samedi 29 juin 2019 - par Axel_Borg

Le court de tennis le plus prisé de France

La brique pilée de Roland-Garros ? L'académie de Patrick Mouratoglou sur les pinèdes de Sophia Antipolis ? Ni l'un ni l'autre mais le court en gazon de l'ambassade de Grande-Bretagne, alias Wimbledon sur Seine. C'est là que la plupart des meilleurs tennis(wo)men français(es) viennent préparer le troisième tournoi du Grand Chelem de la saison, avant de prendre l'Eurostar de Paris Gare du Nord vers Londres Saint-Pancras, en espérant succéder à Yvon Petra et Marion Bartoli, derniers lauréats français chez les messieurs (1946) et les dames (2013) respectivement.

La France et l'Angleterre, deux ennemis multi-séculaires devenus amis au fil de tant d'évènements historiques : Guerre de Cent Ans (1337-1453), Camp du Drap d'Or (1520), guerres napoléoniennes marquées par les batailles de Trafalgar (1805) et Waterloo (1815), Entente Cordiale (1904), déclin géopolitique commun via la décolonisation et la crise de Suez (1956), inauguration du Tunnel sous la Manche (1994) ... 

Inséparables, les deux pays le sont aussi dans plusieurs domaines du monde sportif : En Formule 1, les Grands Prix de Grande-Bretagne et de France sont deux piliers historiques du Mondial : le premier fut le premier à accueillir les bolides de F1 le 13 mai 1950 à SIlverstone, le second fut le premier Grand Prix automobile de l'Histoire en 1906.

En rugby, le XV de la Rose et le XV de France sont historiquement les meilleures du Vieux Continent, se partageant les records en Tournoi des Cinq puis des Six Nations, mais surtout les meilleurs résultats en Coupe du Monde (titre pour l'Angleterre en 2003 et finale en 1991, finales pour la France en 1987, 1999 et 2011).

Si Albion est peu présente en cyclisme via sa géographie trop plate là où l'Hexagone tient le haut du pavé avec le Tour de France, Paris-Nice, le Critérium du Dauphiné Libéré et Paris-Roubaix, le rapport de forces s'inverse en golf où l'île de sa Majesté est le berceau du jeu via l'Ecosse et Saint-Andrews, ainsi que son écrin avec le British Open, plus prestigieux des quatre levées du Grand Chelem.

Reste le tennis ... Là aussi, comme souvent, l'invention est d'origine anglaise, bien que directement inspirée du Jeu de Paume à la française. Le mot tennis dérive du vieux français tenetz ... Là encore, le temple du jeu est en Angleterre, à Wimbledon. Mais là encore, la France possède un magnifique patrimoine avec Roland-Garros, fief construit pour la Coupe Davis 1928 et bastion imprenable pendant six ans, qu'Albion sera la première à conquérir en 1933.

Des deux côtés, on compte des joueurs et joueuses de grand calibre ... Fred Perry et Andy Murray ont porté bien haut les couleurs de l'Union Jack sur les courts du monde entier. Côté français, Suzanne Lenglen, Mary Pierce et Amélie Mauresmo chez les dames, ainsi que les mousquetaires Jean Borotra, Henri Cochet et René Lacoste chez les messieurs, ont offert d'immenses résultats individuels (hors Coupe Davis).

Qui dit Paris-Londres dit Roland-Garros - Wimbledon, soit le doublé le plus difficile à réaliser sur une même saison ... Seuls quelques joueurs d'exception y sont parvenus : Jack Crawford (1933), Don Budge (1938), Tony Trabert (1955), Lew Hoad (1956), Rod Laver (1962 et 1969), Bjorn Borg (1978, 1979 et 1980), Rafael Nadal (2008 et 2010), Roger Federer (2009). Chez les dames, l'exploit reste assez rare également : Maureen Connolly (1953), Margaret Court Smith (1970), Billie Jean King (1972), Chris Evert (1974), Martina Navratilova (1982, 1984), Steffi Graf (1988, 1993, 1995 et 1996), Serena Williams (2002 et 2015).

Une fois Roland terminé, la transition est bien difficile à réaliser avec peu de tournois chez les messieurs : le Queen's à Londres, Halle et Stuttgart en Allemagne, Eastbourne ou s'Hertogenbosch (Bois-le-Duc).

