lundi 12 mai 2008 - par cambacérès

Valable, raisonnable, sérieuse ?

Il faut au moins que l’offre d’emploi soit et reste acceptable.

En synonyme à quoi le dictionnaire propose notamment : admissible, recevable, convenable, correct, honnête, fondé, juste, légitime, logique, modéré, naturel, normal.

De façon fort heureuse, la loi portant réforme du service public de l’emploi vient, de redéfinir les moyens institutionnels de rapports plus efficaces avec les chercheurs d’emploi, sur le marché du travail.

L’heure est donc venue de donner force légale à la notion d’offre d’emploi « acceptable », qui ne pourrait être écartée plus de 2 ou 3 fois.

L’essoufflement de notre compétitivité et l’ampleur croissante de nos dépenses de protection sociale ne peuvent plus prospérer comme elles le font depuis soixante ans, sur un pacte noué essentiellement autour de préoccupations liées à la maladie et au retrait d’activité.

A bien y réfléchir, ce modèle social apparaît même débilitant et démotivant à long terme - au point qu’il n’est pas abusif de lui imputer une part de responsabilité réelle dans le sentiment de déclin plus ou moins fondé auquel le pays se prête depuis trop années, et en tout cas dans notre incapacité à combattre les déficits.

C’est bien, au contraire- et prioritairement, autour du progrès de l’activité, des compétences, et de l’emploi qu’il faut refonder notre pacte social, en modernisant notre marché du travail, qui le nourrit

Il faut et il suffit, pour y parvenir, de considérer quelques points de principe :

La sécurité professionnelle durable qu’attendent nos concitoyens passe par un effort structurel de qualification, qui reste la clef collective d’une activité économique soutenue et d’un marché du travail vivant, comme elle reste la clef individuelle d’une vie professionnelle et d’une protection sociale continues.

On ne progressera donc utilement sur le retour au plein emploi qu’en adaptant à une conjoncture économique par essence évolutive un dispositif dont la vocation doit moins tendre à la baisse des coûts salariaux qu’à un nécessaire relèvement du rapport coût/compétences individuelles et collectives de la main d’œuvre sur le marché du travail.

L’employeur, n’ayons pas peur de le dire, doit tout de même en avoir pour son argent, dans le même temps que le salarié y gagne, lui, en acuité et actualité de ses compétences et savoir-faire.

Une individualisation conjuguée de l’action sur l’emploi et les qualifications s’impose donc, sans laquelle il n’y aura pas de modernisation, faute d’un pilotage volontariste du retour, personnel ou collectif, à une position plus saine sur le marché du travail

.

 

Après quoi on pourra attacher à chacun si besoin est, un niveau d’aide à l’embauche et à la formation sélectivement défini en fonction des contraintes diagnostiquées de son profil et de ses difficultés sur le marché du travail.

Un repérage professionnel régulier, précis et régionalisé, des branches qui ont les plus graves difficultés de main d’œuvre assurera ainsi de substantielles économies d’argent public en éradiquant les effets d’aubaine.

 

Il convient donc de fixer un cadre officiel de référence et d’évaluation de l’offre d’emploi valable, définie comme :

Une proposition d’emploi sérieuse et concrète, permettant au candidat

  1. d’apporter la contribution économique de ses compétences (re)connues
  2. à une entreprise, ayant fait connaître de manière identifiée un ou des besoins de main d’œuvre,
  3. dans un cadre de références clairement posé en termes de qualification, de conditions d’exercice et de rémunération

Repères permettant alors une articulation efficace avec la notion d’acte positif de recherche d’emploi, à son tour définie comme :

Toute initiative ou réponse utile du demandeur d’emploi

  1. à une sollicitation pertinente du marché du travail ou du service public de l’emploi
  2. en matière d’activité salariée, de mise à niveau, de (re)conversion ou de (ré)insertion professionnelle,
  3. dans des conditions objectives compatibles avec sa situation personnelle globale »

 

Rien ne heurte là-dedans des principes parfois constitutionnels qu’au contraire ces formulations cherchent à transposer en termes de droits et devoirs quotidiens dans notre système social depuis trop longtemps déséquilibré vers les droits et tout de même assez muet sur les devoirs.

