mardi 17 avril 2018 - par Jean Dugenêt

La Grande Trahison

Nombreux sont ceux qui s’accordent à penser que nous avons connu deux périodes après la deuxième guerre mondiale. La première est communément appelée « Les trente glorieuses ». Elle serait donc suivie des « désastreuses ». C’est du moins ce que nous pourrions dire mais nous emploierons d’autres vocables afin de bien nous démarquer de ceux qui n’expliquent rien en lançant des étiquettes qui viennent se substituer à une argumentation. Comme si ces étiquettes représentaient des divinités sur lesquelles nous n’aurions aucune prise mais que nous devrions accepter. Nous pensons pour notre part que s’il y a eu effectivement un tournant vers 1983, il est le fait de l’activité des hommes et non pas d’une force sur laquelle les hommes n’auraient aucune prise et qu’ils devraient donc se contenter de subir sans broncher. Nous ne nous étonnons pas, par exemple, que tous les médias appartenant à quelques milliardaires expliquent qu’il était possible à la suite de mai 1968 de concéder des avantages aux masses laborieuses mais que ce serait impossible aujourd’hui. Si vous demandez pourquoi, ils vous répondront : « Mais, c’était les trente glorieuses ».

Nous avons en effet connu une période de progrès social, d’augmentation du pouvoir d’achat, de conquête de libertés et brutalement au cours des années Mitterrand nous avons vu s’ouvrir une période de régression dans tous les domaines, de remise en question du « modèle social de 1945 », d’atteinte aux libertés individuelles… Cela s’est prolongé d’un Président de la République à l’autre jusqu’à aujourd’hui avec des attaques de plus en plus violentes contre les plus démunis au profit des plus riches. Remarquons au passage que, dans cette période de régression, les Présidents dits « de gauche » abandonnent leurs promesses en cours de mandat tandis que les Présidents dits « de droite » non seulement vont au bout de leurs promesses mais ils y ajoutent des agressions supplémentaires. Le tournant entre ces deux périodes n’a pas été provoqué par des divinités mais par des hommes et, puisqu’il nous convient d’avoir nos propres étiquettes, nous l’appellerons « la grande trahison ».

Ce tournant se situe vers 1983. Nous retiendrons, comme date charnière, la démission d’Alain Savary le 12 juillet 1984. Elle sera suivie de la démission du premier ministre Pierre Mauroy le 17 juillet 1984 ce qui marque assurément un changement d’orientation. Cependant le tournant de la rigueur avait été amorcé dès 1983 par Pierre Mauroy en nommant Jacques Delors comme ministre des finances. Il s’agit alors essentiellement d’abandonner les promesses du Programme Commun d’Union de la Gauche sur lequel s’était fait élire François Mitterrand. Parmi ces promesses, la question d’une véritable réforme laïque de l’enseignement était au centre des préoccupations de tous. A l’évidence, des forces opposées se cristallisaient sur cette question.

Or, précisément, François Mitterrand a toujours été un défenseur de la hiérarchie catholique et cela tout particulièrement sous le régime de Vichy. Rappelons que pendant cette période l’église catholique soutenait la lutte des nazis contre le « bolchévisme » en s’accommodant très bien du sort réservé aux juifs. With god on our side ! Amen ! François Mitterrand a donc œuvré, dès qu’il a été élu, pour sauver les intérêts de la hiérarchie catholique menacés par cette réforme tant attendue par le peuple. Mais, son Ministre de l’Education Nationale, Alain Savary, lui a fait l’affront de lui présenter en 1982 un projet de "grand service public laïque et unifié" de l'éducation. Alain Savary sera désormais l’homme politique que François Mitterrand détestera le plus quoiqu’il sera bientôt concurrencé à ce grade par Michel Roccard. Mais de 1981 à 1983, François Mitterrand ne pouvait pas encore s’affranchir de toutes les promesses sur lesquelles il était engagé ce qui l’obligeait à devoir supporter Alain Savary. Il pouvait admettre d’avoir à le supporter mais il était hors de question de laisser passer sa loi. Pourtant cette loi Savary était loin de reprendre les revendications du Programme Commun de la Gauche. C’était un compromis que même l’UNAPEL et l’archevêque de Paris jugeaient à peu près acceptable. Mitterrand fait donc traîner l’affaire. Son premier ministre accepte en 1983 de reporter à nouveau la réforme tout en annonçant le tournant de la rigueur. Ce n'est que le 18 avril 1984 que le projet est adopté par le Conseil des ministres et la loi est votée par l’assemblée nationale le 22 mai 1984.

