jeudi 22 mai - par Sylvain Rakotoarison

Euthanasie 2025 (1) : quelle société humaine voulons-nous ?

« Le fait de provoquer au suicide d'autrui est puni de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende lorsque la provocation a été suivie du suicide ou d'une tentative de suicide. » (Article 223-13 du code pénal).

Depuis le lundi 12 mai 2025, les députés examinent la proposition de loi déposée par Olivier Falorni (député MoDem, ex-PS, de La Rochelle) sur "l'aide à mourir". C'était une initiative de l'année dernière qui a été interrompue par la dissolution et le Président de la République Emmanuel Macron souhaite absolument "aboutir", au point qu'il a menacé le 13 mai 2025 sur TF1 de recourir au référendum si cela s'enlisait au Parlement (ce serait une décision complètement déraisonnable et une telle pression sur les parlementaires me paraît du reste peu démocratique). Le Premier Ministre François Bayrou a toutefois voulu séparer les deux parties de la proposition en deux textes séparés, l'un sur les soins palliatifs et l'autre sur "l'aide à mourir", ce qui était très sage.

Avant toute chose, définissons mieux le sujet. "L'aide à mourir" (ou "l'aide active à mourir") n'est qu'une expression qui n'ose pas dire "euthanasie" et "suicide assisté". Malheureusement, aucun humain n'a besoin d'aide pour mourir, il meurt tout seul et bien trop vite. S'il a besoin d'aide, c'est pour vivre, c'est pour vivre bien ce qui lui reste à vivre, mais certainement pas pour mourir, et contrairement au vrai mot, on ne meurt jamais "bien", il n'y a pas de "bonne" mort, c'est toujours un mauvais moment à passer, dont certains voudraient ne pas avoir conscience.

Je vais redéfinir les termes, mais avant, comme ce sujet m'est important, comme il devrait l'être à tout humain, et que je me suis déjà très longuement exprimé sur les sujets depuis des années, et le fait même de préciser "euthanasie" me place dans un "camp", disons-le très net, je suis absolument opposé à toute législation sur l'euthanasie et le suicide assisté. Notez bien que je n'ai pas dit que j'étais forcément opposé à l'euthanasie et au suicide assisté, mais je suis résolument opposé à toute inscription de ces actes dans la loi qui est une généralité alors que ces actes sont exceptionnels et toujours singuliers. Hypocritement, d'ailleurs, les partisans de l'euthanasie disent qu'une loi permettrait de mieux l'encadrer, mais ce n'est pas une loi qui peut encadrer autant de cas exceptionnels que d'humains en partance. Celui qui, aujourd'hui, encadre ces actes qui ont lieu malgré la non-législation, c'est le juge, et le juge, par définition, est sage car il repose son jugement sur, d'une part, la loi, effectivement, mais aussi sur la situation particulière, donnée, singulière, qui est en cause.

Je vais donc employer le mot "euthanasie" pour évoquer deux stades : le "suicide assisté" et "l'euthanasie active". Certes, ce sont deux actes très différents, mais en réalité, la conclusion est la même et les acteurs presque les mêmes. Dans le premier cas, un tiers (a priori qui s'y connaît en substance létale) fournit au dit patient une substance létale et c'est le patient qui se l'injecte, et dans le second cas, un autre (ou le même) l'injecte à la place du patient, parce qu'il ne peut pas le faire lui-même.

Je pourrais reprendre le cadre de la psychanalyste Feroudja Hocini sur "l'aide à mourir". Il y a cinq stades bien définis, en "crescendo" : le premier, c'est de soigner la pathologie insoignable jusqu'à la fin ; le deuxième est l'arrêt de soins car c'est insoignable ; le troisième est l'injection d'une substance qui permette de réduire voire supprimer la douleur, avec la possibilité que cette substance précipite la mort sans intention de la donner ; le quatrième est le suicide assisté ; le cinquième est l'euthanasie active.
 

