Faut-il supprimer l’éducation nationale ?
Le budget de l'Éducation nationale est colossal, plus de 52 milliards d'euros. C'est le premier budget de la nation. Or, l'école publique française est nulle.
La raison est due au système : une administration pachydermique, vieille de plus d'un siècle et des enseignants idéologisés. Nous sommes arrivés à moment où sa réforme est devenue impossible. Il faut donc oser repenser le système, détruire ce vieux « truc » qui ne marche plus, pour faire mieux.
Or, nous sommes ankylosés. La France est un pays de vieux, de conservatismes, de privilèges catégoriels acquis. Qui aura le courage de penser et d'agir pour changer réellement le système ?
Nos enfants sont-ils vraiment notre priorité ? Si c'était le cas, nous remettrions en question nos routines, nos acquis, notre sieste en attendant la retraite. Nous nous sacrifierions vraiment pour nos enfants. Mais nous restons dans nos petits conforts en regardant passivement l'Asie conquérir le monde.
En matière d'éducation, il faut achever le Mammouth de l'Éducation nationale. Plutôt que d'espérer encore des siècles que des gouvernements de fonctionnaires mettent leur « Éducation nationale » au niveau international, proposons une alternative.
Les gouvernements, de « droite » comme de « gauche », n'ont visiblement plus le courage de remettre en question le Mammouth. Les grèves, officielles ou larvées, les freins idéologiques des enseignants, les routines des administratifs, paralysent toute réforme. L'enseignant, comme le journaliste, est sociologiquement de gauche, voire d'ultra-gauche. S'y ajoute le manque de vocation : beaucoup d'enseignants sont là parce qu'ils ont raté un concours, une entrée dans une école. Ils entrent dans l'Éducation par dépit, pour les vacances, pour faire quelque chose. Nos gamins ? Ils n'en ont rien à foutre.
Le Mammouth ne veut pas changer.
Or, nous sommes tous attachés à une école publique égalitaire, qui donne à chacun de nos enfants une chance de s'élever socialement, de passer des examens impartiaux.
La réalité d'aujourd'hui est que les classes privilégiées inscrivent leurs enfants dans des écoles privées, où les enfants reçoivent un enseignement plus ou moins digne de ce nom, tandis que l'école publique sert trop souvent de garderie à des gosses pris en otage entre des camarades délinquants et des professeurs démissionnaires. Les profs du public sont absents pendant des semaines pour cause de stages, de maladie et de toute opportunité de ne plus voir leurs sauvageons. Les rares professeurs qui ont encore la vocation subissent la dictature d'inspecteurs aux théories farfelues, de parents susceptibles, de collègues délateurs. Les profs du public sont désormais isolés, menacés par n'importe quel abruti à capuche...
Cela fait des décennies, depuis le vingtième siècle, que les ministres de l'éducation se succèdent. Leurs réformettes les plus timides sont systématiquement rejetées. Le Mammouth n'a pas besoin d'eux. Enfermés dans leurs citadelles idéologiques, les professeurs résistent jusqu'au grand soir. Les inspecteurs académiques et les administrations font le dos rond quand ils ne se mettent pas en grève pendant des semaines. Au final, les jours de grève sont systématiquement payés lors de discrètes négociations entre syndicats d'enseignants et ministres.
Qui trinque ? Nos gosses.
Une école avec des obligations de résultat.
Donc, il faudrait une école publique plus performante. Comme nos fonctionnaires sont de piètres gestionnaires et qu'ils sont de mauvaise volonté, il faut s'en passer.
Pourquoi ne pas laisser nos écoles à des entrepreneurs (mot haï de la gauche). Des cabinets d'audit indépendants contrôleraient leurs résultats sur des critères d'évaluation internationale (niveau en français, en maths, etc.). Ces cabinets indépendants ne s'occuperaient pas de questions philosophiques, religieuse ou politique, juste de résultats scolaires.
