jeudi 1er juillet 2010 - par
Retraites, le tabou de la capitalisation
Un des traits marquant de la controverse sur les retraites, réside dans l’absence totale de débat sur l’option de la retraite par épargne personnelle. En effet, les deux grands partis dirigistes de droite et de gauche, au pouvoir depuis 60 ans dans notre pays, sont tous deux de fervents partisans de la retraite dite « par répartition ».
Depuis février 2010 le site du PS annonce fièrement : "Dans le débat qui s’engage dans notre pays, le PS est rassemblé pour défendre un système juste et solidaire, basé sur la retraite par répartition.
La retraite par répartition, c’est-à-dire la solidarité entre les générations, est au cœur du modèle social de notre pays et constitue le socle fondamental de notre système de retraites"
Chez les écologistes, même son de cloche avec Eva Joly dans un article intitulé "Défendre la retraite par répartition", elle affirme : "le système de retraite par répartition repose sur la solidarité, notamment sur la solidarité entre générations".
Dans l’autre camp, Eric Woerth ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique ne craint pas d’ériger la retraite par répartition en principe inamovible : "Ne nous trompons pas, le dogme c’est le régime par répartition, le dogme c’est la solidarité entre les générations, c’est comme ça qu’est construit notre système de retraite, c’est ça qu’il faut sauvegarder".
De l’extrême droite à l’extrême gauche tout le monde prétend donc "défendre" une répartition qui n’est attaquée par... personne. Dans ce débat, on le sent bien l’affect a remplacé la raison. Il n’y a pas de place pour le débat d’idées. Tous ceux qui voudraient défendre la capitalisation sont d’avance traités d’égoïstes puisque la répartition est le mode "solidaire".
On peut légitimement se demander ce qui motive ce rejet passionnel de l’épargne personnelle qui est un mode de financement des retraites adopté, au moins partiellement, par de nombreux pays. Avant d’apporter des éléments de réponse à cette question, trois points méritent notre attention.
Première remarque, la retraite par répartition n’est évidemment pas plus "solidaire" que la retraite par capitalisation. Quand dans notre système on cotise toute sa vie pour payer les pensions des retraités, on ne le fait pas par solidarité mais par calcul en espérant se voir financer sa propre retraite par le même système. Dans les deux cas on paye son inactivité future avec une partie des fruits de son travail présent. Qualifier la retraite par répartition de "solidaire" est donc une tromperie voire une véritable escroquerie intellectuelle.
Deuxième remarque importante, notre modèle actuel de financement des retraites n’est pas une vraie retraite par répartition. La vraie répartition ne peut connaître de déficit. Les montants cotisés par les actifs sont répartis entre tous les retraités au prorata des points accumulés. Dans un tel système, si le montant des cotisations diminue, les retraités voient leurs allocations baisser. Si le modèle par répartition était appliqué, les pensions des retraités auraient du diminuer depuis longtemps.
Le modèle français qui répétons-le, n’est pas une retraite par répartition, consiste à garantir des allocations fixes ou même croissantes alors que le ratio entre le nombre des cotisants et le nombre des pensionnés diminue fortement. L’équilibre de ce système est assuré par des revenus autres que ceux du travail ce qui est aberrant. Ainsi la taxation des revenus du capital pour financer les retraites, préconisée par la droite et la gauche à des degrés divers, est un modèle d’incohérence et de démagogie. Pourquoi ne pas aussi taxer la baguette, l’eau ou les ordinateurs ? Si l’on est honnête et conséquent on admettra que seuls les revenus du travail doivent financer les retraites.
Troisième remarque le système par répartition est probablement l’un des plus injuste que l’on puisse humainement imaginer au regard de l’inégalité fondamentale que constitue la disparité des durées de vie. Celle ou celui qui meurt avant l’age de sa retraite aura cotisé toute sa vie pour rien. Il ne pourra pas laisser un patrimoine à ses enfants comme le permet la retraite par épargne personnelle. Pour ceux qui meurent jeunes la retraite par répartition revient à une double peine car ils sont en plus pénalisés financièrement dans la transmission d’un patrimoine. Les ouvriers ont une espérance de vie plus faible que les cadres, pourtant la gauche défend ce système dans lequel ceux qui meurent jeunes payent pour ceux qui meurent vieux.