Il y a une rupture anthropologique entre le troisième et le quatrième stade, car dans les deux derniers stades, il y a clairement intention de donner la mort, ce qui est la transgression d'un principe absolu. Dans le troisième stade, qui est l'application de la loi Claeys-Leonetti du 2 février 2016, le patient en fin de vie peut demander une sédation profonde et continue jusqu'au décès. Cette sédation a pour but de réduire les souffrances, pas de donner la mort. L'intentionnalité est un élément majeur dans un jugement, c'est notamment le cas pour séparer l'homicide involontaire par négligence (accident avec responsabilité), par exemple, de l'assassinat où le fait de tuer était volontaire et préparé d'avance (prémédité).

Dans la sédation profonde et continue, le fait de ne plus se nourrir ou de ne plus s'hydrater n'a pas beaucoup d'importance puisque le patient ne souffre pas (insistons sur cela). Parler alors d'hypocrisie pour exiger l'euthanasie active est une véritable escroquerie intellectuelle car l'hypocrisie, c'est surtout de ne pas distinguer l'intention de tuer et l'intention de soulager la douleur. Quant à la famille qui voit son proche mourir, que ce soit avec ou sans aide médicale (avec ou sans sédation), ce sera toujours un calvaire psychologique (bien sûr). Que la loi se garde bien d'être rédigée pour les proches, c'est pour le patient qu'elle doit l'être. Il y a des proches qui peuvent avoir quelques intérêts particuliers à voir "accélérer" les procédures, la loi ne doit donc pas être basée sur eux mais sur le seul intérêt du patient.

Donc, dans ce qui suit, et, dans cet article, sans reprendre le texte de la proposition de loi (ce sera l'objet d'un article ultérieur), je parlerai d'euthanasie pour évoquer l'ensemble suicide assisté et euthanasie active.

C'est un sujet qui peut cliver car il prend les personnes en pleine conscience de leur conception de la vie, de la mort et aussi, on oublie un peu trop vite, de la société des hommes. L'euthanasie est revendiquée en tant qu'un droit, ou une liberté. C'est par excellence le triomphe de l'individu sur le collectif. En quelque sorte, c'est le triomphe de l'ultralibéralisme extrême qui fait passer exclusivement la liberté d'une personne sur les conséquences collectives que cela peut entraîner.

Un sujet clivant mais qui peut rassembler tout de même autour de quelques principes.

Le premier principe est le refus de la souffrance. Tout doit être fait pour soulager la douleur du patient. Ce principe est déjà dans la loi, chacun a le droit de voir sa souffrance soulager. La loi du 4 mars 2002 permet le refus de soins selon la volonté du patient. Dès lors, il n'y a plus de possibilité d'acharnement thérapeutique dans la loi. Dans la pratique, cela peut évidemment être différent. Mais l'argument de l'acharnement thérapeutique n'est plus valable depuis une vingtaine d'années. Et c'est heureux : l'idée n'est pas de poursuivre coûte que coûte de prolonger la vie, comme, à mon sens, l'idée n'est pas d'abréger la vie, mais l'idée, l'obsession même, c'est de lutter contre la douleur, contre les souffrances. Je reste dans le général car dans le détail, il faut bien sûr définir exactement chaque terme.
 

Le deuxième principe qu'on peut se donner dans un débat sur la question, c'est de ne pas mettre en avant, pour approuver ou s'opposer, ses convictions religieuses. Certes, les convictions religieuses ou leur absence peuvent être des éléments importants d'appréhension d'une question, mais ici, le débat est encore plus universel que la religion (même si certaines se prétendent à juste titre universelles). Il s'agit avant tout d'avoir le regard d'un être humain. Et l'éthique, comme la morale, est civile, elle peut avoir été façonnée par la religion, mais elle est acceptée, elle doit être acceptée bien au-delà du cadre religieux. Ainsi, le code pénal s'est inspiré du Dix Commandements. L'absolu "tu ne tueras point" est l'une des bases de toute société.

Le troisième principe, toujours sur le débat, c'est le respect de toutes les opinions, car un sujet comme la fin de vie n'a pas une solution vraie et des solutions fausses. Le débat doit donc être serein, sans anathème, de part et d'autres. Il me semble qu'à ce stade, à l'Assemblée, c'est le cas.

Toutefois, je trouve que le sujet a été très mal amené par les médias, les politiques, la société en général. Déjà par le vocabulaire. Il y a deux choses qui me désolent beaucoup dans ce débat public.