Mitterrand reçoit les archiprêtres et autres représentants du Pape, et élabore avec eux une stratégie pour que cette loi soit enterrée. Il met l’appareil d’Etat à leur service, en particulier la télé, pour qu’ils organisent une manifestation à Versailles le 4 mars 1984. Les journalistes aux ordres ne trouveront jamais de termes assez forts pour majorer la réalité : grande, très grande, énorme, marée humaine, déferlement, rassemblement le plus important depuis 1944… Cela est évidemment faux. La manifestation du 13 mai 1968 était beaucoup plus importante que celle des versaillais et si les organisations ouvrières avaient appelé à une contre-manifestation on aurait assisté à un raz-de-marée. C’est, bien évidemment ce que ne veut pas François Mitterrand. C’est pourquoi, dans le même temps, il s’emploie à engluer la mobilisation populaire. Il étudie la question avec le CNAL (Comité National d’Action Laïque). Le peuple veut sa réforme. On va l’appeler à manifester dans 7 manifestations dispersées pour faire pâle figure en comparaison avec la manifestation unique des versaillais. Mitterrand peut enfin sortir son arme élaborée avec les représentants du pape. Désormais de la tête du PS jusqu’au plus petit militant de base, ceux qui continueront à réclamer leur réforme laïque se feront fermer le clapet avec le fameux « Mais alors ! Vous voulez la guerre civile ». Et à ceux qui parleront à Mitterrand de ses engagements avec le programme commun, il affichera son mépris de la démocratie en répondant « Bof ! Ce programme, je ne l’ai jamais lu ! ». François Mitterrand peut alors décider le 12 juillet 1984 de retirer le projet de loi. La trahison est consommée. Si Mitterrand n’avait pas eu cette volonté de trahir, une véritable réforme laïque aurait dû être élaborée et votée à l’automne 1981 et définitivement mise en place à la rentrée scolaire de l’automne 1982. Cette trahison est une cuisante défaite pour le peuple français. Elle ouvre la porte à toutes les mesures de régression sociale qui vont maintenant se succéder sans discontinuer quelle que soit la configuration du gouvernement en place. Elle est assumée par tout le PS notamment par les nombreux jeunes cadres qui viennent de chez les « lambertistes » et qui considéreront cette trahison comme une aubaine pour mener une carrière de politiciens professionnels. Pour eux commence l’apprentissage, sous la houlette de Mitterrand, de la fourberie, de la manipulation, des demi-vérités, des vrais mensonges, du double langage... Dès lors, ils vont commencer à défendre une politique d’austérité tandis que s’ouvre pour eux-mêmes une période d’opulence.

Jean-Luc Mélenchon fait partie des premiers « ex-lambertistes » à avoir rejoint le PS. Comme pour Lionel Jospin, il existe un flou sur les dates puisqu’il est dit d’une part qu’il était dirigeant de l’OCI à Besançon de 1972 à 1979 et d’autre part qu’il aurait rejoint le PS en 1976. Peu importe car ce qui nous intéresse ce sont les premières années sous la présidence de Mitterrand. Jean-Luc Mélenchon ne renie rien de son engagement au PS pendant cette période et il prétend que les premières années de Mitterrand à l’Elysée ont amené des conquêtes ouvrières.

Nous rappelons, pour notre part, quelles sont les premières mesures réactionnaires prises dès cette époque :

