mercredi 6 mars 2019 - par Fergus

Cinéma : « Le mystère Henri Pick »

Aujourd’hui sort sur les écrans le nouveau film du réalisateur Rémi Bezançon : Le mystère Henri Pick. Une sorte de polar littéraire dans lequel Fabrice Luchini passe du rôle de Michel Polac à celui de Sherlock Holmes. Au cœur de cette enquête en pays breton une question obsessionnelle : un modeste pizzaïolo finistérien peut-il avoir écrit le chef d’œuvre posthume découvert à l’état de manuscrit sur un rayonnage de bibliothèque ?

Le mystère Henri Pick était jusque-là le titre d’un roman éponyme de David Foenkinos dont l’écrivain a accepté l’adaptation au cinéma par le réalisateur Rémi Bezançon. Pour mémoire, rappelons que ce cinéaste avait, il y a quelques années, mis en scène l’excellent film Le premier jour du reste de ta vie qui avait valu à Jacques Gamblin le César du meilleur acteur. Dans cette adaptation du roman de David Foenkinos pour le cinéma, Rémi Bezançon – en collaboration avec Vanessa Portal – a délaissé la structure « chorale » du livre pour se concentrer de manière linéaire sur l’essentiel : l’enquête sur la paternité de ce mystérieux roman de pizzaïolo aux allures de « MacGuffin* », autrement dit d’objet prétexte à bâtir une histoire.

Au cœur de cette œuvre singulière, la découverte par une jeune éditrice junior de la maison d’édition Grasset d’un manuscrit génial dans un local insolite et peu fréquenté de la bibliothèque municipale de Crozon. Et pour cause : ce manuscrit, signé Henri Pick, a été déposé sur un rayonnage de la « salle des refusés** » parmi des centaines d’autres romans ou essais dédaignés par les maisons d’édition. Renseignement pris par la jeune éditrice auprès de la gestionnaire de la bibliothèque, ce magnifique roman, digne des plus grands auteurs contemporains, a été écrit par un pizzaïolo de Crozon décédé deux ans plus tôt et enterré dans le cimetière local.

Le roman, publié par Grasset sous la responsabilité de la jeune éditrice qui l’a déniché à Crozon, bénéficie d’emblée d’un succès que booste l’énigmatique personnalité de l’auteur : un pizzaïolo dont nul n’a jamais entendu dire qu’il ait eu un quelconque penchant pour la littérature. C’est d’ailleurs ce que confirme la veuve d’Henri Pick, invitée sur le plateau d’un célèbre critique littéraire et animateur de télévision (sorte de mix de Bernard Pivot et Michel Polac) : cette brave femme n’a jamais vu son mari ni lire ni écrire, exception faite de « sa liste de courses » ! Mais elle ne doute pas un instant qu’il ait pu, à ses heures perdues, rédiger ce chef d’œuvre dans la remise de la pizzéria où il disposait d’une petite table et d’une chaise.

Y a-t-il eu supercherie ? Et si oui, qui peut être le véritable auteur de ce magnifique roman d’amour imprégné de références à la culture russe, et plus particulièrement à Pouchkine, dont le pizzaïolo semblait a priori aussi éloigné que peut l’être un marin-pêcheur du Guilvinec des chants séfarades arabo-andalous. Poussé par un besoin obsessionnel de découvrir la vérité, notre critique littéraire endosse l’habit du détective, aidé dans son enquête par la propre fille d’Henri Pick, une femme cultivée, elle-même très dubitative…

Entre Paris et la presqu’île de Crozon, Rémi Bezançon nous livre un film de très bonne facture, traité sans fausse note sur le ton de la comédie. Et le contexte littéraire ne pouvait évidemment que séduire Fabrice Luchini, cet amoureux des belles lettres ravi de se glisser le temps d’un film dans un rôle taillé pour lui sur mesure. Quant à Camille Cottin, révélée au grand public par la savoureuse série télévisée 10 pour cent imaginée par Dominique Besnehard, elle donne à son partenaire une réplique inspirée dans la peau d’un Docteur Watson de Basse-Bretagne, attachée elle aussi à connaître le fin mot de cette énigme. Alice Isaaz – superbe dans le récent Mademoiselle de Joncquières –, en éditrice junior, et Bastien Bouillon, dans la peau de son compagnon, complètent agréablement le casting mais sans déployer l’énergie des deux principaux acteurs.