Le premier point concerne la dignité. Une association qui milite pour l'euthanasie en a même fait son nom de baptême : elle réclame le droit de mourir dans la dignité. Pour moi, c'est une horreur, cela signifierait que des personnes auraient perdu leur dignité du fait de leur état de santé, de leur situation de handicap, de faiblesse. Non ! La dignité est intrinsèque à l'humain. Nous tous, aussi diminués que nous soyons, restons dignes, dignes de vivre comme dignes de mourir, ou plutôt, dignes de mourir avec dignité. La dignité ne se perd pas avec son état de santé.

Le second point est le supposé progrès sociétal, la supposée avancée sociétale que constituerait l'euthanasie. Eh bien non, je ne considère pas que tout ce qui est nouveau soit une avancée. C'est parfois une régression. Transgresser l'interdiction de tuer est pour moi un retour en arrière monstrueux. Mais cependant, je peux l'entendre et comprendre que sincèrement, certains croient à un tel progrès, parce qu'ils auraient gagné une liberté en plus, un droit en plus, de manière strictement individuelle (qui ne devrait pas gêner les autres, c'est ce côté-là qui me gêne, car c'est une erreur de dire cela, j'y reviendrai plus loin). Il faut même l'entendre comme une stratégie mûrement réfléchie des promoteurs de l'euthanasie. Que disent-ils aujourd'hui ? Ils souhaitent que la loi définisse le plus de restrictions possible, dans les conditions d'application, etc. car leur objectif est qu'une loi sur l'euthanasie soit adoptée, quelle qu'elle soit. Car ils savent bien que dans un deuxième temps, une fois le pied dans la porte, on pourra toujours réviser la loi et assouplir ces conditions. Cela s'est passé dans tous les pays qui ont légiféré et par conséquent, l'argument selon lequel l'euthanasie sera appliquée dans un cadre très strict et rigoureux est purement du pipeau. Ce sera assoupli dès la prochaine occasion.


J'en viens aux arguments, maintenant.

La question est de lutter contre la souffrance, pas en tuant celui qui souffre mais en tuant la souffrance. Pour 99% des cas, la médecine est capable de le faire. Il faut donc s'appesantir à généraliser les soins palliatifs, qui sont un droit de chaque patient. Pour le 1% restant (je donne une proportion estimée seulement), le patient peut être réfractaire aux traitements de la souffrance. Il se peut qu'il souhaite tout arrêter. La sédation profonde et continue peut alors être la solution. Elle est possible, mais il faut appliquer la loi déjà existante. Et ce n'est pas une hypocrisie, je le répète. Cette loi était consensuelle, c'est-à-dire qu'elle a su rassembler la quasi-totalité de la classe politique en 2016, parce qu'elle a été rédigée avec une extrême prudence dans un climat constructif et serein.

En quoi le principe de l'euthanasie serait une catastrophe collective ?

Comme je l'ai signalé plus haut, les conditions d'application d'une telle loi évolueraient vers un assouplissement continu et ferait passer d'une exception vers une généralisation, vers un élargissement des possibilités d'application. L'une des meilleures preuves est l'extension en Belgique de son application : aux enfants (sans condition d'âge) et à ceux qui souffrent de pathologies psychologiques ou mentales. En d'autre terme, on a déjà euthanasié en Belgique des personnes en dépression. Or, la dépression conduit le patient à des envies suicidaires. La loi doit au contraire prévenir ces suicides et pas les encourager.
 

Plus généralement, les conditions de la volonté d'euthanasie seraient mises à rude épreuve et la protection des plus faibles, des plus vulnérables serait mise à mal par une telle loi. Comment empêcherait-on alors des héritiers d'accélérer le processus ? Ou même comment empêcher la pression sociale qui deviendrait de plus en plus forte sur une personne âgée qui se sentirait de plus en plus inutile et qui se verrait un poids pour ses enfants alors qu'elle mérite toute sa place dans la société et que personne n'y est inutile ? Et les personnes vulnérables sont nombreuses : les personnes malades, les personnes âgées, les personnes en situation de handicap, et on pourrait même poursuivre la liste selon une supposée utilité sociale, dans un cadre tout à fait naturel mais odieux d'eugénisme.