 

Ces repères légaux étant acceptés et actés, rien n’empêche ensuite la voie réglementaire d’inscrire l’application de ces principes dans des contraintes matérielles adéquates et variables en fonction des conditions et circonstances du marché du travail :

  1. nombre de refus,
  2. critères d’éloignement,
  3. de salaire et de compétence, etc…

 

Ainsi contractualisé dès la recherche d’emploi, le rapport au travail pourra s’inscrire ensuite, facilement, une sécurisation des parcours professionnels au sein duquel la personnalisation des aides éventuelles à l’insertion ou la réinsertion pourrait prendre

  1. la forme d’un allègement de charges individualisé et dégressif au fur et à mesure de l’intégration professionnelle
  2. dans un dispositif de prévention de l’exclusion simplifi et calé sur les niveaux de risque dont la typologie est en cours de validation par l’assurance chômage
  3. récupérable, puisqu’individualisé, en cas de licenciement prématuré ou abusif, délocalisation de complaisance etc….

L’argent public est assez rare pour que l’on installe rapidement ce moyen tout simple d’enrayer les effets d’aubaine, qui consiste en une gestion individualisée et ciblée des « aides » à laquelle l’informatique apportera évidemment un concours des plus précieux.

Par rapport à un dispositif d’ensemble ainsi clarifié, assurer l’entrée et le retour les plus rapides possibles sur le marché du travail (directement ou via la formation) renforce absolument la mission première du service public de l’emploi.

C’est un risque à courte vue que d’y voir un levier de baisse des couts salariaux : les niveaux de rémunération auxquels nous confronte la mondialisation touchent des métiers et des qualifications qui ne sont pas - ou plus - concernés chez nous.

Ce serait donc une erreur que de se battre contre pareils moulins à vent.

Préserver l’emploi par ici suggère davantage de "bétonner" recherche appliquée, qualifications et savoir-faires plutôt que tenter de rivaliser avec les niveaux de rémunération et de pouvoir d’achat sans concurrence qu’entretient, par exemple, le medef de chinois, également connu sous le nom de P.C.

Le communisme aurait-il su apporter au libéralisme la concrétisation de son vieux rêve : travailler plus pour gagner moins.
Mais c’est une autre histoire...à moins que ce ne soit l’histoire...



27 réactions


  • krapo krapo 12 mai 2008 10:56

    C est bien, c est claire, on ne peut etre que de votre avis...si l on pense comme un ordinateur

    Mais que faites vous de ceux qui ne peuvent pas suivre, des petits,de ceux qui courent pour nourrir leurs enfants,des accidentés de la vie....de l humanité


    • cambacérès cambacérès 13 mai 2008 10:29

      c’est bien parce qu’il faut en tenir compte qu’on ne peut tout laisser faire au tout libéral

      un peu de législation à bon escient ne nuit donc pas


  • tvargentine.com lerma 12 mai 2008 11:12

    Ce qu’il faut c’est mettre le budget de la formation professionelle au service du demandeur d’emploi afin qu’il puisse évoluer ou changer de métiers.

    Ce n’est pas le cas actuellement car les critères "fonctionnarisés" sont de vrais barrières pour les autodidactes

    En effet,j’ai pu constaté que ces "formateurs" demandaient des diplomes que rien ne justifait rééllement pour suivre des formations

    Le problème du chômage dans sa durée est bien ici

     


    • Proudhon Proudhon 12 mai 2008 20:25

      Il y a eu il y a quelques temps le scandale de l’UIMM. Il y aura peut-être un jour le scandale de la formation professionnelle qui est une des autres vaches à lait du patronat français. Mais l’histoire nous montre que le patronat français n’est pas à un détournement prêt.


    • Proudhon Proudhon 12 mai 2008 20:28

      Quand l’auteur de l’article explique dans son curiculum sa carrière dans les ressources inhumaines, on comprend la teneur néo-libérale de son malheureux article. Par contre quand on lit ensuite "dans le social" on s’étonne grandement ou on se dit tout de suite.

      Il doit parler de social au sein du parti socialiste non ?


    • Bigre Bigre 12 mai 2008 21:24

      >le patronat français n’est pas à un détournement prêt.

      ou

      >le patronat français n’est pas à un détournement près

      J’y vois une nuance mais je pinaille ....

       

       

       


    • cambacérès cambacérès 13 mai 2008 10:23

      ce n’est pas faux, raison de plus pour légiférer


    • cambacérès cambacérès 13 mai 2008 10:33

      aux dernières nouvelles, les ASSEDIC n’avaient tout bonnement pas dépensé près de la moitié de leur budget pour la formation de leus adhérents...


    • cambacérès cambacérès 13 mai 2008 10:35

      aux dernières nouvelles, près de la motié des crédits des ASSEDIC pour la formation n’vaient pas été consommés....


