La sécurité dans les transports en commun en question
C’est sur fond de violences commises dans le T.E.R. « Nice Marseille Lyon » et sur la ligne « D » du R.E.R. « Melun Paris » que le Ministre de l’Intérieur allait devoir s’exprimer sur les dossiers brûlants de la sécurité intérieure.
Bien sur, il est nécessaire de renforcer la sécurité des voyageurs dans les transports en commun, ainsi qu’à bord de tous les trains de la S.N.C.F. Nicolas Sarkozy, qui, en tant que Président de l’U.M.P., s’est déclaré favorable à la création d’une loi « sur le service minimum garanti dans tous les transports en commun sans exception », en est plus que convaincu. Selon ses dires, « la délinquance dans les transports publics de la région parisienne a bondi de plus de 30 % au cours des deux années antérieures ». Face à cet amer constat dressé par le Ministre de l’Intérieur lors de ses vœux à la Presse, il est plus que temps d’agir : « l’augmentation des effectifs de police et de gendarmerie, notamment à bord de tous les trains de la S.N.C.F., grâce à la création d’un Service unifié de sécurité des Transports en Île de France »[1], promet-il.
Cependant, cette mesure de bon sens ne devrait pas faire oublier que « trop de politique de rentabilité nuit à la rentabilité elle-même ».
Malheureusement, les faits parlent d’eux-mêmes, puisque l’insécurité dans les T.E.R. s’est trouvée illustrée par des évènements survenus le 1er janvier 2006 à bord du T.E.R. « Nice Marseille Lyon » : le principal accusé était, semble-t-il, un billet « spécial réveillon de la Saint Sylvestre » royalement offert à tous les fêtards contre le paiement de la modique somme de 1,20 € par le Conseil régional de la Région P.A.C.A., sans aucune concertation avec les agents de la S.N.C.F. La réponse du Premier Policier de France ne s’est pas fait attendre : « Une police ferroviaire sera donc créée cette année. Elle sera animée par la Direction centrale de la Police aux Frontières et sera forte, d’ici novembre 2006, d’un total de 2500 fonctionnaires et militaires de la Gendarmerie nationale », assurait-il.
Au-delà de ce sentiment d’insécurité, cette lamentable affaire du T.E.R. « Nice Marseille Lyon » semble démontrer que le transfert des compétences en matière de transport ferroviaire ou routier vers les régions semble être l’erreur politique majeure qu’il ne fallait surtout pas commettre. Comment peut-on prôner le renforcement de la sécurité des voyageurs à bord des trains, aussi bien sur les grandes lignes que sur les lignes des T.E.R., alors que dans ce même temps, l’Etat se désengage de plus en plus de toutes ses responsabilités, ce, dans tous les domaines, au nom d’une désastreuse politique de décentralisation ?[2]
La région parisienne elle-même n’était pas épargnée par ce déplorable transfert de compétences de l’Etat vers le Conseil Régional d’Ile-de-France voulu et initié par le Gouvernement Raffarin[3]. Dans l’après midi du samedi 7 janvier 2006, sur la Ligne ‘’D’’ du R.E.R. exploitée sur le trajet « Paris Melun » par la S.N.C.F., des voyageurs étaient rançonnés, rackettés, molestés par une bande de voyous qui leur avaient volé des objets.
Ces faits se sont déroulés en plein jour... Cependant, est-il normal que des gares des banlieues parisiennes soient fermées dès 20 heures jusqu’à la fin du service, alors que les trains, eux, continuent de circuler ?[4]
Venu à la rencontre des usagers de cette Ligne ‘’D’’ du R.E.R., Louis Gallois, Président de la S.N.C.F., promettait le recrutement de 50 agents supplémentaires pour 2006, alors que les effectifs des agents de surveillance avaient, eux, augmenté de 900 personnes en dix ans !
