mercredi 31 mai 2006 - par Arno

Clearstream : décalage entre couverture médiatique et intérêt des Français

Cette force d’influence n’est-elle pas abusive ou abusée, lorsque sont traités, dans de telles proportions, des faits d’actualité comme celui de Clearstream ?

Depuis maintenant un mois, plus un jour ne passe sans que Clearstream ne fasse la une des quotidiens et journaux nationaux. Cette surmédiatisation semble pourtant davantage être une occasion de vendre qu’une occasion d’informer.

Lorsque l’affaire est pour la première fois dévoilée au grand jour, rien ne laisse présager qu’elle conduira à faire couler tant d’encre. Rien ne choque, si ce n’est une énième histoire de corruption ou de comptes cachés, impliquant des hommes politiques déjà bien mal vus ces temps-ci. Pourtant, l’information enfle de jour en jour, mais cela sans que le lecteur ou le téléspectateur ne comprenne vraiment l’état de la situation. C’est ainsi qu’à cette date, une grande majorité de Français ont entendu parler de l’affaire, mais sans en saisir assez d’éléments pour se faire une réelle opinion. En effet les médias, dans leur course au scoop et à l’audience, en ont omis d’expliquer clairement le problème au fondement de ce débat polémique, et politique.

L’affaire n’est pourtant pas aussi compliquée qu’on tenterait de nous le faire croire. Pour la résumer, les mots "transferts illicites" et "comptes cachés" suffisent, il ne reste plus qu’à mentionner les noms de Sarkozy et de de Villepin pour ajouter le piment gouvernemental dont le public raffole actuellement. Du moins, c’est ce que les médias semblent s’imaginer. Puisque pour contredire ouvertement cette tendance qui paraît, il est vrai, au goût du jour, il ne faut pas chercher plus loin que les sondages mêmes qui la créent.

On sait désormais grâce à l’IFOP, IPSOS et autres CSA, que le Français est loin du mouton suiveur de la moindre polémique alléchante. Il est ainsi écrit que la majorité des citoyens considèrent le mystère Clearstream comme peu important. De plus, en majorité toujours, les Français considèrent que cette affaire n’a pas changé leurs opinions et qu’elle n’a pas changé leurs projets de vote présidentiel. Peut-on alors dire, comme le titrait aujourd’hui Le Monde, que Clearstream est une "affaire d’Etat" ?

La France est aujourd’hui engouffrée dans une gigantesque crise de confiance politique, et les médias en jouent pour vendre de l’info, ou, pourrait-on dire, du ragot. C’est de cette manière que l’ensemble de la population se croit elle-même intéressée par des sujets qui, en réalité, ne font que l’empêtrer dans une morosité dont elle ne veut pas. Ainsi, un sondage du 28 mai dévoilait que 35% des Français en avaient assez d’une crise politique actuelle qui tourne presque désormais au harcèlement médiatique.

La question n’est pas de remettre en cause l’importance immuable de l’information au sein de notre société, mais de remettre sur la voie de l’utilité des médias qui négligent justement trop souvent leur rôle public et désintéressé : servir justement l’actualité.



12 réactions


  • vieuxbob (---.---.198.13) 31 mai 2006 10:59

    Cet article est-il intéressant ?

    J’ai cliqué sur « oui », sans grande conviction, vu qu’il n’apporte aucun élément nouveau !

    POur le moment, personne (ou presque ???) ne sait rien de cette affaire, ou plutôt personne ne peut répondre à cette question qui intéresse beaucoup de monde : Quelqu’un a probablement voulu nuire à Sarkozy, mais qui ? Chirac ? Villepin ? Un ami maladroit qui leur aurait fait du tort en voulant le contraire, à moins que Sarko lui-même ne soit plus pervers qu’il ne parait ???

    Avouez que la question est digne d’intérêt, et, en attendant la presse tire les marrons du feu !

    Mais je n’ai pas fait avancer le schmilblick !


  • éric (---.---.44.128) 31 mai 2006 11:23

    La question est les médias sont-il le pouvoir des images ou l’image du pouvoir ?

