mardi 1er février 2011 - par Francis, agnotologue

Pourquoi la victoire de la droite serait, en définitive, une victoire à la Pyrrhus, et comment faire pour qu’elle n’advienne pas

« Il existe sur la toile de nombreux think-thanks, des laboratoires d’idées, qui se consacrent à bâtir une social-démocratie européenne, du moins à penser les enjeux du présent et de l’avenir pour la gauche européenne, et c’est sur l’un de ces sites, un site britannique que j’ai trouvé l’article de Zygmunt Bauman » (1)

Ainsi débutait la chronique de Julie Clarini ce lundi sur France Culture « Les idées claires » (tous les matins à 7H35) qui nous décrivait Zygmunt Bauman comme une sorte de mélange de Stéphane Hessel et Edgar Morin. (2)
 
Et Julie Clarini poursuivait : « Selon Zygmunt Bauman, les sociaux démocrates d’aujourd’hui ne savent pour quel type de société ils se battent. Ils n’ont que des idées très vagues sur ce que pourrait être un autre monde. Aujourd’hui la gauche ne sait pas quel contenu donner à la définition d’une « bonne société », « a good society ». Le thème de la good society est pourtant l’un des grandes questions débattues sur les think tanks européens et suscite des tas débats
 
 » Zygmunt Bauman constate simplement qu’il faut des lois particulièrement choquantes pour qu’une vieille conscience socialiste se réveille enfin et crie au scandale. Triste constat d’autant plus que, même dans ces moments-là remarque-t-il, la gauche emploie finalement le même vocabulaire que l’adversaire. C’est, dit-il que les mots traditionnels de la social democracy tournent à vide parce que tout simplement la société a changé.
 
 » La solidarité par exemple : c’était bien avant, avant quand on était d’abord des travailleurs. Mais c’est une notion qui ne parle plus à des individus qui sont devenus des consommateurs avant tout. Selon Bauman, tout s’est retourné : on est d’abord aujourd’hui des consommateurs, et ensuite, éventuellement des travailleurs. Il y a eu l’ère solide des producteurs dans laquelle le destin collectif avait un sens, mais maintenant nous sommes dans l’ère liquide des consommateurs, où tout est incertain, personne ne sait de quoi demain sera fait, personne n’a envie de s’engager, d’où le titre de son ouvrage : « La société liquide  ».
 
 » Dans La société liquide qu’il théorise, nous sommes devenus obsédés par la satisfaction de nos propres besoins, nous ne sommes plus capables d’entendre un discours collectif, voilà pourquoi et comment la social-démocratie a perdu sa forteresse et ses remparts, pour reprendre son image. Elle s’est dissoute dans un agrégat d’individus qui ne pensent qu’à eux, qu’à leur carrière, qu’à leur promotion, c’est le socle même de la gauche qui est pulvérisé
 
 » Et si l’on suit la logique du raisonnement jusqu’au bout, dans la société liquide, il n’y a plus de classes sociales, plus d’intérêts contradictoires, de conflits, mais des individus moyens avec une seule et même préoccupation, payer moins de taxes, moins d’impôts. Ce leitmotiv est devenu l’alpha et l’oméga de la politique de gauche comme de droite, et d’un bout à l’autre du spectre électoral, c’est finalement le même produit qu’on essaie de vendre aux mêmes électeurs. (3)
 
 » Voilà pourquoi constate Bauman la droite a gagné sur toute la ligne : si la social-démocratie ne s’adresse plus aux pauvres et aux rêveurs pour leur dire qu’un autre monde est possible, c’est donc que la droite a gagné, c’est elle qui décide de ce qui est possible ou pas, tout ça grâce à la démission de la gauche. » (4)
 
Il me parait intéressant de comparer ces mots de Zygmunt Bauman à ceux de Serge Latouche trouvés dans sa préface au texte de la conférence passionnante de Williams Morris : « Comment nous pourrions vivre », publiée aux éditions « Le passager clandestin ». (5)
 