Reparlons de dignité. Si la solution à une pathologie, à une situation extrême, devenait l'euthanasie, comme pourraient réagir tous les aidants, les proches, les soignants (ils sont plusieurs millions) qui se battent chaque jour, parfois chaque minute à accompagner une personne en perte d'autonomie ? Cela réduirait le sens même de leur action, cela pourrait les décourager alors que ce qui compte, avant tout, c'est cet accompagnement humain.
 

Et puis, il y a aussi l'intérêt économique de la société. J'ai lu que les coûts les plus élevés de la sécurité sociale, sont dépensés les six derniers mois d'une vie. Il suffirait d'euthanasier une personne six mois avant sa mort naturelle pour réduire drastiquement les dépenses sociales. Bien sûr, ne connaissant pas la date de la mort naturelle, on se garderait bien de défier ainsi la mort, mais il ne faut pas nier la pression qui serait de plus en plus forte pour réduire les dépenses de santé en encourageant l'euthanasie. Aujourd'hui, on dit à grands cris qu'il n'en est pas question : dans cinq ans, dans dix ans, qu'en sera-t-il ? "Soleil vert", pour les amateurs de vieux films (qui a assez mal vieilli).

Enfin, il y aurait une conséquence collective très importante si l'euthanasie devenait une pratique comme une autre. J'évoquais le faux argument du progrès social. Ce serait même le contraire : dans ce cas, il n'y aurait plus de progrès médical. Car si les patients étaient euthanasiés avant même qu'on tente de les guérir, il n'y aurait plus de progrès médical possible. Car une pathologie inguérissable se définit dans le temps et lorsqu'on voit les progrès de la médecine depuis les vingt dernières années, on a de quoi être optimiste. On a augmenté le pourcentage de guérison de plusieurs cancers qui ne sont plus systématiquement des synonymes de mort assurée comme auparavant (hélas, ce n'est pas le cas pour tous les cancers). La mort prématurée des patients empêcheraient toute possibilité d'innovation dans leurs traitements médicaux.

Donc, je résume ma réflexion générale ainsi. Premièrement, tout doit être focalisé sur le traitement de la souffrance, par quelque moyen que ce soit. Deuxièmement, il existe une solution ultime pour tous les réfractaires à la douleur, l'application de la loi Claeys-Leonetti. Troisièmement, un droit individuel pourrait avoir des répercussions désastreuses, à moyen terme, sur les personnes les plus vulnérables. Quatrièmement, loin d'être une avancée sociétale, ce serait une régression dans la recherche de nouveaux traitements. Parce que ce serait beaucoup moins cher d'encourager l'euthanasie que de poursuivre des recherches médicales très poussées et donc très coûteuses. Enfin, cinquièmement, la transgression inscrite dans la loi de l'interdiction de tuer aurait nécessairement des conséquences graves et irréversibles, de type eugénique, dans une société de plus en plus individualiste.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (20 mai 2025)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Euthanasie 2025 (1) : quelle société humaine voulons-nous ?
Euthanasie 2024 (3) : les ultras dicteront-ils leur loi au gouvernement ?
Euthanasie : Robert Badinter, Ana Estrada et l'exemple péruvien ?
Euthanasie 2024 (2) : le projet Vautrin adopté au conseil des ministres du 10 avril 2024.
Euthanasie 2024 (1) : l'agenda désolant du Président Macron.
Robert Badinter sur l'euthanasie.
Le pape François sur l'euthanasie.
Fin de vie 2023 (4) : la mystification d'un supposé "modèle français" de la fin de vie.


