mardi 11 août 2009 - par Voris : compte fermé

Un 5ème risque à prendre

Il existe aujourd’hui environ un million de bénéficiaires de l’APA et la perspective est connue : une augmentation annuelle d’environ 1% des grands dépendants, ce qui conduirait à un nombre total augmenté de moitié entre 2000 et 2040. Devant l’enjeu il faut suivre la piste d’un risque dépendance. Ce n’est pas d’hier qu’on le dit mais aujourd’hui cela presse parce que l’évolution des choses est nette et irrémédiable, parce que la volonté du président est ferme. Reste à savoir quand et par quels financements et c’est ici que le Bas blesse !

Philippe Bas amène de façon péremptoire et provocatrice le débat sur la place publique pour préparer les esprits à la réforme de la Rentrée.

« Y’a qu’à créer une journée de solidarité supplémentaire », dit l’omniscient dans Le Monde du 6 août, bien résolu à trancher unilatéralement la question du financement dans ce dossier très lourd et très complexe. Bon, il ne l’a pas dit en ces termes-là mais dans le langage des ministres c’est ce que cela signifie.

Etait-ce pour tester l’Opposition et voir si elle était encore vivante ? Nul le sait. Toujours est-il que la question de la dépendance mérite mieux que cela. Et les Français là-dedans ? Sont-ils prêts à sacrifier une journée encore ?

Mais si, contrairement au ministre, on examine la question sous un angle responsable et sans jeter de bombe dans l’opinion ou dans l’Oppposition, on est amené à relever un certains nombres de questions. Si les acteurs du casting sont connus : ce sera très probablement la CNSA et les départements qui géreront la dépendance parce qu’ils ont du personnel formé et la compétence, sur le financement du risque on sait peu.

Faut-il créer une cinquième branche de la sécurité sociale, et donc instaurer une nouvelle cotisation sociale ?

Faut-il créer un nouveau prélèvement sur la CSG ?

Faut-il privilégier la piste des assurances privées ? Un gâteau à donner aux assurances pour relancer la croissance... quoi donc ? et bien les profits ! (ce qui serait choquant si l’on exige des salariés de payer le système, eux qui ne partagent pas les profits mais en paient trop souvent plutôt le tribut)

En réalité, aucune piste n’a été privilégiée ni retenue pour le moment. Le ministre, lui, n’a aucun doute : il annonce une solution unique et veut créer une deuxième journée de solidarité. Mais sa motivation est avant tout politique : il s’agit de ne pas ajouter une énième taxe à la longue liste qui va s’abattre sur les contribuables français - dont la taxe carbone -sans parler des nombreuses augmentations de tarifs de l’énergie et des sommes astronomiques à rembourser à l’Europe par les producteurs de fruits et légumes et les pêcheurs. Dans ce contexte morose et explosif, une nouvelle taxe pourrait servir d’étincelle...

Est-il utile de rappeler que la première journée de solidarité fut instituée par Jean-Pierre Raffarin après la canicule de l’été 2003 et ses 15 000 victimes ? Mais aujourd’hui, où sont les milliers de victimes dont il serait urgent de se montrer solidaires ? On n’en voit pas. Ce point échappe donc à la compréhension du citoyen de bon sens. Pourquoi cet appel urgent à la solidarité d’extrême urgence, exceptionnelle ?

Mais la raison est bien politique en réalité : il s’agit d’épargner les grandes fortunes et les rentiers de toutes sortes, même les traders ! Ce seront donc les travailleurs qui paieront selon le refrain connu qui a commencé avec le bouclier fiscal et n’est pas prêt de s’arrêter. Ce refrain, Johnny Halliday peut le chanter, mais en privé seulement.

On pourra toujours avancer que le système fonctionne : on récolte de l’argent avec cette journée de solidarité même si, avec l’augmentation du chômage, on prévoit une baisse d’environ 2 % des revenus de la journée de solidarité pour 2009 par rapport aux 2,3 milliards récoltés en 2008. D’accord, mais le contexte n’est plus celui de 2003 et le jour où il devra être fait appel à la solidarité des Français pour une crise aussi grave voire pire, comment arrivera-t-on à gagner une nouvelle fois leur confiance ? La recette ne marchera pas éternellement et il serait bon de se la mettre de côté pour les cas gravissimes.

Par ailleurs, la solidarité nationale va de pair avec une certaine idée de justice. On ne peut pas exiger des efforts de la part des salariés et exonérer tous les autres. Pourquoi les grandes fortunes qui vont toujours croissant dans des proportions à donner le vertige n’auront-elles pas un centime à verser dans la cagnotte ? A l’heure des bonus largement distribués et des records de profits de Total, c’est au smicard qu’on s’attaque et au petit fonctionnaire. Piteuse politique !

