L’Ukraine a mal à la tête
La désintégration du gouvernement a commencé dimanche en Ukraine quand le Premier ministre, M. Arseni Iatseniouk, aux prises avec de graves difficultés, a annoncé qu'il le quittait.
Dans son allocution télévisée hebdomadaire, M. Iatseniouk a déclaré que sa démission serait officiellement soumise au Parlement le mardi 12 avril.
Il a appelé à la formation immédiate d'un nouveau gouvernement pour empêcher "la déstabilisation de l’exécutif alors que le pays est en guerre."
Le Premier ministre sortant a allégué que la crise politique en Ukraine avait été délibérément provoquée par ses adversaires : "L’envie de remplacer un homme a été dictée par la jalousie aux politiciens," a-t-il dit, "le processus de remaniement du gouvernement s’est transformé en mécanique idiote."
Son cabinet avait survécu à un vote de censure de la Verkhovna Rada (Parlement) le 16 Février, grâce à des interventions du président Petro Porochenko en sa faveur.
Mais deux des quatre partis de sa coalition gouvernementale se sont retirés depuis, y compris le parti « Patrie » de Ioulia Timochenko.
M. Iatseniouk a tweeté : "A partir d'aujourd'hui, mes objectifs sont plus larges et concernent la nouvelle loi électorale, la réforme constitutionnelle, la réforme judiciaire, l'adhésion de l'Ukraine de l'UE et à l'OTAN."
Les modifications e la loi électorale (dont un projet d’amnistie judiciaire pour les candidats), sont prévues par les termes de l'accord de paix Minsk II avec les forces anti-fascistes de la région du Donbass.
L’adhésion à l'UE a été l'une des exigences des violentes manifestations de 2014 à Maidan, qui ont conduit à un coup d'Etat contre le président d'alors Viktor Ianoukovitch.
Un coup potentiellement mortel a été asséné la semaine dernière à ce projet par les résultats du référendum néerlandais sur l'opportunité d'approuver un accord d'association de l’UE avec l'Ukraine.
L’adhésion à l'OTAN, qui est sans doute l’élément clé du soutien occidental dans l’histoire du coup d’état, reste un enjeu majeur pour les relations avec la Russie voisine.
La nomination de M. Iatseniouk comme premier ministre après le coup d’état avait été suggérée (pour ne pas dire dictée) par le secrétaire d'Etat adjoint américain Victoria Nuland, comme l'a révélé l’enregistrement sa conversation téléphonique avec l'ambassadeur américain Geoffrey Pyatt.
M. Porochenko a récemment évoqué la « candidature du président du Parlement M.Volodymir Groisma, membre de son « bloc de solidarité », au poste de Premier ministre.
Mais le président milliardaire sembla avoir lui-même quelques problèmes, comme le font penser des révélations la semaine dernière sur le transfert de son empire économique vers le paradis fiscal des îles Vierges britanniques.