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Camille Cottin et Fabrice Luchini

Malgré d’indéniables qualités, Le mystère Henri Pick n’est pas appelé à figurer dans les florilèges des meilleurs films du cinéma français. Le 6e long-métrage de Rémi Bezançon n’en constitue pas moins un excellent divertissement, bien servi par une intrigue astucieuse – merci, Monsieur Foenkinos ! – et des comédiens impeccables, sans oublier quelques jolis plans de Camaret.

Quelques mots encore sur Fabrice Luchini. Tourner un film à Crozon a certainement dû émouvoir cet acteur singulier ; et pour cause : de son propre aveu, il voue une admiration sans bornes à Louis Jouvet, ce géant du cinéma français que les aléas de la vie ont fait naître dans ce « bout du monde » cerné par quelques-uns des plus sauvages promontoires rocheux de Bretagne. Nul doute également que Fabrice Luchini a apprécié sur la bande-son la présence, en forme de clin d’œil musical, de l’envoûtante mélodie hongroise de Schubert, omniprésente dans La discrète, un film de 1990 dans lequel l’acteur excellait déjà en… intellectuel cynique sur fond d’intrigue littéraire.

* Vidéo : What's a MacGuffin in Films and Why is It Called That

** En réalité, il n’existe qu’une bibliothèque des « refusés » sur la planète ; elle a été créée en 1990 par Richard Brautigan dans la ville de Vancouver : The Brautigan Library.

Bande-annonce du film



55 réactions


  • grangeoisi grangeoisi 6 mars 2019 09:23

    Bonjour Fergus, bien lancé ce film !

    Le Cimetière des livres oubliés serait-il un pendant de la Brautigan Library ?


    • Fergus Fergus 6 mars 2019 09:35

      Bonjour, grangeoisi

      Dans son livre, David Foenkinos s’est en effet inspiré des « refusés » de la Brautigan Library créée à Vancouver en 1990. J’ai mentionné cette bibliothèque insolite  et unique au monde dans un renvoi en fin d’article.


    • grangeoisi grangeoisi 6 mars 2019 09:59

      @Fergus

      Intéressant ! Ce qui déclenche l’idée pour la rédaction d’un roman est, sans doute, une étincelle suivi d’un long cheminement de maturation. 

      Espérons que Luchini a conservé des limites, son cabotinage est parfois en trop, reste à savoir si le metteur en scène en avait besoin.


    • Fergus Fergus 6 mars 2019 10:38

      @ grangeoisi

      « Ce qui déclenche l’idée pour la rédaction d’un roman est, sans doute, une étincelle suivi d’un long cheminement de maturation »
      Effectivement, il suffit parfois d’une idée ténue qui reste en l’état jusqu’au moment où se déclenche le processus d’écriture. Parfois des années après. Cela vaut également pour les scénarios originaux du cinéma et pour la composition en musique.

      En matière de cabotinage, Luchini est en effet au sommet du cinéma français, et c’est parfois agaçant.
      Dans « Le mystère Henri Pick », Luchini fait du Luchini, mais à mon avis sans aller trop loin.


  • Francis, agnotologue JL 6 mars 2019 09:51

    Bonjour Fergus,

     

     ce film est déjà sorti en salle ?

     Luchini n’en fait-il pas trop, comme d’habitude ?


    • Nowhere Man 6 mars 2019 10:20

      @JL
      Imbuvable macronien apolitique hier sur la 5.


    • Francis, agnotologue JL 6 mars 2019 10:33

      @Nowhere Man
       
      macronien apolitique ? Oui, c’est pas faux.


    • Fergus Fergus 6 mars 2019 10:41

      Bonjour, JL

      Le film sort aujourd’hui sur les écrans.

      Non, je ne trouve pas que Luchini en fasse trop (ce qui est effectivement son cas parfois). Il est odieux par moments, mais cela fait partie de son rôle. 


    • Francis, agnotologue JL 6 mars 2019 10:46

      @Fergus
       
       ’’ Le film sort aujourd’hui sur les écrans.

      ’’
       
       Vous l’avez vu en avant-première ?


    • Fergus Fergus 6 mars 2019 11:01

      @ JL

      Oui, il y a environ un mois à Dinan.


