La France et son mirliflore
« Très peu d’hommes se sentaient alors assez clairvoyants pour débrouiller les forces déjà à l’oeuvre derrière les grands débris pourrissants. »
Paul Nizan, Aden Arabie, 1932
Que répondriez-vous aux partisans d'Emmanuel Macron s'ils vous reprochaient d'avoir une vision politique passéiste ?
Mais qui est Emmanuel Macron ?
Marie-France Garaud, Le Figaro, 27 avril 2017
"...Des gouvernants de rencontre ont pu capituler, cédant à la panique, oubliant l'honneur, livrant le pays à la servitude. Cependant, rien n'est perdu ! "
Général de Gaulle
Lundi 8 mai 2017, une partie de la France se dira soulagée.
Cette France se dira heureuse d'avoir subi en pleine connaissance de cause un nouveau Ðiện Biên Phủ politique à la date anniversaire de cette triste défaite dont plus personne ne se souvient et dont M. E. Macron n'aura sans doute jamais entendu parler, sauf peut-être en tant que châtiment sans doute bien mérité à ses yeux d'un autre crime contre l'humanité imputable à la France coloniale en Indochine.
Gageons que ses conseillers diplomatiques lui réserveront cette option pour un prochain voyage au Viet-Nam.
Une France respirera donc quelques temps la joie de cette liberté retrouvée, heureuse d'avoir troqué son inféodation à un avatar du précédent quinquennat.
Elle manifestera durant quelques jours, quelques semaines, sa fierté dans toutes les rotondes et carrousels du pays de compter dans son électorat tout un peuple désormais prêt à suivre vers un futur qui n'a rien de mystérieux (car nous connaissons la fin du conte, figurez-vous) le chant mélodieux du nouveau joueur de flûte (de pipeau devrait-on dire) de Hamelin qu'elle aura choisi.
Une France sera en effet heureuse de faire étrenner de force à l'autre, par l'intermédiaire du nouveau mirliflore qu'elle a cru choisir, pour cinq ans (dix, qui sait ?car on ne change pas une équipe qui gagne, comme chacun sait) les habits neufs d'une nouvelle servitude volontaire, triplement servitude car embrassant l'abdication de toute souveraineté politique, économique et sociale.
Une France dira surtout sa joie, son bonheur d'avoir échappé in extremis à la menace de la "Peste brune", préférant ne pas voir la peste verte - bien réelle celle-là et déjà entrée dans ses murs - d'un islam meurtrier (248 morts au compteur) et d'une immigration de remplacement totalement incontrôlée, fière de ne pas avoir cédé à ces sirènes qui l'auraient assurément conduite à revivre, n'en doutez pas, "ces heures sombres de son histoire" (nouveau concept-valise, décalcomanie décidément increvable qui fonctionne encore comme on l'a vu avec M. E. Macron venu traquer l'ombre du FN dans les ruines martyres d'Oradour sans que quiconque ne s'émeuve de ce téléscopage historique et de cette escroquerie intellectuelle).
Mais toute médaille ayant son revers, la réalité reprendra très vite la main.
Comme l'explique l'expert en géopolitique Jean-François Daguzan dans un remarquable article consacré à la bataille de Ðiện Biên Phủ (la vraie, celle de la guerre d'Indochine), « Perdre est presque inclus dans l’ADN de la guerre. L’incertitude, « le brouillard » dont parle Clausewitz en est un des principes majeurs – « …le résultat n’est jamais assuré, mais seulement vraisemblable… » et « le refus, de la part de certains chefs militaires de ne pas voir qu’une défaite tactique a priori relative signe en réalité le glas d’un désastre stratégique, diplomatique et politique demeure une constante historique ».
http://www.diploweb.com/Dien-Bien-Phu-faute-strategique-ou.html
Il en va de même dans ce combat qu'est devenu l'élection présidentielle française avec ses conséquences prochaines et, aussi surprenante que puisse sembler cette assertion - la défaite inéluctable d'Emmanuel Macron, peut-être à court terme, mais en tout cas assurée à moyen et long terme au regard de la nouvelle donne politique dans laquelle la France est désormais irrémédiablement entrée au sein d'une Europe dans laquelle et à laquelle elle n'aura plus qu'à se soumettre sous l'autorité déléguée du nouveau...Gauleiter qu'elle aura choisi.