Alors pourquoi la droite et la gauche défendent-ils bec et ongle cette doctrine ? Pour la gauche c’est évident, la retraite par répartition à une fonction redistributrice. Leur clientèle électorale espère tout simplement récupérer plus qu’elle n’a cotisé. On est évidemment loin de la "solidarité" citée plus haut. Il s’agit en fait d’une foire d’empoigne où chacun essaye de gruger l’autre en quémandant des avantages auprès de l’Etat. Les régimes spéciaux des fonctionnaires sont un bel exemple de ce que le système peut produire. Mais il n’y a pas qu’eux, chaque métier à travers sa représentation professionnelle tente d’influer sur le pouvoir pour obtenir des avantages au détriment des autres. La redistribution opérée par les dirigistes (socialistes et gaullistes) est antidémocratique car elle favorise les plus violents et les plus influents. Elle évite soigneusement de comptabiliser qui profite de quoi. La retraite par répartition à la française confirme le célèbre adage de Bastiat : L’Etat c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépends de tout le monde.
A ce point, disons le tout net, la gauche libérale n’a rien à priori contre une forme de redistribution. D’ailleurs l’allocation universelle ou revenu de liberté que nous préconisons en est une forme pratique. Cette ingénierie sociale, qu’il serait malhonnête d’appeler de la solidarité puisqu’elle relève de la coercition, nous parait nécessaire pour de multiples raisons. Mais la grande différence entre cet offset (décalage) social et la méthode socialo-gaulliste c’est l’absence de clientélisme et la transparence dans le montant des aides reçues. Mélanger l’aide sociale à la retraite c’est encourager l’opacité financière dont se nourrissent les dirigistes.
Une question demeure pourquoi la droite défend-elle aussi le système par répartition ? A cela plusieurs réponses. La clientèle électorale de la droite est plus âgée que celle de la gauche. Remettre en cause, même partiellement le système existant pourrait inquiéter cet électorat. De plus nous l’avons vu plus haut, le système profite clairement à ceux qui meurent vieux donc aux cadres, médecins, etc.. Enfin dernière et principale raison, les cotisations versées au titre d’une épargne personnelle, gérées par des fonds de pensions, seraient beaucoup plus difficiles à dégrever socialement. Or le dégrèvement "incitatif" qu’il soit fiscal ou social est l’un des grands moyens inventés par la droite pour "piloter" l’économie. Sans charges ou impôts élevés, impossible pour les dirigeants de droite, ces fonctionnaires qui se prennent pour les chefs de l’Entreprise France, d’administrer l’économie comme ils l’entendent, et avec le succès que l’on sait.
La retraite par répartition, c’est-à-dire la solidarité entre les générations, est au cœur du modèle social de notre pays et constitue le socle fondamental de notre système de retraites"
Chez les écologistes, même son de cloche avec Eva Joly dans un article intitulé "Défendre la retraite par répartition", elle affirme : "le système de retraite par répartition repose sur la solidarité, notamment sur la solidarité entre générations".
Dans l’autre camp, Eric Woerth ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique ne craint pas d’ériger la retraite par répartition en principe inamovible : "Ne nous trompons pas, le dogme c’est le régime par répartition, le dogme c’est la solidarité entre les générations, c’est comme ça qu’est construit notre système de retraite, c’est ça qu’il faut sauvegarder".
De l’extrême droite à l’extrême gauche tout le monde prétend donc "défendre" une répartition qui n’est attaquée par... personne. Dans ce débat, on le sent bien l’affect a remplacé la raison. Il n’y a pas de place pour le débat d’idées. Tous ceux qui voudraient défendre la capitalisation sont d’avance traités d’égoïstes puisque la répartition est le mode "solidaire".
On peut légitimement se demander ce qui motive ce rejet passionnel de l’épargne personnelle qui est un mode de financement des retraites adopté, au moins partiellement, par de nombreux pays. Avant d’apporter des éléments de réponse à cette question, trois points méritent notre attention.
Première remarque, la retraite par répartition n’est évidemment pas plus "solidaire" que la retraite par capitalisation. Quand dans notre système on cotise toute sa vie pour payer les pensions des retraités, on ne le fait pas par solidarité mais par calcul en espérant se voir financer sa propre retraite par le même système. Dans les deux cas on paye son inactivité future avec une partie des fruits de son travail présent. Qualifier la retraite par répartition de "solidaire" est donc une tromperie voire une véritable escroquerie intellectuelle.
