samedi 19 mai 2012 - par Caroline Courson

Le couple version Titanic : mirages, ravages, naufrage...

"Ne vous fiez pas aux couples qui se tiennent par la main : s'ils ne se lâchent pas, c'est parce qu'ils ont peur de s'entretuer."

Groucho Marx

Même mes jeunes amis aux idées libertaires les plus avancées, sans cracher pour autant sur toutes les blagues boulevardières servies à profusion sur les réseaux sociaux, frémissent, rougissent, pâlissent à la seule évocation du mot « adultère ». Il faut avouer qu’il est des mots qu’on peut penser, mais ne pas dire en société, comme le chantait un grand philosophe des seventies qui ne dédaignait pas non plus d’exhiber son postérieur à toute la France gaullienne – c’est dire s’il était iconoclaste !

Alors, que révéler de nouveau sur ce sacro-saint couple qui fait couler tant d’encre, de sueur, de bile et de larmes ( je n’irai pas plus loin dans l’évocation de ses diverses sécrétions corporelles) ?

 Commençons par l’origine de son monde, à savoir son étymologie : du latin « copulare », c’est clair et je ne vous fais pas, à dessein, de dessin plus précis…

 Mais chacun sait que le mariage n’existe plus, sauf sur TF1 qui fait des cartons d’audimat au bénéfice de Coca-Cola en exhibant des postulantes de tous âges au titre suprême, s’affrontant sans vergogne et sans aménité aucune dans l’exercice intitulé « c’est moi qui ai le mieux réussi le plus beau jour de ma vie », quelle merveilleuse consolation pour celle qui vient de se faire prendre dans un piège pervers n’ayant rien à envier à la tapette à souris version Hooker avant l’intervention de PETA ! Récompense : un « voyage de noces » idyllique aux îles Caïman (rien que l’idée d’une lune de miel dans un pays au nom de crocodile me ferait frémir de terreur !).

On lui a inventé de nouveaux ersatz, méthadones inoffensives de la félicité nuptiale décomplexée : union libre, PACS, alliance gay ou lesbienne… Et aussi des substituts anti-routine vieux comme le monde : triolisme, échangisme, fétichisme, sadomasochisme, transformisme… Mais tout cela ne change rien ! Le couple reste la référence sociale suprême, et son but la création d’une famille (dont nous avons osé écrire dernièrement qu’elle était une cellule de destruction massive). Quant à l’image du couple modèle, idéal, parfait, le « beau » couple regardé avec béate admiration, elle fait encore de multiples ravages dans la publicité, les magazines people et le cœur des ados (parfois attardées, oui féminin pluriel, hélas !) qui bavent d’envie devant la ribambelle de rejetons fabriqués ou choisis par le blockbuster monogamique Brad Pitt/Angelina Jolie.

Donc le couple reste, cela semble évident mais ne l’est pas tant que cela, la machine à produire et à faire perdurer un clan, toujours défini, appelé, identifié par le nom du père – et si mes rares amies qui ont osé s’opposer à cette tradition séculaire autant que sécuritaire n’ont pas été pléthore dans les bureaux de l’Etat Civil, je ne les en admire que plus !

Mais non, nous rétorquera le chantre de la médiocrité télévisuelle du samedi soir après l’turbin et du p’tit bonhomme en mousse, le but avoué du couple c’est l’AAAmour, avec un triple A que les agences de notation ne sont pas près de dégrader. C’est beau, l’aveuglement total et la croyance absolue en la tradition Valentinienne dégoulinant de bons sentiments aussi écoeurants qu’une overdose de fraises Tagada ! Dommage, dommage, mais ça n’existe pas, désolée de casser un mythe pas si millénaire qu’on pourrait le croire…

Sachez que mon professeur de littérature médiévale à La Sorbonne commençait chaque année son cours aux étudiants débutants par cette interpellation « Mesdemoiselles, Messieurs, l’amour, cette invention du XIIème siècle … », sûr qu’il était d’un choc inattendu sur nos esprits désespérément romantiques et lamentablement dévoyés par les studios Disney, en reprenant cette phrase de l’historien Seignobos, réactualisée ensuite par la prolifique et nobelisable Joyce Carol Oates. Eh oui, avant le XIIème siècle, point d’amour connu entre hommes et femmes, ça fait quand même un sacré tsunami culturel !

