lundi 17 novembre 2014 - par Charlotte Mondo

Réussir les processus électoraux en Afrique

Ce vendredi 14 novembre 2014, des opposants originaires de huit pays d'Afrique – Congo-Brazzaville, République Démocratique du Congo, Burundi, Centrafrique, Bénin, Gabon, Sénégal et Guinée équatoriale – se sont réunis à Paris pour signer une déclaration commune exigeant le respect des Constitutions. Ainsi ont-ils exigé l’organisations d’élections libres, transparentes et crédibles – sur la base de critères internationaux – et la mise en place des commissions électorales « véritablement indépendantes ».

 

L'alternance démocratique et pacifique

Les participants à la rencontre de Paris ont rappelé que l'alternance démocratique et pacifique constitue le passage obligé pour sortir les populations de leurs souffrances. Cette alternance démocratique requiert, entre autres, le respect des Constitutions existantes – notamment le strict respect de la limitation des mandats des présidents de la République – ; l'organisations d'élections libres, transparentes et crédibles, sur la base de critères internationaux, par des commissions électorales véritablement indépendantes et composées de façon paritaire de représentants des mouvances présidentielles et des représentants des mouvances oppositionnelles ; ainsi que le respect scrupuleux du caractère républicain des armées nationales.

 

Les sociétés civiles et les experts

Si cette initiative privilégiant le respect des principes démocratiques et la gestion responsable de la chose publique est louable, le Bureau du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC) s’est fermement opposé à la résolution relative aux commissions électorales nationales indépendantes dans les pays africains. Par la voie de son porte-parole, le RDPC a rappelé que les commissions électorales nationales resteraient toujours dépendantes, et pas du tout autonomes, dès lors qu’elles seraient « composées de façon paritaire de représentants des mouvances présidentielles et des représentants des mouvances oppositionnelles ». En conséquence, le Bureau du RDPC a préconisé la mise en place des dispositions susceptibles de prévenir, bien en amont, les tensions et les conflits qui pourraient découler des processus électoraux à venir. Ainsi œuvre-t-il pour que, dans le continent africain, les Commissions électorales nationales indépendantes ne soient composées que d’experts et de membres des sociétés civiles, leur dépolitisation étant la meilleure garantie en vue des élections fiables, crédibles et transparentes.

 

Le rôle des communes et des collectivités locales

Le Bureau du RDPC espère vivement que, à long terme, les attributions des commissions électorales nationales indépendantes incomberont aux communes et aux collectivités locales. Pour des raisons de transparence et pour éviter les fraudes aux élections, le RDPC encourage des recensements sérieux des populations africaines en associant, à ces processus, des observateurs de la société civile et des membres de partis politiques, toutes tendances confondues, ainsi que des représentants de la communauté internationale. Aussi, au-delà de l’aspect électoral, les administrations africaines régleront également les problèmes ayant trait à l’état-civil. Ainsi ces initiatives permettront-elles de mener à bien des réformes sociales (sécurité sociale), scolaires (gratuité de l’école) et fiscales (obligation de payer les impôts et autres charges fiscales aux Trésors publics).

 

Charlotte Mondo



15 réactions


  • lsga lsga 17 novembre 2014 11:14

    Les États Nations africains sont des entités artificielles coloniales.

     
    Il ne peut pas y avoir de Démocratie en Afrique à cette échelle. Seule une démocratie couvrant la totalité du continent est possible. Et encore, à condition qu’elle ne consiste pas à élire des « présidents » et des « parlements » ; mais bien à directement traiter la question de la gestion des ressources naturelles, de la production, de l’organisation de la production, et de la distribution.
     

  • César Castique César Castique 17 novembre 2014 12:55

    Je ne vois pas comment, dans des pays où personne n’a confiance en personne, la démocratie pourrait fonctionner normalement. 


    Les différents partis ou factions trichent a priori pour anticiper les tricheries de l’adversaire. 

    Ensuite de quoi, on conclut des arrangements après s’être mutuellement accusés de fraudes plus ou moins massives.

  • Hervé Hum Hervé Hum 17 novembre 2014 13:28

    En occident, le corporatisme est celui des secteurs d’activités, en Afrique c’est celui des groupe ethniques. Voyez la différence structurelle ?