Extrait : « Tout rongé par la rouille qu’il soit, le corset de fer (6) de la modernité ne se brisera sans doute pas tout seul (7). Notre système est greffé sur une histoire riche et plurielle, sur des traditions culturelles qu’il phagocyte et détruit mais qui sont indispensables à sa survie. Le moment n’est peut-être pas loin ou la plante parasite (8) aura étouffé complètement l’arbre dont elle a épuisé la sève, condamnant l’énorme et arrogante floraison au dépérissement et à la mort. »
 
 Et ceux de Cornélius Castoriadis, cité dans cette même préface par Serge Latouche  : « Comment le système peut-il dans ces conditions, continuer ? Il continue parce qu’il bénéficie encore de modèles d’identification produits autrefois : le juge « intègre », le bureaucrate légaliste, l’ouvrier consciencieux, le parent responsable, l’instituteur qui sans plus aucune raison s’intéresse encore à son métier. Mais rien dans le système tel qu’il est, ne justifie les « valeurs » que ces personnages incarnent, qu’ils investissent et sont censés poursuivre dans leur activité. Pourquoi un juge devrait-il être intègre ? Pourquoi un instituteur devrait-il se faire suer avec les mioches au lieu de laisser passer le temps de sa classe, excepté le jour où l’inspecteur doit venir ? Pourquoi un ouvrier doit-il s’épuiser à visser les cent cinquantième écrous s’il peut tricher avec le contrôle ? Rien dans les significations capitalistes, dès le départ mais surtout telles qu’elles sont devenues maintenant, qui puisse donner une réponse à cette interrogation. Ce qui pose encore une fois à la longue, la question de la possibilité d’autoreproduction d’un tel système  ».
 
Une excellente réponse à cette question que pose castoriadis est développée dans La thèse fondée sur les travaux de Marx et Spinoza de Frédéric Lordon : Pour Frédéric Lordon, nous sommes tous et à des degrés divers dans la servitude volontaire. et le nouveau clivage n’est plus entre droite et gauche mais se situe entre les esclaves tristes et les esclaves joyeux enrôlés de gré ou de force dans la machine productive dont la fonction première est la production de profits, mais à la manière d’un cancer qui produit des cellules à l’infini ! (9)
 
Si la question de la déroute de la social-démocratie est importante en cette période préélectorale française qui arrive, la vraie question est : pourquoi la victoire de la droite serait, en définitive, une victoire à la Pyrrhus, et comment faire pour qu’elle n’advienne pas.
 
 
 
 
 (3) Renvoie bien évidemment à l’UMPS
 
(4) « Nous n’avons pas à nous soucier de la réalité, c’est nous qui faisons la réalité » (GW Bush)
 
(5) Discours prononcé en 1884, soit 6 ans avant la parution de son célèbre « Nouvelles de nulle part », par le socialiste révolutionnaire et architecte-décorateur William Morris. Si me mot décroissance fait aujourd’hui polémique, ce texte révèle que l’idée, elle, ne date pas d’hier.
 
(6) référence évidente à l’excellent roman « Le talon de fer », de Jacques London
 
(7) De crise en crise, ce système qui se nourrit de ses contradictions est de plus en plus « fort ».
 
(8) Ou l’hydre de Lerne, métaphore proposée par Amada sur Agoravox.
 
 (9) « Sérieusement, vous croyez vraiment que Peugeot produit des voitures, Michelin des pneumatiques et Aventis des médicaments ? Bien sûr que non ! Ils produisent des profits. » (« Il faut réinventer le contraire du monde dans lequel nous sommes » Jean-Pierre Berlan)


33 réactions


    • Francis, agnotologue JL 1er février 2011 18:53

      Bonsoir Siegfried,

      oui, c’est exactement ça.

      C’est pourquoi, à la place d’un clivage droite-gauche, je vous propose cette vision revisitée du meileur des mondes :


      Le meilleur des mondes, version 2010 :

      - la classe supérieure bunkérisée et vivant sur ses trésors de guerre paradifiscalisés et investis dans des pompes à phynance.

