vendredi 13 octobre 2006 - par Argoul

Le déclin de l’écrit : une nouvelle communication ?

Les mouvements de la sensibilité, la parole et l’écrit sont les trois moyens de communication que chacun pratique sans le savoir toujours. Tous sont présents depuis que l’homme est l’homme, c’est-à-dire SapiensSapiens. Déjà, les grottes d’il y a 30 000 ans s’ornaient de dessins et de signes qui étaient une forme « d’écrit » objectivé sur un support. Mais, selon les époques, l’une des formes de communication l’emporte sur l’autre. Peut-être sommes-nous, dans cette première décennie du XXIe siècle, en train de voir s’opérer sous nos yeux une mutation de ce type. 

Citadins, nous sommes moins sensibles aux signes des êtres et des choses ; mais l’écologie réexplore cette voie. Individualistes plus qu’avant, du fait de la modernité, nous utilisons moins la parole pour convaincre ; mais ce qui est dit reprend de l’importance en politique, tandis que le téléphone mobile multiplie les conversations n’importe quand n’importe où. Hantés par le savoir, nous continuons de pratiquer l’écrit, mais les publications utiles se cantonnent de plus en plus au monde de la recherche universitaire, passant au-dessus du bon peuple qui achète moins de journaux, moins de livres, n’écrit plus de lettres et préfère les images des revues people et les notules des journaux gratuits. Eh bien, il semble que nous mutions.

Il fut un temps où les bêtes parlaient. Ou plutôt qu’hommes et bêtes savaient correspondre directement par leur sensibilité, sans passer par l’obligatoire parole. Les chasseurs lisent les signes, les chamanes sentent les forces de la nature, ceux qui aujourd’hui élèvent des chats, des chiens ou des chevaux comprendront. Les enfants, parce que peu raisonneurs, ont souvent des affinités profondes avec les animaux. Ce que certains qualifient parfois de « sixième sens » est cultivé par les Asiatiques sur la voie des arts martiaux avec un soin jaloux. En nos contrées rationalistes, ce sens pratique est celui des « voyantes » qui cherchent, par une observation aiguë des comportements, attitudes et réactions des clients, à « deviner » quel peut bien être leur « destinée ».

Il fut un temps où la parole devint reine. Le surgissement de cette peitho (force de persuasion) puis du logos (logique raisonnée) chez les Grecs antiques a été fort bien analysée par Jean-Pierre Vernant dans Les origines de la pensée grecque (1962, PUF). La sophia comme la polis naissent de la nouvelle importance accordée à la parole dès l’aube du VIIe siècle (avant). « La parole n’est plus le mot rituel, la formule juste, mais le débat contradictoire, la discussion, l’argumentation. » (chap.4) Divulguer, démocratiser, avancer ensemble des idées nouvelles selon la logique, exposée selon les principes d’une rhétorique visant à convaincre, consacre la puissance de la prise de parole, qu’elle soit politique ou affective. La sagesse prend une objectivité nouvelle en se constituant en "vérité" énoncée, soumise à test permanent de quiconque. Le rationalisme submerge le mystère, donc fait reculer le dogme religieux. La démesure se trouve condamnée, la passion raillée, et le théâtre met en scène la tragédie humaine.