    De fait, le corporatisme occidental est, ou plutôt était, plus ou moins soluble dans les partis politiques selon un point de vue idéologique, en Afrique, c’est quasiment impossible car ce qui prédomine c’est l’appartenance au groupe ethnique et non aux idées politiques. Autrement dit, l’alternance politique ne consiste pas en une opposition idéologique et sociale, mais entre groupes ethniques qui se foutent comme de l’an 40 des idées politiques, mais n’ont d’autres objectifs que de s’asseoir sur la rente des recettes de l’Etat.

    Bref, tant que les africains ne dépasseront pas le clivage ethnique, le système ne pourra pas évoluer et l’alternance pacifique une gageure.

    Le grand problème de l’Afrique, c’est de voir leurs supposés intellectuels raisonner l’Afrique comme un occidental et non avec la réalité africaine.


    • Charlotte Mondo 18 novembre 2014 08:04

      Même si les fondamentaux restent les mêmes en matière d’élection, il est vrai que les pays africains doivent chercher des voies appropriées et construire leurs démocraties en fonction de leurs spécificités.


    • Hervé Hum Hervé Hum 18 novembre 2014 09:34

      Bonjour,

      Comme je l’ai écris dans la dernière phrase de mon commentaire, il est très facheux que les intellectuels africains nient ostensiblement et systématiquement le problème central de l’Afrique, à savoir des frontières issues de la colonisation et faites pour diviser les peuples, non pour les unir.

      Tous me répondes que c’est trop tard, qu’il est impossible de changer les frontières, ce qui est faux. Les exemples ne manques pas pour prouver le contraire, notamment avec les pays de l’ex URSS.

      mais admettons que cela soit vrai, où sont donc les propositions pour construire un système plus ou moins démocratique tenant compte de ces spécificités ? en fait, on peut constater que les pays les plus stables politiquement sont ceux qui tiennent véritablement compte de ces spécificités, tous les autres sont plus ou moins en état de guerres civiles et pour cause !

      Pour la RDC, qu’en est il ?

      Après, il est toujours facile aux intellectuels d’accuser l’ingérence étrangère quand celle ci use des divisions ethniques qu’elle a mise en place pour manipuler les divisions intérieures et ne pas vouloir voir cette très simple réalité.

      Je me demande dans ces conditions si nombres d’intellectuels sont idiot ou s’ils le font exprès, c’est à dire s’ils sont payés par ces mêmes dirigeants occidentaux.

      Les intellectuels africains ont de fait une grande responsabilité dans le maintient des pays africains dans la misère et surtout la guerre car comme les dirigeants africains, je les soupçonnes de préférer les salons parisiens à celui de Kinshasa. Car lorsqu’on persiste à se tromper de cible, on peut commencer à douter que ce soit innocent.


    • Charlotte Mondo 18 novembre 2014 11:56

      On n’est pas obligé de revoir les frontières, les tensions étant déjà sources de tas de conflits entre les différentes communautés et nations frontalières. La solution pourra résider dans les unions douanières et les accords de non-agression, encore faut-il que les uns et les autres n’aient pas d’arrière-pensées à tendance expansionniste.


    • Hervé Hum Hervé Hum 18 novembre 2014 14:39

      Votre réponse incarne à merveille ce que j’écris !!!!

      Déni de la réalité....

      Une union douanière !? Accord de non agression !? De la langue de bois d’intellectuels et de diplomates rien de plus, pour ne rien changer et continuer de ne voir que les conséquences et non les causes.

      Soit vous faites l’union économique et effectivement, cela passe par l’union douanière, pour ne garder que les frontières culturelles, mais alors, quelles sont les véritables frontières culturelles, celle des peuples ou bien celle des nations issues de la colonisation ? De plus, si c’est pour faire comme l’UE, une union douanière pour mieux exploiter les citoyens, c’est sûr, les citoyens africains vont adorer et sortir de la misère. Car il vous a peut être échappé que cette union douanière a surtout eut pour but d’interdire le débat économique et social et donc la démocratie.

      De plus votre raisonnement est absurde, sous prétexte que le patient est malade votre politique est de surtout ne rien faire. Le maladie empire ? Raison de plus pour continuer à ne rien faire !

      Je vous le répète, les intellectuels africains ont une lourde responsabilité car ils ont voulu et continuent à vouloir être plus occidental qu’un occidental.

      Il ne vous est jamais venu à l’idée que de lancer cette idée aurait eut le mérite de faire bouger les lignes, sans même avoir besoin d’être réalisé ? Ne serais ce que pour activer cette union douanière qui dit comme cela ne veut rien dire !