  • troletbuse troletbuse 6 mars 2019 10:08

    Encore un article qui ne mange pas de pain. On attend Grounichou smiley

    http://www.expressio.fr/expressions/ca-ne-mange-pas-de-pain.php


    • Fergus Fergus 6 mars 2019 10:44

      Bonjour, troletbuse

      Vous devez sacrément vous emmerder dans la vie pour passer votre temps à souligner la futilité des articles et commentaires des autres. Sans doute ne consacrez-vous votre vie qu’à de rares moments de grande élévation intellectuelle ! D’où cet ennui qui débouche sur l’aigreur...


    • troletbuse troletbuse 6 mars 2019 11:32

      @Fergus
      Mais non Mr Fergus. Pour vous et Grounichou, il suffit de lire le titre, c’est amplement suffisant. smiley
      Souvent, les commentaires sont beaucoup plus intéressants. Ma culture cinématographique s’est arrêtée en 2002. Et aujourd’hui comme votre copain Micron, je considère qu’il n’y a plus de culture, à part celle des navets. smiley


    • Fergus Fergus 6 mars 2019 11:42

      @ troletbuse

      Ce commentaire démontre bien que vous êtes aigri, et ce n’est pas l’emploi des émoticônes qui démontrera le contraire.

      Affirmer « qu’il n’y a plus de culture » est, désolé de vous le dire ainsi, une énormité d’une rare « beauferie » même si  et c’est vrai  le cinéma français n’est plus aussi inspiré qu’il a pu l’être durant le 20e siècle.


    • troletbuse troletbuse 6 mars 2019 12:18

      @Fergus
      Ben moi, comme notre présidente MicronAlla nous l’a dit, mais ce que vous ne dîtes pas, je n’ai PLUS trouvé de culture en France. Il a bien raison, non ? Enfin lui, il ne l’a jamais trouvé. Pour vous prouvez que vous avez raison, je rajoute un émoti-con smiley


    • troletbuse troletbuse 6 mars 2019 14:26

      @Cadoudal
      Aujourd’hui, on connaît la vraie raison car tous les faux-culs comme Micron se réclament du Gaullisme et sont européistes à fond. Y’a quéque chose qui ne colle pas. Mais ils ne sont pas à une contradiction près.
      Un film sur de Gaulle serait automatiquement descendu en flammes par notre presse bien-pensante


    • Fergus Fergus 6 mars 2019 16:56

      Bonjour, Cadoudal

      Ce n’est pas parce que vous avez vu un navet  et « Volontaire » semble en effet appartenir à cette catégorie  que tous les films français sont de la même médiocre veine. Il en est de magnifiques qui font la fierté de notre culture, et personnellement j’en vois chaque année d’excellents.

      Pourquoi, d’autre part, voudriez-vous que soit réalisé un film sur De Gaulle ? L’initiative appartient aux auteurs, et chacun est libre de traiter les sujets de son choix, fort heureusement. Cela dit, votre voeu sera sans doute exaucé tôt ou tard.


    • Fergus Fergus 6 mars 2019 17:28

      @ Cadoudal

      « financer leurs daubes, pas question de poser mon cul dans un cinéma pour aller voir un énième navet vivre ensembliste multi cucul de mes fesses »

      Bonjour, la caricature ! Que répondre à cela ? Lister quelques-uns des grands films produits en France ces dernières années ? Vous ne les avez pas vus, et vous êtes enfermé dans un préjugé dont vous refuseriez de sortir !


    • Fergus Fergus 6 mars 2019 18:00

      @ Cadoudal

      Je ne sais pas : je ne lis pas Télérama, et les avis de ses critiques que je peux lire ici et là sont loin de me convaincre.

      Mais en ce qui me concerne, et au risque d’en oublier, voici quelques-uns des excellents films français que j’ai vis ces derniers mois : 
      Edmond
      Mademoiselle de Jonquières
      Un amour impossible
      Le jeu
      Amanda
      Les chatouilles
      Pupille
      Monsieur et madame Adelman
      etc.


    • foufouille foufouille 6 mars 2019 18:17

      @Fergus
      que des grosses daubes.