  • Introduction de la flexibilité du temps de travail (modulation des horaires sur la semaine).
  • Désindexation des salaires et des prix entraînant une baisse du pouvoir d’achat de 20% sur 10 ans.
  • Budget global hospitalier entraînant des milliers de suppressions de lits puisqu’il s’agit d’une « enveloppe » annuelle à ne pas dépasser alors que précédemment, les hôpitaux étaient financés selon le nombre de journées d’hospitalisation (« le prix de journée »). Ajoutons à cela le forfait hospitalier, le tout sous l’égide de Jack Ralite, ministre PCF de la santé de 1981 à 1983.
  • Dès juin 1981, au Luxembourg, le gouvernement de Pierre Mauroy donne son approbation à la poursuite de la politique de réduction des capacités de production de la sidérurgie européenne et donc lorraine. C’est la première trahison des nouveaux gouvernants. Bien d’autres suivront. Ce plan acier avec les 25 000 suppressions d’emploi marque le début de la saignée industrielle.
  • Dénonciation islamophobe contre les grévistes de Talbot (absorbé par PSA) qui sont en grève contre les licenciements. Le Premier Ministre Pierre Mauroy déclare, sans aucune honte, le 27 janvier 1983 au journal Nord-Eclair : « les principales difficultés qui demeurent sont posées par des travailleurs immigrés (…) agités par des groupes religieux et politiques qui se déterminent en fonction de critères ayant peu à voir avec les réalités sociales françaises ».
  • Dès le 29 octobre 1981 une loi autorise les Centres de Rétention avec toutes les pratiques qui y sont associées contre les immigrés.
  • En 1982, les quatre lois Auroux sont une attaque contre le droit du travail. Elles promeuvent les négociations dans les entreprises au détriment des branches et permettent au nom de la « libre expression » des salariés de court-circuiter les syndicats.
  • Promotion du travail précaire à travers la mise en place des TUC (travaux d’utilité publique) qui n’ouvre aucun droit sur un développement de carrière.
  • Amnistie des généraux criminels de l’OAS. Mitterrand se souvient de l’époque où en tant que ministre de l’intérieur il dirigeait la chasse aux nationalistes algériens puis de l’époque où en tant que ministre de la justice il était le patron des guillotineurs de militants du FLN et de Fernand Yveton.
  • Mitterrand se recueille sur la tombe de Pétain. Mitterrand se souvient aussi de la période où pour demander la francisque il avait dit : « Je fais don de ma personne au Maréchal Pétain comme il a fait don de la sienne à la France. Je m'engage à servir ses disciplines et à rester fidèle à sa personne et à son œuvre ». Il a été plus fidèle à ce serment qu’aux promesses de sa campagne électorale.

Nous nous en tenons là mais les mesures de régression sociale seront pires dans les années suivantes notamment entre 2000 et 2002 quand Jean-Luc Mélenchon sera ministre délégué à l’enseignement professionnel.



112 réactions


  • Jonas Jonas 17 avril 2018 21:58

    "Mitterrand se recueille sur la tombe de Pétain. Mitterrand se souvient aussi de la période où pour demander la francisque il avait dit : « Je fais don de ma personne au Maréchal Pétain comme il a fait don de la sienne à la France."

    Rien d’extraordinaire à cela.
    Le fascisme est un courant issu du socialisme, la prise en charge par l’État de la vie de l’individu de la naissance à sa mort (éducation, assistanat, conservation de son argent dans les banques, contrôle des média, etc...) conjugué à l’autoritarisme.
    Le premier dictateur fasciste fut le socialiste italien Benito Mussolini.

    Le régime de Vichy du maréchal Pétain fut également un régime socialiste.
    Pierre Laval, chef du premier gouvernement de la collaboration à Vichy est un socialiste, un vrai pacifiste.
    70% des députés qui ont voté les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940 sont issus de la base de l’ex-Front Populaire de la gauche socialiste (SFIO, radical socialiste, cartel des gauches, gauche démocratique, union socialiste républicaine, etc...).
    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-gauche-votait-petain-en-masse-192504

    La collaboration regroupe principalement le Parti Populaire Français (PPF) de Jacques Doriot (qui entraine avec lui ses amis communistes), ou encore le Rassemblement National Populaire (RNP) de Marcel Déat (SFIO) qui rassemble majoritairement des membres issus de la gauche, SFIO, parti-radical, et n’ont jamais appartenu à aucune organisation d’extrême-droite.
    Certains de ces collaborateurs étant même avant la guerre, membres de la LICA !

    Le chef de la milice, René Bousquet, ses services de police ont envoyé plus de 60 000 juifs en camp de concentration sur la période 1942-1943, a été toute sa vie un vrai militant socialiste, grand ami historique de François Mitterrand, et protégé par lui après la guerre.
    François Mitterrand, soutien du maréchal Pétain et décoré de la Francisque, déposera une gerbe sur sa tombe tous les ans de 1984 à 1992. Face au scandale déclenché, il arrêtera cette pratique par la suite.

