lundi 21 avril 2008 - par Philippe Vassé

Frégates de Taiwan : l’heure des « comptes » publics a sonné !

Depuis des années, avec la mise en avant du fameux et fumeux « secret-défense », les gouvernements successifs de toutes couleurs politiques ont essayé d’empêcher l’opinion publique de connaître la vérité sur les dessous réels du gigantesque scandale des frégates de Taiwan. Or, du fait de l’entraide judiciaire entre Taiwan et la Suisse, et du fait du labeur tenace et patient des enquêteurs, journalistes et magistrats taiwanais, la vérité qui était cachée en France surgit maintenant d’un Rapport de synthèse rédigé en mandarin et basé sur les documents bancaires abondants remis par les autorités suisses aux magistrats taiwanais. Et, maintenant, avec internet, au prix d’un travail de traduction bénévole, nous pouvons briser le mur du secret-défense et dévoiler publiquement ce qu’on cachait aux citoyens par ce douteux moyen. L’heure de l’accès des citoyens aux « comptes » cachés a sonné... (voir le lien vers TOUS ces comptes en fin d’article afin de ne pas alourdir ce dernier).

La surface des faits et les intérêts de la France, en fait ceux de ses entreprises militaires

Ce que nous révèle le rapport de synthèse taiwanais, à compléter encore, sur les réseaux financiers qui ont permis ce qu’on devrait maintenant appeler les « trois scandales des armes françaises vendues à Taiwan  », est une réalité plus que honteuse, d’où l’Etat français comme ses dirigeants politiques de l’époque ne sortent pas grandis.

Ce qui va être conté ici n’est, pour l’heure, que la partie déjà mise à jour des trois affaires citées, qui ont permis de vendre à Taiwan six frégates de classe Lafayette, cent Mirage 2000 et un millier de missiles MICA de la société Matra.

Rien ne nous dit qu’il n’existe pas encore des dessous encore plus glauques à découvrir, mais les juges suisses et taiwanais s’y emploient activement.

Rappelons d’abord la chronologie de quelques faits qui étaient publics et connus, mais qui, aujourd’hui, s’éclairent d’une tout autre manière avec les documents publiés par les médias taiwanais.

Le 23 décembre 1989 : la France et Taiwan signent un mémorandum qui indique que la France, via la DCN et la société Thomson, vendra à Taiwan six frégates de la classe « Lafayette », avec leur équipement de combat complet, pour le prix de 13 259 100 000 FF.

Au niveau des plus hautes autorités de l’Etat, cette vente est surnommée du nom de code « Opération Bravo ».

Du fait des difficultés diplomatiques et politiques que ce contrat génère avec les autorités chinoises, un réseau dit « Lily Liu » va s’occuper, avec de l’argent public qui sera appelé « versements de commissions commerciales légales », de "lever" les oppositions des hauts dirigeants chinois, mais cela prendra du temps.

Un article antérieur a fait le point complet sur ce volet de l’affaire.

Lien : http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=38764

Le 27 juillet 1991 : la France et Taiwan signent un nouvel accord valant contrat définitif pour la valeur, cette fois-ci, de 15 420 793 000 FF.

Le prix des frégates dites de Taiwan a donc augmenté de 2 161 693 000 FF en près de dix-huit mois ! Soit avec une parité mensuelle de 6,07 FF par dollar en ce mois de juillet 1991, le somme de 356 127 347,60 dollars américains.

Retenons ces chiffres et ces parités car nous verrons qu’ils sont aussi instructifs de ce dossier.

Les années suivantes, seront signés des contrats qui porteront sur la vente de Mirage 2000 avec leur équipement complet de combat et des missiles de la société Matra.

A chaque contrat, malgré les changements de gouvernements en France, après 1993, les mêmes intermédiaires commerciaux négocieront et l’Etat appuiera les contrats de toute sa puissance politique.

On suivra dans cet article une partie significative des commissions et rétro-commissions versées pour les trois contrats successifs. Le reste est pour le moment entre les mains des enquêteurs taiwanais qui ont remonté quasiment toutes les pistes et tous les réseaux pour les trois contrats.