Rien à voir avec le nombre incalculable de tournois sur terre battue, de l'Europe (Monte-Carlo, Barcelone, Munich, Madrid, Rome, Estoril, Genève, Lyon) à l'Amérique du Sud (Rio de Janeiro, Buenos Aires, Vina del Mar) en passant par l'Amérique du Nord (Houston) et même l'Afrique (Marrakech).

Difficile de faire plus différent que le gazon où la balle fuse, favorisant le jeu d'attaque et de service-volée, même si Wimbledon a ralenti sa mythique pelouse depuis le début des années 2000, et la brique pilée où les longs échanges, le lift et l'endurance sont des armes absolues pour l'emporter.

Comment faire, en tant que joueur français pour préparer Wimbledon au mieux ? Yvon Petra (1946) attend toujours son successeur chez les messieurs, avec Cédric Pioline pour seul finaliste depuis, en 1997 contre Pete Sampras.

En France, si l'on excepte les courts du tournoi de Deauville (créé en 2016) et ceux de Lagardère Racing dans le Bois de Boulogne, un des courts sur gazon les plus prisés pour préparer Wimbledon reste est situé non loin de la Place de la Concorde : un écrin de verdure en plein Paris, entouré de géraniums, de rosiers et d’agapanthes. Le gazon y est tondu à hauteur d’un centimètre, contre 8 millimètres pour Wimbledon. Autour du court, un marronnier, un goyavier, un magnolia. Les bancs en bois, et la petite fontaine verte renforcent encore l’atmosphère bucolique de ce lieu hors du temps.

Plus connue pour l'Elysée ou sa présence sur le plateau parisien du Monopoly,la rue du Faubourg Saint-Honoré est aussi l'hôte de l'Ambassade de Grande-Bretagne, avec l'Union Jack qui flotte donc sur le 35 de cette très longue rue qui commence rue Royale et se finit à l'intersection de l'avenue de Wagram avec la place des Ternes. La diplomatie de Sa Majesté occupe un ancien hôtel particulier que possédaient jadis les frères Péreire, célèbres banquiers du XIXe siècle.

C’est à l’Ambassade britannique, sur le territoire diplomatique de la Perfide Albion, qu’Amélie Mauresmo avait préparé sa victoire de 2006 à Wimbledon. Ce court est également très apprécié des VIP, l’essayiste Alain Minc, le directeur général de la Société Générale Frédéric Oudéa, l’actuel ambassadeur de France à Londres Jean-Pierre Jouyet (ancien ministre et secrétaire général de l’Elysée), les hommes politiques François Baroin et Bruno Le Maire …

L'Histoire de ce Wimbledon sur Seine débute en 1992 quand la reine Elizabeth II inaugure ce court de tennis au sein de son ambassade à Paris. Cependant, les employés fans de tennis tapaient la balle dans le jardin façon pendant leur pause déjeuner : Ils traçaient eux mêmes des lignes sur un court imaginaire. Mais ce n'était pas pratique car il y avait deux grands marronniers au milieu de la pelouse, raconte Ben Newick, majordome de l'ambassade pendant 37 ans. 

Les arbres menacent de s'effondrer après la tempête du 15 au 16 octobre 1987 (ouragan de force 3 dans l'échelle de Saffir-Simpson). L'ambassade obtient le droit de les faire abattre ... Dès le départ, des évènements sont organisés par HSBC. D'anciens champions comme John McEnroe, Yannick Noah ou Henri Leconte sont conviés à fouler le gazon de l'Ambassade.

Il semble cependant utopique de croire qu'un Français, passé ou non par l'Ambassade de Grande-Bretagne, puisse priver le tandem Novak Djokovic / Roger Federer du titre à Wimbledon, tant le Serbe et le Suisse sont les immenses favoris du tournoi qui s'ouvre lundi 1er juillet ...



13 réactions


  • leypanou 29 juin 2019 18:47

    tant le Serbe et le Suisse sont les immenses favoris du tournoi qui s’ouvre lundi 1er juillet ... 

     : attendons la 2ème semaine, beaucoup de choses peuvent se passer d’ici là.

    Rafa aimerait bien refaire un doublé RG-Wimbledon. Pour les next-gen je n’y crois pas encore trop pour cette année : parmi eux, Tsitsipas est le mieux placé je pense.

    En tout cas, une 1/2 finale Federer-Rafa me fait saliver d’avance et une finale avec deux des Big Three pareil.