    En avril 1944, les stratèges de l’ambassade d’Allemagne à Paris décident de lancer une nouvelle publication, Germinal, destinée à fédérer certains « collaborateurs de gauche ». Financé par le trust allemand Hibberlen, qui édite déjà La France au travail, L’Œuvre et Nouveaux Temps. Le premier numéro de Germinal paraît dans les kiosques le 28 avril 1944. Sous son titre, ce bandeau : « Hebdomadaire de la pensée socialiste française ». Tous les rédacteurs sollicités, ou presque, sont des enseignants et d’anciens membres de la SFIO passés par le pacifisme.
    Parmi eux : Robert Jospin (père de Lionel), Claude Jamet, ancien secrétaire fédéral de la SFIO et ancien professeur, Paul Rives, député socialiste de l’Allier (1932-1942), et le plus connu, Ludovic Zoretti, universitaire, ancien responsable de la CGT et de la SFIO, où il fut l’adversaire acharné de Léon Blum, « le belliciste ».

    Et si vous avez la curiosité de regarder les premiers résistants contre l’Allemagne nazie en 1940, on retrouve des cagoulards, des militants de l’Action Française autour de De Gaulle !
    Autour de Jean Moulin ? On peut citer Daniel Cordier, ou le colonel Georges Groussard, extrême-droite.

    Et si vous regardiez les différents réseaux de résistance : « Libération », « Combat », la « Confrérie Notre-Dame », le réseau « Hector », l’organisation civile et militaire (OCM) etc...vous seriez surpris du nombre de militants d’extrême-droite les composants !
    sources :
    http://www.amazon.fr/paradoxe-fran%C3%A7ais-Antiracistes-Collaboration-antis%C3%A9mites/dp/2226179151


    • Henry Canant Henry Canant 17 avril 2018 22:34

      @Jonas
      Il est troublant que l’on ne site plus le colonel Rémy. Il était dans les années 50 bien plus connu que Jean Moulin.


    • Jonas Jonas 17 avril 2018 22:42

      @Henry Canant « Il est troublant que l’on ne site plus le colonel Rémy. Il était dans les années 50 bien plus connu que Jean Moulin. »

      Il n’y a là rien de troublant là dedans, les communistes, vainqueurs de la guerre, ont propagé en France leur idéologie (combien de milliers de rue en France portent le nom des pires criminels oeuvrant pour les régimes communistes et staliniens ?) qui a contribué à effacer des livres d’Histoire toute référence aux résistants de la droite nationaliste.


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 17 avril 2018 23:18

      @Jonas
      Tout ce que vous dîtes là est intéressant. J’évite pour ma part d’utiliser les termes « droite » et « gauche » qui sont bien mal définis.
      J’ai le souvenir que dans le film « le chagrin et la pitié » l’un des anciens résistants interviewé était un aristocrate ce qui semblait dénoter avec l’image prototypique du résistant. Il faut donc assurément se méfier des idées reçues. Il ne faut cependant pas inverser la tendance générale. Le gros des troupes des maquis était composé de communistes qui ont rejoint le maquis pour se protéger à la suite de la rupture de l’accord Hitler-Staline. Ils auraient été mouchardés s’ils avaient voulu rester chez eux. Ce fut un exploit de la part du Général de Gaulle d’avoir réussi avec le CNR à placer la résistance sous sa tutelle alors qu’elle était en majorité communiste. Ce fut la mission de Jean Moulin.
      De même pour ce que vous dîtes des partis fascistes. Mais il n’est pas nécessaire de revenir si loin en arrière. Il y a assurément beaucoup de monde à être passé du PCF au FN.


  • pipiou 17 avril 2018 22:30

    Article pitoyable et passéiste.

    Les 30 glorieuses c’était aussi l’explosion démographique, c’est cela que vous promouvez pour le futur ?

    Quant à dire que nos libertés régressent depuis 1983 c’est vraiment avoir de la merde dans les yeux.
    Bon déjà on aura compris que l’auteur est un homme blanc, hétéro, de culture catholique qui a des droits supérieurs depuis longtemps.

    Alors c’est vrai que les libertés des autres il n’en a rien à taper.


    • Henry Canant Henry Canant 17 avril 2018 22:45

      @pipiou
      Tu aurais préféré un article écrit par un barbu islamique.


      C’est vrai que de ne pas vouloir bacher la gente féminine est réact.

      Tu es pour un État moderne dont sa constitution serait la charia.