Adam et Eve, Samson et Dalila,, Judith et Holopherne, Antoine et Cléopâtre, pfff ! Intérêt, sexe, pouvoir ou reproduction, mais point d’amour… Ne parlons pas non plus de Phèdre, ni d’Andromaque, ni même de Bérénice, pures inventions d’auteurs du XVIIème (siècle, pas arrondissement) visiblement obsédés par des tragédies toujours annoncées, mais jamais étayées par une quelconque preuve historique. Conclusion : le couple amoureux n’a que neuf cents petites années d’existence sur les cinq millions écoulés depuis l’apparition de l’Australopithèque, comment voulez-vous qu’on le prenne au sérieux ?

Nous avons donc une expérience très limitée en la matière, si j’ose dire, et tout reste à inventer, ouf ! – parce que jusqu’à maintenant, c’est loin d’être brillant ! On s’attire – simple réaction chimique - on s’attache et on s’abandonne (n’est-ce-pas, charmant Christophe Maé qui, après tant d’autres, en avez fait votre fonds musical d’ agitateur adulé de fan(e)s en délire), on se cache et on fusionne, on se contorsionne, on s’emprisonne, on se contusionne de blessures narcissiques, puis on s’empoisonne à mort et en définitive…

Alors, les filles, arrêtez le massacre ! Ayez des enfants, transmettez-leur votre matronyme, et faites mentir Sigmund – il bénéficia seulement des 83 ans de sa propre vie pour se concocter un savoir matrimonial digne de ce nom, et il les employa à culbuter sa belle-sœur sur tous les divans qui passaient par hasard à sa portée, pas très sérieux pour s’ériger en juge et en théoricien d’une relation d’origine prétendument tellurique !

 Réinventez le couple matriciel et le culte de la déesse-mère, qui assurait seule la reproduction de la race. Lorsque le mâle prit conscience de son rôle de géniteur et de père pouvant devenir dominant, il n’eut de cesse que de s’approprier la femme qui, de mère libre, passa au statut d’« épouse » et de servante, d’esclave sexuelle en perpétuel contrôle. L’ère du couple patriarcal est terminée, l’unité fusionnelle, à l’instar de La guerre de Troie, n’aura pas lieu. Il ne s’agit pas d’amour, la démonstration fut faite, alors n’apportez pas dans la corbeille de « copulation » la recherche inconsciente de vos manques et la compensation de vos faiblesses.

 Le besoin de l’autre ne correspond qu’à une blessure initiale, primale, remontant à la côte d’Adam et à l’éviction du jardin d’Eden. Si l’on ne se remet jamais vraiment de la nostalgie du paradis perdu, ce n’est pas une raison pour le rechercher dans le premier bellâtre venu, et d’avoir pour lui les yeux d’une Chimène qui se moquerait comme d’une guigne de la vie de son papa, beaucoup trop prétentieux au demeurant pour être regretté.

Notre société est malade d’un déséquilibre entre les polarités masculines et féminines : trop de rationnel, trop de combats, trop d’argent, trop de puissance et d’avidité de pouvoir. Ramenez ce monde à la fluidité, l’intuition, la douceur, la tendresse, la délicatesse. Privilégiez la pulsion de vie d’ Eros par rapport à Thanatos, cessez toute complicité avec la destruction et la mort.

 Si douce était la vie en Crète, au temps de la Grande déesse minoenne, tournée vers la nature, le culte de la végétation et des animaux pacifiques ! Même son régime alimentaire est donné en exemple : envoyez se rhabiller ce cher docteur Dukan qui veut vous gaver de minables protéines de chairs en décomposition pour vous rendre maigres à décoller les affiches de chez Mac Do rien qu’en les regardant, et convaincre les couturiers teutons misogynes que vous semblez anorexique à point pour exhiber vos os sur les podiums de l’Avenue Montaigne.

Gavez-vous d’aubergines, de tomates et d’oignon crus, de fromages de chèvre frais et de pain aux graines de sésame parsemé d’ un filet d’huile d’olive, laissez-vous tenter par les pâtisseries orientales, cheveux d’anges arachnéens et pâte amandine à la rose, et terminez par de blonds raisins séchés à la caresse du soleil grec : vous voilà prête à tenir le rôle qui vous est assigné de toute éternité.

Pardon, Elsa, mais je prends pour un sacré tordu celui qui a osé dire que la femme était l’avenir de l’homme ! Elle est elle-même son propre avenir, mais elle est surtout l’avenir du monde, et de la société tout entière…Dont acte : Mesdemoiselles, puisque vous fûtes récemment supprimées du vocabulaire de tous les formulaires administratifs, tirez-en les conclusions qui s’imposent.Cogitez-vous un état civil inédit, réinventez votre vie, existez quoi, il est grand temps !



