pour un millier de travailleurs dès l’âge de 52 ans. Au total, 984 travailleurs pourraient en bénéficier. mais également de travailleurs des seize magasins Carrefour qui seront repris par le groupe Mestdagh et de travailleurs des 26 magasins Carrefour déficitaires dont Carrefour gardera la gestion. Sept magasins franchisés, dont un hyper, une première pour Carrefour. Les hypermarchés resteraient sous la commission paritaire dans la distribution CP312.

Pas de changement de commission paritaire pour les employés. 28 magasins devraient fermer ou être franchisés.

Sur base d’une allocation de prépension à temps plein de 1.150 euros par mois, payée par l’ONEM, la facture s’élèverait au total, pour une période de dix ans – avec un âge moyen lors du départ de 55 ans et jusqu’à l’âge de la pension de 65 ans – à minimum 90 millions d’euros et maximum 100 millions d’euros.

Les économies qu’espère Carrefour se limiteraient à 14 millions au départ et s’élèveraient à 21 millions dès 2015.

Une garantie d’emploi jusqu’en 2016 serait comprise dans l’accord après d’âpres négociations.

La polyvalence des employés devrait être accrue d’après la nouvelle convention. Les travailleurs se retrouveront interchangeables dans les rayons et à la caisse.

Comment va-t-on refidéliser les clients si la fidélité intérieure n’est plus assurée ?

Mestdagh en était arrivé à hésiter de reprendre les magasins sous son aisselle. L’enthousiasme n’y était plus, disait-il.

« Nous ne sommes pas contre Mestdagh » avait répondu une responsable syndicale.

Les clients ont progressivement désertés les magasins Carrefour depuis les derniers événements. L’ambiance intérieure détériorée rendait une humeur désagréable vers les clients, les grèves à répétitions, les préavis de grève souvent le week-end, les rayons vides sont certainement à l’origine de cet état de fait. Les syndicats sont accusés d’être trop « actifs ». Le réapprovisionnement dans les rayons était visiblement peu suivi. Les pertes s’élevaient à plusieurs millions d’euros à cause des grèves qui, ont tout de même un côté positif pour les entreprises de bienfaisances qui récoltaient les produits frais non vendus.

Le Belge paye ses produits alimentaires plus cher, annonçait-on.

Mais, Carrefour veut rester longtemps en Belgique, répliquait le patron de Carrefour.

Colruyt a encore un potentiel pour 70 supermarchés en Belgique.

Delhaize, Match et Intermarché sont intéressés par certains marchés.

Juillet le temps des soldes ?

Bien que nous ne soyons pas totalement dans le cas d’espèce, il serait intéressant de le rapprocher avec une nouvelle régulation qui est souvent ignorée et qui est apparue en Grande Bretagne : la convention TUPE (Transfer of Undertakings Protection of Employment Regulation 2006).

Comme c’est mentionné, l’idée serait de protéger l’emploi lors d’un transfert d’une affaire vers une autre entreprise.

En Europe continentale, cette convention prendrait une version nommée "European Union Acquired Rights Directive" ou 2001/23/EC ou CCT 32 bis. Carrefour et Mestdagh conviennent pour un un transfert. Si les employés refusent leur nouveau contrat plus ou moins équivalent, ils sont considérés comme démissionnaires.

TUPE est censé d’éviter aux travailleurs d’avoir des surprises lorsqu’ils perdent leur travail, puisque la société s’occuperaient du changement de services sans changements des termes du contrat d’emploi signé au départ.

L’esprit d’entreprise en prend un coup pour le moins. Un employé peut ne pas vouloir être transféré vers un nouvel employeur, mais n’aurait aucune autre option que d’accepter le transfert et ne pourrait revendiquer de garder son employeur par "amour" pour l’entreprise qui l’occupait. Il devra se plier aux nouvelles règles du reprenneur, s’intégrer parmi un nouveau personnel sans discussion.

Nous connaissons les problèmes de l’emploi et du chômage qui est en perdition en cette période de crises à répétitions.

« Outsourcer, outsourcer, » qu’ils disaient en espérant, qu’il en restera toujours quelque chose.

Personne ne parle plus de se ressourcer qu’en vacances.

On y arrive, alors, espérons que les idées géniales ressortirons des châteaux de sable.

 

L’enfoiré,

 



28 réactions


  • fhefhe fhefhe 29 mai 2010 08:19

    Merci pour l’info .

    Les 5 « Bigs » (Carrefour , Leclerc , Auchan , Systém U et Intermarché ) charcutent leurs fournisseurs et saucissonnent leur clients !!!!

