Israël / Palestine : le nouveau « processus de paix » US
La « conférence de paix » entre Bush et Olmert prévue en novembre, suite logique du plan de Washington pour le contrôle du Grand Moyen-Orient tant rêvé par les US, a-t-elle des chances d’amener à une paix durable ? Au regard de la situation de la région et des compromis exigés, cela s’avère peu probable.
La "Conférence internationale pour relancer le processus de paix israélo-arabe", avec Blair comme émissaire du quartette (Etats-Unis, ONU, Russie, Europe) risque de déboucher non pas sur la paix, mais sur une situation encore plus tendue.
Au lieu de discuter, comme on aurait pu s’y attendre, de la destruction du mur israélien
illégal (selon l’ONU et le droit international) et qui empiète largement
sur le territoire palestinien soi-disant pour englober les dernières
colonies israéliennes construites en Cisjordanie - sur les nappes
phréatiques -, on va discuter de la sphère d’influence américaine dans le secteur.
Selon
Condi Rice, cette "conférence" (mais c’est un bien grand mot puisque
l’ONU n’a pas son mot à dire) révèle les efforts soutenus des Etats-Unis et d’Israël pour arriver à un accord de paix avec les Palestiniens. Elle a même déclaré qu’il est temps de créer un Etat palestinien. On ne le lui fait pas dire.
D’après
les tractations de préparation de ladite conférence, les Israéliens ne
veulent absolument pas d’un calendrier tandis que les Palestiniens
réclament des échéances précises pour cet Etat palestinien.
En dehors de cela, les Lieux saints de Jérusalem, qui sont au même endroit pour les Palestiniens et pour les Israéliens, sont un enjeu de taille, certains parlent d’un accord israélo-jordanien pour qu’ils passent sous l’autorité de la Jordanie.
Les sénateurs US
veulent que les pays arabes aident la Palestine politiquement et
financièrement, et surtout que leurs relations avec Israël
s’améliorent. Les pays arabes doivent de leur côté collaborer avec le
"processus de paix" US et israélien, et cesser le boycott économique
d’Israël, bien qu’Israël maintienne celui sur la Palestine. Les pays
arabes doivent aussi cesser de financer ceux que les Américains considèrent comme
des groupes terroristes (et ils savent de quoi ils parlent, eux qui ont
financé la création du Hamas pour mettre du plomb dans l’aile du
processus de paix) ; et faire pression sur le Hamas pour qu’il
reconnaisse Israël. Et on ne discutera pas du
droit de retour des réfugiés palestiniens ni des frontières illégales
depuis la guerre - illégale - de 1967, ni du sort des 11 000 prisonniers palestiniens (dont des hommes politiques), bien sûr.
De plus, quelques tirs de roquettes à Gaza sur les Israéliens vont valoir aux Palestiniens de Gaza une suspension
de la fourniture de carburant et des coupures d’électricité, histoire
de faire pression sur cette région déclarée "entité ennemie" par
Israël en septembre.
Pendant qu’Israël multiplie et renforce les colonies situées en Cisjordanie, les Arabes sont priés d’être conciliants. La feuille de route a été arrêtée le 26 octobre, et son application sera suivie par les Etats-Unis.
De leur côté, les Etats-Unis, très attachés à la "paix" dans la région, continuent à militariser les Etats arabes
jugés amicaux, comme la très démocratique Arabie Saoudite et ses
voisins sunnites (Quatar, Koweit, Emirats Arabes Unis...), pour la
rondelette somme de 20 milliards de dollars. L’Egypte aura droit à 13 md $ dans les dix
années à venir, et Israël 30 md $ uniquement en armement.
L’autorité
palestinienne, elle, aura droit à 86 md $, mais pas pour relancer son économie moribonde, juste pour "sécuriser" les frontières avec Israël.
Ce
processus de paix va donc rapporter aux industries d’armement US en 1er
lieu. Ensuite, Israël sera davantage sécurisée, et ses frontières ne
seront pas remises en cause. Pour les populations palestiniennes,
le bénéfice reste à voir, puisqu’Israël ne veut pas entendre parler
d’un Etat palestinien, ce qui serait la moindre des choses si le Hamas
est censé reconnaître Israël.
Et si Etat palestinien il y a, ce
sera sur une partie de la Cisjordanie, et certainement pas sur les
frontières de 1967 qui sont déjà illégales puisqu’Israël a fait cette
guerre de manière illégale. Le mur qui est encore en construction
englobera environ 10% de la Cisjordanie, puisqu’il mettra des colonies
israéliennes situées autour de Jérusalem en territoire israélien.
Israël
veut en outre garder le contrôle sur la vallée du Jourdain, histoire de
bien pomper l’eau dès la source, et sur Jérusalem, si possible la
totalité de la ville, alors que les Palestiniens aimeraient faire de
Jérusalem est la capitale de l’hypothétique Etat palestinien. Si le mur se construit selon le nouveau tracé, que personne ne compte remettre en cause, 90% de l’eau sera en territoire israélien.