39 réactions


  • Romain Desbois 19 mai 2012 09:25

    Merci Caroline, belle écriture au service de belles idées.

    Il est fini le temps où les filles mères étaient bannies ; la notion de bâtard à même quasiment disparue. Enfin au moins sous nos latitudes.

    La pression sociale sur la norme semble s’amoindrir, au point que les homosexuels aspirent à devenir enfin une minorité visible. Enfin sous nos latitudes.

    La seule liberté qui vaille est la liberté de choix.


    • Caroline Courson Caroline Courson 19 mai 2012 11:56

      Merci à vous, Romain .


       Il est vrai que les choses évoluent, mais pas assez à mon goût ...
      Et je ne résiste jamais au plaisir d’un peu de provoc’ pour faire bouger la société !

      Pour info, je viens de retrouver avec étonnement quelques idées similaires dans le livre d’Aldo Naouri très mal intitulé « Les belles-mères, les beaux-pères, leurs brus et leurs gendres », et qui est en fait une étude psycho- sémantico-anthropologique sur le couple absolument passionnante (Odile Jacob, 2011).

  • Georges Yang 19 mai 2012 10:34

    Un couple réussi, toujours un nombre impair !


  • herbe herbe 19 mai 2012 13:55

    Merci Caroline !


    Pouvez vous juste me donner un indice qui pourrait me pousser à reprendre espoir :

    Il se pourrait qu’ici vous prêchiez des convaincus(c’est probable) mais votre discours trouve t-il écho auprès de votre entorage dans la vie réelle ?

    • herbe herbe 19 mai 2012 16:10

      « entourage » !


    • Caroline Courson Caroline Courson 20 mai 2012 14:25

      Je pense, Herbe, que l’indice que vous recherchez est déjà dans votre pseudo ! Si vous ne vous référez pas déjà à « Feuilles d’herbe », je vous conseille de lire Whitman, vous comprendrez l’essentiel à la lecture de ses poèmes...


      Pour l’espoir attendu, il y a la littérature, l’écriture, la culture en général et dans les divers sens du terme.

       En ce qui concerne l’écho, rien de positif dans mon entourage, plutôt un rejet massif, mais je suis et reste libre, c’est ce qui importe au-delà de tout !

      Et merci à vous.

    • herbe herbe 20 mai 2012 15:30

      Bonjour Caroline,


      merci beaucoup pour ce retour et pour cette excellente recommandation que j’ajoute à ma liste « A découvrir d’urgence » (et pourquoi pas l’ajouter à mes références)

      Je constate que nous avons des goûts communs en matière de certaines sources d’inspiration, la cerise sur le gâteau est l’échange ou lien positif avec autrui.

      Au delà de notre identité constituée et solidement nourrie et basée sur cette si importante liberté, je vous (nous) souhaite des échanges fructueux avec l’entourage sur le schéma de l’identité relation ( découvert chez feu Edouard Glissant : (poète lui aussi) )

      Bien cordialement

  • easy easy 19 mai 2012 14:45

    Je suppose que vous prônez le désencadrement des relations afin de vous ouvrir et autoriser un terrain de chasse. Je suppose alors que tout en étant poussée par votre inconscient à explorer les gens afin de trouver quelque clef, vous n’avez pas encore mis la main dessus. 

    Lorsque vous l’aurez rencontrée, cette personne qui offrira à votre inconscient d’étudier, de revisiter votre enfance marquée par quelque noeud ou question du genre : m’enfin, pourquoi maman préfère sortir seule ; pourquoi préfère-t-elle ma soeur Louise ; papa me trouve-t-il belle ; pourquoi mon frère me déteste ? (Les réponses à ces questions très personnelles ne pouvant être livrées par le public, les mathématiques, le code civil, le mariage standardisé), lorsque vous la trouverez donc, vous ne l’aimerez pas, vous en serez passionnée et vous vous y attacherez définitivement. 
    Et ça durera jusqu’à votre mort.
    Car elle vous offrira certes le re-paysage de votre enfance mais elle ne pourra jamais répondre à la place de la personne qui vous avait installé le noeud originel. 

    Comme cette personne qui vous permettra d’étudier votre question primordiale sera votre meilleure clef sans qu’elle s’en rende compte, comme vous ne serez pas forcément la solution à sa propre quête, votre passion sera très probablement unilatérale et vous connaîtrez l’engagement sysiphéens en même temps que le supplice de Tantale. Vous ne jouirez plus -mais quelle jouissance !- qu’à vous voir mourir volontairement à petit feu, par passion incomparable, intransmissible, unique. C’est alors que vous vous sentirez entièrement singulière.