      - La classe médiatico-politique chargée de maintenir le peuple dans l’abrutissement le plus profond. Ceux que Lordon appelle les esclaves volontaires joyeux.

      - La classe besogneuse chargée de protéger et faire fructifier les fortunes des classes dominantes. Ceux que Lordon appelle les esclaves volontaires tristes

      - Et enfin les exclus, réservoir d’esclaves pas volontaires du tout et dont le rôle attendu est de montrer aux précédents que ça pourrait être pire, et donc de les maintenir dans le droit chemin, c.à.d. le conformisme aux diktats économiques imposés par les classes privilégiées.

      Plus quelques petits malins plus ou moins individualistes, plus ou moins altruistes qui arrivent tant bien que mal, à tirer leur épingle du jeu.

       

       


    • Alain-Goethe 1er février 2011 19:22

       la phrase de JL :

      " Plus quelques petits malins plus ou moins individualistes, plus ou moins altruistes qui arrivent tant bien que mal, à tirer leur épingle du jeu.« 

      Ceux là on en connait tous qq uns .

      Leur devise :  » Lucidité, superficialité, vénalité «  et  » Moi je me débrouille, chacun sa m...«  

      La 1ere maxime l’avais trouvé vers 1995 dans le Figarsky, au milieu des offres demploi ; car j’étais à ce moment précis  » offreur de compétences" ( suave dénomination .. positive !!


  • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 1er février 2011 13:14

    "la vraie question est : pourquoi la victoire de la droite serait, en définitive, une victoire à la Pyrrhus, et comment faire pour qu’elle n’advienne pas".

    Comment faire pour qu’elle n’advienne pas ?


    • Francis, agnotologue JL 1er février 2011 13:28

      C’est précisément pour susciter des propositions et en discuter que la question est posée ainsi. L’article n’a pas pour but de donner une réponse mais de justifier la question. Evidemment, si l’article ne convainct pas, la question tombera dans l’indifférence. C’est ainsi.


    • Peachy Carnehan Peachy Carnehan 1er février 2011 17:06

      Je propose de commencer par foutre Sarkozy et sa clique dehors. Ce sera déjà ça de fait.


    • Francis, agnotologue JL 1er février 2011 18:38

      Bonsoir Peachy,

      ça c’est dans le programme de Mélenchon, en effet.
       
      Mais s’ils ont été aussi avisés que Ben Ali, ça ne devrait pas leur poser de problèmes !


    • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 2 février 2011 07:50

      En bonne logique (! ?), le titre étant « Pourquoi la victoire de la droite serait, en définitive, une victoire à la Pyrrhus, et comment faire pour qu’elle n’advienne pas », le lecteur est en droit d’espérer que, dans l’article, vous exposiez vos solutions « pour qu’elle n’advienne pas ».

      Or, le lecteur doit se contenter de la structure suivante :
      1)
      Titre :
      Pourquoi la victoire de la droite serait, en définitive, une victoire à la Pyrrhus, et comment faire pour qu’elle n’advienne pas
      2)
      Texte de l’article :
      Sans aucun rapport avec « comment faire pour qu’elle n’advienne pas »
      3)
      Conclusion :
      "la vraie question est : pourquoi la victoire de la droite serait, en définitive, une victoire à la Pyrrhus, et comment faire pour qu’elle n’advienne pas« .

      Décevant de votre part...

      P.S. :
      Vous serez certainement ravi de savoir que j’ai sauvegardé, pour la postérité, quelques une de vos répliques d’anthologie en post-scriptum de mon article »Du principe de la peine de mort".

      Exemple d’inconditionnalité absolue en matière d’opposition à la peine de mort :


      Par
      JL (xxx.xxx.xxx.22) 29 janvier 09:24
      « interdiction absolue de donner la mort pour quelque raison que ce soit »

      Par Jean-Pierre Llabrés (xxx.xxx.xxx.82) 29 janvier 11:06
      En vertu de ce principe absolu, qu’ont fait les opposants à la peine de mort pour empêcher l’exécution de Saddam Hussein et de ses sbires ?