Il faut attendre quelques siècles et plusieurs périodes de reflux pour que l’écrit supplante la parole en puissance relationnelle. Préparé par les Romains d’Orient, révéré par les conquérants arabes, transmis aux clercs chrétiens, l’écrit ne prend son essor que lorsque l’imprimerie surgit. Une religion du Livre ne pouvait qu’encenser le pouvoir de l’imprimé, récit divin, écrit objectivé, diffusé et commenté. Le phénomène fut accentué par la Réforme protestante, qui fit de chaque lecteur l’interlocuteur direct de Dieu, puisant dans Sa Parole sans passer par les clercs interprètes. Révéré de cette façon quasi superstitieuse, l’écrit est devenu l’instrument favori du pouvoir, désormais laïque. Les libelles, les mémoires, les essais, les pièces et les romans ont fait émerger la figure de l’intellectuel, dont l’aura fut favorisée en France par la société de Cour. Qui avait l’heur de plaire au Roy se devait d’être bien lu (bien vu) de tout de monde. Et ce sont les philosophes imprégnés des lumières de la Raison qui préparèrent la Révolution en reléguant l’Ancien Régime au magasin des accessoires. Les grands ténors républicains, puis « progressistes », n’ont fait que se couler dans le moule. Tout aspirant à de hautes fonctions politiques se devait, hier encore, d’avoir « écrit » un livre ; d’autres puisaient dans la « Doctrine » écrite d’un ou deux philosophes ou politiciens du passé.

Depuis quelque temps, je me demande si cette époque, comme les précédentes, n’est pas en train de renouveler le support privilégié de la relation. Une ère privilégiant une autre communication n’est-elle pas en train de supplanter le sacro-saint écrit ? Un signe devrait ne pas tromper : l’école. Cette dernière fonde toujours son enseignement sur l’écrit en principal, comme si la dissertation était le nec plus ultra de l’analyse du monde et des rapports entre les gens. De moins en moins d’élèves, chaque année, choisissent au bac de disserter, préférant le « plus facile » commentaire de texte ou le « simple » résumé. Comme l’école apparaît, singulièrement en France, le conservatoire de ce qui se pratiquait deux générations auparavant (de quoi alimenter à chaque décennie la déploration de la « baisse du niveau »), il est probable que l’écrit soit passé de mode, dans les manières d’agir de la génération montante. Bien qu’étant né plusieurs années après le milieu du XXe siècle, j’ai dû me plier à l’apprentissage obligatoire de l’écriture en pleins et déliés, à la plume d’acier Sergent-Major et à l’encre violette, tout comme les commis aux écritures décrits par Balzac... C’est dire s’il est vain de juger d’aujourd’hui par rapport aux compétences scolaires.

L’ère scripturaire vivrait peut-être ses dernières décennies et, avec elle, l’habitude de penser en bonne logique, cartésienne, positiviste et scientiste, selon les étapes et normes de la rhétorique imposée par l’outil. L’époque qui vient serait plus impressionniste, moins rationaliste à distinguer et à classer, à couper les cheveux en quatre comme les philosophes postrévolutionnaires. L’époque se voudrait plus englobante, on dit « métissée », mais je préfère « plus synthétique », « plus orientale », peut-être en référence aux pensées cycliques et non binaires de la Chine et de l’Inde. La science physique aurait montré la voie avec la relation d’incertitude, la relativité générale et le couple indissociable onde/corpuscule. L’avenir réclamerait alors plus d’images et moins de mots, plus de modèles et moins d’algèbre, plus de symboles et moins d’arguties. Il y aurait plus de clips vidéo et moins de livres : le gros succès du site YouTube chez les ados et les ados-attardés marquerait le début significatif de cette ère.
A quoi cela sert-il en effet de « distinguer pas à pas », si la machine calcule en un temps record ce qui prenait des heures auparavant ? A quoi cela sert-il de croire que « 2 et 2 font 4 », si ce n’est pas toujours vrai ? L’écrit, dès lors, perd non seulement de son prestige mais aussi de son utilité sociale. On lit ce qui est nécessaire, mais on ne se grise plus de mots ni de raisonnements ; on préfère les panneaux indicateurs de perception immédiate, la symbolique imagée qui parle aux affects, le spectacle « total » du cinéma ou du concert « live » ou « rave », les impressions de l’ambiance, voire les « émoticons » des écrans qui nuancent l’écrit par des sourires ou des grimaces symboliques. L’écriture qui subsiste devient utilitaire, se simplifie, syntaxe minimale et orthographe aux orties. On tape comme on cause, on exprime par ellipses et les bouts de phrases s’achèvent parfois en borborygmes. Chaque blogueur fait tous les jours l’expérience de tels « commentaires ».