La secrétaire d’État aux aînés, Nora Berra, veut noyer le poisson : « Cette réflexion collective (ndlr : la proposition-décision du ministre) va bien au-delà de la question du financement de la dépendance. » « Nous voulons aussi réfléchir au rôle social des personnes âgées, à leur place dans la ville… » bla bla bla. La sucrette pour faire passer la pilule amère.

Ce qui surprend en tous cas, c’est la certitude affichée de notre ministre qui semble pour le moins zélé sur ce coup-là alors que ses deux prédécesseurs, Xavier Darcos comme Brice Hortefeux, avaient faire preuve d’une prudente retenue, pour ne pas dire d’un art de l’esquive devant une si épineuse question.



16 réactions


  • Francis, agnotologue JL 11 août 2009 11:33

    Il faut détruire le bouclier fiscal !


    • Francis, agnotologue JL 11 août 2009 11:38

      L’histoire nous a appris que le pouvoir ne cède jamais rien. Et le pouvoir est au service des riches. Le bouclier fiscal, c’est la Bastille des temps modernes : il faut la prendre de force !


    • Fergus fergus 11 août 2009 17:42

      J’aime bien cette image : « la Bastille des temps modernes » appliquée au bouclier fiscal. Bien vu !


    • Francis, agnotologue JL 11 août 2009 18:00

      Bonjour Fergus, j’ai hésité, vu qu’on y enfermait les opposants politiques.

      Le bouclier fiscal représente pour moi le symbole de ce pouvoir oligarchique : l’affichage d’un total mépris, une véritable provocation tant il est absurde et insolent au plan de la logique, de l’intelligence et de l’équité. En ce sens, il est une bastille à prendre, et si on ne peut pas le faire par les urnes, ce que je crois, il faudra le faire par les armes. Ou se résoudre à un « nouvel Ancien régime », je veux dire, une nouvelle société de privilèges.

      On sait que l’impôt est progressif jusqu’à un certain point, puis il devient dégressif au dessus par le fait du bouclier fiscal et des niches fiscales.


  • LE CHAT LE CHAT 11 août 2009 11:41

    et malgré toutes ces nouvelles taxes et augmentations de tarifs , Jacques Marseille , le porte parole des nantis ,va sortir des stats de sa poche comme quoi notre pouvoir d’achat a augmenté cette année ! il est trop fort !


    • Fergus fergus 11 août 2009 17:49

      Cette notion de « pouvoir d’achat » n’a décidément plus aucun sens, les uns parlant choux, les autres navets. Il faut se battre pour que soient créés 2 indices :

      1) l’indice général (l’existant) ;

      2) l’indice de nécessité, ne prenant en compte que les éléments indispensables à la vie d’un citoyen (logement, transport, nourriture, santé, habillement).

      Quant à Marseille, c’est un pur valet de la bourgeoisie capitaliste, celle-là même que servent Sarkozy en politique, Le Figaro et TF1 dans les médias !


  • gruni gruni 11 août 2009 13:00

    @ Paul Cosquer

    Bonjour.

    Bonne idée cet article et nous arrivons ensemble à la même conclusion, il faut que la solidarité soit partagée par tous.
    Mais quel est l’homme politique français qui voulait supprimer les jours fériés...Le Pen je crois.


  • c.d.g. 11 août 2009 13:14

    1) sur la forme
    Vive le travail gratuit !
    En fait comme le travail ne coute quasiment rien en chine, on doit faire mieux, c est a dire travailler gratuitement
    En fait c est le retour des impots du moyen age ou l on devait travailler pour son seigneur
    2) sur le fond
    je vais me faire incendier mais est il vraiment utile de maintenir en vie des gens grabataires ?
    Je suis sur qu une bonne partie d entre eux ne souhaiterai pas vivre comme ca (en tout cas pas moi)
    Et si la personne souhaite vivre en ayant quelqu un pour lui changer les couches, pourquoi faire payer la collectivite ? Pourquoi ne pas prelever les couts sur l heritage ?

    La solidarite a bon dos ...


  • Annie 11 août 2009 14:52

    @C.d.g,
    Vous proposez quoi pour les tuer ? Ne plus les alimenter ou bien leur refuser des soins ? Sachez que l’ancêtre de l’APA était la PSD, qui était remboursable. Ma mère après avoir soigné pendant douze ans mon père paralysé a dû rembourser l’équivalent de 80.000 francs, qui ont servi à financer ce que l’on appelle des médicaments de confort, notamment de l’eau gélifiée pour un paralysé de la déglutation. Vous parler d’un confort !
    Sans compter les économies que le maintien à domicile permet de faire par rapport aux journées d’hospitalisation.
    Ma mère en avait les moyens, mais combien ne les ont pas, et c’est la raison pour laquelle la PSD a été supprimée, parce que beaucoup de gens ne la demandaient pas. Peut-être pas une mauvaise chose, selon ce raisonnement, non seulement on se débarasse des grabataires mais aussi des pauvres. 