Discours du Président Emmanuel Macron recevant la Convention citoyenne sur la fin de vie le 3 avril 2023 à l'Élysée (texte intégral).
Communiqué de l'Ordre des médecins sur la fin de vie publié le 1er avril 2023 (texte intégral).
Avis n°139 du CCNE sur les questions éthiques relatives aux situations de fin de vie publié le 13 septembre 2022 (à télécharger).
Rapport n°1021 de la mission d'évaluation de la loi Claeys-Leonetti publié par l'Assemblée Nationale le 29 mars 2023 (à télécharger).
Rapport de la Convention citoyenne sur la fin de vie publié le 2 avril 2023 (à télécharger).
Fin de vie 2023 (3) : conclusions sans surprise de la Convention citoyenne.
Fin de vie 2023 (2) : méthodologie douteuse.
Fin de vie 2023 (1) : attention danger !
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La politisation du CCNE (16 décembre 2013).
Tribune de Michel Houellebecq dans "Le Figaro" du 5 avril 2021.
Tribune de Michel Houellebecq dans "Le Monde" du 12 juillet 2019.
Les nouvelles directives anticipées depuis le 6 août 2016.
Réglementation sur la procédure collégiale (décret n°2016-1066 du 3 août 2016).
La loi Claeys-Leonetti du 2 février 2016.
La loi Leonetti du 22 avril 2005.


 

 



20 réactions


  • Je remercie l’auteur pour son article. Il a réussi à analyser brillament la situation et mettre en exergue tous les problèmes qui pourraient survenir. Il a trouvé les mots justes pour dresser ses brillantes conclusions. Handicapé et malade, je n’ai jamais réussi à exprimer ce que je ressens face à l’euthanasie ou le suicide assisté. 

    Je n’ai pas envie que la France suive l’exemple de la Belgique. Il y a beaucoup trop de risques de dérives. 


    • Fergus Fergus 22 mai 11:21

      Bonjour, Giuseppe di Bella di Santa Sofia

      S’il y a des dérives en Belgique (et aux Pays-Bas), il n’y en a pas en Suisse !
      Tout est dans le texte qui sera voté. A l’évidence, il faudra des garde-fous. Mais rien ne justifie de rejeter cette loi avant d’en connaître le contenu !

      J’ajoute que ne pas voter de loi sur le suicide assisté revient à faire perdurer une grave discrimination entre nos compatriotes aisés qui pourront toujours abréger leurs souffrances en passant une frontière et nos compatriotes modestes ou pauvres qui devront subir jusqu’au bout l’atroce déroulement d’une maladie invalidante caractérisée par d’insupportables souffrances !


    • Bonjour @Fergus,

      Je connais mieux la situation en Belgique car j’ai vécu dans ce pays et je suis également citoyen belge. Lorsque j’étais chroniqueur au Nouvel Obs, entre 2012 et 2015, j’ai voulu aborder les dérives graves concernant le suicide assisté et l’euthansie en Belgique. Ma chronique a été refusée : « Il ne faut pas aborder ce sujet de cette façon, tu vas effrayer les gens ». J’évoquais des cas où le suicide assisté ou l’euthanasie étaient pratiqués sur des personnes qui n’étaient pas en situation de fin de vie ou de maladie incurable. Il s’agissait de personnes souffrant de troubles psychologiques.

      Un cas m’avait beaucoup marqué : celui d’un homme de 44 ans qui a été euthanasié après un changement de sexe. Il trouvait sa « poitrine trop forte » et son « pénis trop petit ». Sans oublier les cas où les personnes ont des complexes leur apparence et ont donc une souffrance psychologique car elles sont obèses ou se trouvent « moches ». Ce sont des dérives graves.

      Récemment, un détenu septuagénaire a demandé l’euthanasie car la prison représente une souffrance psychologique. 

      Quid des personnes âgées qui sont à la charge de leurs enfants et qui souhaiteraient mettre fin au « fardeau financier » qu’elles représentent ? 

      Vous avez raison, il faut attendre de voir le texte de loi qui sera proposé. Mais rien ne peut exclure une évolution inquiétante, comme ce fut le cas en Belgique. 


    • Fergus Fergus 22 mai 11:55

      @ Giuseppe di Bella di Santa Sofia

      « Quid des personnes âgées qui sont à la charge de leurs enfants et qui souhaiteraient mettre fin au « fardeau financier » qu’elles représentent ? »
      Mais ces personnes ne pourraient être éligibles au suicide assisté, et a fortiori à une euthanasie (cas par exemple d’état végétatif irréversible), que si leur état est dûment constaté par un collège dédié de médecins ou de personnels de santé !
      Evitons d’alimenter les fantasmes !