      Par JL (xxx.xxx.xxx.22) 29 janvier 11:11
      Interdiction de faire quelque chose n’a jamais signifié obligation de s’opposer physiquement à ce quelque chose.

      Par Jean-Pierre Llabrés (xxx.xxx.xxx.82) 29 janvier 11:21
      « Interdiction de faire quelque chose n’a jamais signifié obligation de s’opposer physiquement à ce quelque chose »
      Ponce Pilate (sic)...


      Par JL (xxx.xxx.xxx.22) 29 janvier 12:14
      Oui, Ponce Pilate, mais dans des cas précis, quand je ne suis ni pour ni contre ! [...]
      Par exemple, je me moque du sort que l’on peut réserver à un criminel pour lequel je n’éprouve aucune empathie. Je réprouve ceux qui donnent la mort, en particulier ceux qui donnent la mort de sang froid, et je leur dénie le droit de le faire en mon nom. Et pour ce principe, je suis prêt à me battre. Je ne me battrai pas pour sauver un assassin.


    • Francis, agnotologue JL 2 février 2011 09:49

      @ JPL,

      tout d’abord, merci de me transmettre aussi aimablement le corrigé de l’exercice.

      Néanmoins, vous aurez remarqué que le titre est en suspension : on peut y voir une affirmation comme une interrogation. Enfin et surtout, oui, vous avez raison, ce n’est pas brillant, et je suis désolé de vous avoir déçu. Mais croyez moi, si je m’attache à faire mieux la prochaine fois, ce ne sera assurément pas par égard pour vous.

      Maintenant sur le reste, deux choses : premièrement, là encore vous me faites trop d’honneur à me qualifier de « Ponce pilate ». Sauf erreur, cette « invective » ne s’applique avec pertinence qu’à une personne de haut rang si d’aventure elle s’en lave les mains quand tout le monde attend d’elle une prise de position, des directives, des ordres.

      Comme vous êtes incapable d’attaquer l’article sur le fond, vous en attaquez l’auteur, et ces pauvres attaques ne discréditent que vous. Mais aveuglé par la détestation que vous me portez, et que j’essaie de vous rendre du mieux que je peux, c’est-à-dire, avec lucidité, il n’y a que vous qui ne vous en rendiez pas compte.


    • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 2 février 2011 10:23

      Détestation ?...

      Voltaire (en substance) : « Je suis en désaccord avec vos idées mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous puissiez les exprimer ».

      Par JL (xxx.xxx.xxx.22) 29 janvier 11:11
      JPL, soyez raisonnable : taisez vous !

      Par JL (xxx.xxx.xxx.22) 28 janvier 15:08
      Llabrés, arrêtez, vous ne dites que des énormités !

      Sans parler de toutes vos insultes antérieures à mon endroit qui furent supprimées par la modération d’AgoraVox.
      Sans parler de votre sens du dialogue (policé ?) qui vous fait soulever des problèmes que vous abandonnez ensuite pour ne pas avoir à y répondre. Exemple :
      Par JL
      (xxx.xxx.xxx.22) 28 janvier 15:08
      C’est une un crime de réclamer aux populations le remboursement de prêts accordés à leurs dictateurs !
      C’est une infâmie de réclamer l’argent aux contribuables des pays prêteurs !
      J-P LL :

      En dehors de cette alternative, quelle est votre solution ?


    • Francis, agnotologue JL 2 février 2011 10:49

      JPL, mon boulet !

       smiley

      Vous dites : « Sans parler de toutes vos insultes antérieures à mon endroit qui furent supprimées par la modération d’AgoraVox. »

      Mensonge et diffamation. Rien que cela devrait vous valoir une censure de ce commentaire.

      Le reste est hors sujet, à moins que le sujet soit : la dette comme moyen d’asservissement des populations pour les générations actuelles et futures.

      Dans ce cas, je persiste et signe.

      Ah ! aussi : soyez raisonnable, taisez vous.