Les élèves (grandes écoles comprises) lisent moins, selon l’enquête de la revue L’Histoire (n°312, septembre 2006), ils ne s’intéressent pas aux livres. Leur façon de penser ne se trouve plus façonnée par le déroulement des phrases, la logique raisonnée ou l’imagination induite par les seuls mots. La poésie écrite se perd au profit de la chanson ou de l’expressionnisme théâtral. La jeunesse préfère de beaucoup téléphones portables, jeux vidéo, clips, films téléchargeables et chats sur les forums. Le langage comme l’écriture y sont réduits le plus souvent à du bruit ; ce qui compte est d’être « là », et de communier dans le virtuel.

La pensée ne régresse pas, elle passe probablement autant qu’avant entre les êtres : mais moins par les mots, plus par les attitudes, les gestes, les images de soi qu’on donne, les images qu’on reçoit des autres tels qu’ils se donnent à voir. D’où, peut-être la théâtralisation accentuée des mœurs (y compris dans les pays anglosaxons, où on était jusqu’ici plus rétifs à montrer). Elle ne sévit pas qu’à cause du format télé ; l’outil ne contraint rien, il naît d’un besoin. Ce nouveau siècle, qui devrait « être religieux », selon la formule attribuée à Malraux, renoue peut-être avec les premiers temps de la sensibilité ouverte. En tenant compte de l’expérience supplémentaire de toutes les connaissances accumulées par les siècles de parole et d’écrit, et avec tout l’attirail des techniques nouvelles, qui rend tout un chacun ubiquiste, mais en délaissant l’écrit, qui ne serait plus en phase avec la société nouvelle.

On peut regretter d’avoir été (mal) formé pour cette époque qui vient ; il est urgent surtout de ne pas condamner une prétendue décadence de l’expression, sinon de la raison. Chacun ne le sait que trop, la raison dans l’histoire a fait assez de mal pour que l’on accueille avec bonheur la tempérance de son impérialisme en l’homme. Sans juger péremptoirement, il est intéressant d’observer cette mutation, d’attendre pour savoir si la jeunesse massivement télévisée des années 1960, puis "ordinatée" dans les années 1980, et enfin multimédiatisée ces cinq dernières années, parviendra à inventer un mode de communication neuf, moins formel mais plus apte à rendre compte de la complexité du monde et de l’inextricable lien entre les contraires.



15 réactions


  • Bernard Dugué Bernard Dugué 13 octobre 2006 11:25

    bonjour,

    Cet article est intéressant dans la mesure où il s’offre à la critique. Il faudrait du temps pour discuter chaque point. Mon humour ludique convoquerait Sokal pour l’utilisation de la physique moderne qui à mon sens, n’a rien à faire dans cette affaire d’écriture et de pensée

    Pour le reste, je défendrais plutôt l’idée d’une pensée qui se dilue et peine à se former. Le monde hypermoderne de la com n’incite pas à penser mais à dépenser, dans toutes les acceptions de ce terme, dépenser son cerveau, son énergie mentale, la « fusiller » dans le papillonnent des communication, la pensée est noyée dans l’écume d’images. La pensée reste associé à la diké et la divine raison et non pas cette hybris d’hébétude suscitée par ce champ d’information qui offre la voie aux populismes les plus vulgaires. Si les gens pensaient, Sarko et Ségo seraient vite remisés au musée Grévin


    • Argoul Argoul 17 octobre 2006 15:48

      La physique moderne a au contraire fort à faire : elle désenchante le monde, elle déstabilise la pensée cartésienne et l’espace-temps newtonien. Ce qui est « écrit » était « logique » ; désormais, la « logique » n’est plus aussi formelle puisque la physique nous montre qu’une incertitude subsiste et que les lois valables pour un univers ne le sont pas dans un autre.