    • Axel_Borg Axel_Borg 3 juillet 2019 16:59

      @leypanou,

      J’aimerais comme toi croire à un renouveau mais une fois de plus la 1re semaine montre les limites des challengers de la Next Gen. A. Zverev, Dimitrov et Tsitsipas prennent la porte d’entrée au 1er tour ...

      Curieux de voir ce que fera Kyrgios contre Nadal, et surtout jusqu’ou ira le jeune espoir canadien FAA. Je ne crois pas du tout en Khachanov, Medvedev ou Goffin sur cette surface, et Coric est absent.

      La marge dont disposent Novak Djokovic (qui a pris Goran Ivanisevic comme consultant spécial dans son team) et Roger Federer sur gazon est telle que je serais surpris de ne pas les voir se retrouver en finale. Mais en sport, le facteur humain étant gigantesque, tout est possible alors restons prudents.

      On verra aussi ce que donnent les doubles Murray / Herbert et Murray / Serena dans ce Wimbledon 2019.

      Quant à Nadal, attention à lui s’il passe le cut de la 1re semaine, quand le gazon sera ralenti il sera redoutable. Le Big Three est donc encore le favori logique de ce tournoi à Church Road.


  • Axel_Borg Axel_Borg 15 juillet 2019 09:45

    Ce fut bien Djokovic / Federer hier en finale, avec Nadal en 3e hoimme de cette quinzaine encore largement dominée par le Big Three. Le reste des simples mortels a encore du pain sur la planche pour l’US Open et surtout pour 2020.

    Le Djoker et Rafa déjà qualifiés pour le Masters, Federer plus très loin de les imiter et Thiem bien embarqué.

    Quant à la finale d’hier, quel suspense insoutenable et quelle résilience du Serbe. Globalement dominé par le maestro suisse, Nole a tenu le choc avec 2 balles de match à 8-7 au 5e set avant de l’emporter (via le fameux super tie-break à 12-12), une première en GC depuis Gaudio face à Coria (RG 2004).

    La course au record est plus que largement relancée : 20 GC pour Federer, 18 pour Nadal et 16 pour Djokovic donc ...

    Tant qu’il maintiendra une telle forme physique et un tel niveau de tennis, le Suisse pourra toujours espérer un 21e majeur, étant passé à un point près hier dans son jardin londonien favori ...

    Quintuple lauréat à Wimbledon, Nole rejoint Borg dans la légende du tournoi anglais et se met en position pour un troisième Petit Chelem après ceux de 2011 et 2015 ...


    • leypanou 15 juillet 2019 10:08

      @Axel_Borg
      Salut,
      Tu auras bien remarqué que cette finale reflète bien une certaine « inconstance » de Djoko : 1er set gagné au tie-break, 2ème set perdu 6-1, 3ème gagné au tie-break, 4ème set perdu 6-4 après avoir été breaké 2 fois et dé-breaké 1 fois, et même le 5ème où il fait le break le premier, se fait de-breaké, sauve 2 balles de match pour finir par s’imposer au tie-break à 12-12.

      C’est cette relative « inconstance » qui fait qu’il a perdu des finales -ou non- en GC ou M1000 contre des gens qui sur le papier n’ont aucune chance contre lui (Wavrinka, Khachanov, Zverev, Bautista Agut,etc).

      S’il avait été plus constant, cela aurait fait très longtemps qu’il aurait battu le record de Federer, qu’il n’ait que 3 US Open malgré son excellent niveau sur hard le prouve assez.

      Des Big 3, c’est Nadal le plus constant à mon avis, et ses 12 RG le prouvent. Federer aussi a une certaine inconstance en perdant des matchs en 5 sets après avoir mené 2 sets à 0.

      Le dernier challenge qui reste à Djoko est de gagner RG une deuxième fois, et Nadal la finale ATP (extraordinaire alors que N Davidenko, G Dimitrov, A Zverev l’ont gagnée).

      PS peut-être avoir pris le grand serveur croate Goran Ivanisevic dans son équipe est pour améliorer encore son service qui à mon avis est moins performant que celui de Federer ou Nadal


    • Axel_Borg Axel_Borg 15 juillet 2019 14:34

      @leypanou,

      Mettons de côté les GC et les M1000. Nole se fiche des Masters 1000 comme de sa première chaussette surtout qu’il a désormais tout gagné dans la catégorie depuis Cincinnati 2018. S’il peut les gagner pour se mettre en confiance comme madrid cette saison, tant mieux, mais il vise le top 6 : 4 GC, Jeux Olympiques et la Masters Cup (ATP World Tour FInals).