    • Caroline Courson Caroline Courson 20 mai 2012 10:52
      Cher Easy,

      Je ne prône rien du tout, je donne juste à lire et peut-être à penser ! En ce qui concerne le terrain de chasse, je crois avoir légèrement dépassé l’âge, et mes proies potentielles ont elles aussi atteint la date limite de péremption... Et je ne veux surtout « mettre la main » sur personne, que m’en gardent tous les dieux de l’Olympe !!!

      En ce qui concerne la psychanalyse, merci du conseil, j’ai déjà beaucoup donné.

      Vous êtes très gentil de me prédire un avenir mêlé de Sisyphe et de Tantale, ainsi qu’une passion ravageuse et mortelle, je l’attends de pied ferme. Après tout, ne faut-il pas imaginer Sisyphe heureux ? Pour Tantale, c’est moins sûr - mais je ferai avec...

  • armand armand 19 mai 2012 17:49

    Je préfère à la citation de votre prof de littérature médiévale, celle d’un philosophe qu’il doit bien connaître : « Eros, qui était un dieu pour les Anciens, est un problème pour les Modernes » (Denis de Rougement, Les Mythes de l’Amour...) Déformation musicale, en parcourant votre article, mes yeux s’arrêtent sur le vieux Siegmund, et je me figure, durant un instant, qu’il s’agit du frère et de l’amant de Sieglinde, sa soeur, et que votre papier est un plaidoyer pour l’inceste....
    Bon, plaisanteries mises à part, mon analyse ne rejoint pas la vôtre. Je trouve que les femmes prennent le mariage très au sérieux, plus au sérieux même que ne le faisaient leurs mères à l’époque de la liberté sesssuelllle. Seulement elles en multiplient les occasions, préférant aux adultères émoustillants et rarement fatals de la Belle Epoque une succession de maris.Effectivement, l’adultère est devenu un gros mot. Sans atteindre en France le degré extrême qu’il revêt aux USA où nombreux sont ceux et celles qui le placent au-dessus du meurtre dans l’échelle des crimes.
    D’ailleurs, la dépendance sentimentale qui a l’air de vous chiffonner n’est plus ce qu’elle a été. Car avant on reportait sur l’Autre tout un réseau de sentiments qui sont assurés désormais par les rapports plus proches avec les parents, avec les amis.
     Mais là où le bât blesse, c’est que faire des enfants... Et c’est là que le réac impénitent que je suis reviens à un vieux constat : la fondation d’une famille, et sa pérennité, ne devraient pas dépendre des aléas de ses appétances sexuelles.
    Et pour cela, désolé de ne pas être de votre avis, chère Caroline, mais il faut être deux, dans la bipolarité.
    Les adeptes de la Grande Déesse faisaient subir, et encourageaient à, la castration.... Cela vous inspire, ou votre matriarcat-en-devenir s’annonce-t-il comme une douce transformation... accompagné des voeux de toute une nouvelle race d’hommes dévirilisés, comme on en voit de plus en plus dans certains milieux ?


    • Romain Desbois 19 mai 2012 19:38

      On idéalise toujours le passé. Le passé de quelle époque d’ailleurs.

      Il fut un temps où le mariage était généralisé sans divorce possible (plus que le bouillon de 11 heures pour en finir) , où Monsieur vivait sa vie sexuelle dans les maisons closes par exemple.

      Quand à la virilité des hommes, il ya eu le dandysme et plus loin encore l’époque des hommes de cour, de l’aristocratie qui devaient se distinguer des « brutes des champs ».

      Aujourd’hui dans « certains milieux » l’on voit plus de mecs baraqués, très mâles que d’effiminés.


  • Loatse Loatse 20 mai 2012 01:55

    Bonjour caroline,

    J’aime beaucoup votre style d’écriture, bref vous lire est un plaisir qui toutefois m’amène au delà de la forme à etre en désaccord avec le fond de votre article..

    je vous cite :

    « Donc le couple reste, cela semble évident mais ne l’est pas tant que cela, la machine à produire et à faire perdurer un clan, toujours défini, appelé, identifié par le nom du père – »

    Nous avons la chance, nous femmes, de pouvoir sentir la vie croître en nous, puis de mettre au monde (aujourd’hui dans de bonnes conditions) le fruit de l’union, de l’amour entre ces deux êtres si différents et à la fois si semblables que sont les hommes et les femmes...