    • Fergus Fergus 6 mars 2019 18:52

      Bonsoir, foufouille

      Des « grosses daubes » que tu n’as évidemment pas vues !  smiley


    • Fergus Fergus 6 mars 2019 18:58

      @ foufouille

      La seconde phrase m’a échappé : Tu es donc le mieux placé pour en parler !  smiley


    • Albert123 6 mars 2019 19:12

      @Fergus

      l’art subventionné est par essence de la propagande et le plus souvent mauvais, 

      ne parlons même pas des auteurs / acteurs qui tendent à la soumission la plus totale vis a vis du pouvoir en place, au point d’en devenir grotesques et surtout des « anti-artistes »

      on ne peut par ailleurs continuer de vanter les mérites d’un capitalisme libéralisé à outrance tout en mutualisant les risques par la majorité au profit d’une minorité.

      que ce soit dans le secteur du cinéma, de l’art contemporain ou même dans le secteur bancaire, les conséquences sont désastreuses et nourrissent la médiocrité.

      le cinéma français ne vaut pas un clou, vous me direz qu’Hollywood qui réussit à pourrir toute sa production avec un militantisme féministe débilitant ne fait pas mieux, 

      certes mais au moins le contribuable américain ne le subventionne pas avec ses impôts.


    • Fergus Fergus 6 mars 2019 19:32

      Bonsoir, Albert123

      Là où il n’y a pas d’« art subventionné », il n’y a souvent pas d’art du tout !

      Et en ce qui concerne le cinéma, c’est particulièrement vrai. La réalité est que c’est grâce au CNC que le cinéma français conserve une place enviée au plan international alors qu’il a périclité, et parfois disparu, dans des pays où il occupait naguère une place de premier plan.

      Le CNC n’est d’ailleurs pas géré par les seules autorités de tutelle car il fonctionne en relation étroite avec les professionnels. Et surtout les sommes qu’il gère et qu’il redistribue pour la création dans de nombreux domaines ne proviennent pas des proches des contribuables, contrairement à ce que vous affirmez, mais principalement de taxes spécifiques perçues sur la distribution.

      « le cinéma français ne vaut pas un clou »

      Affirmation gratuite qui mériterait un développement, non ? Allez dire cela à Bertrand Tavernier !!!


    • Fergus Fergus 6 mars 2019 20:50

      @ Cadoudal

      Curieuses questions !

      Parmi les acteurs de droite, on compte au moins ceux-là, et il y en a sans doute pas mal d’autres :

      François Berléand
      Christian Clavier
      Gérard Depardieu
      Véronique Genest
      Jean Reno
      Emmanuelle Seigner

      Pour ce qui est des réalisateurs, c’est nettement moins affiché. Et personnellement je n’en connais qu’un, Francis Veber, mais là aussi il y en a évidemment d’autres.


    • troletbuse troletbuse 6 mars 2019 21:01

      @Cadoudal
      Il y a un point où je ne suis pas d’accord avec toi. Rappelles-toi l’intérêt de Hollandouille pour le cinéma. Il se rendait même sur le plateau où tournait Julie Gayet. Quelle actrice surtout quand elle se mettait à moitié ou carrément à poil. Ensuite il a subventionné des tournages rue du Cirque où il se rendait à scooter la nuit afin de minimiser les dépenses
      Excepté les croissants du petit déjeuner. Les tournages, ca creuse.
      Il est drôlement bizarre que Flamby ait perdu tout intérêt pour le cinéma et le scooter quand Closer a fait paraître la fameuse photo. Closer l’a tué smiley


    • vesjem vesjem 6 mars 2019 21:17

      @Cadoudal
      de même que pas une orange de palestine ne franchit ma glotte, pas un navet subventionné et orienté de la communauté ne s’imprime sur ma rétine


    • Albert123 6 mars 2019 21:48

      @Fergus

      Si sans subvention, le cinema français périclite, c’est donc que son modèle économique n’est pas viable, que son cout de production est supérieur à sa rentabilité et que l’argent qui y est injecté l’est à perte pour nourrir au delà du nécessaire une caste, caste qui est donc débitrice et redevable de ceux qui tiennent les cordons de la bourse, la probité et la valeur de ce qui est le fruit de ce système est donc des plus contestable,