Ce serait donc une école publique, ouverte à tous, mais gérée par des entrepreneurs privés, pas par des fonctionnaires. L'argent public servirait à payer les salaires et les équipements. L'Etat contrôlerait avec l'intransigeance qu'on lui connaît les résultats pédagogiques de ces établissements.
La diminution du personnel administratif, éventuellement extériorisé à d'autres entreprises, pourrait permettre de rémunérer les professeurs à la hauteur des nombreuses années d'études consenties. Si les professeurs français étaient mieux rémunérés, à la hauteur de leurs homologues européens, il y aurait plus de vocation.
Ces entreprises privées de mission publique auraient, bien sûr, plusieurs obligations.
Elles seraient, d'abord, obligées d'accueillir tous les enfants de leur secteur géographique, sans restriction de revenus ou de dossier, comme le font les écoles publiques aujourd'hui. Les cartes scolaires ne seraient plus, il va sans dire, les magouilles électorales de nos élus, mais le produit strict du crayon et du compas pour délimiter les zones autour d'une école.
Ces entreprises pédagogiques privées ne seraient pas maîtresses, non plus, de leur lieu d'implantation, mais seraient obligées de reprendre les zones géographiques selon les besoins de l'Etat. La rémunération par élève serait, de toute façon, identique, quelle que soit la zone géographique.
Qu'importe que ces écoles privées soient confessionnelles, elles ne pourront pas être radicales. Elles devraient accueillir tout le monde, sous peine d'être fermées si convaincues d'apartheid. Le fanatisme religieux, quelle que soit la religion, parle facilement du « eux » et du « nous ». La meilleure façon de lui faire entendre raison est de lui imposer le « nous » et l'enseignement exclusif de la culture et de l'histoire de France. Ceux qui veulent vivre selon d'autres mœurs, d'autres lois que celles de la France seraient invités à partir. Si une école enseigne le maniement des armes à des futurs Ben Laden, on « neutraliserait » discrètement les fautifs et on fermerait l'école. Pas besoin d'alerter les magistrats et les idéologues de la presse.
Il faut rétablir le rapport hiérarchique entre l'élève, ses parents et l'enseignant. L'enfant reste à sa place, le professeur seul a autorité. Si n'importe quel élève, n'importe quel parent peut menacer un professeur, contester son enseignement, nous n'irons nulle part ailleurs que sur un trottoir ou la tête de l'enseignant sera détachée de son corps.
Un apprenti-racaille qui comprend que son professeur et son école ne sont pas obligés de l'accepter en classe ;
que s'il persiste à se mal conduire, il finira par se retrouver entre quatre murs avec des légionnaires distributeurs de baffes comme pédagogues ;
Et que ni son père, ni qui que ce soit dans sa communauté, ne pourra rien y faire, est déjà sur le chemin de la rédemption.
Si les professeurs sont respectés, qu'ils enseignent dans des bonnes conditions, il y aura plus de vocations.
Il faut rappeler que l'école républicaine a désiré plus contrôler l'esprit de nos enfants que les traiter avec égalité. La persistance d'écoles publiques d'élite, comme, autrefois, le lycée Thiers de Marseille ou, encore aujourd'hui, les lycées parisiens Henri IV, Louis Le Grand ou Condorcet, prouve bien que la République a toujours entendu bien ménager ses élites.
Alors, maintenant qu'il est acté que l'Etat français du 21e siècle n'a plus le feu sacré qu'il avait au 19e pour entreprendre l'indispensable, et gigantesque, chantier de réforme de nos écoles ;
Maintenant que nous avons compris que nos enseignants du 21e siècle, malgré l'abnégation héroïque de quelques-uns, ne sont que la pâle bobo-copie des hussards noirs de la république de l'époque de Jules Ferry ; il faut aller jusqu'au bout du raisonnement. Il faut se débarrasser d'un mammouth qui ne jure que par lui-même et contribue au chaos annoncé de notre société.
William Kergroach