    Cette osmose, les hommes en seront toujours exclus.. physiologiquement parlant, les pères sont également privé du renforcement du lien entre l’enfant et la mère qui se produit lors de l’allaitement de celui ci...

    Les priver de transmettre à l’enfant une partie d’eux même à travers le don du nom de famille, c’est à mon avis, les réduire au rôle de simple géniteur, rôle que pourrait parfaitement satisfaire un donneur anonyme encore que l’anonymat soit dommageable à l’enfant...

    Cette transmission paternelle à travers le nom de famille, n’est pas là une manière de pallier au déséquilibre que la nature induit dans la reproduction humaine en privilégiant dés la conception le rapport entre la mère et l’enfant ? une juste compensation ?

    Quand au matriarcat, il n’est qu’à lire Hervé Bazin pour se convaincre que c’est la pire chose que l’on puisse souhaiter à un enfant...

    Bien entendu, le mariage existe encore... sous d’autres formes la plupart du temps, variables dans la durée selon les individus, leur histoire, leurs attentes... Des couples continuent à se former tous les jours pour diverses raisons.. mais la plupart ont en commun qu’ils s’affranchissent de la peur de l’échec en franchissant le pas qui les séparent de ceux qui pensent garder leur liberté en se privant d’aimer...

    certains pourtant, de peur de se perdre, de perdre leur identité, leur liberté résistent à cette aspiration toute naturelle au point de compenser la sensation de vide affectif qui s’en suit par d’autres douceurs telles que les patisseries orientales et autres nourritures qui apaiseront temporairement le corps mais ne nourriront point l’âme...


    Quand l’amour vous fait signe, suivez le.

    Bien que ses voies soient dures et rudes.

    Et quand ses ailes vous enveloppent, cédez-lui.

    Bien que la lame cachée parmi ses plumes puisse vous blesser.

    Et quand il vous parle, croyez en lui.

    Bien que sa voix puisse briser vos rêves comme le vent du nord dévaste vos jardins.

    Car de même que l’amour vous couronne, il doit vous crucifier.

    De même qu’il vous fait croître, il vous élague.

    De même qu’il s’élève à votre hauteur et caresse vos branches les plus délicates qui frémissent au soleil,

    Ainsi il descendra jusqu’à vos racines et secouera leur emprise à la terre.

    Comme des gerbes de blé, il vous rassemble en lui.

    Il vous bat pour vous mettre à nu.

    Il vous tamise pour vous libérer de votre écorce.

    Il vous broie jusqu’à la blancheur.

    Il vous pétrit jusqu’à vous rendre souple.

    Et alors il vous expose à son feu sacré, afin que vous puissiez devenir le pain sacré du festin sacré de Dieu.

    Toutes ces choses, l’amour l’accomplira sur vous afin que vous puissiez connaître les secrets de votre cœur, et par cette connaissance devenir une parcelle du cœur de la Vie.

    Mais si, dans votre appréhension, vous ne cherchez que la paix de l’amour et le plaisir de l’amour.

    Alors il vaut mieux couvrir votre nudité et quitter le champ où l’amour vous moissonne,

    Pour le monde sans saisons où vous rirez, mais point de tous vos rires, et vous pleurerez, mais point de toutes vos larmes.

    L’amour ne donne que de lui-même, et ne prend que de lui-même.

    L’amour ne possède pas, ni ne veut être possédé.

    Car l’amour suffit à l’amour....

    (khalil Gibran)


    • Caroline Courson Caroline Courson 20 mai 2012 10:45

      Chère Loatse,


      Vous ne fûtes certainement pas sans comprendre que mon article était volontairement (et de manière un peu humoristique !) très provocateur, sous-tendu par mon style personnel (que vous me dites aimer, et j’en suis très flattée) qui par nature l’est aussi...

       Ne me faites donc pas de mauvais procès : je ne veux imposer aucune opinion, je respecte trop celle de mes semblables quelles qu’elles soient, simplement faire un peu réfléchir, réagir, polémiquer en allant un peu au-delà des idées reçues traditionnelles (Il semblerait qu’on soit en train de le faire, j’en suis donc ravie.).

      Mais n’en tirez surtout aucune conclusion hâtive sur ma vie personnelle, on n’est pas ce que l’on écrit ! Je vous rassure donc : je suis loin d’être une frustrée de l’amour qui se réfugierait dans la dégustation compulsive de nourritures terrestres. Rien qu’une femme « normale », et ça tombe bien, c’est très à la mode en ce moment !