      De plus Les « Taxes spécifiques » restent des impots et donc de l’argent qui sort des poches du contribuable. Au final c’est un cout supplémentaire exigé auprès du public pour soutenir une production qui ne trouve pas son public et qui économiquement n’a pas lieux d’exister,

      Heureusement l’éspèce humaine n’a pas besoin de rendre économiquement viable sa production artistique pour que celle ci existe, le système de subventionnement sert donc à nourrir des parasites et non des artistes


    • foufouille foufouille 7 mars 2019 07:56

      @Fergus
      la dernière que j’ai vu un truc français, soit c’était un vieux film soit c’était nul comme la série de SF avec les villes réservées aux riches et les sans dents hors des murs dans un bidonville. et super mal joué.
      quota plus subventions donne des grosses daubes.


    • Fergus Fergus 7 mars 2019 09:00

      Bonjour, foufouille

      Qu’il y ait des « daubes », c’est incontestable. Mais ce n’est pas, loin de là, le cas de tous les films qui bénéficient des aides du CNC. Parmi toute cette production, composée  il faut le rappeler  de longs métrages, de courts métrages et de documentaires, il y a de véritables pépites dont certaines sont justement primées non seulement en France mais également à l’étranger.

      Bref, on ne peut pas donner une opinion générale sur le cinéma français à partir d’un ou deux exemples de films ratés. Même dans les musées les plus réputés, il y a des croûtes qui côtoient des chefs d’oeuvre ! 


    • vesjem vesjem 7 mars 2019 11:31

      @Cadoudal
      ma parole, mais il se fait virer à la fin de la vidéo, par la journalope de service ! son compte est bon, désormais interdit de séjour sur ce plateau


  • velosolex velosolex 6 mars 2019 10:31

    C’est pas le meilleur bouquin de Foenkinos non plus. Un film que je n’irai donc pas voir, car il me semble correspondre en tous points au patchwork habituel de la bonne vieille recette du ciné français, qualité France : Acteurs connus, joli coin de province utile a faire des plans esthétiques faciles, reprise d’un auteur agréable. ON évitera toute allusion sociale et politique à l’époque.

    Une tendance lourde du cinéma français, mais en cela logique, le cinema français n’étant que le miroir d’une certaine société bourgeoise, exigeant contre « l’exception culturelle », et l’avance généreuse sur recettes que la représentation du monde ne soit pas fâcheuse ni contestataire. Avez vous remarqué le silence assourdissant de nos cultureux actuellement. Un bon point pour Emilie Lhoiseaux., qui soutient le mouvement des coquelicots, et la lutte contre les pesticides 

    « Si fait mes bons maitres », comme dirait Luchini, qui ne peut passer sur une chaine sans faire l’éloge de LF Celine et de son voyage. Un bon livre, c’est pratiquement intraduisible sur un écran. C’est plus facile avec les mauvais ; Ils pétrifient moins, vous rendent plus libre. C’est comme la Bretagne. Je pense à cette ânerie que Chabrol avait fait en produisant « Le cheval d’orgueil ».

    Un fait, pas beaucoup de grands écrivains en bretagne. Je sais pas à quoi ça tient. Trop de respect peut être envers monsieur le curé pendant longtemps. Et à la beauté des fleurs d’hortensias. Ca nous fait de la peinture catastrophique. Je dis cela pour provoquer un peu. A peine. Trop de madame Bovary, et pas assez de Flaubert. Le Couemon en sa folie n’a pas mis ni Maupassant, ou Gustave en Bretagne. 


    • Fergus Fergus 6 mars 2019 11:00

      Bonjour, velosolex

      N’ayant pas lu le livre de Foenkinos, je ne peux pas le juger personnellement, mais le fait est qu’il semble loin du remarquable « Charlotte ». Personnellement, j’ai lu de lui « Je vais mieux » et je n’avais pas été emballé non plus. Mais ce qui compte ici n’est pas la qualité du bouquin, mais la capacité du metteur en scène à tirer profit de l’intrigue.

      A cet égard, le film est réussi, même s’il n’atteint pas les sommets. 

      « joli coin de province utile a faire des plans esthétiques faciles »
      Mauvais procès : Bezançon n’a pas cherché à poster des cartes postales, ce qui aurait pourtant été très facile dans la presqu’île de Crozon : de Camaret, on ne voit pas (sauf sur un plan lointain et furtif) la chapelle ND de Rocamadour et la Tour Vauban ; pas plus que l’on ne voit les très spectaculaires pointes de Pen Hir et de Dinan ou les superbes et sauvages plages de Penhat et Lostmarc’h.