      Perso, je crois à la mondialisation citoyenne, celle qui fonde une économie basé sur la coopération et non plus sur la pseudo concurrence qui ne profite qu’à la minorité propriétaire des moyens de production et de son financement. Ne croyez vous pas que les dirigeants africains s’accrochent au maintient des frontières issues de la colonisation uniquement parce que leur propre pouvoir est issu de celle ci et de fait, peu leur importe d’améliorer les conditions de vies de leur concitoyens, peu leur importe la démocratie et le débat idéologique, d’autant qu’il leur suffit de faire appel à l’appartenance ethnique des citoyens pour les diviser et les manipuler. Ne croyez vous pas qu’en lançant un appel à s’émanciper des frontières issues de la colonisation c’est un moyen pour faire émerger une conscience commune africaine des peuples où précisément les citoyens dépasseraient leur clivage ethnique et leur permettrait de s’affranchir de leur propre dictature ? Pourquoi ceux qui ont essayés ont ils été éliminés à votre avis ?


    • Charlotte Mondo 18 novembre 2014 15:45

      Quel donneur de leçon ? En plus condescendent. Je respecte votre point de vue, mais il n’est pas le mien. Vouloir l’imposer à tout prix ne contribuera pas forcément à ce que les Africains y adhèrent. Je serais très heureuse que vous parveniez à le faire triompher tout d’abord en Europe, au lieu d’être aigri, avant de l’imposer aux Africains.

      Qui dit union douanière, dit espace économique. A quel niveau ? Régional bien entendu, à court et moyen terme. Ce n’est d’ailleurs pas parce que ce modèle a soi-disant échoué en Europe qu’elle ne marchera pas ailleurs. A moins que l’expérience européenne soit les prémices de réussite ou d’échec dans toute autre partie du monde. Quelle prétention !

    • Hervé Hum Hervé Hum 18 novembre 2014 19:25

      Si je suis un donneur de leçon, il me faudra revoir ma méthode !!!

      Pour ce qui est de votre dernier paragraphe, vous avez raison, notamment par le simple fait que l’Afrique part de l’inverse de l’Europe, c’est à dire, d’une situation chaotique à tout point de vue, tandis que l’UE fait exactement le chemin inverse. Après avoir établit une forme d’équilibre social et un semblant de démocratie au sortir de la 2ème guerre mondiale, elle s’attache à en saper les fondements.

      Donc, oui, vous avez raison, dans le cas de l’Afrique, cela ne peut être que positif et donner lieu effectivement à un dépassement des antagonismes ethniques pour une identité africaine où le nationalisme issue de l’ère coloniale peut s’effondrer de lui même.

      Mais encore une fois, pour ce qui est de la démocratie, celle ci ne peut être que mondiale et non régionale, car la démocratie sera toujours sacrifié sur l’autel de la concurrence et de la peur de l’étranger, qui nécessite l’élection d’un chef et ne permet pas le dialogue et le consensus qui demandent du temps et la tranquillité d’esprit. Donc, l’arbitraire (décision rapide) au lieu de l’arbitrage (décision lente à très lente).


    • Charlotte Mondo 18 novembre 2014 23:29

      Pour ce qui est de l’aspect mondial de la démocratie, je vous renvoie à ma première réponse à votre réaction - notamment aux fondamentaux concernant les élections.


    • Hervé Hum Hervé Hum 19 novembre 2014 09:20

      De mon point de vue, la démocratie est ou n’est pas. C’est à dire, qu’elle est l’expression de la souveraineté des citoyens éclairés ou bien ce n’est pas la démocratie, mais de l’oligarchie, tyrannie ou autres, mais pas de la démocratie.

      Le problème de la démocratie, c’est qu’elle nécessite un monde en paix. Toute guerre ou menace de guerre sape et détruit la démocratie, par le fait que l’état d’urgence nécessite une prise de décision rapide qui interdit la réflexion et le temps de consultation. Bref, fait appel à l’arbitraire et non plus à l’arbitrage.

      C’est un cercle vicieux connus depuis très longtemps par les esprits avertis.

      Ce qui me faisait écrire l’aphorisme suivant « la nécessité du chef naît de la guerre et se meurt par la paix ». et « en temps de guerre, le chef est l’unificateur, en temps de paix il est le diviseur ».


  • Le p’tit Charles 18 novembre 2014 07:54

    l’Afrique est sous perfusion des dictateurs mis en place par nos belles démocraties..et pour longtemps (tant qu’il y aura des richesses a prendre).


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