    • cambacérès cambacérès 13 mai 2008 10:37

      aux dernières nouvelles, près de la motié des crédits des ASSEDIC pour la formation des chomeurs est restée inemployée


    • cambacérès cambacérès 13 mai 2008 10:40

      encore un grand penseur qui pense qu’un jour on ne peut pas réorienter sa carrière après avoir vu dévier la gestion des ressources humaines vers la fin des années 70...


  • Jason Jason 12 mai 2008 11:27

    La modernisation ? On connaît. Elle passe toujours par le sacrifice des mêmes.

    Vos poncifs n’apportent pas grand chose à un débat sans fin reposant sur le postulat de l’exploitation de l’homme par l’homme. 

    Tout le reste n’étant que littérature...


  • faxtronic faxtronic 12 mai 2008 16:46

    l’une des clefs est la formation continue des adultes, de tous les adultes.


  • HELIOS HELIOS 12 mai 2008 20:23

    J’aimerai vous dire, mr l’auteur, que votre texte est sympatique de bon sens et qu’on peut adherer a votre point de vue...

    Toutefois, j’aimerai vous dire simplement pourquoi je ne suis pas d’accord et ceci est applicable dans beaucoup d’autres domaines :

    Dans toute relation, il y a un fort et un faible. Actuellement le faible est de plus en plus faible et le fort de plus en plus fort.

    Pour regler le problème de l’emploi, vous souhaitez qu’on mette en place des contraintes des deux cotés. Parfait, je vous suis parfaitement.

    Commençons donc par mettre ces contraintes du coté du fort, puis ensuite, du coté du faible quand le modèle aura montré son intérêt et sa viabilité... voire ses limites.

    Quand les entreprises auront respecté les contraintes d’emploi, sur la formation, les salaires et qu’elles continueront a avoir des problèmes d’embauche, je propose qu’on force ces fénéants de chomeurs à aller travailler, privation d’indemnité, et même des amendes s’il le faut !

    Cette démarche est aussi pleine de bons sens et a l’avantage de démontrer que le fort ne veut pas devenir un prédateur social (qu’il est déjà suffisament) et que son objectif vient bien parfticiper au developpement commun de notre société. Car sinon, quel est l’intérêt de tout un chacun la-dedans ?

     

    Juste a titre d’exemple, sans parler de ce qu’il se passe depuis un an, je me souviens bien de la loi proposée par Jacques Chirac sur les coût des supports téléphoniques surtaxés, vous vous en souvenez ? cette loi qui devait rendre gratuite l’attente (ce qui n’est toujours pas vrai, sauf si vous êtes chez le même fournisseur) et les actions de groupe (class action) qui devaient faire le pendant, dans le cadre plus vaste de la loi sur la consommation a des mesures plus favorables aux entreprises.... ben, apres avoir adopté les mesures en faveur des entreprises, on a jeté aux oubliettes le reste... le plus faible a été "oublié".... pas le temps d’en débattre avant la prochaine législature, qu’ils ont dit, du coté du gouvernement de l’époque ! et qui était dans ce gouvernement ? devinez....

     

    Alors, pour les futures lois, inversons un peu les rôles...

     

     


  • TSS 12 mai 2008 22:49

    on ne peut être DHR et faire dans le social ,c’est antinomique


  • Blé 13 mai 2008 09:23

    @ l’auteur,

    Sait-il ce qui se passe en ce moment sur le terrain ?

    Actuellement, une femme de ménage ou un agent d’entretien doit obligatoirement avoir un véhicule car les horaires ne correspondent pas aux horaires des transports en commun. De plus ce type d’emploi est toujours un emploi à temps partiel. Or, ces patrons qui ne trouvent pas de personnel passe sous silence ce "détail". A combien s’élèvent les frais d’un véhicule ? A combien s’élèvent les frais d’une femme de ménage pour un patron ? Si vous savez comptez, je vous invite vivement à prendre votre calculette.

    Autre réalité. On veut absolument réinsérer un brave homme de 55 ans qui a commencé à travailler à 14 ans comme bûcheron, puis dans le bâtiment. Ce brave homme a toujours travaillé jusqu’à son accident de travail très grave il y a une dizaine d’années. Il est reconnu par la COTOREP. Actuellement il travaille pour une association d’insertion par le travail. Depuis un an que cet homme travaille pour cette association, il a fait plusieurs séjours à l’hôpital suivi d’arrêts de travail car il ne peut refuser de faire certains travaux (risque de renvoi) alors il le fait en sachant que le lendemain il ira à l’hôpital. L’insertion de cet homme coûte chère, même très chère à la société mais comme il dit : "je travaille". Il a travaillé plus de quarante ans mais il n’a pas droit de prendre sa retraite, alors il travaille mais s’il touchait sa retraite je peux vous assurer qu’il coûterait moins cher aux contribuables. Bien évidemment ce monsieur n’est pas un cas isolé, ils sont quelques milliers dans ce cas.