Dès que ces éléments seront communiqués par les autorités taiwanaises, ils seront publiés sur Agoravox.

Tout ce qui est écrit ci-dessus est l’apparence des faits publics, même si tout cela se passe dans une relative discrétion. Regardons maintenant le dessous des trois contrats.

Sociétés fantômes, intermédiaires suspects, comptes bancaires off-shore, commissions et rétro-commissions en tous sens

Maintenant, quittons les palais nationaux, temples de l’intégrité morale, les ministres dignes emplis d’esprit civique sincère, les chefs d’entreprises vertueux aux franches déclarations et regardons enfin ce qui a été caché aux citoyens, à savoir l’envers du spectacle officiel.

Notre guide pour cette visite dans les bas-fonds des affaires en question sera un citoyen taiwanais du nom anglicisé Andrew Wang.

C’est un guide qui a laissé derrière lui de précieux fils d’Ariane pour le suivre si on le perdait de vue un instant.

Cet homme est en 1989 le représentant à Taiwan de la société d’armements Thomson, qui donnera naissance à Thalès plus tard. Il connaît bien le pays, ses élites, ses cadres politiques et ses difficultés politiques pour se procurer des armes pour ses forces de défense. Cela fait sa force tandis que son savoir-faire financier et bancaire le rend même « indispensable » pour des opérations délicates.

Suivons notre guide et les faits, sans respect de la chronologie, mais en s’attachant à des comptes bancaires.

Le 13 mai 1991 : M. Wang, représentant de Thomson, quitte Taiwan et se rend aux îles Vierges, territoire britannique. Il y ouvre deux comptes off-shore secrets à l’agence locale UBS au nom d’une société fantôme, Euromax Ltd, le compte n° 710.741 et SUB ACC n° 710.781.

Le 29 juin 1991 : M. Wang est à Zurich, en Suisse. Il va à la banque UBS et y ouvre un compte secret PO 60580. Il en ouvrira beaucoup, de comptes, à l’UBS, à la LGT, à la banque Julius Baër, à la BNP et ailleurs. Comme par hasard, depuis quelques mois, certaines de ses banques sont souvent citées dans l’actualité, comme la banque LGT et Julius Baër.

Le 14 juillet 1991 : le jour de la fête nationale française, M. Wang notifie à ses contacts à Thomson que les commissions prévues peuvent être versées sur les comptes de la société Euromax Ltd aux îles Vierges.

Rappelons ici que c’est le 27 de ce même mois de juillet 1991 que le prix des frégates a brusquement augmenté dans le contrat proposé à Taiwan et a été accepté par cet Etat.

Le 8 septembre 1991  : M. Wang est de nouveau à Zürich et ouvre le compte secret PO 60581 toujours à l’UBS.

Le 20 septembre 1991  : Taiwan paie à la France 30 % de la somme fixée par le contrat du 27 juillet 1991, soit plus de 5 milliards FF, mais réglés en dollars américains !

Le 30 septembre 1991  : le compte bancaire de la société Thomson à la banque Indosuez est débité de 140 888 900 dollars américains en sept virements distincts.

Le 14 octobre 1991  : aux îles Vierges, la banque off-shore locale UBS crédite très précisément sur le compte principal de la société Euromax Ltd la somme de 140 888 900 dollars américains par le biais de sept virements distincts reçus.

Ce même jour, le solde des comptes de la société Euromax Ltd atteint le solde formidable et exceptionnel de 340 353 140 dollars américains, soit avec la parité moyenne du moment FF/ dollar- environ 5,76 FF pour un dollar, un montant de 1 858 328 144 FF.

Constatons ici un fait qui peut interroger : la chute du dollar, entre juillet et octobre 1991, par rapport au franc français, a créé un différentiel favorable en l’espèce au payeur en dollars américains, donc à Thomson en termes de parité FF/dollar.

En clair, si le montant déposé sur les comptes de la société Euromax Ltd devait servir à rembourser quelqu’un ou des personnes diverses, les récipiendaires potentiels gagnaient au change en prenant les paiements en dollars, et perdaient s’ils acceptaient les francs français ou encore une parité monétaire reliée au franc français.