    Extrait de mon essai « Qui veut détruire la classe moyenne ? »

    Les différents médias relayent toute la journée un certain nombre d’informations parmi une multitude. Il convient donc de faire un choix sur ce qui sera dit ou non et comment. Dès lors l’objectivité du travail du journaliste devient difficile car le temps d’antenne lui est compté. Qui plus est, la plupart de ces informations sont achetées par les chaînes à des grandes agences de presse, qui sont fort peu nombreuses (quatre grandes agences se partagent l’essentiel de l’information mondiale),et appartiennent donc à un nombre très restreint d’individus sur notre planète. Comment ne pas imaginer qu’entre les informations connues de ces agences de presse et celles qu’elles mettent à disposition des chaînes ne s’opère pas un tri ! Quels en sont les critères ? Ces agences peuvent-elles critiquer leurs propriétaires, qui pour la plupart sont des politiciens hommes d’affaires ? Les chaînes ensuite, peuvent-elles dire la vérité, toute la vérité sur une entreprise qui paie cher ses spots et donc finance la chaîne ? L’argent et la politique sont ici réunis. Quel couple infernal ! Quels enfants peuvent naître de cette union ? L’aînée de la famille s’appelle Manipulation, et le cadet Ralliement. Manipulation s’occupe de formater les individus et Ralliement de les guider sur les sentiers de l’aquiécement à leur propre sort.


  • paslyon (---.---.27.86) 31 mai 2006 11:58

    je pense que les gens sont conscients de l’énormité de ces affaires scandaleuses. Ils aimeraient bien savoir ce qui ce cache vraiment derrière le dossier des frégates de taiwan. Par ailleurs ils savent bien que certains politiques ont des casseroles au cul et que cette situation est affligeante.

    Mais ils sont lassés et attendent avec plus ou moins d’espoir 2007


  • Sam (---.---.162.210) 31 mai 2006 12:24

    « ...La France est aujourd’hui engouffrée dans une gigantesque crise de confiance politique, et les médias en jouent pour vendre de l’info, ou, pourrait-on dire, du ragot... »

    Article qui pose bien un problème majeur, aujourd’hui, celui de la médiation de la réalité sociétale.

    Loin d’être un cristal parfaitement transparent au monde, l’interface médiatique nous déforme le réel à sa convenance. Ce qui est très bien.

    Ce qui est très bien quand le média joue son rôle d’interface d’information, qui additionne les filtres « objectivité », « distance », « rigueur ». Ainsi nous obtenons, normalement, du Dieuzaide.

    Aujourd’hui, on est plutôt dans l’Hamiltonien. Le réel est savammment flouté et nous ne distinguons que quelques éléments dont la rareté comme la nature suggestive nous rendent accroc aux médias.

    Accroc à ces ragots, et surtout ces présentations factuelles, mutilées de leurs dimensions d’analyse.

    Il n’empêche que ce journalisme à la France-Soir rameute à chaque fois notre curiosité et notre émotion, à tel point que nous oublions, finalement, que nous attendions la sortie de l’affaire Clearstream. Dans son entier. Que nous pourrions apercevoir, enfin, l’ensemble du tableau, débarassé de ses voiles.

    Mais perdure le « light ». Conforté par les sondeurs dont l’auteur de l’article souligne qu’ils confortent surtout leurs propres convictions.

    Le temps des veaux est-il compté ? Je le crois bien, du moins je l’espère.

    Pour deux raisons. Premièrement, les français en ont plus qu’assez de cette politique dont l’hypocrisie, la corruption et le renoncement apparaissent de plus en plus être les qualités premières. En outre, ils ne sont plus au stade « people », ni même à celui de la joute aimable qui les verraient s’envoyer des idéologies à la tête, par l’entremise de langues de bois confirmées, au hasard Coppé et Dray.

    Deuxièment, « l’opinion publique, ça n’existe pas ». Cette formule attribuée à Pierre Bourdieu, sociologue, résume son travail, repris régulièrement par d’autres chercheurs, sur la validité plus qu’incertaine des sondages.

    Un exemple, dernièrement. Le Ministre de l’Intérieur commanda un sondage sur le moral des français et les raisons de la baisse ou de la hausse de ce moral. Que croyez-vous qu’il en sortit ? Tout le monde politique se fit « casser », sauf. Sauf QUI, à votre avis ?..