      Sur l’US Open, tu as parfaitement raison. Sur les 5 finales perdues (2007, 2010, 2012, 2013, 2016), il en perd 3 de façon assez peu acceptable ... En 2010 et 2013 contre Nadal théoriquement moins bon que lui sur ciment new-yorkais et en 2012 contre un Murray toujours « poule mouillée » bien que fra^cihement médaillé d’or olympique aux Jeux de Londres.

      En 2007 contre Federer il était rookie défaite logique, en 2016 contre Wawrinka, le Serbe n’aurait jamais du arriver en finale, il était dans le toboggan de la démotivation après son burn-out post Djoko Slam.

      Sur le reste de ces défaites en finale de GC, il faut mentionner Wimbledon 2013 contre Murray. Sinon à Roland-Garros, il manque de chance en 2012 contre Nadal (la pluie permet à l’Espaqnol de se sortir d’une mauvaise dynamique le dimanche) mais se loupe totalement en 2015 contre Stanimal malgré le gain du 1er set.

      Nadal est super constant à Roland-Garros mais attention il a vécu un trou de cinq ans à Wimbledon (2012-2016) sans aucun résultat probant en 2e semaine.

      En Australie, l’Espagnol compte déjà 4 finales perdues : 2012 et 2019 contre Djokovic, 2014 contre Wawrinka (certes blessé donc le Vaudois fut aidé) et 2017 devant Federer alors que le Suisse ne l’avait pas battu en GC depuis 10 ans.

      Quant à l’US Open, certes triple lauréat, le gaucher de Majorque manque de régularité avec des sorties précoces contre Fognini (2015) et Pouille (2016).

      Mais on pourra toujours trouver ce genre de sorties de route précoces chez Fed Ex (Ancic en 2002 au 1er tour de Wimbledon, Horna en 2003 au 1er tour de RG, Seppi en 2015 au 3e tour de l’OA) et Nole (Safin en 2008 au 2e tour de Wimby, Querrey en 2016 au 3e tour de Wimby et surtout Istomin en 2017 au 2e tour de l’OA)

      Dernier point : le loup-garou vaudois Stanimal Wawrinka au top de sa forme pouvait entre 2014 et 2016 battre n’importe qui, que ce soit Djokovic, Nadal ou Federer.
      Le fait qu’il ait signé 2 GC en scalpant deux des trois membres du Big Three devait te le prouver Melbourne 2014 (Djokovic puis Nadal bien que blessé) et surtout RG 2015 (Federer puis Djokovic).
      Mais Stan the Man était un homme de coups d’éclat, et non un marathonien capable de devancer les 3 titans au sommet du classement ATP (meilleur classement 3e ce qui du temps du Big Three vaut une place de n°1 à l’époque de Sampras et Agassi selon moi ...).


    • leypanou 15 juillet 2019 16:40

      @Axel_Borg
      Les JO pour Nolé, je n’y crois plus trop même s’il y tient d’après ce que j’ai lu. Pour Federer, pareil.

      Ce que je tenais à dire c’est que malgré ses résultats extraordinaires, il a de temps en temps des « trous » pendant des matchs, qui entrainent des défaites. Même dans sa tête, je pense qu’il doit se poser des questions (il l’a dit au moins une fois).

      Pour moi, le Grand challenge pour lui est vraiment de battre le majorquin à RG en finale mais ce n’est pas avec le jeu qu’il a montré en demie-finale avec D Thiem qu’il pourra le faire.

      Sur Stan, 100% d’accord avec toi : l’un des rares (le seul ?) joueurs à avoir gagné plus de GC que de M1000.
      S’il n’y a pas de blessure, on pourra re-avoir une finale Djoko Federer à l’US Open.


    • Axel_Borg Axel_Borg 15 juillet 2019 16:54

      @leypanou,

      Oui pour Djokovic il doit progresser encore mentalement même si la résistance offerte hier est plus que remarquable contre un Federer des grands jours.

      Battre Nadal en finale à Roland-Garros c’est en effet LE défi ultime du tennis du XXIe siècle. Il ne reste plus beaucoup de temps à Djokovic, entre 2020 et 2022 à condition que Rafa ne se blesse pas ou ne prenne pas sa retraite avant.
      Et que Thiem ne progresse pas trop, voire qu’un autre prodige (Tsitsipas, FAA ?) ne vienne à éclore d’ici là ...