      Pour ce qui est des acteurs connus, cela vaut surtout pour Luchini car Camille Cottin n’avait jusque là pas de références cinématographiques.

      Globalement, je trouve injuste votre commentaire à charge.


    • Fergus Fergus 6 mars 2019 11:03

      Je profite de ce commentaire pour signaler que la photo de l’affiche représente Cottin et Luchini à Pen Hir avec en arrière-plan la pointe du Toulinguet (reconnaissable à son sémaphore) et, plus loin encore la rade de Brest. 


    • Legestr glaz Legestr glaz 6 mars 2019 16:31

      @velosolex
      Vous dîtes : « Le Couemon en sa folie n’a pas mis ni Maupassant, ou Gustave en Bretagne ». 

      Et pourtant, Gustave y a fait un beau périple : « par les champs et par les grèves », en compagnie de son ami Maxime Du Camp

      https://books.google.ch/books/about/Voyage_en_Bretagne.html?id=PDwRA15e30AC&printsec=frontcover&source=kp_read_button&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false


    • Fergus Fergus 6 mars 2019 17:06

      @ Cadoudal

      Je ne connaissais pas cette anecdote de la miction de Sartre. Et à vrai dire, elle me fait ni chaud ni froid.

      Cela dit, concernant Chateaubriand, force est de reconnaître, sinon que l’on peut parler de « fausse simplicité », du moins que l’auteur des Mémoires d’Outre-Tombe a fait preuve d’une opiniâtreté qui a demandé des années d’efforts et de passe-droit pour en arriver à cette sépulture marine. J’ai raconté cela dans un article de 2014 intitulé Chateaubriand vs Brassens


    • vesjem vesjem 6 mars 2019 21:29

      @velosolex
      « Un fait, pas beaucoup de grands écrivains en bretagne. Je sais pas à quoi ça tient »
      Très simple mon cher watson : la bretagne a une culture orale, et les écrivains bretons sont rares dans la langue française, car l’immense majorité des bretons parlaient breton jusqu’en 1900 environ (et pas le français) ;
      Il a fallu que la raie-publique humilie les petits bretons à l’école lorsqu’ils parlaient le breton (interdit) à l’école, pour éradiquer presque totalement leur langue natale à l’orée des années 50


    • velosolex velosolex 6 mars 2019 22:47

      @vesjem
      Vous n’avez pas tort, comme on dit au pays. Bon, y a tout de même Chateaubriant, Renan, et Segalen. Le premier surtout, qui a énormément compté. Peut être que je mettrais un de ces jours à ces mémoires dont on dit le plus grand bien. Personne ne lit plus, mais pour moi c’est un argument supplémentaire, un bon voyage dans le temps. Rien que mieux qu’un bon bouquin pour vous faire décoller, mieux que la plupart des destinations touristiques. Pour la légende, faut attendre que le soupe soit refroidit avant de servir. Qu’est ce qui restera de Foenkinos ? Un auteur agréable, mais pas un génie. Ca suffit pour faire une comédie où l’on évitera de mettre du gilet jaune, à la limite du ciré de la même couleur. Pour le malheur de la langue je suis bien trop au courant ; Un sujet qui n’intéresse plus personne. Les minorités linguistiques en France ont été remembrées. Le reste a suivi. C’est toute la diversité du monde qui disparait et Paris qui assure le touring club des happy few vers le pen ar bed revisited 


    • velosolex velosolex 6 mars 2019 22:56

      @Legestr glaz
      Un très bon livre. On voyage sacrément dans le temps et dans les mentalités avec Les écrits de voyage. Il existe plusieurs versions de l’ouvrage, écrit à deux quatre mains, entre celle de Maxime du Camp et de Flaubert. Les vues sont souvent péremptoires et un peu hautaines, illustrant le dédain Parisien envers cette province qui fascine, mais qui fait tout autant horreur, avec ces petits mendiants et ces pardons exotiques. La compassion est rarement présente. Ah si je me souviens d’un passage, est ce dans le centre bretagne, ou Flaubert compatit au sort d’un veau de lait tétanisé au milieu de la mare de sang d’un abattoir improvisé dans la rue. 


