Encore du faux pipeau écolo
Le Grand Prix de formule E est moins vertueux qu'il n'y paraît...
On vient de signer l’accord de Paris sur le climat (COP 21) mais, Dieu merci, dès le lendemain, dans ce même Paris, on va pouvoir relâcher la pression en s’esbaudissant au Grand Prix de formule E.
Schizophrénie !
D’abord, sans aller jusqu’à dire que c’est ringard, on peut rappeler que des courses de voitures électriques existaient déjà au XIXème siècle.
Ensuite, on nous annonce d’un air gourmand que les bagnoles électriques vont rouler à 200 km/h. Or, on ne cesse de nous seriner que la première source d’énergie reste son économie et, à ce qu'on sache, la vitesse des véhicules constitue bien la première cause du gaspillage de cette précieuse énergie. Hélas, la résistance de l’air (donc le besoin d’énergie) augmente comme le carré de la vitesse (1). La vitesse coûte du pneu, de l’asphalte, de l’usure mécanique, du lubrifiant etc…
Au lieu de cette gabegie d’énergie, on aurait pu organiser une compétition basée, par exemple, sur le meilleur ratio « kilomètre par coulomb (2) » obtenu par des véhicules d’un poids donné sur une distance de X kilomètres à une vitesse "urbaine" comprise entre 30 et 40 km/h. Mais ça n’aurait pas été sexy malgré les pit babes (3) bien roulées qu’on aurait pu planter sans mégoter ici et là.
Apparemment, la voiture électrique apporte des solutions à certains problèmes mais ne les résout pas tous. Sans aborder les énormes difficultés d’ordre écologique liées aux batteries, laissez-moi vous soumettre quelques chiffres et ordres de grandeur :
- En France, la puissance moyenne des voitures est de 100 chevaux (73600 watts),
- Toujours en France, la demande maximum de puissance électrique est de l’ordre de 95000 mégawatts,
- Encore chez nous, le parc de véhicules particuliers est supérieur à 30 millions ( sans compter les véhicules utilitaires ).
A partir de ces 3 chiffres on calcule facilement que la puissance potentielle du parc des véhicules particuliers est plus de 20 fois supérieure à la puissance de pointe demandée à EDF.
Je crois qu’il n’est pas nécessaire de commenter si ce n’est rappeler que cette puissance correspond à celle de 2200 réacteurs nucléaires de 1000 MW ou, si l’on préfère, à celle de deux millions d’éoliennes ( soit une éolienne sur chaque parcelle de 27 hectares en France, montagnes comprises … ).
Tels sont les chiffres : aussi difficiles à regarder en écologie qu’en économie !
Mais on ne va pas manquer de nous resservir le fameux « Ca fait avancer la science ! ». Ouais …
(1)Il arrive encore qu’on entende des inepties telles que « Comme on va plus vite, on roule moins longtemps donc, du coup, on consomme moins »
(2)Unité de quantité d’électricité, comme l’ampère heure.
(3)Hôtesses des stands aux salons et aux courses d’automobiles