Le 15 octobre 1991 : le compte Euromax Ltd- UBS n° 710 741 SUB ACC n° 710 781 qui avait le 14 octobre un solde de 340 533 140 US$, alimenté par sept transferts d’un total de 140 888 900 US$ en provenance du compte de la société Thomson à la banque Indosuez est débité de la somme de 123 535 190,55 US$.

Le 27 septembre 1993  : le compte de la banque Indosuez de Thomson envoie au compte Euromax Ltd la somme de 4 760 461 francs suisses.

Le 18 février 2000 : le compte Euromax est débité de 8 340 328 US$. Son solde indique après l’opération un montant de 207 498 698,29 US$.

Le 21 décembre 1994 : Andrew Wang ouvre à Zurich le compte UBS n° 377 373 au nom de la société Middleburry Ltd.

Le 3 mars 1998 : Andrew Wang ouvre le compte UBS n° 204 000 à Zurich au nom de la société Middleburry Ltd.

Le 5 janvier 1995 : le compte UBS n° 377 373 de la société Middleburry Ltd reçoit vingt-neuf transferts en provenance de la société Thomson pour un total de 122 546 720 US$.

Le 20 octobre 1996 : le compte UBS n° 377 373 de l’UBS au nom de la société Middleburry Ltd reçoit de la société Thomson douze transferts pour un total de 125 786 004 francs suisses, soit à l’époque l’équivalent de 144 770 399,60 US$.

Le 13 septembre 1993 : la somme de 77 601 165 US$ est transférée du compte UBS n° 60 581 appartenant à Andrew Wang au compte d’Andrew Wang UBS n° 955 591 KD.

Il s’agit de sommes visiblement prévues pour des destinataires taiwanais, selon l’avis de la justice taiwanaise.

Le 9 septembre 1998  : le compte UBS n° 204 000 de la société Middleburry Ltd reçoit sept virements pour un total de 78 248 378 francs suisses de la part de la société Thomson.

Tels sont quelques mouvements "significatifs" sur les comptes gérés par notre "guide", Andrew Wang, recherché depuis plusieurs années par la justice de son pays, Taiwan, pour, entre autres délits présumés : meurtre en bande organisée (celui du capitaine Yin), blanchiment d’argent, faux et usage de faux, escroquerie en bande organisée...

Arrêt sur image, comptes gelés et accords entre Etats

Selon le communiqué de la justice suisse du 10 avril 2008, plus de 900 millions de dollars américains ont été gelés sur les comptes d’Andrew Wang, de ses familiers ou proches.

C’est l’arrêt sur l’image 2008 de ce qui reste de ces scandales étalés sur plus de dix ans !

A cette heure, Taiwan n’a récupéré que la somme de 34 millions de dollars américains.

Il est intéressant de noter que les seuls vingt comptes personnels gelés au nom de Bruno Wang, un des fils d’Andrew Wang, se montent à 526 500 000 dollars américains.

Il est aussi vrai que les longues heures de travail solitaire passées dans les salles protégées de banques suisse, comme la LEU, par Bruno Wang ont attiré l’attention et attisé les soupçons de l’EBK, l’organisme de surveillance des banques en Suisse.

Notons juste les noms de certaines sociétés-écrans qui pourront donc intéresser médias et magistrats français maintenant que la vérité sur les comptes apparaît avec clarté :

- la société Bucellati International pour qui un compte off-shore est ouvert le 7 décembre 1992 ;

- la société Sableman International pour qui un compte off-shore est ouvert le 18 octobre 1994 ;

- la société Middleburry Ltd pour qui un premier compte off-shore fut ouvert le 21 décembre 1994 ;

- et enfin la société Euromax Ltd dont le siège social aux îles Vierges est tout un programme.

Pour les lecteurs, journalistes d’investigation comme d’information qui refusent que le « secret-défense » invoqué ne serve à cacher des pratiques que les citoyens ont le droit imprescriptible de connaître, voici le lien électronique vers les sources issues des enquêteurs, en mandarin traditionnel, certes, mais incontestées et incontestables, car nourries des éléments fournis par les banques et deux justices nationales, la suisse et la taiwanaise.

http ://mypaper.pchome.com.tw/news/windsontw/3/1274491703/20061020005729

Comme le dit le titre de cet article, le temps des « comptes » publics a sonné.