    • c.d.g. 12 août 2009 09:49

      1) dans mon cas personnel, je ne souhaite pas finir grabataire et etre une charge pour ma famille, je prefererai donc qu on me permette d en finir rapidement et sans douleur plutot que d agoniser pendant des annees (12 dans votre exemple)
      Et je pense pas etre le seul dans ce cas

      2) je pense qu en effet les aides devraient etre remboursees. Autrement dit, si vous avez les moyens, vous payez. Si vous n avez pas d argent, l etat paie pour vous. Mais je vois pas pourquoi on devrait preserver l heritage de cadre (sup ?) en faisant travailler gratuitement des prolos (cf journee de solidarite) qui n auront jamais un tel niveau de vie et qui ont de forte chance de toute facon de ne jamais atteindre eux cet age.

      3) je rappelle que l etat francais est deja crible de dette et depense 20 % de plus qu il ne gagne. Est ce vraiment les depenses les plus pertinentes ? A un moment il faut faire des choix et les assumer. Je prefererai qu on investisse dans les ecoles plutot que dans les maisons de retraites.
      Meme si je suis conscient que mon choix est electoralement contre productif (surtout si vous etes a l UMP)


    • Annie 12 août 2009 10:31

      Vous ne répondez pas à la question de savoir comment achever tous ces grabataires qui n’ont aucun désir de mourir. Quant à ceux qui le veulent, faudrait-il qu’ils aient aussi les capacités physiques pour le faire et mentales pour décider. 

      J’ai un peu de mal avec le reste de l’argument, si on peut l’appeler ainsi. En tout cas il n’est pas électoralement contre-productif, plutôt dans l’air du temps.


  • Paul Cosquer 12 août 2009 08:59

    A Agoravox :

    J’avais terminé le portail sur la Bretagne, un travail qui m’avait demandé des heures. Une centaine de liens vers des articles de ce site.

    En modifiant vers 8 h 56, tout mon texte a disparu !!!

    Pouvez-vous récupérer le texte précédent supprimé par ce bug ou pas ? Merci.


  • monbula 16 août 2009 15:16

    Merci Pasou de nous resservir toujours la même ratatouille enfumée, trop entendue.

    Par exemple, les chômeurs du cru 2009 ( étant dans la cinquantaine ) voués pour la plupart à ne plus retrouver du travail, apprécieront...

    Tout salarié est susceptible de se retrouver dans la case « assistés ».

    Le beauf parle : « Les chômeurs n’ont qu’à travailler »

    Solution pertinente pour certains : à un âge donné, « a quoi bon vivre » qui pourrait aussi servir de slogan publicitaire aux pompes funèbres.

     Et ceux qui veulent se suicider pour éviter les rhumatismes, on ne vous retient pas. ( ne vous ratez-pas, sinon , vous serez toujours à charge ).
    Évitez le gaz en immeuble collectif ! ( il y a des cons parfois qui le font ).

    Et pour être logique à certains raisonnements ::
    Piquons les grands- parents des pauvres, etc, etc.
    .
    Et ceux, vraiment, qui manquent d’idées, relisez Mein Kampf.

    Paul Cosquier nous interroge et nous demande, Peuple, de réfléchir à des solutions humaines et non macabres.
    Il ne peut y avoir de civilisation sans un futur, un présent mais aussi sans un passé.


  • monbula 16 août 2009 15:43

    Cosquer oublie que l’APA crée une activité économique.( surtout à la campagne, on le voit )
    Et un million APA, c’est pas excessif, et lié aussi aux revenus.
    Pour les mauvaises langues, l’APA est récupérable sur héritage avec plafond .

    Et l"assurance APA privée, actuellement n’intervient pour ainsi dire qu’après les risques couverts par l’APA collective. C’est presqu’une escroquerie des assureurs. En gros, il faut être quasimment impotent ( ce qui n’est pas le cas de la majorité des vieux ).

    Une APA collective mutualisée serait une piste.. 
    Une APA laissée aux assurreurs ( tu auras une APA selon ta cotisation ), c’est la porte ouverte à un système à l’américaine.

    Conclusion :
    Tu bouffes ou tu bouffe pas, tu crèves quand même.


  • monbula 16 août 2009 15:59

    Pasou est original : Pépé au viagra.

    Et au cas, où elle reste black et d’équerre, Pépé pourra faire porte- manteau dans l’entrée.
     Pasou a oublié le godemiché pour mémé.. De Diou !

    A première vue Pasou aime nos vieux, il a pratiqué tout le KAMA SUTRA avec eux.


  • monbula 16 août 2009 16:12

    Selon Pasou, nos vieux sont très solides, sportifs, habitués depuis le berceau , enclins à la réussite, à l’effort et surtout vaccinés contre cette fameuse pamdémie « LE MALAISE SARKOSY ».

    Et aux jeunes fainéants... Les vieux dopés à la méthode Pasou ont une devise.

      « TRAVAILLER PLUS, POUR GAGNER PLUS »


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