    Malheureusement c’est toujours les salarié(e)s qui sont les « Dindons » de la farce !!!


  • Voris 29 mai 2010 11:03

    Salut Guy,

    Faire ses courses chez Carrefour ou autre enseigne concurrente devient de plus en plus un luxe pour qui ne veut pas voir son budget fondre avant la fin du mois.

    Repli chez les discounts comme Lidl...Et économies obligées pour faire face aux duretés des temps à venir (suppression des aides sociales, augmentation des impôts et des taxes, gel des salaires, augmentation des tarifs de gaz, d’électricité, d’eau, de assurances...)


  • Il est leurre Il est leurre 29 mai 2010 11:38

    Bonjour Guy,

    ton article et la réaction de Voris appellent 3 choses :

    1°) Pour ce qui est de Carrefour, son comportement est hélas typiquement français(je le suis) et n’est pas unique au cas Belge :
    On est Français, donc on sait, on est supérieur, et on va vous apprendre comment fonctionner. Cela a peut être été vrai par le passé (pas sûr), mais étant resté sur ces concepts de supériorité innée, on se ramasse les gamelles que l’on connait.

    2°) Dès que le navire prend l’eau, on fait appel à l’état quel qu’il soit, et avec qui l’on aura auparavant tissé de solides liens d’amitiés au travers d’un certain nombre d’avantages réciproques.

    Tant qu’ils gagnent du pognon, il est pour eux, dès qu’ils risquent d’en perdre, on appelle le client devenu contribuable.

    Pour ce que dit Voris concernant les Lidl et autres magasins discount, ces sociétés sont majoritairement étrangères, c’est-à-dire Luxembourgeoises ou Allemandes, ce qui explique une gestion totalement différente, loin du :« Tu m’as vu ? », « De toute façon, c’est toi qui paye »

    Il faudrait que le consommateur redevienne digne de son appellation, et non de celle de « Con sot mateur »


    • L'enfoiré L’enfoiré 29 mai 2010 13:44

      Bonjour Alain,

       J’ai une phrase qui m’a toujours servi : « the right man at the right place ».

      1. En effet, cela fait un temps que je baigne dans le monde « français » sur AV. Carrefour, comme je le disait a repris les magasins GB. La belle Boule Rouge. Je connais très bien le problème Carrefour. Et pour cause... je les vois dès que je sors de chez moi.
      La boule rouge GB faisait partie d’un groupe financier GIB, GB Inno, BM.
      L’ambiance de ce temps-là était bonne dans le personnel.
      Mais GB a eu des difficultés et à liquider une partie de ses magasins à Carrefour.
      La culture, qu’on le veuille ou non, ne s’invente pas.
      Les patrons français sont arrivés et ont cru utiliser leur expérience acquise en France.
      Les dimensions du pays « Belgique » ne devaient pas être différentes.
      Puis la situation s’est progressivement dégradées. Les grèves ont commencées, d’abord larvées. Les caisses automatiques ont commencé. Les caissières se sont vues repoussées, obligées à faire n’importe quoi. 

      2. L’Etat a ce rôle de parachute et ce n’est pas d’hier. Les trio est en place dans une lutte sans merci. Entre consommateurs ou clients, fournisseurs ou distributeurs, travailleurs ou syndicats.
      Tous contribuent, tous ne pensent qu’à sa propre assiette.
      En Belgique nous n’avons presque plus rien comme société typiquement belges.
      Le dernier grand fleuron a été Fortis, racheté pour des cacahuètes par BNP Paribas.
      Je te donne rendez-vous dans 10 ans, à ce sujet.
      Maintenant c’est encore tout feux, tout flamme.
      Les consommateurs sont « cons » absolument, pris par les c...
      Des grèves de consommateurs, il y en a eu pendant un jour en Italie, en Grèce.
      Tiens, bizarre, de tels pays, faire cela. Cela rappelle d’autres événements, non ?
      Je n’ai pas encore connu cela ailleurs.
      Tout a une origine et une fin, avec quelques soubresauts au milieu. 
       smiley
        


  • joelim joelim 29 mai 2010 12:48

    Mais enfin, la destinée de salariés de grandes surfaces... Comment peut-on imaginer que cela intéresse les journalistes télévisuels ? 

    Je mets à part leurs séances de poudrage, où ils peuvent se laisser aller à rêvasser sur le confort de leur statut comparé à celui de ces traîne-misère ?...