      Comment s’étonner de ce que « l’écrit » perde de son aura ?

      Quant aux méfaits de la consommation « capitaliste », ils ne changent que superficiellement les moyens de communiquer, surtout en fournissant des outils aux nouveaux besoins. Ce sont ces nouveaux besoins qu’il importe d’analyser, pas l’écume des choses.

      Il me semble que l’ouverture au monde entier (et à l’espace), choses qui sont toutes récentes du fait des technologies et des avancées théoriques notamment de la physique (mais aussi de la biologie), modifie notre perception des autres et donc des relations.

      Plus de « lois éternelles » mais des lois relatives, un changement que l’on perçoit plus qu’hier (par les moyens de communication), un plus grand « réseau » de relations, nécessairement plus immédiates et plus superficielles (avant que le temps mûrisse les vrais amis qui restent, cela n’a nullement changé, autour de 3 ou 4 durant sa vie selon les sécialistes) : quoi d’étonnant à ce que le recul épistolaire, l’objectivation du livre imprimé, la logique formelle de l’exposé écrit, que tout n’explose ?


  • (---.---.162.15) 13 octobre 2006 12:34

    Je pense que l’écrit ne s’est jamais aussi bien porté, il est partout dans les supports numériques, sur la Toile (j’écris, je réponds à un écrit), le courriel, le texto... Ce n’est pas le même écrit qu’avant mais c’est bien de l’écrit.

    Am.


  • Le Hérisson (---.---.121.162) 13 octobre 2006 13:01

    Pas d’accord... L’écrit n’a jamais été aussi présent. Il a même repris une nouvelle vigueur avec les NTIC, c’est le papier qui est sans doute en régression. Il ne faut pas confondre.


  • faxtronic (---.---.183.158) 13 octobre 2006 21:42

    le declin de l’ecrit..... Il vient d’ecrire 200 lignes sur un journal ecrit qui crache au moins 500 pages par jours de commentaires et d’articles plus ou moins bons, mais ecrit, pour nous parler du declin de l’ecrit. Certes ce n’est pas de la grande literature, tous le monde n’est pas Zola, et l’orthographe est assez aproximatives mais de tout temps jamais on a autant ecrit.


    • Argoul Argoul 17 octobre 2006 15:58

      Les 3 commentaires ci-dessus n’ont pas lu la définition de « l’écrit » que je formule dans le texte : il ne s’agit pas de tout ce qui est « graffité » mais d’une démarche intellectuelle induite par l’outil imprimé : un raisonnement objectivé par les mots couchés sur un support, l’interlocuteur en direct avec l’auteur sans passer par les interprètes de l’oral même loin, même inaccessibles physiquement, même morts, l’émergence de l’intelligence critique.

      D’où l’émergence du Protestantisme (impensable sans l’imprimerie), d’où l’essor de la figure de l’Intellectuel (qui ne serait rien sans les livres publiés en série et les articles de la presse de masse). Notez bien que la télé exige des petites phrases et des idées courtes (50 secondes, pas trois tomes !)

      Bien sûr que l’écrit subsiste ! Ai-je écrit le contraire ? Simplement, il prend moins d’importance « pour la génération montante. » Pas la nôtre ! Cela aussi est écrit dans l’article. Le fait que nous échangions sur un support écran n’est pas différent que s’il s’agissait d’un journal ou d’un livre - sauf l’interactivité. Là-dessus, vous avez raison. Sauf que : quel âge avez-vous ?

      Selon les enquêtes, « en moyenne », les étudiants d’aujourd’hui lisent moins, ils lisent « pratiques », ils ne conservent pas les écrits (donc ne les relisent pas). Ils préfèrent le direct image et son, ou l’oral, ou l’écrit simplifié via l’écran, ou le roman en 150 pages maxi (pas Guerre & Paix !).