    • Fergus Fergus 6 mars 2019 23:02

      @ velosolex4

      Il y a aussi Lammenais, Hémon, Jacob, Hélias, Grall, Pollès, Le Bris, Queffélec, Vercel, etc.


    • velosolex velosolex 7 mars 2019 00:25

      @Cadoudal
      Il n’y a que sartre pour me donner la nausée. 
      On peut se moquer de beaucoup de chose, mais pas de l’urine, un bon fertilisant pour le jardinier, et un antiseptique utile au campeur, ou au cycliste en goguette, s’il se fait piquer par une guêpe.
      On pisse sur les autres, et sur les tombes pour l’idée, mais on se pisse dessus pour se sauver de l’infection. 
      Ainsi l’idée précède l’action, et détermine le destin. Mais l’enfer, c’est l’essaim. 


    • velosolex velosolex 7 mars 2019 00:31

      @velosolex
      J’ai retrouvé ce passage, acté en fait à Quimper. On l’oublie, mais dans les abattoirs venaient les enfants anémiques, à qui au milieu des animaux égorgés, on donnait un verre de sang, tout chaud, afin de les fortifier. 
      « Il y avait des cris singuliers, des intonations d’une détresse profonde qui semblaient dire des mots qu’on aurait presque pu comprendre. En ce moment, j’ai eu l’idée d’une ville terrible, de quelque ville épouvantable et démesurée, comme serait une Babylone ou une Babel de cannibales où il y aurait des abattoirs d’hommes ; et j’ai cherché à retrouver quelque chose des agonies humaines dans ces égorgements qui bramaient et sanglotaient. [...] Un garçon a pris un maillet de fer, on a poussé devant lui le pauvre veau qu’on venait de délier, il a levé son instrument dont il l’a frappé d’un coup sec sur le crâne entre les yeux [...] Au premier coup de couteau [la bête] a frémi dans toute sa chair, puis elle est redevenue morte. L’était-elle ? Qui le sait ? Qu’en savez-vous, vous philosophes et physiologistes ? Êtes-vous bien sûr de ce que c’est que la mort ? Qui vous a dit que pour n’avoir pas de manifestations l’âme n’avait plus de conscience ? Et qu’elle ne sentait pas goutte à goutte, atome à atome, la décomposition de ce corps qu’elle animait ? »


    • Fergus Fergus 7 mars 2019 09:06

      Bonjour, velosolex

      « dans les abattoirs venaient les enfants anémiques, à qui au milieu des animaux égorgés, on donnait un verre de sang, tout chaud, afin de les fortifier »

      Pas seulement les anémiés, il y avait aussi les bourgeoises comme je l’ai écrit en 2016 dans un article intitulé Paris au temps des abattoirs  :

      « Les abattoirs disparus, ce sont désormais les promeneurs et les amateurs d’art et de culture qui ont pris possession de ces lieux. Et rares sont, parmi eux, ceux qui ont une pensée pour les millions d’animaux qui ont péri là, dans les anciens abattoirs, de la main des chevillards avant d’être livrés aux couteaux et aux scies des bouchers. Et combien, parmi ces visiteurs, savent que l’on venait autrefois à La Villette ou à Vaugirard, boire le sang chaud des bœufs ? Certes, ces « buveurs de sang » étaient principalement des phtisiques ou des anémiques auxquels cette thérapie avait été recommandée. Mais l’on trouvait également parmi eux quelques bourgeoises convaincues que ce régime leur donnerait bon teint. »


    • Fergus Fergus 7 mars 2019 09:20

      @ velosolex

      A propos d’écrivains bretons, l’on peut également citer le poète... provençal Saint-Pol-Roux qui s’était installé dans un manoir nommé Coecilian, situé sur la lande à mi-chemin entre Camaret et la pointe de Pen Hir. Ce lieu a connu des drames puisqu’il a vu en 1940 un soldat allemand tuer la gouvernante et blesser la fille du poète après l’avoir violée tandis que Saint-Pol-Roux était également grièvement blessé. Le manoir a ensuite été bombardé par les alliés en 1944 et incendié. Il n’en reste que quelques vestiges sous la forme de moignons de pierre...