    • Seth 22 mai 14:39

      @Giuseppe di Bella di Santa Sofia

      Ainsi vous êtes choqué par le fait que des gens aient pour des raisons diverses et de leur propre volonté éclairée envie de mettre fin à leurs jours.

      Préfèreriez vous qu’il s’infligent eux-mêmes les souffrances d’un « suicide maison » ?  smiley

      Tout esprit éclairé doit avoir le droit de choisir sa mort au moment où il le souhaite, c’est une ultime liberté que je trouve inhumain de lui refuser.

      Et je ne suis pas choqué par les exemples cités dans cet article. Qui êtes vous pour juger de leur décision ?


  • Fergus Fergus 22 mai 11:15

    A la question posée en titre, la réponse est simple :

    Une société compassionnelle  !

    Une société qui laisse à chacun le droit d’abréger son existence en cas de maladie incurable et de souffrances réfractaires lorsque cette pathologie expose le malade à de longs mois de lente et atroce agonie dans la déchéance physique.

    Une société qui accorde aux humains ce que lesdits humains estiment légitime pour leurs animaux domestiques !!! A quel titre un animal devrait-il bénéficier d’une compassion que l’on dénierait à un homme ou une femme ?


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 22 mai 11:52

      @Fergus
       
       ’’A la question posée en titre, la réponse est simple :

      Une société compassionnelle  ! ’’

      >

      Non ! Je ne veux pas d’une société compassionnelle, je veux une société de droits, les mêmes pour tous, sans exclusions ni privilèges légaux qui seraient de fait, illégaux.

       

       La République compassionnelle. — Michel Richard, Grasset, Paris, 2006.
      « Un pamphlet dénonçant la manière dont la prétention à l’humanité, la bonté, la charité, la compassion, a défiguré la politique- ses choix, ses risques, ses enjeux. Notre République se soucie désormais moins de la chose publique que de la gestion publique de la chose privée : société lacrymale avancée dont les gouvernants sont devenus les aumôniers. Grands ordonnateurs des pompes doloristes, ils courent au devant des malheurs : moins ils sont responsables, plus il leur faut se mobiliser ! Parades émotionnelles, armes de déploration massive, tout conduit à la surenchère dans la compétition victimaire du côté des gouvernés et dans la compétition compassionnelle du côté des gouvernants. A défaut de pouvoir accorder à tous l’envié statut de la fonction publique, l’Etat ne se montre pas chiche pour concéder celui de l’affliction publique. Nous voici de plain-pied dans la démocratie d’émotion, grimace de la démocratie d’opinion, elle-même grimace de la démocratie représentative. Demain, une démocratie de la niaiserie, en attendant celle du gâtisme ? »


    • @Fergus

      « Une société qui laisse à chacun le droit d’abréger son existence en cas de maladie incurable et de souffrances réfractaires lorsque cette pathologie expose le malade à de longs mois de lente et atroce agonie dans la déchéance physique. »


      Je suis tout à fait d’accord avec vous sur ce point. Mais, hélas, rien ne peut garantir que la loi ne puisse pas évoluer de façon inquiétante.




    • Fergus Fergus 22 mai 13:24

      Bonjour, Francis, agnotologue

      Le droit peut être guidé par la compassion.
      Le droit admet de facto des cas particuliers.


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 22 mai 15:25

      @Fergus

      Bonjour,

      ’’Le droit peut être guidé par la compassion.’’

      >

      J’ai dit le contraire ?

      Mais pour cela, il faut un législateur compassionnel. Y en a-t-il ?


  • Fergus Fergus 22 mai 11:44

    Bonjour, l’auteur

    Vous donnez dans une manipulation indigne en amalgamant sans cesse l’euthanasie (la mort donnée par un tiers) et le suicide assisté (le patient s’administre lui-même le produit létal), ce qui est parfaitement malhonnête !


    • Fergus Fergus 22 mai 11:51

      Lorsque vous écrivez « Dans la sédation profonde et continue, le fait de ne plus se nourrir ou de ne plus s’hydrater n’a pas beaucoup d’importance puisque le patient ne souffre pas », vous niez le fait que l’euthanasie est de facto déjà présente dans la loi Claeys-Léonetti, ce que vous refusez d’admettre, précisément en raison de cette « hypocrisie » qui vous anime.