      C’est ça le changement ! Plutôt que de faire comme s’il n’existait pas, pourquoi ne pas tenter de l’analyser ?


  • Marie Pierre (---.---.229.190) 14 octobre 2006 14:15

    Où l’on songe à la Galaxie Gutemberg de Mac Luhan.

    Je pense (crains) qu’au delà du changement de support de l’écrit, on voit surgir un individualisme forcené dans la quête de « messages ». Un livre, qui pouvait rassembler des milliers de lecteurs, se voit trop souvent tronçonné(effet Reader’s Digest ou Bac de français) : certains n’en lisent que des extraits et, au bout du compte, personne ne lit la même chose.

    Maintenant on « podcast » : on ne prend pas le tout pour nourrir la réflexion, on ne prend que ce qui intéresse, ce dans quoi on se reconnaît, ce qui rassure. Effet zapping, clip.

    Certes, ce n’est pas le déclin de la pensée dans la mesure où des hommes conçoivent des films, livres, émissions, blogs. Mais le fossé entre les « créateurs » et les butineurs ne risque-t-il pas de se transformer en gouffre ? Et la relation pourrait prendre des tours de dominant/dominé.

    Je vous livre un texte d’ Alain Salvatore "Internet...Un espace propice aux métaphores un peu inquiétantes, puisant aux sources de l’entomologie, et Palerno est très sensible au devenir-insecte de l’humanité. « Toile d’araignée », « filet », un hasard, tout ça ? Capture, clôture, limitation. Les « butineurs », même qui sont à ce qu’on lui a dit des outils de réception de tous ces bavardages, et qui transforment leurs utilisateurs en petites abeilles en quête du nectar. Mais Palerno a déjà eu l’occasion de le dire : où est donc le miel ?

    Et encore, cette idée qu’on puisse mettre le monde dans un écran, que l’Internet soit le monde ! ... Le village planétaire ... vieux refrain. Ils n’ont jamais vu un village ! Et si Internet, comme tout ce qui marche avec des écrans, n’était fait que pour oublier tout ce qui n’y est pas, en faisant croire que tout y est ! Le monde dans un écran ! Un village peuplé de E.T., des grands doigts pour mieux cliquer, œil globuleux, petites jambes, petits membres pour courir et s’agiter dans un tout petit monde."


    • Argoul Argoul 17 octobre 2006 16:07

      Excellent complément à la réflexion suggérée par l’article !

      Mais n’y a-t-il pas toujours eu des « butineurs » ? Ou des commentateurs de commentateurs (ce qu’on appelait la glose) ? Les créateurs de théories nouvelles, ou d’oeuvres à portée universelle sont condamnés à rester rares, même si l’expansion du nombre d’hommes éduqués les fera (par la simple statistique) plus nombreux.

      Ce n’est pas l’outil qui change l’homme, mais le besoin qui crée l’outil. Ce n’est que dans un second temps que l’interaction des deux modifie les comportements. Mais le sous-jacent est bien le « besoin », le désir né de la nécessité. Pour moi, ce désir, je le vois dans les relations nouvelles, pas dans les supports (qui ne font que les conforter et les renforcer). L’individualisme de la vie moderne est trop grand pour ne suscite pas l’envie de relations. Plus anonymes peut-être, mais plus vastes.

      Ceci dit, le net ne va pas créer 6 milliards de génies ! Mais, pour répondre à votre pessimisme, disons que leur médiocrité se verra plus, puisque diffusée partout sur la planète.

      Et c’est là que chacun doit trier : ses envies, ses relations affectives, ses fréquentations intellectuelles. A ce propos, je vous remercie de me lire et de réfléchir avec moi sur ce sujet d’avenir. smiley


  • Le Scribe (---.---.64.135) 16 octobre 2006 10:18

    Cela pose deux problèmes :

    Qu’est ce que l’écrit ?

    Est ce tout ce qui graphiquement est un signe alphabétique ? Faut il donc exclure les pictogrammes,les idéogrammes,les hieroglyphes (maya et egyptiens) ?