      Lors de l’avant-première à laquelle j’ai assisté, j’ai demandé à Rémi Bezançon s’il n’avait pas été tenté d’insérer dans son scénario un contrepoint dramatique sous la forme d’un hommage rendu au poète par le personnage  fin connaisseur de littérature  interprété par Luchini. Le réalisateur m’a répondu qu’il ne connaissait pas cette histoire et que personne à Camaret ne lui en a parlé. A quelques centaines de mètres des ruines de Coecilian, c’est étonnant, et cela montre que décidément les rapports des Français à la culture littéraire deviennent toujours plus ténus, hélas !


    • vesjem vesjem 7 mars 2019 10:50

      @velosolex
      pour ma part, je lis régulièrement des livres d’auguste dupouy (1872/1967), écrivain breton peu connu et peu reconnu à tort, qui a beaucoup écrit sur la bretagne (romans, essais…) 


    • Fergus Fergus 7 mars 2019 11:02

      @ velosolex

      « On pisse sur les autres, et sur les tombes pour l’idée, mais on se pisse dessus pour se sauver de l’infection »

      Mais aussi par simple maladresse comme il est dit dans cette vieille chanson béarnaise : « Chot, me pissat en la camisa, chot me pissat en lous esclops  ! » smiley


    • velosolex velosolex 7 mars 2019 12:03

      @Fergus
      J’ignorais cette histoire, semblable à celle de beaucoup d’exactions commis lors de la libération. Ce qui est surprenant, c’est que celle ci se soit passé en 40, une époque où le commandement allemand tenait à des rapports pacifiés avec la population. Un crime de droit commun commis sous l’uniforme ?..
      Tous les allemands n’étaient pas des fins lettrés comme l’officier allemand de « la mémoire et la mer » de Vercors.


    • velosolex velosolex 7 mars 2019 12:14

      @vesjem
      Je ne connais pas. Par contre j’ai lu il y a deux ans un livre de voyage en bretagne, écrit à l’époque par une jeune voyageur, il a tout juste vingt ans, très bien écrit ; « Voyage en bretagne », de Fortuné de Boisgobey , qui vaut vraiment le détour https://bit.ly/2H3O66n
      Acheté dernièrement sur le marché les mémoire de madame de la roche jacquelein qui illustre surtout la retraite de la marche dite de galerne, et les massacres concomitants, horribles, militaires et civils, lors de guerres de Vendée. Les gilets jaunes de l’époque. Qui sait en passant sur la quatre voies entre Nantes et la la roche Bernard, près de Prinquiau, cette horreur, dont la mémoire n’est guère entretenue. 


    • Fergus Fergus 7 mars 2019 15:38

      @ velosolex

      « Un crime de droit commun commis sous l’uniforme ? »

      Oui, et le criminel en question a été arrêté, jugé et exécuté.


    • vesjem vesjem 9 mars 2019 19:31

      @velosolex
      je vais tâcher de trouver ce bouquin sur chapiîre.com


  • L'enfoiré L’enfoiré 6 mars 2019 17:33

    Salut Fergus,

     On parlait de ce film à la trentième minute de notre JT de hier soir.

     De Lucchini, je suis un fan..

     L’histoire est originale et en plus une histoire vraie d’une imposture d’un best seller menée par Jean Michel Rouche

     Vouloir la vérité alors que la société ne fonctionne que grâce aux mensonges. comme des fantasmes de mai 68. Parce que je ne dis pas ce que je pense de toi. Il y aurait plus de bagarres", disait -il..

     Cela au moins c’est vrai


    • Fergus Fergus 6 mars 2019 18:56

      Bonsoir, L’enfoiré

      « Le vrai n’est quelquefois pas vraisemblable » disait Boileau. Et vice-versa !  smiley


  • Xenozoid 7 mars 2019 22:29

    super juan est bloqué dans sa tête,si il en a une


  • AnnyValentine 22 février 2020 23:07

    Et les films comme celui-ci touchent l’âme, n’est-ce pas ? C’est agréable à regarder https://voirfilmstreaming.tv/famille-hd/ et à apprécier.


    • Fergus Fergus 23 février 2020 09:03

      Bonjour, AnnyValentine

      Le streaming a ses adeptes. C’est un bon moyen pour voir des films au moment où l’on est disponible. 


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