Les sentiers de la honte
Avec des matraques en guise de dialogue, mais aussi des grenades, des bombes lacrymogènes, des blindés, les gendarmes de Macron ont détruit consciencieusement la plupart des lieux de vie des habitants de la ZAD de NDDL, semant aussi la terreur jusqu’aux terrasses de café de Nantes.
250 zadistes face à une armée de 2500 membres des « forces de l’ordre », armés jusqu’aux dents, le combat était inégal, mais la lutte est-elle pour autant perdue définitivement ?
Plus globalement, certains commencent à se demander si Macron ne serait pas en train de s’embourber... ses robots-cop dans la boue de NDDL, et son gouvernement dans celle des grèves qui semblent vouloir s’installer durablement dans le pays ?
En tout cas, le petit moment de popularité du à « l’effet Beltrame » qu’avait connu il y a peu la gendarmerie, est retombé aussi vite qu’il était monté.
Le discours que propose le chef de l’état est problématique, car il n’a cessé de contester la réalité, affirmant devant Plenel et Bourdin, qu’il n’y avait pas pour lui de convergence des luttes, utilisant volontairement le mot « coagulation », affichant ainsi un déni irréaliste alors que la grogne monte d’un cran chaque jour un peu plus.
Hôpitaux, EPAD, Boueux, Cheminots, juges et avocats, Air France, retraités, étudiants, employés de Carrefour, agents portuaires marseillais, peut-être bientôt routiers, (on se souvient qu’ils s’étaient mobilisés en septembre dernier (lien)) sont déjà dans la rue.
Le 17 avril la CGT Mines-énergie appelle à rentrer dans le mouvement, afin de mener des actions ponctuelles : remettre le courant à des foyers nécessiteux, et baisser la production pour les entreprises qui licencient, par exemple. lien
D’ailleurs un laboratoire de convergence des luttes s’est tenu à Marseille le 14 avril dernier, appelant à un rassemblement interprofessionnel le 19 avril, avant un nouvel appel à défiler le 5 mai. lien
Ils étaient tout de même 58 000 manifestants à Marseille...le 14 avril. lien
Mais revenons à NDDL.
Jamais à l’abri d’une contradiction, « monsieur en même temps » affirme être prêt à envisager que la ZAD devienne un lieu d’expérimentation écologique, à condition que les postulants viennent s’inscrire individuellement auprès du préfet, décrivant leur projet individuel, ...alors qu’il s’agit d’un projet collectif dont l’aspect innovant passe par le refus d’un individualisme peu constructif, ou en tout cas non choisi par les zadistes.
La préfète, Nicole Klein, martèle : « il faut un projet individuel de régularisation agricole », refusant ainsi tout projet collectif provoquant fatalement un blocage. lien
Résultat, les 2500 gendarmes ont quasi tout détruit, des animaux y ont laissé leur vie, ou en tout cas ont perdu leur lieu de vie, à preuve cette zadiste, venu devant les micros, une jeune agnelle morte dans ses bras. lien
Au-delà de ces actes inqualifiables, les zadistes (et les gendarmes aussi) comptent de nombreux blessés, suite à des tirs tendus de grenade, méthode qui disqualifie les agresseurs, tirs qui ont gravement blessé à la tête de nombreux zadistes.
Selon France Info du 11 avril, à 19h29’, il y a eu 9 blessures au Flash Ball, dont une grave au visage, 16 blessés suite à ces tirs tendus, et selon les médecins, c’est évident qu’ils utilisent les grenades lacrymogènes comme projectile pour blesser les gens. Il y a eu aussi 22 blessures liées aux explosions de grenades, dont une quinzaine liées à des éclats de grenades (...) il y a eu aussi l’évacuation d’une personne gravement blessée qui a été bloquée pendant plus d’une demi-heure, avant d’avoir accès au SAMU, et 3 journalistes blessés après avoir été délibérément visés.
L’un de ceux-ci, Pacome Le Mat, pourtant aguerri, a déclaré : « en 20 ans de carte de presse, je n’ai jamais vu ça ». lien
Hélas, ce n’est pas tout...
Une enquête est en cours, et il semble que les hélicoptères lancent d’étranges engins, portés par de petits parachutes munis de grenades, diffusant du gaz visiblement incapacitants.