    • L'enfoiré L’enfoiré 29 mai 2010 14:12

      joelim,
       Je peux vous assuré que chez nous, l’affaire Carrefour depuis 3 mois a déjà fait coulé beaucoup d’encre.
       Mais j’ai pu constater que vos médias « sautent » souvent l’essentiel.
       Pour ce qui est de Carrefour Belgique, ils n’en avaient rien à cirer.
       Pas assez porteur, les affaires belges.
       Quand on se souvient que la carte de la Belgique était présentée, sur TF1, les pieds devant, avec la Flandre inversée avec la Wallonie, il y a des questions à se poser. smiley


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 29 mai 2010 16:02

    Salut l’enfoiré,

    " Le territoire belge n’a pas les mêmes dimensions, c’est un fait. La consommateur belge préfère la proximité dans l’espace et le temps du magasin dimensionné de ses besoins quotidiens à l’hypermarché qui l’obligerait à se déplacer en dehors des villes, une fois par semaine. « en fait, la Belgique est une sorte de grande ville dont la France est la banlieue. dans ces conditions, pas de place pour la politique de grande distribution.  » Le consommateur belge préfère la proximité " la proximité n’est écodurable que si le produit est local.

    Ton histoire me rappelle cette ville hollandaise où tout le mobilier urbain a disparu, avec trottoirs et passages piétons. Ceux ci font désormais la loi avec le vélo et ce n’est plus la priorité au plus lourd.

    Tout ceci n’existerait pas si l’on avait eu l’idée d’inventer le caddie électrique que l’on peut ramener chez soi, avec toit ouvrant, sièges cuir, et mp3...Tout serait encore bien plus simple si l’on pouvait tout commander par le net et juste aller chercher ses besoins surplace. En plus, l’entrepôt serait vide le soir, ce qui permettrait de transformer la place en piste de danse jusqu’au matin...

    Ah la la la, ces français, y zen ont bien des idées....


    • L'enfoiré L’enfoiré 29 mai 2010 19:17

      Salut Lisa,
       Pour répondre, j’ai été recherché un extrait de ce que j’ai écrit sur le sujet :

      Les caisses automatiques sont arrivées dans les grandes surfaces. Une voix enregistrée vous demande votre carte de banque dans la fente et d’introduire votre code secret. Les caissières et les petites causettes dans les rayons, obsolètes, pour très bientôt... Moins de files devant les engins à dialogue et voix automatiques ? Plus rapide ? Pas vraiment. Le but n’est pas là. De visu, tout le contraire, au vu des problèmes que rencontrent les utilisateurs « bien avisés » jeunes ou vieux hésitant devant la machine. Se familiariser avec des machines n’est pas chose aisée surtout que la procédure varie de magasin à magasin. La grogne, par contre, ne manque pas de se présenter pour les « experts » du système en attente. Quelques secondes après : "Veuillez introduire votre carte à puce" répété en boucle. Non, mais qui s’occupe de mes puces et de les grouiller ? Face au stress, il existe encore, heureusement, une main secourable humaine qui vous dira ce qui ne va pas. Mais, cette main n’est pas payée dans ce but. Elle sert à valider par un cachet pour votre souche de caisse et pour s’assurer que vous êtes acquittée du total. "Est-ce qu’on étudie de la même manière le remplacement du patron ? " demandais-je. Un sourire gêné s’en suivit et sa réplique fut : « Je vais lui demander ». Je ne chercherais tout de même pas trop à en avoir confirmation. Quand cela ne va pas comme le penserait la direction moderne, celle-ci téléphone à la caissière « récalcitrante » pour lui rappeler qu’il faut inciter le client à quitter la file pour donner plus de chance à l’automatisme. Les caissières ne vont pas être licenciées, non, elles vont être redéployées, dit-on ! Ce qu’on ne dit pas, c’est qu’elles seront recasées dans des postes moins motivants et moins payés. La petite vieille, cliente, elle, "qui n’en fini pas de vibrer parce que c’est elle qui a l’oseille", (Brel) va s’en retourner chez elle et va faire appel au service à domicile peut-être avec l’aide du téléphone ou plus tard d’Internet. Elle n’en a rien a cirer de la file qu’elle génère derrière elle devant ces engins qui scannent ses bijoux de famille. Au moins, Chez elle, elle sera sûr d’avoir pu parler du temps qu’il fait avec le livreur. "A cet âge-là, Monsieur, on pense trop, Monsieur. Et, on triche..".

       smiley


  • L'enfoiré L’enfoiré 30 mai 2010 08:52

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  • L'enfoiré L’enfoiré 30 mai 2010 09:03

    Bonjour à tous,

     Voilà, où nous en sommes arrivés avec les commentaires repliés.
     Plus il y en a, plus l’article est apprécié par la base et se retrouvera repris parmi les articles repris en récompense le dimanche.
     
    A vous de juger


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