Mais alors que ce service de surveillance est le seul service à n’avoir pas connu de réduction de personnel, comment se fait-il que la politique de la S.N.C.F. soit uniquement axée sur une baisse constante de ses effectifs ?[5]
Pour que tous les voyageurs de la S.N.C.F. se sentent réellement en sécurité, il ne suffit pas de créer une police ferroviaire ! Des mesures de bon sens en termes de rentabilité, d’humanisation et de sûreté s’imposent :
- Une présence humaine constante doit être assurée dans toutes les gares de banlieues parisiennes desservies par la S.N.C.F. et la S.N.C.F./R.E.R., notamment en les laissant ouvertes du début jusqu’à la fin du service ;
- Sur toutes les grandes lignes T.G.V., Corail et Corail « TEOZ », ainsi que sur toutes les lignes T.E.R., des pré contrôles de billets doivent être systématiquement effectués par des contrôleurs avant tout embarquement à bord d’un train en partance ;
- Dans toutes les gares desservies par les lignes régionales (T.E.R.) et les grandes lignes (T.G.V., Corail et Corail « TEOZ »), il faudrait que toute personne accompagnante paie son ticket de quai, qui coûtant 0,50 €uros[6], serait obligatoire pour accéder aux quais ;
- Des porteurs officiels pourraient être de nouveau massivement recrutés dans les gares de grandes lignes[7] pour assurer, à la demande des voyageurs qui le désireraient, le transport de leurs bagages ;
- Dans toutes les gares sans exception, il faudrait privilégier la création de guichets supplémentaires ;
- Il faudrait réintroduire obligatoirement à bord des trains grande ligne Corail et Corail « TEOZ » les voitures bar qui existaient auparavant.
Mais la mesure la plus significative, ne consisterait-elle pas à demander à l’Etat que les Régions rendent à la S.N.C.F. ses compétences qui, normalement, sont de son seul ressort ? Une décentralisation réussie, ne serait-elle pas la base d’une politique de concertation menée entre tous les acteurs des transports ferroviaires et tous les élus régionaux ?[8]
[1] Ce service, qui est fort de 1200 hommes et femmes, existe également, depuis l’année 2005, à Lyon, Lille et Marseille.
[2] Cf. « Société », AGORAVOX, LE JOURNAL CITOYEN du vendredi 6 janvier 2006 : Dominique Dutilloy in : « Attention : un train peut cacher des agresseurs ».
[3] Depuis cette réforme, les lignes de métro, de tram, de R.E.R. et de Bus dépendant de la Régie Autonome des Transports Parisiens (R.A.T.P.), les lignes de banlieue parisienne (« Transilien ») et du R.E.R. dépendant de la S.N.C.F., ainsi que quelques transports en communs publics dépendant de villes de banlieue, sont gérées par le Conseil Régional d’Ile de France via le Syndicat des Transports d’Ile-de-France (S.T.I.F.).
[4] Cf. « Société », AGORAVOX, LE JOURNAL CITOYEN du vendredi 6 janvier 2006 : Dominique Dutilloy in : « Attention : un train peut cacher des agresseurs ».
[5] Cf. « Société », AGORAVOX, LE JOURNAL CITOYEN du vendredi 6 janvier 2006 : Dominique Dutilloy in : « Attention : un train peut cacher des agresseurs ».
[6] Cf. « Société », AGORAVOX, LE JOURNAL CITOYEN du vendredi 6 janvier 2006 : Dominique Dutilloy in : « Attention : un train peut cacher des agresseurs ». Dans cet article, nous avions suggéré que la somme soit égale à 0,15 €uros : mais, nous pensons que la somme de 0,50 €uros est plus « dissuasive » que celle de 0,15 €uros.
[7] Ces porteurs existaient déjà il y a quelques années ! Ils ont été remplacés par des caddies mis à la disposition de voyageurs contre l’introduction d’une pièce de monnaie remboursable après usage.
[8] Cf. « Société », AGORAVOX, LE JOURNAL CITOYEN du vendredi 6 janvier 2006 : Dominique Dutilloy in : « Attention : un train peut cacher des agresseurs ».