Les comptes bancaires cachés jusqu’ici aux citoyens et à la justice de la République sont dorénavant « publics » et accessibles.

Il appartient maintenant aux vrais médias d’information de faire leur travail, aux députés de la République d’enquêter jusqu’au fond des choses sur ces dossiers sordides afin d’en tirer la vérité complète et à celles et ceux qui ont retiré de ces affaires des ressources illicites de rendre l’argent illégalement perçu à son légitime propriétaire, spolié à trois reprises : l’Etat taiwanais et ses 23 millions de citoyens.

Ce qui évitera à tous les contribuables français de régler le solde des impayés comme la France s’y est engagée en avril 2006 envers Taiwan dans un accord officiel d’Etat à Etat.

Ce qui contribuera aussi à des relations futures apaisées où la confiance peut de nouveau être présente entre les pays dans leurs diverses relations à venir.

C’est là la voie de la sagesse, de l’intelligence et de la transparence. La France et ses citoyens ont tout à y gagner.

NB : les militants taiwanais anti-corruption ont créé un lien vers l’ensemble du tableau synthétique en français des comptes bancaires gelés des Wang :

http://firebug87.blogspot.com/



15 réactions


  • aquad69 21 avril 2008 12:14

    Bonjour Maître Vassé,

    eh bien ! Voilà du vrai journalisme, félicitations et merci beaucoup...

    Une question : à considérer l’échelle des sommes en cause, serait-ce crédible qu’il ne s’agisse que d’un simple détournement au profit d’un "clan" Wang et de fonctionnaires corrompus ? 

    Car, enfin, les protagonistes responsables et signataires officiels des protocoles étaient évidemment au courant, et il fallait bien pouvoir justifier auprès des gouvernements de telles augmentations de tarifs.

    Serait-il paranoïaque de voir ici pointer le nez d’une sorte d’impôt mondial, d’une dîme réclamée par certains milieux internationaux centralisant pouvoirs financiers et autres, cad les véritables caïds du Monde, pour chaque opération commerciale d’une certaine envergure ?

    Si c’était le cas, malgrès les efforts des enquêteurs taïwanais et suisses, ces affaires deviendraient des puits sans fond, et les enquêtes ne pourraient déboucher sur aucune inculpation d’envergure.

    Il sera intéressant de voir si de grandes personnalités politiques et économiques seront mises en cause et officiellement inculpées et punies, ou si tout celà sombrera à la longue dans l’oubli...

    Cordialement Thierry

     


    • alberto alberto 21 avril 2008 14:29

      Thierry : "il sera interessant de voir si de grandes personnalités politiques ou économiques seront mises en cause..." Oui, ça serait interessanr en effet, sauf qu’il semble que tout l’éventail politique de la gauche à la droite ait eu à bénéficier des "largesses" offertes notamment à l’occasion du contrat Bravo.

      Nous sommes donc dans le cas de figure ou tout ce monde se tient par la barbichette !

      Qui sera le premier qui... ?

      Mais bravo à Philippe Vassé pour son remarquable travail d’investigation : espèrons que quelques "grands médias" relaieront ses infos. Encore que pour le moment ils ne semblent guère enthousiastes...

      Bien à vous.

       

       


    • Philippe Vassé Philippe Vassé 21 avril 2008 14:43

      Cher Thierry,

      Merci tout d’abord du commentaire amical. Cet article est en effet, à ma connaissance, le premier qui révèle en France et en français les faits et méfaits qui ont été matérialisés sur les comptes de la famille Wang et de ses deux complices taiwanais aujourd’hui tous deux derrière les barreaux.

      Juste avant la publication, un journaliste d’un hebdomadaire réputé m’a confirmé que les informations trouvées en mandarin à Taiwan étaient en gros celles couvertes par le secret de l’instruction- après le "secret-défense- qui étaient dans les dossiers du Juge d’Instruction Renaud Van Ruymbeke.....

      Voilà donc les choses maintenant publiquement énoncées et connues.