      Un mot sur la course au GOAT du 3e millénaire (respectons encore Tilden, Gonzales, Rosewall, Laver, Borg et Sampras)

      20 18 16, et je vois mal Federer regagner ailleurs qu’à Wimbledon. L’US Open il n’y a plus gagné depuis 2008, surface très exigeante physiquement et problème de chaleur l’an passé avec le toit à Flushing.

      On verra ce que donnent Toronto et Cincinnati mais le Djoker sera encore favori à New York City, devant Nadal si ce dernier tient le coup au niveau physique.

      Mais si la Next Gen ne met pas rapidement la vitesse supérieure, vu les problèmes rencontrés par Wawrinka et Del Potro (je ne parle même pas de Murray), le Serbe a un boulevard pour fondre sur Nadal puis sur Federer au nombre de titres en GC ...

      Tout en sachant que tout peut changer très vite et venir casser la dynamique actuelle, favorable à l ’ogre de Belgrade après la période OA 2017 / RG 2018 si favorable à l’hydre hispano-suisse Fedal.


    • leypanou 15 juillet 2019 19:44

      @Axel_Borg
      Tout en sachant que tout peut changer très vite et venir casser la dynamique actuelle 

       : je ne sais pas qui s’est le plus arrêté (durée et nombre de fois) sur blessure entre Nadal et Djoko.

      Je ne pense pas d’ailleurs que ni Djoko ni Nadal puissent tenir jusqu’à 37ans comme Federer à son niveau.

      En tout cas, les 3 ont marqué l’histoire du tennis : quand on voit les résultats des Lendl, McEnroe, Connors ou autres, çà n’a rien à voir avec les Big 3.

      J’ai constaté que Djoko a perdu beaucoup de finales à Cincinnatti, quasi-chasse gardée de Federer : s’ils y vont tous les 2, il y aura une revanche dans l’air.


    • Axel_Borg Axel_Borg 16 juillet 2019 09:16

      @leypanou,

      Djokovic a été blessé en 2017 mais c’est tout, avec pour seuls abandons Roland-Garros 2005 face à Guillermo Coria, Roland-Garros 2006 face à Rafael Nadal, Wimbledon 2017 face à Tomas Berdych et pour seul forfait l’US Open 2017 (et par effet ricochet la Masters Cup 2017 pour lequel le Djoker n’était pas encore qualifié cependant).

      Bref très régulier pour ne pas se blesser comme Federer d’ailleurs, le Suisse ayant seulement manqué Roland-Garros et l’US Open 2016 sur blessure depuis son avènement au top mondial en 2003 (et là aussi par effet domino la Masters Cup 2016 pour lequel le Bâlois n’était pas encore qualifié cependant).

      Nadal c’est un véritable almanach des séjours à l’infirmerie : Masters Cup 2005, Masters Cup 2008, Wimbledon 2009, US Open 2012, Masters Cup 2012, Open d’Australie 2013, US Open 2014, Wimbledon 2016 ... Sans oublier ses abandons de 2018 contre Cilic à Melbourne et contre Del Potro à New York, également en 2010 contre Andy Murray.

      Un seul homme dans le tennis moderne aurait pu rivaliser avec le Big Three question palmarès s’il avait eu les moyens physiques de développer son jeu sur terre battue et de poursuivre sa carrière en 2003 et 2004 : Pete Sampras.

      Car avec 14 GC et 5 Masters Cup, soit 19 titres majeurs, Pistol Pete fait toujours jeu égal avec Nadal au panthéon (18 GC et 1 médaille d’or olympique), sans oublier le fait qu’il a fini 6 fois n°1 consécutivement de 1993 à 1998, Federer et Djokovic ayant seulement fini 5 fois en tête du classement ATP (non consécutivement).

      Agassi a eu une carrière trop fantasque dommage car il aurait pu en gagner bien plus que 8 des tournois du GC.
      Lendl ? Il a perdu trop de temps avant de se débloquer en 1984, et n’a jamais gagné Wimbledon face à des jardiniers aussi brillants que McEnroe, Becker et Edber.

      Mc Enroe ? Un artiste, un virtuose du jeu, le meilleur gaucher jamais vu avec Connors avant que Nadal n’arrive en 2005, mais totalement dépassé par le tennis physique des Lendl et Becker dès 1985. Comme Jimbo et Iceborg, Big Mac n’allait jamais en Australie aussi, car placé trop tard fin décembre après Masters et Coupe Davis. Connors y avait gagné en 1974 et Borg n’y serait allé qu’en cas de Grand Chelem, mais il fut battu en finale à New York en 1978 comme en 1980 ...