Nul doute que le bilan s’est alourdi à ce jour.
Devant ces actes inqualifiables, des milliers des soutiens sont venus le 15 avril, pour tout reconstruire, malgré les barrages que les « forces de l’ordre » avaient mis en place.
D’après des sources bien informées, ils seraient entre 15 000 et 20 000 à avoir rejoint la ZAD. lien
En effet, les renforts venus en masse ont amené une charpente toute prête à être posée, mais aussi des poutres, des matériaux divers, sous les applaudissements. lien
Et si on parlait finances ?
La gestion de 2500 gendarmes, des hélicos, des blindés, des camions, du carburant, a un prix... 400 000 € par jour auxquels il faut ajouter celui des armes utilisées...lien
A 25 € la grenade, la facture sera salée quand l’on voit le nombre de grenades qui ont déjà été lancées.
On pourrait, au moment où Assad se voit reprocher l’emploi de gaz toxiques, rappeler que le gaz lacrymogène dont les gendarmes font un usage généreux, est classé par les Nations Unies, comme arme chimique puisqu’il s’agit principalement de propane dinitrile, lequel est potentiellement dangereux pour la santé, surtout lorsque les « forces de l’ordre » l'utilisent contre les plus fragiles, personnes âgées, enfants. lien
Pas rancunier, l’un de ceux-ci a tenté d’offrir une fleur à un gendarme, à Nantes...
Depuis le 9 avril, ce sont donc déjà près de 4 millions d’euros qui sont partis en fumée pour un résultat plus que discutable, puisque l’intervention a finalement provoqué la remobilisation des zadistes, lesquels reconstruisent au fur et à mesure ce que les gendarmes détruisent.
C’est bien ce qu’a compris José Bové, qui a déclaré : « en évacuant des lieux symboliques, l’état ne fait que renforcer la détermination de tout le monde ». lien
Jean Luc, un paysans installé en bordure de la ZAD en a eu les larmes aux yeux : « ça me fait mal au cœur (...) inutile de se frotter aux gendarmes, le rapport de force est déséquilibré ». lien
Sur ce lien, l’historique de la situation, jour après jour.
Aux dernières nouvelles, les zadistes dénombrent 100 blessés depuis lundi. lien
Et le champion de la contradiction propose sa vision de la mobilisation sur la ZAD : « la tyrannie de certaines minorités, habitués à ce qu’on leur cède en refusant de transformer le pays ». lien
En attendant des vents mauvais soufflent sur les affiliés de « en marche », puisque la permanence du député breton a été visitée par les zadistes, lesquels avaient décidé de vider le mobilier de l’occupant. Il ne s’agissait pas d’une volonté de saccage, du même ordre que celles qu’ils ont subi sur le territoire de NDDL, mais d’un simple déplacement de ce mobilier. Paul Molac, le député en question, tout en s’affirmant « un homme de discussion », n’a pas compris cette action symbolique menée en réponse aux expulsions et a appelé à la rescousse les gendarmes.
A Ploërmel, où se sont tenus ces évènements, le sourire avait fleuri sur quelques lèvres. lien
A Nantes, la présence des « robots cops » avait amusé la terrasse d’un bistrot, qui se sont risqués à quelques moqueries... mal leur en a pris, les « forces de l’ordre » vexées, ont dégagé les consommateurs à grand coup de matraques et de gaz lacrymogènes, balançant des chaises sur les clients. lien
Une courte vidéo de ces moments ici.
Malgré tout, certains représentants des forces de l’ordre ont bien compris le sens de la manœuvre, tel ce policier : « ce qui compte, pour ces politiques, c’est que le soir des manifestations, à la télévision, on ne parle pas des revendications mais des dégâts causés par les casseurs. C’est un calcul cynique, immonde. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, moi, policier, je hais plus le préfet de police que les casseurs »... lien
Le nouveau président de la république avait envisagé de commémorer « mai 68 »...il pourrait bien vivre de beaucoup plus près une situation en train de se dégrader, mais comme dit mon vieil ami africain : « si vous m’empêchez de rêver, je vous empêcherais de dormir ».
L’image illustrant l’article vient de comite-pour-une-nouvelle-resistance.over-blog.com
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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