      Je pense que les élus du personnel et le Comité d’Entreprise du groupe Thalès vont pouvoir vérifier que la direction du groupe leur a parfois caché des faits qui pourraient, en termes de droit, s’analyser comme des abus de biens sociaux caractérisés.

      En ce qui concerne les points que vous abordez, deux observations :

      1) le gouvernement taiwanais se doutait bien, vu la situation de ses relations avec les autorités de Pékin, que l’Etat français avait "levé" avec de l’argent public l’hostilité préalable de ces autorités.

      2) ce qui par contre n’est pas admis par les responsables taiwanais est ce jeu incroyable de commissions diverses versées par Thomson à son agent à Taiwan (Andrew Wang), le meurtre du capitaine Yin (pour lequel la Justice taiwanaise soupçonne Wang au moins de complicité et ...les rétro-commissions.

      A coup sûr, une telle série de scandales successifs n’a pu avoir lieu sans des complicités politiques et bancaires de haut niveau, au moins en France, pays d’où partent les transferts d’argent (public pour les réseaux d’influence comme celui de Lily Liu, d’une entreprise pour les autres sommes).

      Il convient, à mon sens, de rester sur les faits connus que les Justices suisse et taiwanaise connaissent et étudient.

      Il serait enfin utile que la presse française, suisse et européenne reprenne les éléments donnés ici, dans l’intérêt de tous les pays concernés et de leurs citoyens.

      Il en va de la restauration d’une crédibilité publique des citoyens dans les gouvernants que ces affaires ont, en tant que matrice d’autres de même nature, totalement détruits.

      C’est là le versant politique le plus grave : les politiques de tous bords ne peuvent continuer aujourd’hui à agir de la sorte, sous peine de risquer, après la rupture du lien de confiance entre eux et les citoyens, une véritable révolte des citoyens contre leur gestion, leurs mensonges, leur esprit de caste sans attention au peuple et leur cynisme qui confine à l’arrogance des monarques d’avant 1789.

      Je le dis encore une fois parce que la comparaison me paraît sensée : le scandale des contrats d’armements français vendus à Taiwan est similaire, en termes de puissance de destruction de ce qui reste de crédibilité à la classe politique française, à celle des colliers de Marie-Antoinette avant la Révolution.

      A trop mentir au peuple, à trop le mépriser, à trop le tromper, le risque est grand pour cette caste politique déjà mal en point de lever des forces immenses contre elle et ses actes.

      Seule la vérité dans on intégralité peut aussi ici rétablir la légitimité et la crédibilité.

      Bien amicalement,


    • Philippe Vassé Philippe Vassé 21 avril 2008 14:57

      Alberto,

      Merci de votre commentaire très vrai.

      Comme vous, je souhaite que les médias francophones reprennent ces informations qu’ils auraient pu trouver, tout simplement en se payant un traducteur mandarin-français puisque ces informations sont PUBLIQUES à Taiwan et OFFICIELLES depuis octobre 2006.

      Le blog noté en fin d’article est là aussi pour aider ces médias dans leur travail d’information aux citoyens.

      A noter que donc les élus du personnel de Thalès auront maintenant de solides références en mandarin et français pour poser les bonnes questions et obtenir des réponses sincères et vraies.

      A noter aussi que cet article m’a valu, chose amusante, d’être contacté par un ancien directeur de cabinet d’un ministre célèbre, mais aujourd’hui englué dans diverses affaires judiciaires. C’est un détail, mais il est amusant de voir certains loups, même édentés, sortir du bois, par personne interposée, pour s’inquiéter de la publication de ces faits avérés aux citoyens.

      Comme vous le dites, ces affaires successives "touchent" autant les partis de droite que de gauche dits "institutionnels", c’est à dire ceux qui ont gouverné le pays depuis 1989. Elles soulignent bien que, par delà les clivages annoncés et les ruptures promises aux moments des élections, ces partis partagent une même conception, très discutable, de l’intérêt public et surtout des moeurs qui n’honorent pas la République, pratiques dont il serait plus que temps de se débarraser.

      Cela peut commencer par l’information due au peuple en son ensemble. Car c’est lui à qui est dû avant tout la vérité des faits que les politiques ont tue et cachée si longtemps.

      En vain !