    • Loatse Loatse 20 mai 2012 13:16

      Chère caroline,

      Nous n’irons pas jusqu’au procès.. :) quoique vous fassiez celui de l’amour. mais je ne peux m’empêcher de lire entre les lignes et de m’étonner de cette amertume que je sens poindre sous votre plume... Nos écrits ne nous reflètent-ils pas quelque part ???

      Vous nous dites : « l’amour entre hommes et femmes est une invention ».. j’en conclus qu’il ne serait pas, selon vous et votre professeur de sorbonne, une inclinaison naturelle de l’homme à s’émouvoir et céder à l’attachement... 


  • soleilsoyeux 20 mai 2012 13:41

    "Notre société est malade d’un déséquilibre entre les polarités masculines et féminines : trop de rationnel, trop de combats, trop d’argent, trop de puissance et d’avidité de pouvoir. Ramenez ce monde à la fluidité, l’intuition, la douceur, la tendresse, la délicatesse.« 

    C’est complétement faux. Notre monde occidental est dominé par les valeurs féminines.
    L’amour monogame est d’ailleurs une de ces valeurs, que les femmes essaient d’imposer aux hommes avec un certain succès :)
    Parlez-en à Eric Zemmour :)

    Par ailleurs, penser que les femmes n’aiment ni le rationnel (elles sont plus fortes en sciences) ; ni les combats (certes, pas avec les mêmes armes, plus »psychologiques"), ni l’argent (elles se réfugient encore largement dans le mariage pour l’argent et la sécurité), ni la puissance, ni la volonté de pouvoir...
    ça me parait largement idéologique...


    • Caroline Courson Caroline Courson 20 mai 2012 14:12

      J’en parle sans arrêt à Eric Zemmour, mais il ne veut rien entendre, il est buté ! Cela dit, je l’aime bien quand même, ses analyses économiques ont l’avantage de l’indépendance et de la justesse, ça n’est pas si fréquent...


      Mais voyons, soleil soyeux au joli nom de lingerie féminine, n’aviez-vous pas compris que tout était idéologique, et heureusement : cela signifie que l’on peut exprimer et partager ses idées, une incommensurable liberté qu’il faut apprécier à sa juste valeur !

  • rocla (haddock) rocla (haddock) 20 mai 2012 13:59

    Existez , quoi ....


    J’ aime bien cette fin . 

    Existez , quoi . 

    Existez , quoique ....

    Exquisez moi .... smiley

  • rocla (haddock) rocla (haddock) 20 mai 2012 14:39

    Caroline ,


    J’ échappatatoire comme je peux  , n’ étant pas infibulé de moi-même .

    Bravo pour votre style . 

    Avec quelques e deux t et  une ou deux virgules vous faites un article . 

    Euh je signale que Sanson ( il était muet ? ) et Dalida  ont eu un enfant , Gigilamoroso .

    Et Elsa  sa maman avait des vaches .

  • Vipère Vipère 20 mai 2012 18:18

    Capitaine Haddock

    Vous devez vous tromper d’Elsa ! celle de l’auteur est une scribouillarde célèbre, plus une femme à plume qu’à corne !


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 20 mai 2012 19:45

    Non non c ’est elle , ses parents avaient une ferme et elle était préposée 

    au tri au lait ...

  • rocla (haddock) rocla (haddock) 20 mai 2012 20:04

    Sabine Aïta et Vipère , 


    Le triolisme c ’est très bien quand on est pas plus que deux ... smiley

  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 20 mai 2012 20:22

    Sa ferme était située entre Aragon et Castille,elle aimait les glaces au citron et vanille .


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 20 mai 2012 20:24

    Oui Sabine , 


    Connaissez vous la différence entre un mari et un amant ?

  • rocla (haddock) rocla (haddock) 20 mai 2012 20:33

    Il y a de ça Sabine , mais la grande différence entre un amant et un mari 

    c ’ est le jour et la nuit ... smiley

    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 20 mai 2012 21:04

      Sabine ,entre chien et loup on ne renarde que des poules !


    • Vipère Vipère 20 mai 2012 21:52

      La nuit tous les chats sont gris !


    • Constant danslayreur 20 mai 2012 22:25

      Typo,
      la nuit tous les chas de l’aiguille
      Si M’dame


    • Constant danslayreur 20 mai 2012 23:08

      Votes -2, je fais moins bien que Cheminade c’est dire ...