    Je résume : la presse fait un boulot de bas du casque pour engraisser ses patrons, en s’appuyant sur les sondeurs qui nous percoivent comme des tubes. Mais ça n’empêche pas le climat de se dégrader grave...


  • (---.---.162.15) 31 mai 2006 12:44

    Je suis de ceux qui pensent que cette affaire n’est pas si importante parce que :

    - il y en a des plus graves (Constitution, CPE, Drut...). Gardons notre indignation pour des causes qui en valent le coup.

    - elle n’est pas claire. On parle d’une liste qui tout de suite est jugée truquée et les médias s’acharnent sur cette liste alors que par derrière Clearstream sert à écouler de l’argent sale et que les médias sont étrangement neutres à ce sujet. On a l’impression qu’on veut nous désigner un coupable bidon ou accessoire. Dans ce genre de cloaque, c’est l’opinion publique que l’on veut d’abord manipuler, alors prudence. Surtout que le journal « Le Monde » qui est à la pointe de cette affaire a une mauvaise réputation.

    - les personnalités politiques en cause, Chirac, Villepin, Sarkozy sont déjà déconsidérées, il n’y a donc rien d’important à savoir s’ils sont vraiment concernés par cette affaire.

    - le citoyen n’est pas vraiment concerné par cette affaire dans sa vie quotidienne, ce sont des coups tordus entre politiques et services plus ou moins secrets, sans que de grosses sommes publiques semblent être en cause. On n’est pas touché au portefeuille.

    Am.


  • Stephane Klein (---.---.101.8) 31 mai 2006 13:36

    Cette affaier est tres grave, bien au contraire. Dans son aspect politique, s’il s’avere que Chirac, Villepin et leur clique ont essaye de lier Sarkhozy a l’affaire, c’est tres grave, minimiser la chose est irresponsable. A l’inverse si Sarkhozy a essaye de creer une anti-intox en faisant reveler unsoi-disant machination de la clique citee plus, c’est tout aussi grave.

    Quoi qu’il en soit, il faut que des tetes tombent pour ne pas laisser passer le message d’impunite, il est vrai distille abondemment durant les annees Chirac et Mitterrand.


    • (---.---.99.132) 31 mai 2006 14:28

      y en a qui croit vraiment que sarko a rien à voir avec Clearstream ?

      Hummmmmmmmmmmmmmmmmmmmm ??????

      çe me rapelle le bambin qui se met à cafter que c’est son frère qui a mangé le pain à la confiture et que lui il a rien fait. :)))))


  • Adolphos (---.---.59.170) 31 mai 2006 19:57

    Par rapport à tout les scandales que l’on (enfin, certain) connait dans l’administration, les ministére, les fonctionnaires, les entreprises publics et autre services publiques, les syndicats, tout ca n’est rien, rien du tout.


  • miaou (---.---.102.255) 1er juin 2006 11:57

    On oublie le véritable fond de l’affaire Clearstream, que sont les frégates de Taïwan, autrement plus sérieux (corruption à très grande échelle, « suicide » ou « accidents » à la pelle,...) que ce misérable écran de fumée.


    • Gil (---.---.93.79) 5 juin 2006 10:54

      Le chat me parait plus près de la réalité. Les gens ne se passionne pas pour cette affaire parce que personne ne se fait d’illusions, de toute façon.

      Reste à lever le secret défense sur l’affaire des frégates pour qu’on sache (enfin !) qui a touché, et combien...


  • Gil (---.---.93.79) 5 juin 2006 10:58

    Une question a poser à chacun des candidats à la présidentielle : « êtes-vous prêt à lever le secret défense sur l’affaire des frégates qui pourri l’actu depuis dix ans ? »


  • kesed (---.---.250.30) 6 juin 2006 18:31

    Demat,

    Qui manipule qui dans cette histoire ?les politiciens manipulent les médias et vice-versa. Les uns sont tellement imbriqués dans les autres, que force est de constater, que rien ne sortira de cette affaire et certainement pas la vérité. Mitterand a-t-il été inquiété pour les nombreuses affaires véreuses de ces 14 années de pouvoir ? Nenni,les rois nous gouvernent,ils sont intouchables,drôle de révolution que celle de 1789 ! kenavo


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