      Bien amicalement,

       

       


  • mandrier 21 avril 2008 14:36

    C’est effarant cette affaire !

    Elle est étouffée dans notre pays.

    Pour moi, C’est une atteinte à la réputation internationale et historique de la Nation !

    Qu’attendent les juges, les journalistes, les politiques pour mettre cela au clair ? Eux qui sont si prompts à intervenir pour des affaires très mineures ?

     


    • Philippe Vassé Philippe Vassé 21 avril 2008 15:02

      Mandrier,

      On oeut aussi dire ce que vous écrivez autrement : "qu’attendent les médias de ce pays pour s’émanciper des politiques et chercher les informations de fond sur les faits et les processsus en cours à leurs sources connues, avérées et identifiées" ?

      Il faudrait un nouveau Zola pour rédiger un retentissant et moderne :"J’accuse".

      S’en trouvera-t-il dans les médias nationaux ? Je le souhaite car ce type de géant de la pensée et de l’information libre manque terriblement.

      Bien cordialement,


    • arturh 21 avril 2008 16:29

      Ce n’est pas un nouveau Zola qu’il nous faut. Les auteurs du complôt qu’il dénonçait n’ont pas été punis et la victime n’a été libérée que longtemps après "J’accuse"

      Ce qu’il nous faudrait, c’est une "Cour Suprême" indépendante du Pouvoir Exécutif. Mais voilà. En France, le Pouvoir Législatif Suprême est placé sous l’autorité du Pouvoir Exécutif Suprême. Il n’y aura donc jamais de justice dans cette affaire.

      Vous vous croyez en Démocratie ou quoi ?


    • Philippe Vassé Philippe Vassé 21 avril 2008 17:16

      Arturh,

      Petit correctif sur Zola et l’affaire Dreyfus : les responsables politiques de l’affaire ont été à la fois battus par les urnes, puis sanctionnés politiquement très durement et ne s’en sont jamais remis : il s’agissait du courant monarchiste qui s’opposait à la République en s’appuyant sur l’Eglise à ce moment.

      Autre point : vous avez raison de souligner l’inter-dépendance observée du pouvoir judiciaire et de l’exécutif politique en France.

      Ceci n’empêche nullement que les Justices d’autres pays interfèrent sur cette "inter-dépendance" aussi. C’est ce qui se passe, de facto, dans les affaires citées.

      La Justice française a été muselée et aveuglée. Cela est vrai. Mais, comme le prédisait voici longtemps un des acteurs de ces affaire, la vérité peut seule venir des Taiwanais, car eux y ont des intérêts puissants et essentiels.

      C’est ce qui se passe avec les informations que les médias taiwanais, qui, par leur indépendance, comme leur Justice, permettent de montrer en France la réalité exacte et avérée.

      Et ces faits vont devenir à leur tour des outils pour aller plus loin, à Thalès et sur le terrain politique national.

      Si en effet, une forme de monarchie est rétablie de facto en France, cette vérité peut alors contribuer à restaurer cette République pour laquelle a combattu Emile Zola avec succès.

      Il a là en effet, à mon sens, une continuité historique.

      Bien cordialement,


    • mandrier 21 avril 2008 19:37

      Ce comportement "vorace" pour s’en mettre plein les poches, est une des causes de notre discredit international : Quand on veut faire la lecon "droitlom’", il faut etre "propre", "irréprochable" ! et cela les Chinois (RPC) sont en train de nous le renvoyer en pleine figure !

       

      Quant à nos journalistes , ils vont "à la soupe" !....


  • arturh 21 avril 2008 16:22

    Je connais peronnellement le nom d’un des bénéficiaires de l’argent. Il est mort de sa belle mort, naturelle, mais ses enfants coulent de jours heureux à l’abri du besoin grâce à l"héritage d’une fortune qui ne peut pas s’expliquer par un salaire de Haut Fonctionnaire. Et comme ce sont des gens très raisonnables, leurs descendants vont en profiter encore longtemps. D’autant plus qu’une partie de la fratrie à quitté la France pour les USA où ils travaillent à Wall Street....

    Les USA sont une Démocratie, mais nous, nous sommes dans une Monarchie Républicaine. Ils sont tranquilles pour longtemps...