  • Fergus Fergus 1er février 2011 13:24

    Bonjour, JL.

    Globalement d’accord avec le contenu de cet article. Et plutôt d’accord avec Lordon, à cette différence que je ne parle pas d’esclaves (ni tristes ni gais) mais, pour la majorité des salariés de prostitués, dans la mesure où, contrairement à l’esclavage, la prostitution s’appuie, au moins partiellement, sur un choix.

    « Seul le plaisir exonère de la prostitution » ai-je écrit naguère. C’est pourquoi nous sommes tous des prostitués dès lors que nous ne travaillons plus pour le plaisir, mais que nous vendons à contre-coeur notre tête, nos muscles ou notre cul contre rémunération. Dur constat !


    • Francis, agnotologue JL 1er février 2011 13:52

      rebonjour Fergus,

      le terme d’esclave est en effet connoté d’une manière qui ne s’accorde pas très bien avec le concept de servitude volontaire exposé par La Boétie.

      Par ailleurs, cette servitude n’est volontaire qu’en apparence puisque le fameux TINA des Thatcher/Reagan repris récemment par Sarkozy, n’est pas anodin. La servitude vient de la division du travail poussée à son paroxysme qui fait de nous des fourmis.

      Pour les salariés, mais pas que (!) que l’on devrait avec Lordon, appeler les enrôlés, cela prend la forme de la colinéarisation de leur désir avec celui du patronat, c’est à dire de l’entreprise du patron qui est le moyen de réalisation du désir d’un seul, désir qui ne peut se réaliser qu’à plusieurs.

      Cela pouvait se concevoir quand les entreprises étaient productrices de richesses utiles, y compris la fourniture d’un travail intelligent. Aujourd’hui que l’entreprise n’a plus d’autre but que de faire du profit, le travail y a perdu tout intérêt sauf pour les plus créatifs ou les plus enthousiastes, et la production n’y est plus qu’un sous produit. L’enthousiasme et la résignation sont inégalement répartis, et c’est cela qui différencie les esclaves triste des esclaves joyeux.

      (!) au delà des salariés, les citoyens sont inégalement enthousiastes/ résignés avec le projet de société tel qu’il nous est imposé par le système. Je me demande si la série « Le prisonnier » n’a pas à voir avec le sujet.


    • Francis, agnotologue JL 1er février 2011 14:22

      @ oncle archibald,

      oui, une façon de demander à DCB si le candidat D’EELV serait Eva Joly ou Nicolas Hulot.


    • Francis, agnotologue JL 1er février 2011 15:23

      Mais non archibald, il ne faut pas être défaitiste comme ça.

      Mais je suppose à vous lire que vous êtes allergique au concept de décroissance, je me trompe ?


  • Alain-Goethe 1er février 2011 19:16

    @ JL : j’ai plussé article

    Nom de BAUMAN a fait tilt dans ma tête :

    Hier, ai trouvé une ITW de lui dans le Süddeutsche Zeitung ( Bavière )

    http://sueddeutsche.de/thema/Zygmunt_Bauman

    Konsum macht einsam =

    La consommation rend solitaire !!
    Y a du vrai ..


    • Francis, agnotologue JL 1er février 2011 19:23

      Merci Alain-Goethe,

      Pour aller avec votre commentaire, cette réflexion de JC Michéa !

      « Une société qui consacre ses principaux efforts à se rendre à la fois individualiste et « multiculturelle » ne peut donc trouver un semblant de cohérence anthropologique que si elle invite parallèlement ses membres à communier dans le culte de la croissance et de la consommation. C’est pourquoi l’économie est logiquement devenue la religion des sociétés modernes. Elle représente, en somme, l’unique moyen de relier les individus atomisés d’une société qui se veut, et se croit “ axiologiquement neutre” ». (Jean Claude Michéa, l’empire du moindre mal)

      Je souligne : l’unique moyen de relier les individus. Nous n’avons jamais été aussi solitaire que dans ce monde qui nous « offre » des dizaines et des centaines d’amis sur un simple coup de clic. Ce monde qui relie mes hommes à grands coups de forfaits qui poussent à la consommation des gens qui n’ont rien d’autre à se dire que « allotéou ».


