Macron, un Monarc ?
Après un an d’exercice du pouvoir, le bilan de la présidence macron s’alourdit chaque jour un peu plus, mais le français à une mémoire parfois sélective, et il est bon de lui rappeler quelques réalités.
La liste des mauvaises nouvelles est longue, ce qui n’est pas une raison pour ne pas la faire.
En vrac...
Augmentation de la CSG pour les retraités : en effet, au 1er janvier 2018 le taux de la CSG a augmenté de 1,7% pour les retraites dépassant les 1200 € brut, sauf que de nombreux témoignages affirment que l’augmentation serait en réalité de 1,86%. lien
Suppression de l’ISF : dès le mois de juin 2018, les contribuables ne seront plus tenus à payer d’impôts sur leurs fortunes, le seul impôt qu’ils auront à acquitter sera sur certains signes extérieurs de richesse, yacht, voitures de luxe etc...lien
Augmentation des taxes sur le diésel : dès le début 2018 le prix du diésel a augmenté de 10% (lien) alors que dans les grands pays européens de l’Union Européenne, il est nettement moins cher qu’en France. lien
Mais cette volonté d’handicaper financièrement ceux qui continuent d’utiliser ce carburant n’est peut-être pas légitimé pour des raisons environnementales... en effet le prix bas du diésel provoque un manque à gagner pour l’état de 7 milliards par an. lien
Gel du SMIC : c’était une promesse du candidat, et désormais, les fonctionnaires sont les premiers touchés par cette mesure... mesure qui ne manquera pas de s’étendre au privé afin de ne pas faire de jaloux. lien
Quant aux chômeurs, ils ont du souci à se faire, le décret du 2 mai 2017 provoque une baisse drastique des droits chômage... (lien) mais pour autant le travailleur voit toujours son salaire amputé du même pourcentage pour le poste chômage. lien
Suppression progressive du CDI : le Medef était apparemment à la manœuvre, lui qui souhaitait depuis des lustres qu’on en finisse avec ces contrats à durée indéterminée, et on se souvient que Gattaz avait promis en échange au gouvernement précédent la création d’un million d’emplois... que l’on attend encore. lien
Diminution du nombre de fonctionnaires : 120 000 personnes vont bientôt perdre leur emploi, alors que les hôpitaux ne parviennent plus à s’occuper des patients... lien
Infirmiers, soignants dans les EHPAD, psychiatres, et quelques autres, ils sont tous au bord du burn-out. lien
Baisse des dépenses publiques et politique d’austérité pour les français : alors que les gouvernements précédents ont fait passer le nombre de chômeurs de 3,3 millions à 5,8 millions entre 2007 et 2016, suite en grande partie à la politique d’austérité qu’ils ont mené, Macron continue pourtant dans cette même direction. Lien
Il s’appuie pour cela sur les considérations de la Cour des Comptes qui demande « un effort d’économie sans précédent ». lien
Par contre, pour les ministres et leurs collaborateurs les salaires augmentent.
D’ailleurs certains députés assurant qu’avec 5000 euros mensuels, ils n’y arrivent plus, et un député d’ « en marche » se plaint de manger « pas mal de pâtes ». lien
Soyons rassurés, tout devrait s’arranger bientôt d’autant que les ministres et leurs personnels ont déjà vu leurs salaires augmenter de 20%. lien
Privatisation progressive des services publics : au-delà de l’action entreprise par ce gouvernement contre la SNCF, c’est, si l’on en croit Matthias Tavel, dans son blog chez Huffingtonpost, « c’est le service public que Macron veut dynamiter ». lien
Quant à la politique étrangère, elle est à l’évidence alignée sur celle des USA, et on se souvient encore de la séquence quasi amoureuse récente entre Trump et Macron, a preuve l’accord du CETA...avec le TAFTA en ligne de mire.
Ces accords posent un vrai problème tant sur la protection des droits sociaux, que sur l’environnement, l’agriculture, l’alimentation, notamment au sujet des importations de viande, des normes sur les pesticides, des OGM... lien
Ne parlons pas de l’abandon de l’interdiction du glyphosate dans la loi, (lien) avec l’argument douteux du ministre de l’agriculture, prétendant qu’il n’y a pas à ce jour d’alternatives... sachant pourtant qu’elles existent depuis longtemps.