    Secret défense, mais secret de polichinelle....


    • Philippe Vassé Philippe Vassé 21 avril 2008 17:37

      Arthurh,

      Je ne suis pas Juge et n’assène pas une culpabilité contre quiconque avant d’avoir les éléments factuels qui attestent un délit commis.

      Ceci dit, je corrige votre pessimisme, dû peut-être aux "affaires" fraco-françaises très souvent (trop souvent ?) enterrées ou qui se terminent avec des peines ridicules pour leurs auteurs haut placés.

      Pour les citoyens français qui, ici et là, ont été récipiendaires de sommes détournées, le cauchemard va commencer. Parce que, pas à pas, et de plus en plus vite, avec un contexte politique, social, économique et financier national et international tel que celui qui se développe tel un ouragan mondial, leur place va devenir très brûlante et pas du tout enviée.

      Il peut y avoir des remous puissants dans et autour de Thalès, eu égard au Code Pénal qui prohibe les abus de biens sociaux, mais aussi la fraude fiscale et le détournement de fonds sociaux.

      Il y aura aussi les nécessités politiques et budgétaires, POUR L’ETAT FRANCAIS, de faire baisser au maximum le solde à rembourser des sommes détournées à Taiwan, lequel monte depuis la décision suisse du 10 avril 2008.

      Il y aura aussi la nécessité pour les dirigeants actuels ou futurs de la France à apaiser les relations avec Taiwan, 18ème exportateur mondial, et à restaurer des relations de confiance commerciales, ce qui signifie, au nom de cette "raison d’Etat" de solder en tous points ces dossiers aussi sulfureux que dommageables pour toutes les parties concernées.

      D’autant que Taiwan a besoin de mettre à jour sa flotte de Mirage 2000 et les 6 frégates Lafayette. Si ce marché échappait aux industriels français à cause de leur "passé", nul doute que des fournisseurs attendent de prendre leur place : entreprises américaines, coréennes, japonaises, ....

      Un ami journaliste taiwanais me disait avec ironie que : "les intermédiaires dans ce type de contrats glauques, comme les politiques qui s’y sont mêlés, peuvent connaître le sort douloureux de la tranche de jambon dans les sandwichs" quand on referme brutalement les deux morceaux de pain et qu’on le met dans le plastique fermé".

      Au stade actuel dess dossiers, le rôle du jambon ne va pas être très agréable. "Argent volé, tranquillité envolée".

      Bien cordialement,

       

       

       


  • mathilde 22 avril 2008 00:20

    Bonsoir Philippe....félicitations pour la chronologie fouillée.

    Logiquement si dans ce pays existent encore de grands journalistes d’investigation (je sais, cela n’est pas Bagdad ; c’est pire, vu le nombre de morts fulgurantes qui s’y sont succédées), il devrait enfin pouvoir se faire un travail médiatiquement correct !

    A moins que nous ne soyons déjà une république bananière sans le savoir ???

    Peut-être que grâce à votre immense travail, la vérité pourrait surgir du côté du Soleil Levant et d’Hevétie !

    Merci pour votre travail qui ne devrait pas laisser insensible les défenseurs de la nouvelle "affaire Dreyfus" appelée "Clearstream" . Affaire qui devrait être appelée "l’affaire Villepin", tant ce pétard mouillé est le fruit pourri destiné à contrer les investigations d’un Villepin trop soucieux de faire éclater la vérité sur les rétro-commissions des "Frégates". C’était qui encore le ministre du budjet de l’époque ???...n’était-ce pas la même personne qui voulait utiliser des crocs de boucher il y a 2 ans ???

    Merci...et suite au prochain épisode,

    Mathilde

    Quels députés, droite et gauche confondues, oseront demander la levée du secret défense ?.....enfin !


    • Philippe Vassé Philippe Vassé 22 avril 2008 04:06

      Chère Mathilde,

      Merci poir votre commentaire sur le fond du sujet traité et les informations apportées.

      L’affaire Clearstream 2, celle qui vise de manière manifeste, même pour des aveugles et des sourds, l’ancien Premier Ministre, prend certes ses racines dans les affrontements entre les grands groupes français d’armements (Thalès, EADSn Safran, entre autres) pour prendre les marchés.