Tout le monde applaudira pour regretter dans six mois - sans en comprendre les causes - une action politique et économique désastreuse et plus personne ne se rappellera avoir glissé un bulletin de vote en ce sens.
Car quoique l'on puisse penser M. Macron a en fait perdu.
Il a perdu car le moteur qui l'anime et le carburant qu'il brûle sont déjà d'une conception qui relève d'un autre âge technologique, reposant sur l'idée que la victoire d'E. Macron n'est que le résultat d'un système politique et économique promis au succès alors qu'il n'est en réalité que la manifestation d'un ordre révolu, en complète mutation, et dont il est tout sauf l'ordonnateur.
Et, quel que soit le gouvernement qu'il choisira, il sera condamné à présider et à rien d'autre, sa légitimité politique reposant en réalité sur une triple imposture :
- celle tout d'abord des circonstances et conditions de sa propre mise en orbite comme celle de ses soutiens et ralliés, gouvernants de rencontre et politiciens usés et faillis, au service de leurs propres intérêts comme d'intérêts parfaitement opposés à la souveraineté nationale.
- celle ensuite d'un ordre européen dont le mécanisme, les objetifs et les dirigeants sont eux aussi marqués par une imposture telle que toute leur énergie est mobilisée pour faire en sorte que surtout rien ne vienne remettre en cause l'ordre existant, d'où leur soulagement de voir la France renouer avec la Doxa européiste.
- celle en fin d'une réalité implacable qui tient au fait qu'avec 12% de votes blancs ou nuls, un président élu par défaut par moins de 20% du corps électoral demeure mal élu.
Mais il n'est pas exclu que l'actualité et la réalité viennent très rapidement rappeler au vainqueur du moment ainsi qu'à ses soutiens européens et atlantistes des questions qui risquent fort de se présenter comme des coups de tonnerre annonciateurs de très sérieuses perturbations.
On découvrira très vite que la victoire sera amère si des mesures immédiates ne sont pas immédiatement prises pour parer au raz-de-marée économique et financier qui vient subitement de faire irruption en filigrane de ces élections françaises avec le craquement de la zone Euro.
Avec des dettes publiques devenues incontrôlables voici en effet que sept pays européens sont désormais sur la pente de la faillite déclarée ou potentielle. Quel que soit le verdict des urnes, nous devrons unir tous nos efforts pour travailler à l'avenir de la France toute entière.
Avec ou sans M. Macron.
1- La Grèce, avec une dette publique de 314,897 milliards d’euros, soit 179 % du PIB.
2- L'Italie, avec une dette publique de 2217,909 milliards d’euros, soit 132,6 % du PIB.
3- Le Portugal, avec un dette publique de 241,061 milliards d’euros, soit 130,4 % du PIB.
4- Chypre, avec une dette publique de 19,298 milliards d’euros, soit 107,8 % du PIB.
5- La Belgique, avec une dette publique de 446,824 milliards d’euros, soit 105,9 % du PIB.
6- L'Espagne, avec une dette publique de 1106,952 milliards d’euros, soit 99,4 % du PIB.
7- Et la France, avec une dette publique de 2147,418 milliards d’euros, soit 96 % du PIB.
Sources et notes d'informations :
https://russeurope.hypotheses.org/5990
https://www.youtube.com/watch?v=azK6PTkikAU
http://ec.europa.eu/eurostat/documents/2995521/7997694/2-24042017-AP-FR.pdf/93d33a39-7c15-4ce4-8e16-f75e66c0f56e