    Vous allez me dire que ce sont des gens sans qualification qui sont concernés, mais aujourd’hui en étant obligé d’ accepter n’importe quel emploi, (l’obligation engendre le travail forcé), les plus qualifiiés dans un secteur se verront être déqualifiés dans un autre ce qui justifiera sa baisse de salaire.

    La liberté du MEDEF ne peut avoir comme pendant que la contrainte des salariés et une baisse des salaires générales. Car jusqu’à présent, un patron ne demande pas l’autorisation de qui que ce soit pour foutre en l’air la vie de millions de salariés. Quand vous parlez du devoir des salariés j’ai vraiment l’impression que le cynisme entâche votre raisonnement et vous aveugle. 

     

     


    • cambacérès cambacérès 13 mai 2008 10:17

      Généraliser des exemples négatifs particuliers n’a jamais calu argumentation d’intéret général.

      On n’organise pas le travail de 25 millions d’actifs à partir de cas ponctuels, si douloureux soient-ils


  • krapo krapo 14 mai 2008 09:24

    Monsieur,

    ce que vous appellez des cas ponctuels sont des etres humains et sous pretextes de faire avancer 25 millions d actifs on va en laisser combien au bord de la route... !

    Trop facile de parler pour les forts et les "en bonne santé", mais une société digne de ce nom est faite pour protéger les plus faibles et non pas les enterrer.


  • krapo krapo 14 mai 2008 12:14

    Tout a fait d accord avec vous ,en effet il faut légiférer, mais arretons de parler des chomeurs comme s ils etaient tous des fraudeurs.

    N oublions pas que dans la population ouvriere (si, si y en a encore) tres peu nombreux sont ceux qui ne sont jamais passé par la branche chomage.

    Les métiers qui demandent peu ou pas de qualification sont payés au SMIG et tres souvent ce sont des intérimaires qui font ce travail, avez vous été intérimaire ? savez vous quels sont les droits des intérimaires ? Je peux vous garantir que si vous vous penchez sur les droits de ces salariés vous risquez d avoir des surprises... et pourtant il y a de plus en plus d agences qui ouvrent un peu partout.

    Bien sur quand on cherche du travail on prend ce que l on trouve, dans la mesure ou il ne faut pas dépenser plus pour se rendre sur notre lieu de travail que ce que nous pourrions gagner 

    Les heures supplementaires ? D accord, ca évitera de prendre des intérimaires...

    Je ne vous parle pas non plus des "séniors" trop usés pour suivre la cadence sur les chaines, et ne souriez pas,le travail a la chaine existe encore ( pour le SMIG) et les cadences sont toujours de mise... A partir de 50 ans déformations des mains, dos completements cassés, ce n est pas du Zola, c est aujourd hui.

    Pour tout ces gens aussi il faut légiférer et il faut continuer a les défendre et meme les proteger.

    Telle usine ferme 1500 emplois supprimés, combien sur ces 1500 vont avoir la possibilité de se retourner de reprendre un départ vers un autre travail ?

    Les autres sont ils obligatoirement des fainéants qui refusent tout ce qu on peux leur proposer ?

    OUI, il faut légiférer, mais pas sans regarder derriere histoire de ne pas voir ceux qui restent au bord de la route


  • Dolores 15 mai 2008 18:11

     

    Ce marché du travail sur lequel il faut introduire le chômeur de force est en fait le marché de l’être humain, ordonné par la loi, qui le contraint à accepter n’importe quoi à n’importe quel prix pour lui.

    C’est assez ignoble

     

     

     


    • cambacérès cambacérès 15 mai 2008 18:28

      décidémment, dès qu’on parle travail ....çà dégénère

      c’est triste

       les évidences sont évidemment ailleurs


  • cambacérès cambacérès 22 mai 2008 11:02

    récapitulant la lecture des réactions rçues, il faut tout de même s’apercevoir -et regretter- que pas un seul des intervenants n’a pointé l’utilité évidente qu’il y a de cadrer la définition de l’offre d’emploi sérieuse...par rapport aux employeurs !


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