    Une communication purement visuelle est-elle signe de régression ?

    On préfére imager le fonctionnement de machines-outils plustôt que d’apprendre l’anglais aux méxicains par exemple !

    Le dosage du langage et des gestes varie selon les sociétés.On découvre maintenant que le dosage ecrits/images varie aussi !


  • pingouin perplexe (---.---.96.38) 16 octobre 2006 19:54

    Argoul a écrit

    « Sans juger péremptoirement, il est intéressant d’observer cette mutation, d’attendre pour savoir si la jeunesse massivement télévisée des années 1960, puis »ordinatée« dans les années 1980, et enfin multimédiatisée ces cinq dernières années, parviendra à inventer un mode de communication neuf, moins formel mais plus apte à rendre compte de la complexité du monde et de l’inextricable lien entre les contraires ».

    Ici, nous nous trouvons en présence de l’écrit numérisé. Par l’entremise d’un protocole de communication, la lettre et le chiffre s’équivalent. Ce n’est pas rien. Voyez ici une facétie qui... donne à penser.

     smiley


  • loga (---.---.82.176) 17 octobre 2006 18:28

    L’ écrit est le prolongement d’ une expression,dessins, paroles .

    Si on considére cela ,l’ écrit permet aux gens ,par leurs analyses ,de ne pas se sentir seul .

    L’ écrit peut créer une sensation critique ou d’ accord et de ce fait ,peut être ,de permettre aux gens de se rapprocher ou tout au moins individuellement avoir l’ impression qu’ on a bon du sens ,si l article nous plait ,ou supérieur si l’ article nous déplait.(supérieur mot un peu fort peut être) : en gros de faire partie d une société.

    L’ évolution du langage restreint les mots ou élargit leur sens ,l’ écrit est parfois une contre mesure.

    La richesse de l’ esprit s’ exprime par le choix des mots et leurs ordres ,mais avons nous une éducation scolaire qui permet d’ avoir assez de recul ? Ne sommes nous pas trop spécialiste ?

    Le parlé des banlieues est en décalage avec les textes écrits .Est ce un bien ou mal ?Qui doit s adapter ?

    Un regret quand on n a plus de mots pour s ’exprimer ,ou pour faire entendre une détresse on passe au stade supérieur :la violence qui est malheureusemnt aussi un langage

    Le seul écrit qui passe les peuples et le temps :la musique .Pourquoi ?la beauté d ’un morceau ?le fait de découvrir avec d autres une oeuvre ?ou parcequ’ on oublie le monde ,parfois fou ,qui nous entoure.

    je ne suis pas philosophe c est simplement une réaction à chaud . La grammaire ,l’ orthographe et moi sommes souvent en décalage ,désolé.


    • Argoul Argoul 17 octobre 2006 18:58

      La musique ! J’avais oublié ce moyen de relations/communication. Merci d’avoir apporté votre pierre à l’édifice. La musique me semble ressortir de la sensation comme l’image, sans avoir besoin de paroles (ni d’écrit, sauf pour les musiciens qui la reconstituent avant de la jouer). Mais cela ne veut pas dire qu’image ou musique ne soient pas « construits » comme un langage. Je ne veux pas confondre « langage » et « écrit ».

      C’est vrai que l’époque qui vient est aussi musicale qu’images (et de moins en moins texte). Est-ce que cela va changer les formes de communication entre les êtres ? Elles pourraient devenir plus harmonieuses, mieux au diapason, sans tambour ni trompettes, grande communion orchestrale ou état fusionnel du chant choral.