      Car, de fait, il n’y a pas de différence au plan juridique du droit pénal entre tuer par inanition en quelques jours et tuer par injection létale à effet immédiat (excepté la grande souffrance des proches dans le premier cas). 

      L« escroquerie intellectuelle » est de votre côté !


    • Seth 22 mai 14:43

      @Fergus

      Le fait de sédater à mort, tout comme un coma profond n’est pas synonyme d’inanition puisqu’on sait fournir les éléments indispensables à la vie sous une autre forme que des entrecôtes.

      Du reste en sortant d’un coma, on a beaucoup de mal à se remettre à ingurgiter.


    • Fergus Fergus 22 mai 17:36

      Bonjour, Seth

      Le coma profond de certains patients n’a rien à voir avec le processus de « sédation profonde et continue » : dans le premier cas, les malades sont effectivement alimentés par voie de perfusion, dans le second on cesse d’administrer tout nutriment jusqu’à ce que mort s’ensuive ! 


  • ETTORE ETTORE 22 mai 11:59

    C’est vrai Rakoto, la question de pose vraiment...

    Le suicide, bah ma foi, une fois qu’il est commandité par un chef d’état piteux, il se transforme en granit de monument funéraire, tout au plus anonyme, pour ne froisser aucun os, qui ne serait pas de la même moelle, que celle nationale.

    Et si un pue-pitre, devait se tenir, un jour raide, aux cérémonie de la gerbe inclinée, il vaut mieux que l’« anonymat règne, pour ne pas déteindre sur la belle » inclusion « en cours de vermifuge .

    Une fois éliminé les forces vives et, repro-duc-tives, reste les vieux, les malades, les handicapés, les intelligents, qu’il faut bien ex-écuter, soit par des seringues, soit comme expérimenté sur les terrains d’essais en cours, à coup de bombes, sales dans leur état, mais propres dans leur devenir....Surtout, quand au loin, le son du désastre est étouffé, par les deux doigts engoncés dans les oreilles, mimant les bois de caribou, à nous faire des pieds de naze.

    Alors de quoi parlez vous Rakoto ?

    De quel »suicide« voulez vous nous parler ?

    D’une euthanasie enveloppée de papier d’Arménie , qui sent bon, même au régime de la flambée au crématoire du four ?

    De celle qui sert d’alibi, à ces gosses immatures, qui jouent avec les allumettes, et qui se prennent pour une Petite Fille grelotante, qui n’en as rien à gratter ?

    Etes vous sûr que votre question se pose sur les bonne bases, de tout ce qui fait l’environnement sécuritaire de cette société ?

    Et surtout, surtout, pensez vous que cette » avancée de fin de vie " soit à mettre dans les paluches décisionnelles, d’un individu omni-bullé par le macabre, et qui à des actions en n’Ombre, dans votre SCI d’enfouissement ?


  • Radix Radix 22 mai 12:01

    Bonjour Sylvain

    Que vous refusiez le suicide assisté pour vous-même, je le comprend parfaitement.

    Que vous refusiez ce droit pour les autres est assez égoïste, chacun est libre de. ses choix.

    C’est l’ultime liberté qui nous reste à la fin de notre vie et nul ne peut me l’interdire au nom de convictions religieuses que je ne partage pas !

    Car c’est bien là le nœud du problème !

    Radix


  • charlyposte charlyposte 22 mai 12:09

    Je propose avant le pire celui de se tirer une balle dans le pied smiley


    • Seth 22 mai 14:46

      @charlyposte

      Mauvaise idée : on n’en mourra pas et, défiguré du pied, on ne pourra plus se promener dans le plus simple appareil chez les tounus au Porge sans mettre un cache-misère.  smiley


    • charlyposte charlyposte 22 mai 15:48

      @Seth
      OK...et pourquoi pas opter pour une balle perdue ou une petite roulette Russe pendant l’apéro !


    • Seth 22 mai 15:49

      @charlyposte

      Ça serait bien plus distrayant !  smiley


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