Du point de vue de l’impartialité du tribunal, ce
ne serait pas du tout la même chose : les juges considèreraient les
procureurs comme des fonctionnaires, par exemple des commissaires de police, et
non comme de véritables collègues dans le statut de magistrat.
La différence est de taille car tant qu’ils sont
magistrats, les procureurs sont au même titre que les juges, institués gardiens
de la liberté individuelle. Leur parole a donc au yeux des juges plus de poids
que celle des avocats, et ce a priori, ce qui nuit évidemment à l’impartialité.
En revanche, vous soulevez également la question de
l’indépendance des procureurs. A cet égard, il est indiscutable que rétrograder
au statut de « simples » fonctionnaires ne favoriserait pas leur
indépendance.
Mais d’une part, quelle est l’étendue de cette
dernière ? Et d’autre part, l’indépendance des procureurs n’a de véritable
importance que pour les « affaires ».
Dès lors, si on admet que l’indépendance et le
statut de magistrat des procureurs nuisent à l’impartialité des tribunaux, on
doit se demander ce qui doit prévaloir :
- le traitement indépendant d’affaires
politico-financières, importantes mais exceptionnelles ?
- le fonctionnement ordinaire satisfaisant, parce
qu’impartial, de la justice de tous les jours, au profit des simples
citoyens ?