      Il faut que tu le dises ouvertement et mort aux chiens infidèles.

    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 17 avril 2018 23:32

      @pipiou
      Bien que le ton général ne m’y invite guère, je vais essayer de répondre.
      « Article pitoyable et passéiste »
      Je suis désolé de vous faire pitié et d’être un peu vieux jeu à vos yeux.
      « Les 30 glorieuses c’était... ». J’ai expliqué que je conteste cette étiquette. En d’autres termes, je ne sais pas ce que ça veut dire « 30 glorieuses ».

      « Quant à dire que nos libertés régressent depuis 1983 c’est vraiment avoir de la merde dans les yeux ». Pensez-vous par exemple que l’état d’urgence soit un progrès pour les libertés ?

      "Bon déjà on aura compris que l’auteur est un homme blanc, hétéro, de culture catholique« Je ne vois pas ce qui vous permet d’être aussi perspicace.

       »on aura compris que l’auteur (...) a des droits supérieurs depuis longtemps.« De quels droits supérieurs s’agit-il ?

       »Alors c’est vrai que les libertés des autres il n’en a rien à taper." Là cela frise l’insulte. Dans tout ce que j’écris il n’est question que de liberté pour tous. D’où sortez vous pareille affirmation ?


  • pipiou 17 avril 2018 23:40

    Ah parce l’Etat d’urgence ça n’existait pas dans les années 60 ?

    Même aujourd’hui avec l’Etat d’Urgence, qui franchement n’a rien de sérieux, vous êtes beaucoup plus libre qu’en 70.

    Quand les flics n’osent plus rentrer dans certaines banlieues vous êtes sûr que c’est l’Etat qui rogne nos libertés ? Sortez de votre grotte !


  • Decouz 28 avril 2018 09:41

    - Le écrits contre Pie XII, la pièce de théâtre et le film reposent au départ sur une manoeuvre du KGB, cela signifie pas que le pape ignorait, mais il n’était pas le seul, les alliés savaient, il y a eu des évasions d’Auschwitz (des résistant polonais qui s’étaient fait volontairement enfermer) les faits ont été rapportés aux autorités alliées, ensuite il faudrait examiner les raisons pour lesquelles rien n’a été entrepris(entre autre difficulté de bombarder, et inutilité, les dégâts sur les lignes ferroviaires étant rapidement réparés).
    Pie XII savait qu’en cas de protestation publique ou violente, il y aurait eu une vague de répression et d’arrestations sur le clergé allemand, sans aucune utilité. Des menaces claires avaient été formulées. Il s’est plutôt consacré à sauver et à faire émigrer en premier lieu les juifs convertis au catholicisme, les autres étant pris en charge par les organisations juives.

    Les juifs eux-même, lorsqu’ils savaient, souvent ne pouvaient ou ne voulaient pas le croire.
    Dans le livre « Au nom de tous les miens », (sans doute une partie a été mise en cause, sur le camps de Treblinka par exemple, non parce que c’était faux, mais parce que cela reprenait d’une manière visible d’autres récits antérieurs), Martin Gray (en fait l’écriture est de Max Gallo), connaissant à la fois le sort du ghetho de Varsovie et la situation à Treblinka, avertit un village de ce qui les attend, ce village étant encore à l’abri, les habitants refusent de le croire, ils pensent que les Allemands ont besoin d’eux et qu’ils les laisseront en paix, il ne parvient pas à les décider à fuir, peu de temps après le village est soumis à la déportation.


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 28 avril 2018 22:51

      @Decou
      Pour résumé l’état de la discussion, voici ce qui me parait essentiel.
      Je considère comme acquis que Pie XII savait qu’à la fin de la guerre le projet d’extermination des juifs était en cours. Je considère aussi comme acquis qu’il est resté silencieux sur cette question.
      En conséquence ce qu’il est convenu d’appeler « les silences de Pie XII » n’est pas remis en question.
      Deux interprétations sont avancées pour expliquer les « silences de Pie XII ».
      La votre : "Pie XII savait qu’en cas de protestation publique ou violente, il y aurait eu une vague de répression et d’arrestations sur le clergé allemand, sans aucune utilité. Des menaces claires avaient été formulées."
      La mienne : Pie XII voyait d’un œil favorable l’ouverture du front de l’Est interprétée comme une chasse au bolchévisme. A partir de ce moment, il ne voulait en rien déranger Hitler.


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