Deuxième remarque importante, notre modèle actuel de financement des retraites n’est pas une vraie retraite par répartition. La vraie répartition ne peut connaître de déficit. Les montants cotisés par les actifs sont répartis entre tous les retraités au prorata des points accumulés. Dans un tel système, si le montant des cotisations diminue, les retraités voient leurs allocations baisser. Si le modèle par répartition était appliqué, les pensions des retraités auraient du diminuer depuis longtemps.
Le modèle français qui répétons-le, n’est pas une retraite par répartition, consiste à garantir des allocations fixes ou même croissantes alors que le ratio entre le nombre des cotisants et le nombre des pensionnés diminue fortement. L’équilibre de ce système est assuré par des revenus autres que ceux du travail ce qui est aberrant. Ainsi la taxation des revenus du capital pour financer les retraites, préconisée par la droite et la gauche à des degrés divers, est un modèle d’incohérence et de démagogie. Pourquoi ne pas aussi taxer la baguette, l’eau ou les ordinateurs ? Si l’on est honnête et conséquent on admettra que seuls les revenus du travail doivent financer les retraites.
Troisième remarque le système par répartition est probablement l’un des plus injuste que l’on puisse humainement imaginer au regard de l’inégalité fondamentale que constitue la disparité des durées de vie. Celle ou celui qui meurt avant l’age de sa retraite aura cotisé toute sa vie pour rien. Il ne pourra pas laisser un patrimoine à ses enfants comme le permet la retraite par épargne personnelle. Pour ceux qui meurent jeunes la retraite par répartition revient à une double peine car ils sont en plus pénalisés financièrement dans la transmission d’un patrimoine. Les ouvriers ont une espérance de vie plus faible que les cadres, pourtant la gauche défend ce système dans lequel ceux qui meurent jeunes payent pour ceux qui meurent vieux.
Alors pourquoi la droite et la gauche défendent-ils bec et ongle cette doctrine ? Pour la gauche c’est évident, la retraite par répartition à une fonction redistributrice. Leur clientèle électorale espère tout simplement récupérer plus qu’elle n’a cotisé. On est évidemment loin de la "solidarité" citée plus haut. Il s’agit en fait d’une foire d’empoigne où chacun essaye de gruger l’autre en quémandant des avantages auprès de l’Etat. Les régimes spéciaux des fonctionnaires sont un bel exemple de ce que le système peut produire. Mais il n’y a pas qu’eux, chaque métier à travers sa représentation professionnelle tente d’influer sur le pouvoir pour obtenir des avantages au détriment des autres. La redistribution opérée par les dirigistes (socialistes et gaullistes) est antidémocratique car elle favorise les plus violents et les plus influents. Elle évite soigneusement de comptabiliser qui profite de quoi. La retraite par répartition à la française confirme le célèbre adage de Bastiat : L’Etat c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépends de tout le monde.
A ce point, disons le tout net, la gauche libérale n’a rien à priori contre une forme de redistribution. D’ailleurs l’allocation universelle ou revenu de liberté que nous préconisons en est une forme pratique. Cette ingénierie sociale, qu’il serait malhonnête d’appeler de la solidarité puisqu’elle relève de la coercition, nous parait nécessaire pour de multiples raisons. Mais la grande différence entre cet offset (décalage) social et la méthode socialo-gaulliste c’est l’absence de clientélisme et la transparence dans le montant des aides reçues. Mélanger l’aide sociale à la retraite c’est encourager l’opacité financière dont se nourrissent les dirigistes.
Une question demeure pourquoi la droite défend-elle aussi le système par répartition ? A cela plusieurs réponses. La clientèle électorale de la droite est plus âgée que celle de la gauche. Remettre en cause, même partiellement le système existant pourrait inquiéter cet électorat. De plus nous l’avons vu plus haut, le système profite clairement à ceux qui meurent vieux donc aux cadres, médecins, etc.. Enfin dernière et principale raison, les cotisations versées au titre d’une épargne personnelle, gérées par des fonds de pensions, seraient beaucoup plus difficiles à dégrever socialement. Or le dégrèvement "incitatif" qu’il soit fiscal ou social est l’un des grands moyens inventés par la droite pour "piloter" l’économie. Sans charges ou impôts élevés, impossible pour les dirigeants de droite, ces fonctionnaires qui se prennent pour les chefs de l’Entreprise France, d’administrer l’économie comme ils l’entendent, et avec le succès que l’on sait.