    • ZEN ZEN 1er février 2011 19:35

      Bonsoir Alain et JL
      Je passais par là...
      Z.Bauman, je l’ai rencontré par hasard il y a 2 ans à travers un de ses livres, qui m’a intéressé
      On en parle peu, mais il y a matière à penser


    • Francis, agnotologue JL 1er février 2011 20:05

      Bonsoir Zen,

      merci pour ce lien. Je lirai.


    • Alain-Goethe 1er février 2011 20:15

      Bonsoir à vous !
      Bonsoir Zen

        Je viens d’essayer de mettre un CMT , où j’avais copié-collé qq lignes de son ITW.
      Finalement, me suis fait "envoyer sur un article de fin 2008 et je retrouve pas mon CMT. ; pas grave !

      " Der Markt ist ein unerbittlicher Richter, der Entscheidungen zwischen dem Drinnen- und Draußensein fällt und keine Berufungsverfahren zulässt. Unwillige Konsumenten oder aber schwache Anbieter ihrer selbst sind wie ausgestoßen. In der liquiden Gesellschaft der Konsumenten ersetzen Schwärme zunehmend hierarchisch geprägte Gruppen. Schwärme sind keine Teams, sondern existieren lediglich durch eine mechanische Solidarität . Die dort mitmachen, fühlen sich sicher. Rebellen gibt es nicht, nur Verirrte. Aber es sind fragile Gebilde, die jederzeit wieder zerfallen können. Konsum lässt keine Bindungen entstehen und ist darum eine einsame Angelegenheit - selbst wenn die Menschen ihn gemeinsam ausüben

      ça veut dire entre autres : " La consommation ne crée pas de liens forts et elle est une " opportunité isolée- même si les Hommes s’y adonnent en commun"

      2) cela amène à la question :  Forte croissance souhaitable ??? ( si oui, ça facilite le job de bcp de politiciens ..) moi je dirais une " autre croissance .. et  même plutot limitée "en 2012, . une des questions !

      cf le Théorème de Kaya ( sur site de manicore par ex

      Bonne soirée


    • Alain-Goethe 1er février 2011 20:26

      @ JL référence à JC MICHEA est intéressante

      @ ZEN : Bravo ! déjà en juin 2008 un article sur Bauman.
      Je viens d’en tirer 1 phrase :

      " 4 Conserver l’hégémonie sur l’information

      Dès les années 70, le prospectiviste Alvin Tofler avait bien anticipé la nouvelle donne économique : dans tous les secteurs d’activité, l’information devient une matière première de l’économie « 

      C’est le livre  » Le choc du futur" me souviens l’avoir lu .. comment s’appelait le groupe, l’organisme ? ah oui c’est la RAND CORPORATION


  • Le péripate Le péripate 1er février 2011 19:25

    Dîtes moi JL, suis-je de droite ?


    • Francis, agnotologue JL 1er février 2011 19:36

      Très bonne question péripate.

      Je pense que, être de droite ou de gauche, c’est tenir un discours de droite et idem pour la gauche. Ceci suppose les définitions qui admettent que la gauche est davantage prête à céder plus de liberté en échange de plus de sécurité et la droite c’est l’inverse.


      A ce titre, vous seriez de droite.

      Maintenant, il y a la droite dévoyée tendance Medef, qui consiste à exiger de l’Etat des politiques appelées pudiquement « relance par l’offre », entendez par là des subventions, des exonérations, etc. Le chroniqueur type qui me vient à l’esprit est l’inénarrable Alain Gérard Slama qui pas plus tard qu’hier réclamait que l’on exonère les riches qui pourront ainsi investir en France ! Le comble , il a ajouté : « ou dépenser » !

      Voilà, péripate, j’espère que cela vous inspirera une réflexion constructive. Je dis ça parce que l’une caractéristique de ceux qui se disent libéraux est généralement d’éviter les vrais débat.