      A l’évidence, l’amateur des "crocs de boucher" qui tire ses "Lettres" du grossier vocabulaire plutôt exterminateur d’un dictateur germanique aux colères pathologiques connues en Histoire (tiens, un trait de ressemblance psychologique se découvre ici !), utilise ces conflits multiples pour bien naturellement détruire politiquement les adversaires connus et marquants à son "rapprochement" avec l’administration Bush et son appareil militaire (l’OTAN).

      A mon sens, la haine vindicative du "petit homme" contre l’ancien Premier Ministre, haine tenace et implacable, tire sa racine de cet objectif : abattre tout ce qui peut symboliser, de près ou de loin, l’indépendance de la France par rapport à l’administration Bush et à ses objectifs bellicistes généraux.

      Ainsi, un Dominique Strauss-Kahn au FMI à Washington lui agrée parfaitement car tous deux se retrouvent dans la même affection soumise envers le même maître politique, mais un Dominique de Villepin est pour lui un ennemi à abattre, car portant le symbole de l’opposition, vitale et indispensable, à la guerre en Irak en 2003.

      La soumission n’est pas une solution ! Jamais et pour personne.

      Etre debout dans la dignité, comme le chante Patricia Kaas sur les "gens de l’Est", est gage d’avenir et de lucidité.

      Il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui, magistrats, députés et journalistes, peuvent repartir et rebondir sur ces informations inédites en France.

      On va voir la détermination républicaine des premiers, le courage politique des seconds et l’indépendance morale des troisièmes.

      Car c’est là qu’est la ligne de démarcation pour eux tous : s’ils ne soulèvent pas maintenant le couvercle entrouvert pour eux afin de s’engouffrer dans la brèche de l’information avérée, ils se prépareront à d’autres capitulations, encore plus dramatiques et pathétiques.

      Colaboration avec le mensonge, le silence et la corruption, ou résistance pour la vérité, la République et la démocratie, il leur faut choisir.

      Bien amicalement,

       

       

       


    • alberto alberto 24 avril 2008 15:59

      Ouf, l’article disparu (pendant 2-3 jours) est revenu !

      Ha ! ces serveurs : cachotiers !!!


    • Philippe Vassé Philippe Vassé 25 avril 2008 03:00

      Alberto,

      Ce laps de temps entre disparition-réapparition m’a donné la possibilité de faire circuler par d’autres canaux l’article et ses références avec les documents sur blog et en français.

      C’est donc à la fois une chose ennuyeuse d’un côté, mais féconde de l’autre.

      Un ami assistant parlementaire le fait circuler largement de son côté afin que les informations soient répercutées le plus largement possible.

      Plusieurs blogs l’ont repris aussi ici et là.

      J’imagine que, si les informations plus détaillées et plus "franco-françaises" arrivent, l’écho en sera largement démultplié.

      Concernant les syndicats de Thalès avec qui j’ai des contacts, j’ai précisé, aux fins de bonne compréhension, que les faits relatés étaient bien encadrés par la définition pénale très précise "d’abus de biens sociaux" et "détournnement de fonds sociaux".

      La position de la direction est indirectement un aveu : que l’Etat ait donné les ordres, on s’en doute un peu puisqu’il a versé les commisisons dites légales. Mais cela n’enlève rien au fait que la direction de Thomson à l’époque pourrait être maintenant poursuivi pour délits d’abus de biens sociaux par le biais d’opérations financières concrétisées par des virements secrets sur des comptes de sociétés- fantômes off-shore.

      Il y a donc Abus de Biens Sociaux (ABS) en bande ou réseau organisée, en tout cas au niveau du Code Pénal.

      C’est sur ce SEUL point pour le moment que les élus du personnel et les syndicats peuvent agir efficacement, car tout est maintenant connu d’eux en détail, à savoir le mécanisme de l’ABS voulu et initié par la Direction.

      Et dans une telle affaire, on verrait alors qui prend à sa charge cet ABS massif -la direction d’alors ou l’Etat ?

      Bien amicalementn

       


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