      Connors ? Suspendu par Chatrier en 1974, il boycotte ensuite Roland-Garros de 1975 à 1978. Globalement dominé par Borg et McEnroe à Wimbledon, il n’a pas assez profité de son âge d’or des années 70 pour enquiller les GC comme des perles.

      Tant mieux pour Bjorn Borg qui fera 3 doublés RG / Wimbledon de 1978 à 1980. Jusqu’où serait-il monté sans sa retraite de 1982 ? Nul ne le sait ... A Wimbledon, McEnroe l’avait battu en 1981, le vent avait tourné, mais à Paris, on peut penser que le Suédois, vraiment motivé, aurait encore pu gagner plusieurs fois et se rapprocher de la dizaine de trophées sur l’ocre de la Porte d’Auteuil.

      Si tu veux vraiment comparer le Big Three avec leurs homologues du passé, il faut enlever l’OA pour tenir compte de cet effet « boycott », le tournoi austral n’ayant repris du galon qu’à partir de 1983 avec la victoire de Mats Wilander

      Palmarès en GC sans Open d’Australie (ère Open seulement, je ne compte pas Rod Laver et Ken Rosewall qui sont à cheval avec les ères amateur et pro)

      1/ Rafael Nadal 17 titres majeurs (12 Roland-Garros + 2 Wimbledon + 3 US Open)

      2/ Roger Federer 14 titres majeurs (1 + 8 + 5)

      3/ Pete Sampras 12 titres majeurs (0 + 7 + 5)

      4/ Björn Borg 11 titres majeurs (6 + 5 + 0)

      5/ Novak Djokovic 9 titres majeurs (1 + 5 + 3)

      6/ John McEnroe 7 titres majeurs (0 + 3 + 4)
      6/ Jimmy Connors 7 titres majeurs (0 + 2 + 5)

      8/ Ivan Lendl 6 titres majeurs (3 + 0 + 3)

      9/ Andre Agassi 4 titres majeurs (1 + 1 + 2)
      9/ Boris Becker 4 titres majeurs (0 + 3 + 1)
      9/ Stefan Edberg 4 titres majeurs (0 + 2 + 2)
      9/ Mats Wilander 4 titres majeurs (3 + 0 + 1)

      12/ Gustavo Kuerten 3 titres majeurs (3 + 0 + 0)
      12/ Andy Murray 3 titres majeurs (0 + 2 + 1)

      14/ Arthur Ashe 2 titres majeurs (0 + 1 + 1)
      14/ Sergi Bruguera 2 titres majeurs (2 + 0 + 0)
      14/ Jim Courier 2 titres majeurs (2 + 0 + 0)
      14/ Lleyton Hewitt 2 titres majeurs (0 + 1 + 1)
      14/ Patrick Rafter 2 titres majeurs (0 + 0 + 2)
      14/ Guillermo Vilas 2 titres majeurs (1 + 0 + 1)
      14/ Stanislas Wawrinka 2 titres majeurs (1 + 0 + 1)

      Cela ne veut pas dire que Nadal est le GOAT mais cela montre bien que le Big Three a aussi bénéficié (statistiquement) de la prépondérance de l’Open d’Australie surtout Djokovic et dans une moindre mesure Federer, là où la notion de record de Roy Emerson n’existait pas vraiment, le truc est ressorti en 1999-2000 avec les 12e et 13e titres majeurs de Pete Sampras, tous deux gagnés à Wimbledon.


    • Axel_Borg Axel_Borg 16 juillet 2019 09:17

      Pour Nadal j’ai oublié ses forfaits aux Masters Cups en 2014, 2016 et 2018.


    • leypanou 16 juillet 2019 09:48

      @Axel_Borg
      Ce que j’aimais bien chez Sampras, c’est que quand il arrive en finale, il est rarement battu. Cela tient peut-être aussi de son époque où il n’y avait pas un Big 3 comme maintenant (Djoko a perdu beaucoup de finales contre Federer, Nadal, même Murray).
      Deuxièmement, il était vraiment limite sur ocre, avec comme meilleure performance une 1/2 finale.