    • Le péripate Le péripate 1er février 2011 22:20

      Par exemple, refuser un vrai débat, ce serait refuser de considérer que liberté et sécurité sont antinomiques comme vous le faites.
      En effet.
      Et je ne suis toujours pas fixé.


    • Francis, agnotologue JL 1er février 2011 22:39

      La liberté et la sécurité ne sont sont antinomiques que pour un esprit binaire, intégriste. Le deal des sociétés humaines c’est « un peu moins de liberté en échange d’un peu plus de sécurité ».

      Le néolibéralisme c’est la totale liberté économique qui impliquerait ipso facto l’abandon de toute exigence de sécurité garantie par la collectivité. On voit pourtant hélas, que les entreprises néolibérales se sont arrangées pour privatiser leurs profits et socialiser leurs pertes (« too big to fail » des banquiers).

      Par ailleurs, la liberté économique peremet une concentration de pouvoir phénoménale qui écrase les individus, et par voie de conséquence, les prive de leurs libertés élémentaires, faute de moyens pour eux d’entreprendre les actions pour les faire respecter dans des affrontements de pot de fer contre pot de terre.


    • Francis, agnotologue JL 1er février 2011 22:50

      J’ajoute que, les salariés étant les variables d’ajustement, les « corporation » (entreprises) ont le beurre et l’argent du beurre - liberté et sécurité -, cependant que les individus n’ont ni l’un ni l’autre, ni la sécurité, ni la liberté, puisqu’il est devenu quasiment impossible de vivre sans travailler, et que les gains de productivité ont tué le travail !

      C’est exactement cela le néolibéralisme.


  • ZEN ZEN 1er février 2011 19:37

    péripate pose là une grave question... smiley


  • Alain-Goethe 1er février 2011 21:04

    @ JL : j’ai mieux lu l’article.

    Notamment, il y a la phrase :

     » Voilà pourquoi constate Bauman la droite a gagné sur toute la ligne : si la social-démocratie ne s’adresse plus aux pauvres et aux rêveurs pour leur dire qu’un autre monde est possible, c’est donc que la droite a gagné, c’est elle qui décide de ce qui est possible ou pas, tout ça grâce à la démission de la gauche. » (4) « 

    En effet, il faudrait que la social démocratie trouve d’autres thèmes ou qu’elle évolue vers une »social écologie" ...
    En cherchant un hors série que j’ai sur SPINOZA, je trouve 1 article sur Nicholas KALDOR (1908- 1986) économiste qui s’est opposé au thatchérisme ( Alternatives éco oct 2006) assez bien cet homme


  • FRIDA FRIDA 1er février 2011 21:26

    Je suis très pessimiste en ce qui me concerne. La gauche a au moins deux problèmes majeurs.
    Le premier est qu’il y a des conflits de personnes. Cela prend de l’importance sur les idées ou les programmes que les uns et les autres peuvent proposés.
    Le deuxième est que la gauche, même si elle s’en défend, a fait sien le discours de la finance internationale.
    Il ne faut pas perdre de vue que l’on est face à une oligarchie, une minorité consciente de sa différence, elle n’est pas au service du peuple mais ce dernier est à son service ; le reste c’est un faux nez.
    J’ai suivi avec attention le discours de Sarkozy lors de la conférence du presse sur le G20/G8. Il a quand donnée des indices sur ce que va être la politique des décennies à venir. La politique est faite maintenant par l’économie virtuelle. D’ailleurs, il a parlé de la sécurité alimentaire, et du problème alimentaire sur le plan international. Prévoit-tl des augmentations des prix des produits alimentaires ? introduction des ogm en Europe de façon généralisée ? 