      Allez, histoire de faire moins bien que De Villepin :

      Devinette qui du mari ou de l’amant dira :

      1. Toi et moi ça a commencé chez le maire (aux toilettes), ça s’est joliment poursuivi sur le front de mer (quand ton thon était au Sahara) et depuis, c’est un cauchemar permanent avec ta mère (qui te retiens des plombes au téléphone, alors qu’il y a urgence...).

      Ah oui au fait, salut à l’auteur, plume de génie bravo, par contre je n’ai pas du tout aimé le fond.

      Pourquoi je me sens obligé de vous le dire ? Chépas, envie d’être désagréable, enfin je veux dire un peu plus que d’habitude et pis pas de ma faute, m’ont mis de mauvaise humeur les moinsseurs...


    • Constant danslayreur 20 mai 2012 23:15

      Je viens de lire votre com en réponse à Loatse et évidemment que je retire plutôt deux fois qu’une, mea culpa donc, je me disais aussi, pas possible d’avoir un tel talent et de se tromper aussi lourdement sur des ... fondamentaux.

      Bonne nuit


  • armand armand 21 mai 2012 09:42

    Je pensais relancer quelque peu le débat, mais la principale intéressée n’a pas jugé bon de commenter mes remarques....
    A Romain Desbois,
    La virilité ne saurait se réduire à une agressivité baraquée, ou alors elle se décline selon les modalités de chaque classe sociale. Les dandys - ou même les « mignons » du temps de Henri III avaient des allures qu’on qualifierait aujourd’hui d’« effeminées » - il n’en était rien. C’est plutôt une tempérament, une allure, une façon d’être - comme dans le célèbre passage de Madame Bovary où l’on décrit ces nobles qui fascinent la malheureuse Emma :
    « Dans leurs regards indifférents flottait la quiétude de passions journellement assouvies ; et, à travers leurs manières douces, perçait cette brutalité particulière que communique la domination des choses à demi-faciles, dans lesquelles la force s’exerce et la vanité s’amuse, le maniement de chevaux de race et la société des femmes perdues. »


  • T.REX T.REX 5 août 2012 17:53

    J’aime l’humour acéré et inventif de votre article Caroline, mais par contre je ne le trouve pas toujours très clair sur le fond (de culotte) ! IL ne va pas droit au but si d’aventure il en avait un !

    Je le trouve un peu trop « féministe ». On croirait que vous prônez une sorte de matriarcat pour détrôner le patriarcat. Je partage vos doute sur le mirage du couple qui croit en l’amour pur toujours et en la vérité toute nue, rien que la vérité, toute la vérité. Mais je n’y oppose pas mon masculinisme. je ne milite pas plus pour la libération de l’homme que celle de la femme, car ils sont enfermés ensemble dans ce cul de sac ! Je cherche la solution pour la libération du couple. J’imagine un couple durable se mariant pour coupler ...euh copuler...et se reproduire et élever ensemble leurs enfants, mais se laissant mutuellement une possibilité d’avoir d’autres aventures. Dans une vie on rencontre des tas de gens intéressants, dont on veut faire la connaissance et avec qui on a envie de faire un bout de chemin, de partager. Ceci sans remettre en question la famille et donc en restant avec la femme qu’on aime et que l’on a choisi comme épouse et mère pour ses enfants.

    Mais je ne sais si ce type de relation proche d’une « amitié sexuelle » est possible à tolérer au sein du couple, en tout cas pas le couple tel qu’il existe aujourd’hui. Ces liaisons parallèles sont rejetées par notre société et par la plupart des femmes (et des hommes  ?) qui ont besoin de cet Amour absolu et exclusif dont rêve les jeunes filles et dont notre Culture, notre littérature Romanesque a fait LA RAISON du couple !   

    Donc de nos jours l’adultère, la liaison extra-conjugale, est remplacé par le DIVORCE puis le remariage ou le concubinage. Les gens au lieu de se servir de leur expérience replonge et reproduise le même schéma erroné jusqu’à ce que mort s’en suive. Au lieu de remettre leur théorie du couple en cause, ils multiplient les accouplements .... et les drames ...et je pense qu’ils n’en sont pas heureux pour autant. Heureusement pour eux, la période pendant laquelle ils sont « amoureux » est assez longue pour qu’ils ne divorcent pas trop souvent dans leur vie ! Mais pourquoi s’acharner dans l’erreur de la chair ? Là est ma question !  