      Sinon, je pense qu’effectivement Nadal est statistiquement plus fragile que Nolé, mais je pense que les 2 peuvent encore battre le record de Federer, avec un léger avantage à Nolé.


    • Axel_Borg Axel_Borg 16 juillet 2019 11:16

      @leypanou,

      Sampras avait expliqué haïr totalement la défaite après son revers en finale de l’US Open 1992 contre Stefan Edberg.

      En effet avec seulement 4 défaites pour 18 finales, son ratio est le meilleur de l’ère Open, Björn Borg excepté.

      Par la suite, Pistol Pete ne cèdera qu’à Melbourne en 1995 contre Agassi, puis à Flushing en 2000 contre Safin et en 2001 contre Hewitt.

      Mais il avait aussi perdu en 2000 une finale avant la lettre contre Agassi à l’OA, malgré tout le respect que j’ai pour Kafelnikov. Idem pour l’US Open 1998 contre Rafter, là aussi malgré le respect qu’on peut avoir pour Mark Philippoussis.

      Sur terre battue, Sampras avait expliqué après sa carrière ne pas avoir voulu prendre le risque de perdre Wimbledon en modifiant son jeu pour la surface ocre. On peut donc en conclure qu’il ne s’est jamais vraiment donné les moyens de gagner à Roland-Garros. Son parcours de 1996 est trompeur, il joue avec une force mentale pour son coach Tim Gullikson, mais à part cela, il n’avait jamais dépassés les quarts de finale (1992, 1993 et 1994) soit bien loin de Federer et Djokovic qui ont tous deux gagné (2009 et 2016 respectivement) et atteint plusieurs autres finales (2006, 2007, 2008 et 2011 pour le Suisse, 2012, 2014 et 2015 pour le Serbe).

      La preuve ultime ? Petros n’a gagné qu’un tournoi sur terre de toute sa vie en pros. Rome en 1994.

      Pour le record ? Si Djokovic ne se blesse pas, que Federer ne parvient pas à enfoncer le clou par un 21e voire 22e GC et surtout que la Next Gen ne vient pas brider la remontée du Serbe (et de Nadal via Roland-Garros notamment) comme Wawrinka, Cilic et surtout Murray avaient pu le faire entre 2012 et 2016, je vois mal ce qui pourrait empêcher Federer de perdre son record ...

      Si l’on fait un peu de fiction jusque fin 2021 en considérant que Djokovic gagne partout (sauf le prochain Wimbledon pour Federer) en laissant à Nadal son pré carré parisien, le Serbe pourrait devenir le GOAT statistique du GC fin 2021, à 35 ans et 3 mois du côté de New York ...

      US Open 2019 : Djokovic (20-18-17)

      Open d’Australie 2020 : Djokovic (20-18-18)

      Roland-Garros 2020 : Nadal (20-19-18)

      Wimbledon 2020 : Federer (21-19-18)

      US Open 2020 : Djokovic (21-19-19)

      Open d’Australie 2021 : Djokovic (21-20-19)

      Roland-Garros 2021 : Nadal (21-20-20)

      Wimbledon 2021 : Djokovic (21-21-20)

      US Open 2021 : Djokovic (22-21-20)

      Difficile de croire cependant que la Next Gen ne va gagner aucun GC d’ici fin 2021, ils vont bien finir par y arriver ...


  • Axel_Borg Axel_Borg 27 septembre 2019 14:00

    Guère intéressé par les sports à l’exception notable du sumo, Jacques Chirac a cependant entretenu un rapport priviligié avec le Tour de France

    Jacques Chirac ne s’intéressait pas plus au cyclisme qu’il ne s’y connaissait en football. Il préférait le sumo, c’est comme ça. Mais si le sport était pour l’ancien président de la République, disparu le 26 septembre, une langue étrangère mal maîtrisée, il aimait ceux qui la parlaient : les sportifs. Sur Twitter, le Tour de France a d’ailleurs salué jeudi « la mémoire d’un de ses plus grands amis ».

    Il faut dire qu’avec sa fonction de maire de Paris, Jacques Chirac (né en 1932, Tour gagné par le titi parisien André Leducq) n’a presque jamais raté l’arrivée sur les Champs-Elysées, avec le redoutable honneur de remettre le maillot jaune au vainqueur. Mais pas la première année de son « règne » parisien, en 1977. D’où une histoire abracadabrantesque, comme il aurait pu le dire. Le maire de Paris est absent et envoie à sa place un de ses adjoints, l’ancien Premier ministre Maurice Couve de Murville.