    Ce n’est plus le peuple qui décide. Il a beaucoup parlé de la Chine. Elle est une puissance nucléaire, sa croissance est impressionnante, tout ce que vous voulez. Mais quid de la démocratie, du choix populaire. Serons nous amenés à devenir comme la Chine, un bol de riz suffit à notre bonheur, non par ascétisme ou refus de consommation, mais uniquement par spoliation et repression. La globalisation se fait en nivelant les niveaux par le bas, sur le plan politique et des libertés publiques ou sur le plan économique.
    Je ne vois pas d’issue. La raison en est très simple. L’oligarchie a des intérêts qui convergent. Alors que les peuples sont divers et multiples. c’est le cas d’ailleurs au sein d’un seul peuple traversé par des courants et des intérêts opposés.


    • Francis, agnotologue JL 1er février 2011 22:11

      Bonsoir FRIDA,

      oui, il y a de quoi être pessimiste. Mais cela ne veut pa dire baisser les bras.

      Vous dites : « L’oligarchie a des intérêts qui convergent. Alors que les peuples sont divers et multiples ».

      De fait, l’oligarchie s’exprime dans un entre soi dont le peuple est exclu. Le peuple ne s’exprime pas, même quand il y a des élections, si les dés sont pipés. Pourtant, les besoins d’un ouvrier de droite sont les mêmes que ceux d’un ouvrier de gauche, alors que les désirs des oligarques sont aussi variés qu’il est impossible d’imaginer : le système oligarchique a bour objet de satisfaire les désirs des nantis au détriment des besoins des nécéssiteux.

      Les besoins élémentaires des plus pauvres pourraient être satisfaits avec une infime partie de ce que coûtent les désirs des plus riches, mais le système a besoin que les pauvres vivent dans l’insécurité afin qu’ils soient résignés et acceptent les rêgles imposées : c’est cela la servitude volontaire triste.


    • FRIDA FRIDA 1er février 2011 23:07

      @JL

      Je n’ai pas baissé les bras. Je « lutte et résiste » à mon niveau et à ma façon. C’est une goutte d’eau...

      Cela dit, je souligne ce que cette remarque « Pourtant, les besoins d’un ouvrier de droite sont les mêmes que ceux d’un ouvrier de gauche, alors que les désirs des oligarques sont aussi variés qu’il est impossible d’imaginer : le système oligarchique a bour objet de satisfaire les désirs des nantis au détriment des besoins des nécéssiteux » sauf que l’ouvrier de droite et l’ouvrier de gauche se retrouve souvent unis artificiellement face à des problèmes comme l’insécurité, l’immigration, le chômge etc, et quand on leur proposent un pseudo-programme comme le seul à répondre à leur « intérêt ». La politique c’est de ressembler des gens qui n’ont a priori rien à avoir entre eux et de diviser ceux qui ont tout intérêt à rester solidaire.
      Je sais que l’oligarchie a aussi ces divisions , mais elle sait gagner une lutte sans usure(à la pyrrhus), reculer pour mieux sauter. Elle liquide sans état d’âme un adversaire, mais le peuple est utile malgré tout, un bon travailleur et bon consommateur, et parfois bon soldat.


  • Francis, agnotologue JL 1er février 2011 23:21

    FRIDA, quand je parle de victoire à la Pyrrhus, je ne pense pas à un scénario précis, et nous avons le choix entre une catastrophe à court terme pour l’oligarchie elle-même - type Ben Ali par exemple -, ou une catastrophe à long terme : de nature écologique, ou guerrière, voire sanitaire.


  • ddacoudre ddacoudre 2 février 2011 09:24

    bonjour JL

    merci pour cet article qui permet de soulever des interrogations, je pense que nous avons une vision assez proche de l’évolution de notre société.
    j’ai écris plusieurs articles qui ne sont pas sortis de la modération mais qui peuvent t’intéresser, dont un répond aux interrogations « projet de société » je te mets mon lienddacoudre.over-blog.com.

    cordialement.


    • Francis, agnotologue JL 2 février 2011 09:58

      Bonjour ddacoudre, merci de votre intervention.

      Je pense égalezment que nous voyons les choses de la même façon, avec les mêmes valeurs. Je vais lire votre article qui me parait être une réflexion qui prolonge bien l’article ici présent.


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