      Grammaire et orthographe sont des conventions. Mais aussi des outils d’une langue, ce qui permet de s’exprimer avec logique (grammaire) et sans faire s’accrocher l’oeil du lecteur à chaque mot (orthographe). C’est cette absence qui rend la « pensée SMS » si primaire (non articulée et difficile à lire). Cela dit, n’hésitons pas à inventer des mots nouveaux et à utiliser toute la palette compréhensible des phrases ! Ce n’est qu’en maniant l’instrument en virtuose que l’on commence à pouvoir devenir un artiste, pas avant. Mais cela n’empêche pas d’avoir des idées. smiley


  • loga (---.---.82.176) 17 octobre 2006 19:46

    pour argoul en premier merci d avoir lu et répondu

    je pense qu on peut faire un rapprochement rythmique entre le vocabulaire , la facon de parler et la musique

    Pour l écrit on a le temps .Les classiques avaient « une lenteur »qui on retrouve dans la musique de leur temps.

    Les chansons , à travers les siécles ,sont les meilleurs livres d’ histoires et elles utilisent le langage simple ou choisit celon les auditeurs.

    Pour l’écrit on peut considérer l’ image (tv ,photos) comme tel sauf que les documents, à l inverse d un livre ou d un journal, ne sont sélectionnés par nous par rapport à l intéret qu on recherche dans un écrit. On nous impose une image pour expliquer ou affirmer des paroles c est là le risque . L image est dangereuse car elle influe ,je pense directement sur la sensibilté et sur l analyse immédiate .

    La même image peut signifier et faire croire des tas de choses.L ecrit fait appel a son analyse interne liée à sa culture ,et sa vie au sein d une société ( A mon humble avis je peux me planter lamentablement)


    • Argoul Argoul 18 octobre 2006 07:52

      Donc, si je comprends bien, la musique trépidante de nos années serait le révélateur de modes de vie plus trépidants - donc d’une moindre propension à la lenteur ? Ce qui confirme pourquoi l’écrit, qui est lent par nature, tend à régresser.

      Et, avec l’écrit, vous dites vrai, régresse aussi cette « lenteur » pas à pas dans la formation de la pensée, le raisonnement « logique », les arguments présentés de façon organisée. Cet éclipse de l’écrit se fait au profit de rythmes plus musicaux et plus sensibles : images, sons, « sentiments », non-dit, écriture (qui subsiste) au minimum. Ce qui suscite une pensée moins organisée qu’avant : plus floue mais plus libre aussi, moins rigide, plus « musicale ». Avec le danger de l’informe (comme celui des images qui frappent sans analyse) mais aussi un meilleur potentiel d’accueil de la pensée des autres, et une souplesse de vues plus grande.


  • loga (---.---.68.52) 18 octobre 2006 14:59

    exact et de plus bien dit

    Le danger de l’ écrit -médias est la force du mot qui va avec la perception visuel :le gros titre fait pour accrocher .

    On surligne un mot pour renforcer ,et en couleur, son impact au cas ou le lecteur n aurait pas percu son importance . On touche là encore en paralléle à l esprit et au visuel.

    Lire permet de réver, d essayer de se cultiver, de faire se poser des questions .

    Pour le plaisir ,je crois que cela date d ’avant la révolution de 1789 ( vers 1780 ?),extrait d une chanson que j’ ai trouvé dans un livre sur la vie parisienne :

    la seul’promenade qu’a du prix

    la seul’dont je suis épris,

    La seul’où j’m en donne et j’ris

    C’estl’boul’ard du Temple à Paris

    La rime avait créer sans le savoir une sorte de langage SMS

    On pourrait beaucoup écrire sur l’évolution de la pensée ,mais le bon sens ,qui pour moi est différent de l ’intelligence ,n ’a t’il pas été fondé par des maximes, des proverbes et des dictons et l’ inverse mais maintenant : on démontre .

    La religion et les textes liés à celle- çi ont joués indéniablement sur l ’ évolution de la pensée ( comme les vitraux)

    La religion étant une croyance que chacun assume ,ou pas ,je préfere pas développer ,car je peux par accident et incompétence blésser des lecteurs.

    Merci encore pour ce dialogue constructif et sympa .


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