    Mais entre la présidence de la République et Chirac, c’est la guerre. Valéry Giscard d’Estaing, qui avait fait le déplacement en 1975 pour la première arrivée sur les Champs et la victoire de Bernard Thévenet, demande au ministre des Sports, Jean-Pierre Soisson, de le représenter. Casse-tête diplomatique pour les organisateurs : qui va remettre le maillot jaune ? Couve ou Soisson ? La mairie de Paris ou le pouvoir exécutif qu’entend bien défier Jacques Chirac depuis sa citadelle ? Le directeur du Tour, Xavier Louy, a une idée : à l’adjoint au maire le maillot jaune, à charge pour le ministre de remettre un cadeau au nom du président. Ainsi est née la tradition du vase de Sèvres remis chaque année au vainqueur du Tour. Il paraît même qu’on l’a appelé « le vase de Soisson (s) », mais il n’est pas sûr que les jeunes générations aient appris ce haut-fait historique à l’école…

    En grand cumulard comme l’époque les aimait, et de surcroit époux d’une conseillère générale, Jacques Chirac accueillit aussi le Tour en Corrèze. Premier ministre en 1987, il donne d’abord le départ du Tour à Berlin avec son homologue allemand, deux ans avant la chute du mur, et est ensuite présent à l’arrivée de l’étape de Chaumeil (gagnée par Martial Gayant). Il écrit simplement sur le livre d’or : « Génial ! (dirait ma fille) ».

    En 1998, Bernadette Chirac a bataillé ferme pour obtenir une étape « chez elle », en l’occurrence un contre-la-montre de 58 kilomètres (c’était le bon temps !) entre Meyrignac-l’Eglise et Corrèze. La France sort de la victoire en Coupe du monde de football. Jacques Chirac a revêtu le maillot tricolore et embrassé le crâne de Fabien Barthez. Va-t-il aussi enfiler un maillot jaune ? Non, mais il est aux premières loges : la veille de l’étape, le patron du Tour Jean-Marie Leblanc et son illustre prédécesseur Jacques Goddet sont les invités du couple Chirac au château de Bity. Leblanc constate que le président est « très costaud » sur la bière. Il faut bien se consoler : en exclusivité, il vient d’annoncer que Richard Virenque et son équipe seraient exclus du Tour le lendemain. L’affaire Festina a jeté son ombre sur le Tour. Jan Ullrich gagne l’étape et remet à Jacques Chirac un maillot jaune dédicacé. Mais tout le monde a la tête ailleurs.

    Le soir, soulagé que la journée commencée par une rencontre avec Hafez-al-Assad s’achève enfin, Jacques Chirac regagne le château de Bity après avoir déclaré : « Je suis reconnaissant au Tour d’avoir pris en compte le désir de ma femme au cœur de ce pays. » Les journalistes des agences de presse sont encore avec lui et racontent qu’on apporte alors au chef de l’Etat un petit billet confidentiel : le corps du navigateur Eric Tabarly, disparu en mer en juin, vient d’être retrouvé. La journée du président n’était donc pas terminée.

    Pour les cent ans du Tour de France, en 2003, Jacques Chirac confie enfin aux organisateurs un texte montrant qu’il n’a pas oublié 1998 et qu’il sait utiliser la construction européenne quand ça l’arrange : « Le Tour est bien plus qu’un événement sportif, écrit-il. Il a pris dans l’imaginaire collectif la place d’un mythe. Il raconte, à sa façon, l’histoire des passions françaises. A travers un siècle d’évolutions sociales, il a su s’adapter, accompagner des phénomènes aussi différents que l’essor de la pratique sportive et des loisirs ou symboliser, à sa manière, la construction européenne, qui le conduit régulièrement à d’amicales incursions sur les routes de nos voisins. Il doit poursuivre cette évolution pour tirer le meilleur parti d’un sport de plus en plus professionnel tout en le préservant de ses dérives, car il en va de sa pérennité et de sa crédibilité. C’est ce mouvement permanent qui fait du Tour une institution et lui assure une ferveur populaire qui ne s’est jamais démentie ».

    Cette ferveur ne pouvait laisser indifférent, bien au-delà de l’homme politique chasseur de voix, l’amoureux de la France qu’était Jacques Chirac. Les campagnes présidentielles ne constituent-elles pas, une fois tous les cinq ans, un autre Tour de France ?


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