C’est en tout cas ce qu’affirme l’INRA, et pas seulement, car elle a produit un rapport remis au gouvernement qui prouve l'existence de ces alternatives. lien
Le ministre en tout cas assure ne pas subir la pression des lobbies, (lien) sans pour autant expliquer comment a pu se produire la fuite d’un amendement sur la question. lien
Quid de l’abandon de caméras dans les abattoirs ? ...seuls les abattoirs qui le souhaiteront pourront le faire... du coup seuls ceux qui ont déjà des règles éthiques accepteront d’être filmés.
Au-delà de ce bilan peu glorieux, d’autres mesures pourraient bien pointer le bout de leur nez sous peu : la privatisation de la SNCF, la baisse des droits chômage, le gel des retraites, la suppression progressive des 35 heures, la privatisation progressive de la sécurité sociale, la mise en concurrence des professions règlementées...
Ne parlons pas du mépris que le monarque présidentiel a affiché récemment pour dire ce qu’il pensait du plan banlieue de Borloo.
Prenant le contrepied des propositions de ce dernier destinées à sortir les banlieues de l’apartheid social dans lequel elles sont plongées, il devrait annoncer en juillet quelques mesurettes discutables, et il a en tout cas déçu quelques élus des quartiers ou villes dites « sensibles ».
Balayant d’un revers de manche les 48 milliards demandés pour tenter de sortir du marasme les quartiers défavorisés, il assure que 30 000 places de stages seront offertes aux collégiens de 3ème, qu’il va « interpeller les entreprises », créer des places en crèche, lancer un plan « anti-drogue »...
Jean Marc Coppola, un élu de Marseille s’inquiète : « Macron n’écoute rien, s’obstine dans sa politique ségrégative qui éloigne toujours plus de monde de la République. On est en train de préparer des bombes en puissance ».
Patricia Fernandez-Pédinielli, Maire de Port-de Bouc, n’en pense pas moins : « le président ne cherche même pas à faire un véritable bilan, dès lors comment proposer des solutions ? » questionne-t-elle, et elle se demande : « s’il ne veut pas, en fait, remplacer le droit commun par la politique de la ville dans les quartiers »...en tout cas nombreux sont les élus qui pensent désormais que l’abandon des quartiers par Macron est stratégique.
Et Coppola de conclure : « il cherche ainsi à discréditer la politique (....) pour nourrir sa conception autocratique ». lien
Mais allons plus loin, où en sommes-nous avec les autres promesses macronniennes ?
La suppression future (d’ici la fin de son mandat...) de la taxe d’habitation semble bientôt liée à de nouveaux impôts... (lien) et quid du remboursement intégral des prothèses dentaires, auditives... ?
N’oublions pas cette autre promesses que d’ici la fin 2017, il n’y aurait plus le moindre sans abri dans la rue... lien
Ils sont au moins aujourd’hui 200 000 à attendre que quelque chose soit fait.
Quant à la promesse de ne pas avoir plus de 12 ministres... le compte n’est pas bon, puisqu’ils sont déjà 18... auxquels il faut ajouter 4 secrétaires d’état...lien
D’autres sont bien moins lotis, ainsi les plus pauvres des français pourraient bien demain constater une baisse des aides sociales.
Ce coup de rabot est en effet dans les futurs plans de l’équipe gouvernementale, et il serait justifié par la nécessité de « faire des économies »...mais sur le dos des plus pauvres, est-ce bien raisonnable ? lien
Pourtant dans ce lot de mauvaises nouvelles, on en trouve une bonne, mais hélas, elle ne concerne que les chasseurs, lesquels devraient profiter bientôt des largesses présidentielles, puisqu’il a l’intention de baisser le prix du permis de chasse.
Dans les projets gouvernementaux on trouve aussi l’idée de salarier le secteur public au mérite.
La performance des uns et des autres serait donc le critère...mais cette performance ne sera-t-elle pas aux dépens de la qualité ?
Si l’on prend le cas d’une aide-soignante, comment sera-t-elle notée ? au nombre de patients traités ?
Un instituteur serait-il donc mieux payé en fonction du nombre d’élèves réussissant leurs examens ? lien
Mais comme disait un politicien, « les promesses n’engagent que ceux qui ont la naïveté d’y croire », et comme dit mon vieil ami africain : « quand on vous crache dessus, ne dites pas qu’il pleut ».
L’image illustrant l’article vient de lesinrocks.com
Merci aux internautes pour leur aide précieuse.
Olivier Cabanel
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