    "Votre professeur de littérature médiévale à La Sorbonne commençait chaque année son cours aux étudiants débutants par cette interpellation « Mesdemoiselles, Messieurs, l’amour, cette invention du XIIème siècle " me fait poser la question : Mais qui avait-il avant cette galante invention qui poussait à former les couples ? Quelle botte secrète ? Quel en était le ciment ? 


  • Caroline Courson Caroline Courson 5 août 2012 21:41

    Ravie d’avoir un nouveau commentaire si longtemps après la publication de l’article, cela semble rare, merci donc à vous !

    Effectivement, mon article ne va pas vraiment droit au but car j’ignore moi-même comment on peut résoudre le problème du couple.
    J’ai simplement partagé un coup de ras-le-bol sur le « couple sacré » de notre époque qui me gonfle profondément...
    Et j’avoue avoir été un peu malhonnête dans certaines références culturelles (faute avouée etc...).
    Mon prof de littérature voulait en fait parler de l’amour dans la littérature, et pas d’autre chose - mais le problème est qu’il n’y a rien d’autre que les écrits pour s’assurer de ce qu’était l’amour entre hommes et femmes avant l’époque concernée.
    On sait au sujet de la Grèce Antique que les couples homme/femme n’existaient qu’en vue de la reproduction, et ne reflétaient jamais ce qu’on appelle maintenant « amour ». En même temps, l’amour prôné à cette époque entre un maître et son jeune disciple n’était pas non plus cette forme d’amour que nous recherchons...
    J’avoue que le problème est insoluble, et que je n’ai pas encore trouvé la solution miracle au problème. Comme Socrate, « je sais que je ne sais rien ».

    J’ai aussi remis en question la famille dans un autre article où je me suis fait pas mal assassiner (habituel sur Agoravox !). Sur ce sujet, je suis plus sûre de moi : je n’approuve pas la puissance actuelle du cercle familial que l’on traîne toute sa vie. Dans certaines sociétés dites « primitives », ou certaines formes de sociétés africaines actuelles, l’enfant choisit lui-même sa « famille » dès qu’il est en âge de le faire, et cela me semble beaucoup plus raisonnable...

    Cela dit, je n’assène jamais aucune certitude, je pose simplement des questionnements en faisant travailler les neurones et en faisant un peu de provoc’ sous-tendue par un brin d’humour. Cela ne fait jamais de mal !

    J’espère ne pas vous décevoir par cette réponse, mais je suis tellement désespérée par la société telle qu’elle est que je gratte un peu où ça chauffe - en espérant un changement que je ne verrai pas, bien sûr !

    • T.REX T.REX 6 août 2012 10:18

      Merci pour la réponse. Vous n’avez eu ce commentaire que parce que vous l’avez bien cherché ! Héhéhé ! en me glissant un lien vers lui ! Car il est vrai qu’à défaut la durée de vie d’un article sur Agoravox et la plupart des forums n’est que de quelques jours au mieux, souvent une journée et puis s’en va !

      Ce qui est difficile à comprendren, c’est pourquoi certains attirent beaucoup de commentaires attisent le débat et d’autres passe inaperçu, où l’on ne se bat pas ! ?

      VOus êtes désespérée par la société et moi je le suis par mes congénères, mais peut-être est ce parce que je suis un dégénéré. Toujours est-il qu’il est dur de vivre en harmonie avec nos concitoyens.....et surtout nos citoyennes mitoyennes pour le français moyen qui n’a plus les moyens. hihihi ! 

      Bonne journée et gardons espoir.

       


  • Caroline Courson Caroline Courson 6 août 2012 12:27

    T.REX, j’avais totalement oublié vous avoir « glissé » un lien avec un commentaire. Alzheimer, quand tu nous tiens !


    Cela dit, la question de la répartition des commentaires sur Agoravox m’intéresse. Pourquoi cet article-là délie-t-il les langues (enfin, les claviers), et un autre paraissant aussi intéressant les laisse-t-il muettes ? Mystère...

    Faut-il susciter un débat houleux en racontant un peu n’importe quoi ? Ou écrire vraiment ce qui vous tient à coeur en sachant que vous n’aurez aucun « retour » ? Le problème, c’est que les articles sont mis en valeur (ou pas) tout au long de la journée selon le nombre de commentaires « récoltés ». Bizarre ! Ou alors, c’est pour que la pub d’à-côté soit vue par le plus de consommateurs potentiels possible ?

    Enfin bref, l’important est que les articles paraissent, et que l’on ait cet espace de liberté.
    Après, le succès, on ne court pas vraiment après !

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